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  • Une opération réussie du Mossad en Libye dans les années 80

    Cette opération a été racontée par Viktor Ostrovsky,ancien officier du Mossad dans les années 80.Elle montre les méthodes de fonctionnement du Mossad,mais est a prendre avec prudence :source unique Les confessions d'un agent secret israélien

    La camionnette alla se garer derrière un immeuble situé sur la Rue
    Jumhuriyyah , à Tripoli (Rue de la République ), à moins de trois
    blocs d'immeubles de la caserne de Bab al-Aziziyyah, connue pour
    abriter le quartier général et la résidence privée de Qaddhafi. A ce
    moment-là, les hommes de la camionnette s'étaient changés : ils
    s'étaient déguisés en civils.
    Deux d'entre eux restèrent dans la camionnette, pour faire le guet et
    les deux autres aidèrent les combattants du Mossad à monter le
    précieux cylindre (le Trojan) sur la terrasse de l'immeuble, qui
    comportait cinq étages. Le Trojan avait été roulé dans un tapis !
    Dans l'appartement, une des extrémités du cylindre fut ouverte, un
    petite antenne parabolique en fut extraite, puis placée devant une
    fenêtre orientée au nord. L'unité émettrice fut activée : le cheval
    de Troie était dans la place !
    L'agent du Mossad avait loué l'appartement pour une durée de six mois
    et il avait payé la location cash et d'avance. Personne ne pouvait
    donc avoir le moindre soupçon en voyant l'agent secret déguisé en
    locataire y pénétrer. Inversement, personne d'autre n'avait rien à
    faire dans cet appartement. Toutefois, dût un intrus avoir le malheur
    de pénétrer dans cet appartement, le Trojan se serait autodétruit,
    emportant dans sa formidable déflagration l'ensemble de la partie
    supérieure de l'immeuble. Les trois hommes retournèrent à la
    camionnette, puis ils roulèrent vers leur rendez-vous avec leurs
    amis, à la plage.
    Après avoir déposé les commandos sur la plage, le combattant retourna
    à vive allure à Tripoli, où il avait pour mission de surveiller le
    travail de transmissions et de désinformation du Trojan durant les
    semaines à venir. Les commandos, une fois sur la plage, ne traînèrent
    pas eux non plus, et ils prirent le large, grâce à leurs cochons et
    leurs oiseaux. Ils n'avaient pas du tout envie de se faire pincer
    dans les eaux libyennes à la levée du jour. Ils se dirigèrent donc,
    en poussant à plein régime leurs cochons trop poussifs à leur goût,
    vers un point de rassemblement convenu à l'avance, où ils
    retrouvèrent les deux vedettes lance-missiles, qui les hissèrent à
    bord.
    Vers la fin du mois de mars, les Américains commençaient déjà à
    intercepter des messages diffusés par le Trojan, qui était activé
    seulement durant les heures de pointe de transmission de
    télécommunications. Grâce au Trojan, le Mossad s'efforçait de donner
    à penser qu'une longue série d'instructions en vue d'attentats
    terroristes était en train d'être transmise aux différentes
    ambassades libyennes à travers le monde entier (ou, plus exactement,
    pour reprendre la terminologie des Libyens eux-mêmes, les
    différents «Bureaux Populaires»… ) Conformément aux attentes du
    Mossad, les messages transmis (par le Trojan) furent déchiffrés par
    les Américains, qui les présentèrent comme la preuve irréfutable que
    les Libyens soutenaient activement le terrorisme. Pour enfoncer le
    clou, des rapports du Mossad venaient systématiquement confirmer les
    accusations comminatoires américaines! ! !
    Toutefois, ni les Espagnols ni les Français n'étaient dupes. Ils ne
    gobaient pas ce flot subit d'informations. Il leur semblait
    extrêmement suspect que soudain, de but en blanc, les Libyens, qui
    avaient fait montre d'une prudence de sioux, jusqu'alors, se mettent
    du jour au lendemain à faire de la publicité pour leurs supposés
    actes terroristes futurs. Ils trouvaient suspect, aussi, qu'à
    plusieurs reprises les rapports du Mossad aient été rédigés en des
    termes très proches des messages codés libyens. Ils avançaient – plus
    important – l'argument que s'il y avait eu, effectivement, des
    messages codés libyens rendant compte d'attentats avérés, l'attentat
    contre la discothèque La Belle, à Berlin Ouest, commis le 5 avril,
    aurait pu être évité, car il y aurait sûrement eu des messages
    concernant cette attaque avant qu'elle ne soit perpétrée, ce qui
    aurait permis aux services d'écoute de la prévenir. Etant donné que
    cet attentat n'avait pas pu être évité, ils pensaient que ce n'était
    pas les Libyens qui en étaient à l'origine, et que les «nouvelles
    communications» soi-disant libyennes étaient un leurre. Les Français
    et les Espagnols voyaient juste. L'information était bidon et le
    Mossad ne disposait pas du moindre indice sur qui avait bien pu
    déposer la bombe qui tua un soldat américain et en blessa plusieurs
    autres, dans cette discothèque berlinoise. Mais le Mossad était lié à
    la plupart des organisations terroristes européennes, et il était
    convaincu que, dans l'atmosphère trouble qui s'était emparée de
    l'Europe à cette époque-là, un attentat causant une victime
    américaine était dans l'ordre des choses : ce n'était qu'une question
    de temps. Les dirigeants du Mossad comptaient sur la promesse que les
    Américains leur avait faite (qu'en cas d'attentat contre eux), ils se
    vengeraient au centuple sur tout pays dont il aurait pu être prouvé
    qu'il soutenait le terrorisme. Le Trojan fournit aux Américains
    la `preuve' dont ils avaient besoin. Le Mossad se chargea
    d'introduire dans l'équation l'image de lunatique dont était affublé
    Qaddhafi, ce qui n'était pas difficile en raison de ses multiples
    déclarations tonitruantes, qui n'étaient destinées, en réalité, qu'au
    seul usage interne…
    Il faut se rappeler qu'à l'époque, Qaddhafi avait en quelque sorte
    tracé une ligne passant au large, fermant le Golfe de Sidra qu'elle
    transformait de facto en eaux territoriales libyennes, et qu'il
    qualifiait la nouvelle frontière passant au milieu de la mer
    de «ligne de la mort» (ces agissements n'avaient pas peu contribué à
    endommager son image de dirigeant modéré).
    Finalement, les Américains tombèrent tête baissée dans le piège tendu
    par le Mossad, entraînant les Anglais et les Allemands derrière eux,
    bien que ces derniers traînassent quelque peu les pieds. L'opération
    Trojan fut l'un des plus grands succès remportés par le Mossad. Elle
    entraîna le bombardement aérien de Tripoli, promis par le président
    américain Reagan — et ce bombardement eut trois conséquences
    extrêmement importantes. Tout d'abord, il fit tourner court un
    compromis qui aurait permis de libérer les otages américains au
    Liban, chose qui permettait de conserver au Hizbullah (Parti de Dieu)
    son statut - très précieux pour Israël — d'ennemi numéro Un aux yeux
    de l'Occident. Ensuite, le bombardement américain sur Tripoli envoya
    un message à l'ensemble du monde arabe, lui signifiant très
    précisément où les Etats-Unis en étaient, quant au conflit arabo-
    israélien. Enfin, il redorait l'image du Mossad, puisque c'était lui
    qui, par un habile tour de prestidigitation, avait incité les Etats-
    Unis à faire ce qui convenait ! Seuls les Français ne mordirent pas à
    l'hameçon du Mossad, et ils restèrent déterminés à ne pas prêter une
    quelconque assistance à l'agression américaine. Les Français
    refusèrent le survol de leur territoire aux bombardiers américains,
    en vol pour leur sinistre besogne en Libye.
    Le 14 avril 1986, cent soixante bombardiers américains lâchèrent
    soixante tonnes de bombes sur la Libye. Les attaquants bombardèrent
    l'aéroport international de Tripoli, les casernes de Bab Al-
    Aziziyyah, la base navale de Sidi Bilal, la ville de Benghazi et le
    terrain d'aviation de Benine, dans la banlieue de cette dernière
    grande ville. L'escadrille de bombardiers consistait en deux
    ensembles principaux, l'un venait d'Angleterre et l'autre avait
    décollé de porte-avions voguant en Méditerranée. D'Angleterre vinrent
    vingt quatre F-111, depuis la base de Lakenheath, cinq EF-111 d'Upper
    Heyford et vingt-huit tankers de ravitaillement qui avaient décollé
    de Mildenhall et de Fairford. Durant l'attaque, les F-111 et les EF-
    111 de la Royal Airforce furent rejoints par dix huit avions
    d'attaque et de soutien A-6 et A-7, six avions de combat F/A-18,
    quatorze avions de brouillage électronique EA-6B, ainsi que d'autres
    avions de soutien logistique. Les avions de la US Navy furent
    catapultés par les porte-avions Coral Sea et America. Du côté libyen,
    on enregistra environ quarante morts. Tous, des civils, dont la fille
    adoptive de Qaddhafi. Du côté américain, un pilote ainsi que son
    officier servant furent tués dans l'explosion de leur F-111…
    Immédiatement après les bombardements américano-anglo- allemands en
    Libye, le Hizbullah mit fin aux négociations autour des otages qu'il
    retenait au Liban, et il en exécuta trois, dont Peter Kilburn, un
    Américain. Quant aux Français, ils furent remerciés de leur attitude
    de non-participation dans l'attaque anti-libyenne par la libération,
    à la fin juin, de deux journalistes français retenus en otages à
    Beyrouth. (Comme de juste, une bombe «perdue» avait endommagé
    l'ambassade de France lors du bombardement de Tripoli…)
    Ephraïm venait donc de tout raconter, confirmant ce que je savais
    déjà. Puis il poursuivit.
    «Après le bombardement en Libye, notre ami Qaddhafi va certainement
    être en dehors de la photo pour encore quelque temps. L'Irak et
    Saddam Hussein sont la prochaine cible. Nous commençons dès
    maintenant à en faire le grand méchant loup. Cela prendra un peu de
    temps, mais à la fin, une chose est sûr : ça marchera !»
    «Mais Saddam n'est-il pas considéré comme plutôt modéré à notre
    égard, puisqu'il est allié à la Jordanie et qu'il est l'ennemi juré
    de l'Iran et de la Syrie ? », objectai-je.
    «Ouaip… C'est bien pour ça que personnellement, je suis contre cette
    mission. Mais ce sont les ordres, et je dois les suivre.
    Heureusement, vous et moi, nous aurons terminé nos petites manigances
    avant que quoi que ce soit de géant n'arrive. Après tout, nous avons
    déjà détruit les installations nucléaires de Saddam, et nous sommes
    en train de nous faire des cils en or en lui vendant de la haute
    technologie et des équipements, par l'intermédiaire de l'Afrique du
    Sud…»
    Au cours des semaines suivantes, on eut droit à un flot croissant de
    révélations toutes plus alarmantes les unes que les autres au sujet
    des éléments de la machine de guerre de Saddam, dont le fameux «canon
    géant» ! Le Mossad a fait tout ce qu'il a pu, jusqu'à la quasi
    saturation du monde parallèle de l'espionnage, afin de diffuser des
    informations sur les intentions malveillantes de Saddam la Menace ,
    en misant sur le fait que celui-ci aurait à sa disposition une
    longueur de corde suffisante pour se pendre, avant longtemps.
    Le but global du Mossad était extrêmement clair. Il voulait que
    l'Ouest mène sa guerre à sa place, comme les Américains l'avaient
    fait en Libye, en bombardant Qaddhafi. Après tout, Israël ne
    possédait pas d'avions gros porteurs ni d'une énorme puissance
    aérienne, et bien qu'il eût démontré sa capacité à bombarder un camp
    de réfugiés (palestiniens) , à Tunis, ce n'était pas la même chose.
    Les dirigeants du Mossad savaient que s'ils pouvaient faire
    apparaître Saddam comme quelqu'un de suffisamment mauvais,
    représentant une menace pour les approvisionnements pétroliers en
    provenance du Golfe, dont il avait été jusqu'alors le protecteur,
    dans une certaine mesure, alors les Etats-Unis et leurs alliés ne le
    laisseraient pas obtenir quoi que ce soit, mais prendraient des
    mesures qui ne pourraient qu'entraîner la destruction totale de son
    armée et de son potentiel en armement, tout particulièrement si l'on
    parvenait à leur faire croire qu'il s'agissait là de leur dernière
    opportunité, avant que Saddam ne devienne «nucléaire»…
    Suite et fin