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Secteur géographique: Europe de l'Ouest

  • L' exploitation des informations de CURVEBALL par la communauté du renseignement britannique

    Les médias ainsi que nombre d' ouvrages ont évoqués à de très nombreuses reprises les informations transmises par un transfuge irakien, nom de code CURVEBALL, et l' importance de ces informations, pour les autorités US, dans le cadre de la guerre de 2003. Mais quand est publié le rapport Butler1, qui analyse le travail du Renseignement britannique sur la question des armes de destruction massives, une seule partie est retenue: Plusieurs informateurs du SIS sur l' Irak étaient défectueux. Et tant pis si le rapport évoque aussi la Libye, l' Iran, ou les tentatives de groupes terroristes de se procurer des ADM! Cela n'est que accessoire. La presse britannique ne verra pas une autre pépite contenue dans ce rapport. Il est vrai que l' information n' a fuitée que quelques années plus tard, Outre-Atlantique, mais personne dans la communauté journalistique ne paraît avoir fait le rapprochement pourtant évident à la lecture du rapport Butler: CURVEBALL, cette source qui fit tant de dégâts au sein de la CIA, puisque elle servit à la démonstration de Colin Powell à l' ONU, avait été aussi abondamment utilisée par le Secret Intelligence Service!

    Ce document vise à l' analyse,dans le cadre du conflit irakien, du « jeu » d' un acteur auquel on prête moins d' attention que son homologue Outre-Atlantique: la Grande-Bretagne. Foin de sensationnalisme, le but sera d' exposer les contradictions, d' indiquer les questions restées sans réponse, et ce en se basant sur des sources disponibles au public: Les analyses du JIC; le Rapport Butler; le « Comprehensive report of the Special Advisor to the DCI on Iraq's WMD », plus connu sous le nom de rapport Duelfer, et les mémoires de Georges Tenet pour n'en citer que quelques unes. Sera rappelé le fonctionnement de la communauté britannique du renseignement;comment furent prises en compte les informations de CURVEBALL et l' évaluation de ces informations, ainsi que sa crédibilité; les ratées, contradictions, et les dégâts causés.

     

    PRÉSENTATION DE LA COMMUNAUTÉ BRITANNIQUE DU RENSEIGNEMENT.

    La communauté britannique du renseignement comprend les services suivants:

    En premier lieu, le Secret Intelligence Service, appelé aussi SIS ou sous son nom antérieur, MI6. Le SIS est chargé de la collecte du renseignement hors du Royaume-Uni, et ce par le biais d'officiers traitants, déployés sous couverture diplomatique dans les ambassades de Sa Majesté, aussi bien à Paris que Amman, ou New York, Buenos Aires, Kuala Lumpur etc.. . Le SIS entretient aussi des contacts,plus ou moins étroits, avec nombre de services secrets. On retiendra ici les services secrets australiens, dont ils ont contribués, avec le MI5, à la formation au tout début des années 50, mais aussi US, allemands, ou jordaniens, pour n' en citer que quelques uns. Le SIS opère aussi à l' étranger en envoyant des officiers sous une couverture commerciale, ou journalistique. Enfin, il peut travailler sur le territoire du Royaume même, par exemple pour collecter des informations sur l' IRA (particulièrement dans les années 70) ou recruter des citoyens étrangers. Dans ce but, des sections conjointes MI5/MI6 avaient été créées durant la guerre froide, ciblant le Moyen-Orient, la Chine et l' URSS.

    Le Security Service, appelé aussi MI5, est le service chargé de la sécurité du Royaume, et ce par son travail de collecte du renseignement. Les principales priorités du MI5 ont fortement évoluées au fil des années: l' espionnage allemand durant la seconde guerre; les espions du Pacte de Varsovie durant la Guerre Froide, concurremment, à partir du début des années 70, avec la surveillance de la « subversion intérieure », puis le terrorisme, irlandais (IRA, INLA etc..) et aujourd'hui international. Le MI5 se base sur ces officiers au QG, dans les bureaux régionaux, ainsi que sur ces représentants dans les ambassades du Royaume-Uni à l' étranger, qui ont pour mission la sécurité de l' ambassade, et parfois aussi le contact avec les services secrets du pays d' accueil. Il ne peut procéder lui-même à des interpellations, n' ayant pas de pouvoir de police judiciaire, et doit faire appel pour cela aux forces de Police locale, à la Special Branch jusqu' à sa disparition il y a quelques années, ou le SO 13 (Antiterrorisme).

    Cette communauté est complétée par le DIS, Defense Intelligence Service, chargé du Renseignement militaire, et le National Criminal Intelligence Service (NCIS), chargé de la lutte contre la criminalité organisée, qui sera incorporé dans le SOCA (Serious Organised Crime Agency) en 2007.

    Enfin, la coordination de ces différents services relève du Joint Intelligence Committee (JIC), qui est aussi chargé de synthétiser les informations provenant des différents services dans des rapports (Assessments). Les différents services de la communauté britannique du renseignement y détachent leurs représentants pour assurer le fonctionnement permanent du JIC. Par exemple,le responsable de la coordination du renseignement du JIC de 2002 à 2005 était un ancien chef de station du SIS.

     

    IDENTIFICATION.

    Comme indiqué plus haut, c'est la lecture du Rapport Butler qui permit de découvrir l' importance des informations de Curveball dans les rapports du Joint Intelligence Committee: Selon ce document, à compter de avril 2000, une source nouvelle apparaît pour le Secret Intelligence Service, source dont les informations sont transmises par un « Service de liaison ». Les informations transmises par cet « asset » concernent un domaine: L' utilisation de laboratoires mobiles pour la production d' armes biologiques en Irak.

     

    Or, comme l' indique George Tenet, les informations venant de CURVEBALL, qui était débriéfé par le BND, auraient été transmises à deux autres services de renseignements. Bob Droggin, dans son ouvrage « CURVEBALL », indique que un de ces services fut le MI-6, le Renseignement extérieur britannique.

     

    Le débriefing de CURVEBALL par le BND2 commença fin 1999-début 2000. Les informations que CURVEBALL livre? L' utilisation de laboratoires mobiles par le régime de Saddam Hussein, dans le but de produire des armes biologiques. Le BND allemand? Un service avec lequel les britanniques coopèrent,justement,un service « ami ». Les informations de CURVEBALL? Discréditées « après coup » officiellement, ce qui est le cas y compris pour l' informateur du Service de liaison, selon le rapport. La boucle est par conséquent bouclée.

     

    En revanche, il n'est pas indiqué si les rapports étaient transmis au chef de station du Secret Intelligence Service à Berlin, ou si ce fut Gunter Haendly, alors Chef de station du BND à Londres, qui les apporta au QG du SIS3.

     

    Concernant la source elle-même, Richard Dearlove indiquera à la Commission Butler que Vauxhall Cross a pu vérifier que cette source avait bien travaillée à l' endroit ou il aurait pu avoir accès aux informations que CURVEBALL affirmait détenir. Il n'est pas indiqué si le SIS est arrivé à cette certitude avant, ou après la guerre.

     

    INFORMATIONS FOURNIES PAR CURVEBALL ET UTILISÉES PAR LE SECRET INTELLIGENCE SERVICE.

     

    Le rapport final de l' UNSCOM de janvier 1999 indiquait que « l'Irak a autrefois étudiée l' utilisation de laboratoires mobiles pour la production d' agents biologiques ». CURVEBALL remplacera cette éventualité par des certitudes.

    La première référence aux informations provenant de la « liaison source » apparaît dans le rapport du JIC du 19.04.2000. Le rapport Butler indique que les informations ont été reçues quelques jours auparavant. C'est aussi la première fois que les britanniques évoquent l' utilisation par l' Irak de laboratoires mobiles pour la fabrication d' armes biologiques. Le rapport indique que « l'Irak semble étudier l' utilisation de laboratoires mobiles (..) et a commencée la production dans des laboratoires mobiles » d' agents biologiques.

    La prudence est de mise, l' information est estimée « techniquement possible », étant donné que l' Irak est considérée comme ayant suffisamment d' expertise, d' équipements et de matériel pour produire des armes biologiques (JIC 19.04.2000) mais ces renseignements sont basés sur une seule source (Ici, JIC report du 15.03.2002).

    Notons que si le SIS, et le Joint Intelligence Committee, sont prudents quant aux informations mêmes de CURVEBALL, elles serviront beaucoup dans l' analyse globale sur le programme d' armes de destructions massives irakiennes. Le rapport BUTLER le sous-entend de manière extrêmement claire, au paragraphe 244, ou il est indiqué que les rapports transmis par le « service de liaison auront un impact significatif » sur le rapport du JIC du 27.02.2002: « L'Irak, si ce n'est pas déjà le cas, peut produire de grandes quantités d' agents biologiques en quelques jours ».

    L 'estimation du JIC du 15.03.20024 indique en page 4, plusieurs informations directement issues de CURVEBALL. Ce document fait clairement référence aux rapports provenant d'une source traitée par un « service de liaison ». Selon le rapport du JIC, cette source aurait indiquée les informations suivantes: le programme des laboratoires mobiles aurait été lancé en 1995; il comprenait 7 laboratoires,six montés sur camion, et l' un sur train, qui furent construits; trois étaient opérationnels en mars 1999. ces laboratoires pouvaient produire 5 types différents d' armes biologiques, sans plus de détails, et auraient déjà produits de 20 à 30 tonnes d' armement biologiques. Le rapport réaffirme le fait que « si les informations indiquées n'ont pas été corroborées, nous estimons que elles sont crédibles d'un point de vue technique »

    Cette prudence disparaît très clairement, en revanche, dans le rapport du JIC du 24.07.2002, en page 5: Il y est indiqué, de manière catégorique, que l' Irak «  a développée des laboratoires mobiles pour les programmes d' armes chimiques et biologiques ». Surtout que, selon le document, l' Irak dispose des compétences (humaines) pour un tel objectif.

    Le rapport du JIC du 09.09.20025 emploie un ton tout aussi catégorique:

    « L' Irak a appris de la Guerre du Golfe l' importance des laboratoires mobiles, plus difficiles à trouver que les installations statiques. Par conséquent, l' Irak a développée, pour les militaires, des systèmes de fermentation, qui peuvent être montés sur train ou sur route (Dans des camions, NDA). Ils peuvent produire des agents biologiques.  ».

    L'hypothèse émise (« L'Irak pourrait utiliser des laboratoires mobiles »)est maintenant considérée comme une certitude, alors que, selon le rapport Butler6 , ses informations étaient traitées avec prudence par le JIC avant d' être confirmées par une autre source7, plusieurs mois après. Ce point sera examiné dans la dernière partie.

    Cette information relative aux laboratoires mobiles sera « confirmée » peu après ce rapport du JIC, puisque le 11.09.20028 , un informateur du SIS répondant au nom de code de RED RIVER9 confirme l' information sur les laboratoires mobiles utilisés par le régime de Saddam Hussein pour la production d' armes biologiques. La source était alors considérée comme « fiable »10 . Elle se base, pour cette information, sur une « sous-source ». L' importance potentielle11 de cette « source à l' essai », pour reprendre la terminologie du rapport Butler, est telle que Tony Blair est informé de son existence le 12.09.200212.

    L' information venant de RED RIVER n' a pu être insérée dans le rapport du JIC du 09.09.2002. Elle sera en revanche prise en compte dans le rapport du JIC du 28.10.200213. Entre ces deux documents, sur demande du Premier Ministre britannique Tony Blair, est publié à l' intention du public le « dossier du gouvernement » du 24.09.200214 . Ce rapport, qui se basera beaucoup sur le rapport du JIC du 09.09.2002, prend aussi en compte le rapport reçu par le SIS le 11.09.2002. Il évoque à plusieurs reprises les laboratoires mobiles: «  Nous estimons que l' Irak a (...) développée des laboratoires mobiles à usage militaire, corroborant les rapports précédents quant à la relatifs à la production d' agents biologiques dans des installations mobiles » (Pages 8 et 9). Ce projet aurait été développé à partir de 1995 sous la responsabilité Dr Rihab Taha, « connu pour avoir joué un rôle central dans les programmes irakiens après la guerre du Golfe » (De 1991, NDA). Le rapport enfonce le clou en indiquant que le JIC a conclu que l' Irak a suffisamment d' expertise, de matériel et d' équipement pour produire en quelques semaines des agents biologiques, en utilisant ses laboratoires de bio-technologies.15

     

    ÉVALUATION DU RENSEIGNEMENT DE CURVEBALL DANS L'IMMÉDIAT APRÈS GUERRE.

    Le rapport Butler se montre très vague quant aux informations de la « liaison source »: il indique seulement que, dans le cadre des vérifications entreprises par le Secret Intelligence Service, il s'avéra que « d'importants aspects des informations reçues par cette voie étaient faux ». Le SIS n'a pu interroger la « liaison source » que après la guerre. À la date du rapport Butler, Vauxhall Cross n'avait pas encore terminé le débriefing. Il en ressort, selon le SIS, que « des détails importants n'apparaissaient pas dans les rapports du service de liaison », bien que, étant donné l' accès limité à cette source, il soit encore prématuré de conclure. Plus concrètement, le SIS conclut que « la production de laboratoires mobiles aurait eu lieu sous une forme brouillonne, et aurait eu une vie plus courte que ne l affirme l'agent ». Par conséquent, la fonction la plus vraisemblable des remorques qui seront trouvées après la guerre n'était pas la production de stocks de matériaux (Paragraphe 408).

    La conclusion du SIS, dans le cadre de son évaluation après-guerre, est néanmoins sévère: les informations de cette source sont considérées comme « inexactes »16 ou, selon le rapport Butler, « comportant de graves lacunes »17 quant aux affirmations, datées de 200018 , sur la fabrication récente d'armes biologiques. La Commission en tira la conclusion que cette fabrication « n'avait pas eu lieu ».

     

    ÉVALUATION DU RENSEIGNEMENT DE CURVEBALL: LE RAPPORT DUELFER.

    La fin des hostilités entraîne, entre autres tâches, la nécessité de retrouver les armes de destruction massives que possédait le régime irakien, comme l'affirmaient au premier rang les autorités US et britanniques. C'est dans ce cadre qu’est créée, sous la supervision de la CIA, l'Iraqi Survey Group (ISG, successivement dirigée par David Kay et Charles Duelfer). Le rapport final de l'ISG est rendu le 30.09.2004.

    Le rapport Duelfer évoquera à plusieurs reprises la thèse des laboratoires mobiles en vue de la production d'armes biologiques. Ici se posent plusieurs questions: Saddam Hussein avait-il la volonté de se doter d'armes de destructions massives? A il essayé? Enfin, le régime irakien disposait-il de laboratoires mobiles pour la production d'armes biologiques? Les réponses sont : oui, oui, et non.

    L'Irak a bien envisagée de se doter de laboratoires mobiles aux fins de production d'agents biologiques. Cette possibilité fut examinée par plusieurs responsables irakiens en 1987. Mais l'ISG ne découvrira que un projet de laboratoires mobiles, qui avait été lancé en 1994 pour moderniser l'agriculture irakienne, donc sans rapport avec la fabrication d'armes NBC.

    Le régime irakien n'avait plus d'ADM uniquement à titre temporaire, attendant la fin des sanctions pour recommencer son stock. Des tentatives sont en tout cas dénoncées. Ainsi, des négociations auraient été conduites entre le régime et des entreprises françaises, dans les années 90. Les contrats portaient sur des armements conventionnels et de possibles laboratoires mobiles19.

    Se basant sur les informations de CURVEBALL20, l'ISG inspectera les sites désignés et interrogera une soixantaine de personnes. Conclusions: les sites désignés n'étaient pas adaptés; aucune des personnes interrogées n'a reconnu la participation du site aux affirmations de CURVEBALL. Seul le Directeur de la compagnie Al Nahrayn Seed fournira une information potentiellement intéressante, en indiquant que durant l'opération « Renard du désert » de 1998, la compagnie reçut l' ordre de monter sur rail des laboratoires. L'inspection de l'ISG conclura que l' équipement n' avait jamais été utilisé pour des armes NBC.

    L'ISG examinera aussi les deux installations mobiles découvertes après la guerre, et que le Président des USA présentera trop rapidement comme des preuves des ADM irakiens: Le premier laboratoire est découvert à Irbil en avril 2003; le second en mai près du laboratoire de recherche Al Kindi à Mossoul. Selon l'ISG, la remorque « dispose des équipements et des composants qui peuvent être compatibles avec la production d'agents biologiques ». Toutefois, l' ISG n' a pas trouvée de preuves pour affirmer que la première remorque ( plus complète que celle de Mossoul) jouait un rôle dans la fabrication clandestine d' agents biologiques; le rapport détaille ensuite les raisons pour lesquelles l' installation, au contraire, n' est pas adaptée pour la fabrication d' agents biologiques: incompatibilité de l' équipement pour l' utilisation en vue de fermentation, indispensable pour la fabrication d' armes biologiques; absence d' instruments pour le contrôle du processus etc... La conclusion de l'ISG est que les deux installations servaient de générateurs d'hydrogènes pour des ballons météorologiques, pour l'artillerie de la Garde Républicaine irakienne. C'étaient donc des armes conventionnelles, et non de la catégorie NBC (Nucléaire, Biologique, Chimique).21.

    Ce discrédit de l'information (rien n'a été trouvé démontrant que les Irakiens disposaient de tels laboratoires) sur les laboratoires mobiles sera confirmé antérieurement par la Commission SILBERMAN22 et l’UNMOVIC23

     

    LE SIS DISCRÉDITÉ.

    Cette affaire a fortement affectée le SIS, principal pourvoyeur en informations, dont nombre se sont avérées fausses. La conséquence aurait été le licenciement de plusieurs officiers du SIS, sans que aucun nom ne soit cité. Coïncidence? En 2004, le Directeur du MI6, Richard Dearlove, quitte le service. Suivent le chef de station du SIS à Washington, Ian Forbes McCrédie, ainsi que Mark Allen, ancien responsable de la Division « Anti-Terrorisme International » au Contrôleurat Global Tasks, Directorate of Production and Requirements. La même année, le Director of Production and Requirements du SIS, dont le nom n' a pas été rendu publié, part dans le secteur privé et est remplacé par un vétéran du Service, Nigel Inkster.24. En revanche,passe entre les gouttes Michaël David Shipster, qui a participé à la collecte du renseignement sur l' Irak. Il aurait même dirigé le Contrôleurat Moyen-Orient en 2003. Il est envoyé diriger la représentation du SIS à Washington, à la place de Ian McCrédie25.

     

    BEAUCOUP DE QUESTIONS; PEU DE RÉPONSES.

    Beaucoup de doutes ressortent de cette analyse: Pourquoi, d'une possible hypothèse, sur la base des informations de CURVEBALL, le SIS est devenu certain que l'Irak disposait de laboratoires mobiles de fabrication d'armes biologiques, et ce bien avant d'en obtenir « confirmation » d'un informateur qui sera ensuite discrédité? D'autres informations sont-elles parvenues, allant en ce sens? Ou bien ces informations ont été présentées comme des certitudes, sur pression? De qui? Du Directeur du JIC, ou de plus haut? Ou bien les informations avaient faits le tour des services secrets, y compris étrangers, a un tel point que, une fois l'informateur discrédité, il était devenu impossible de savoir les informations venant de lui et celles qui n'en venaient pas?

    La prise en compte des informations de CURVEBALL indique que le SIS estimait ses rapports crédibles26.. Vauxhall Cross, tout comme la communauté du renseignement US, paraît ici avoir été convaincue par la quantité d'informations venant de CURVEBALL27.

    Le rapport Butler, comme indiqué plus haut, est catégorique: le SIS n'a reçu confirmation des informations de CURVEBALL que en septembre 2002, alors que les certitudes de la communauté du renseignement sont antérieures de quelques mois. Par conséquent, les certitudes du JIC se basaient sur les informations de CURVEBALL, mais aussi sur l’estimation faite que, techniquement, une telle utilisation des laboratoires mobiles est possible.

    Partant de ce principe, c’est une très grossière erreur d’analyse qui paraît avoir été commise : Il convient de ne jamais prendre pour argent comptant les informations venant d’une seule source, surtout si l’on ne peut pas les confirmer. Tel est le principe de tout service secret, et le NIE en date de 2007 consacré à l’Iran rappelle les règles de l’analyse : L’utilisation des termes « probable » ou « possible » indiquent une probabilité assez forte ; « peut » ou « pourrait » indique que l’ information est incomplète, fragmentée, indisponible, ou vague. Soit le SIS était convaincu par les rapports provenant des informations de CURVEBALL, soit ces rapports furent insérés dans le JIC sur ordre « d’en haut », au mépris d’un principe du renseignement : Ne faire état que des informations dont on est certain, et non pas de celles qui vont dans le sens du politique. Dans la dernière hypothèse, les accusations portées contre John Scarlett, alors Directeur du JIC d'avoir exagéré les rapports, pour les rendre « plus sexy », et ainsi justifier le soutien britannique à l'envoi des troupes, trouveraient ici confirmation. À cet égard, le fait que John Scarlett prenne sur lui l'entière responsabilité du travail du renseignement peut avoir pour but soit de couvrir la communauté britannique du renseignement, soit de faire retomber le blâme sur lui pour protéger les autorités, et Tony Blair en premier ressort. Ou bien les deux.

    La dernière hypothèse n'a malheureusement pas été étayée par des preuves, sans être entièrement impossible. Mais une hypothèse plus simple est possible : Depuis la découverte par les inspecteurs de l' ONU, au tout début des années 90, des programmes NBC irakiens, les inspecteurs de l' ONU ainsi que les administrations US et britanniques, et leurs services, étaient arrivés à la conclusion suivante : Saddam Hussein continue à cacher des choses sur les ADM28. . Il ne coopère pas pleinement. Ce que confirment les informations, parcellaires, qui arrivent. L' information de CURVEBALL, sa précision, et sa richesse, ne pouvaient mieux tomber, venant étayer une croyance commune dans les services sur les plans du régime irakien. Même si les services secrets, ainsi que les membres des services, n' étaient pas unanimes sur cette question. Toutefois, au sein de la communauté US du renseignement, et un peu, aussi, de la communauté UK, le débat paraît avoir plus porté sur l' ampleur même du programme NBC irakien que sur son existence, réelle ou supposée.

     

     

     

     

    1« Review of Intelligence on Weapons of Mass Destruction », 14 juillet 2004, 216 pages. Commission dirigée par Lord Butler of Brockwell.

    2Service de Renseignement Fédéral allemand.

    3Gunter Haendly a servi comme Chef de station et représentant du BND à Londres de 1999 à 2005. Intelligence Online l' avait précédemment identifié comme Chef de station du BND à Rome (IOL n° 499 du 28.04.2005)

    4« The status of Iraqi WMD Programs », JIC Assessment 15.03.2002, déclassifié en 2004. 5 pages.

    5JIC Assessment, « Iraqi use of chemical and biological weapons-possible scenarios », 09.09.2002. 5 pages. Déclassifié en 2004.

    6Paragraphe 438.

    7Voir plus bas, les informations de la source du MI6 « RED RIVER ».

    8Rapport Butler, paragraphe 574.

    9See « Curveball », livre de Bob Droggin.

    10Paragraphe 303 du Rapport Butler. Cette source sera cataloguée comme non fiable par le SIS, à l' issue de l' évaluation des différentes sources du service: Voir Rapport Butler, paragraphes 305 et 575, ainsi que les notes en bas du paragraphe 305, et le point c. des paragraphes 410 et 436

    11Voir aussi dans le rapport Butler les paragraphes 573 à 578. Cette source transmettra une autre information, dans un rapport en date du 30.09.2002, sur un agent chimique (Paragraphes 347 et 405).

    12Paragraphe 578 du Rapport Butler

    13« Nous estimons que l' Irak continue ses programmes d' armes biologiques (..) Des informations confirmées révèlent que des laboratoires mobiles pour la production d' armes biologiques ont été construits »

    14« Iraq's weapons of Mass Destruction. The assessment of the British Government », 24.09.2002. 55 pages.

    15Le rapport du 24.09.2002 fait à plusieurs reprises référence aux laboratoires mobiles, sur unton évoquant la certitude, par exemple aux pages 22, 25 et 27. Page 25, selon le rapport, « l' UNSCOM avait établi que l' Irak prenait en compte l' utilisation de laboratoires mobiles pour la production d' agents biologiques. Durant les deux années précédentes, les informations de défecteurs ont confirmées l' existence de tels laboratoires. Des renseignements récents confirment que l' Irak a développé des laboratoires mobiles »

    16Voir note sous le paragraphe 239 du rapport Butler.

    17Voir paragraphes 409 et 410 du rapport Butler.

    18 JIC du 19.04.2000.

    19 Première partie, page 246 du rapport Duelfer.

    20Selon le rapport Duelfer, un ingénieur-chimiste affirmait que l'Irak était équipée de sept installations mobiles, dont trois opérationnelles, correspondant aux affirmations de CURVEBALL reprises dans le rapport du JIC du 15.03.2002. L' ISG qualifiera la fiabilité de cet ingénieur de « très discutable ». Voir volume 3,page 201.

    21Le rapport du 30.09.2004 indique, dans son 3ème volume, page 172, que : « « ISG judges that its Iraqi makers almost certainly designedand built the equipment exclusively for the generation of hydrogen. It is impractical to use the equipment for the production and weaponization of BW agent. ISG judges that it cannot therefore be part of any BW program. »

    22« The Commission on the Intelligence Capabilities of the United States Regarding Weapons of Mass Destruction » du 31.03.2005.

    23Malgré la fin des inspections sur le terrain quelques jour savant l’invasion de l’Irak, l’ UNMOVIC continuera à travailler sur le thème des ADM irakiens jusque 2007. Son rapport final indiquera au sujet des laboratoires mobiles que aucune preuve ne fut recueillie pour appuyer ces informations, aussi bien par l’ISG que par l’UNMOVIC. (Voir page 26, chapitre V, « Compendium. The Biological Weapons Programme », UNMOVIC).

    24Nigel Inkster a entre autres dirigé les stations du SIS à Beijing et Athènes avant d'être nommé Directeur adjoint du SIS au 1999. Il sera 1er Directeur adjoint, et Director of Production and Requirements (Opérations et Analyse) de 2004 à 2006.

    25Michaël Shipster quittera le Foreign Office en 2007, pour devenie Directeur international de Rolls-Royce. Son appartenance au SIS a été confirmée par le Chicott Inquiry, qui indique clairement son statut « d'ancien officiel du SIS ». Shipster a été en poste à Moscou, Delhi, et en Afrique. Il aurait entre autres contribué à la défection du Chef de station du Renseignement tchécoslovaque en Inde à la fin des années 80. À la fin des années 90, il s' occupe de la liaisonavec le représentant du Renseignement russe à Londres. Décoré de la Croix de Saint-Michel pour sa contribution à la Guerre en Irak de 2003 (« Iraq honours diplomatic service and overseas list », 05.11.2003).

    26À peu près en même temps que le SIS, la CIA, ou du moins certains de ses officiers, étaient convaincus par les informations de CURVEBALL. Par exemple un rapport du WINPAC en date d’ octobre 2001 (Voir rapport de la Commission SILBERMAN, page 100).

    27La Commission SILBERMAN note par exemple que, de janvier 2000 à septembre 2001, le Service HUMINT du Défense Intelligence Agency US a distribuée près d'une centaine de rapports provenant des informations de CURVEBALL. Voir page 100 du rapport.

    28 Le National Intelligence Estimate n°99-04 d' avril 1999 envisage par exemple les scénarios d' utilisation d' ADM par le régime irakien, et note que « Iraq retains residual chemical and biological weapons of mass destruction ».

  • Les officiers du renseignement dans les structures internationales

    Un constat peut être fait: Depuis les années 90 au minimum, les Etats prennent l' habitude d' envoyer, de détacher, des officiers des services de renseignement pour les mettre à la disposition de structures internationales, comme l' ONU ou l' Union Européenne.

    Nous ne parlons pas ici d' officiers agissant sous la couverture de leur représentation auprès d'une organisation internationale pour faire de l' espionnage, mais de professionnels du renseignement, détachés par leur pays, sciemment, pour aider les structures internationales par le biais de leur expérience. Les exemples sont nombreux: Par exemple quand l' ONU décide de créer un Groupe d' experts chargé d' appuyer le Conseil de sécurité dans la lutte contre Al-Qaïda, c'est à Richard Barrett (voir plus bas) qu'il revient de le présider. Quand, selon l' ancien officier du SVR Sergey Tretiakov, l' ONU créé son propre centre de situation, c'est un officier du SVR qui est détaché. Enfin, le "Centre de situation conjoint de l' Union Européenne" ,est chargé "d' assurer un suivi
    permanent de l'actualité et de produire des évaluations de moyen terme sur des questions géographiques ou thématiques intéressant l'Union européenne, au profit du Secrétaire général/Haut représentant et des instances du Conseil, notamment du Comité politique et de sécurité. Doté d'une cellule de renseignement, il fournit également des analyses sur le contexte dans lequel se développent les opérations de gestion de crise de l'Union européenne"
    (Guide de la politique européenne de sécurité et de défense [PESD] de 2006). Cette structure accueillait, en 2003, un officier de la DGSE, le service de renseignement français, Monsieur M.., civil toujours en exercice aujourd'hui. Beaucoup plus récemment, c'est un lieutenant-colonel de la DGSE (Voir plus bas), précédemment chef de poste en Afrique et en Amérique du Nord, qui dirigea l' analyse au sein du centre de situation conjoint de l' UE.

    Cette "intégration" d' officiers des services secrets au sein même d' organes internationaux répond à une double logique: La participation accrue de l' intervention des organisations internationales dans les conflits internationaux; la nécessité de personnel expérimenté pour les fonctions d' analyse, de collecte d' information, de veille etc....

    Ce qui ne signifie pas que toutes les personnes membres de ses structures soient membres d'un service de renseignement. Par exemple, Stanislav Frolov, détaché par les autorités russes dans le comité auprès de l' ONU chargé de la lutte contre Al-Qaïda (Paragraphe 7 de la Résolution 1526 du Conseil de sécurité de l' ONU) , a une expérience plus "policière" que d' espionnage: Il a été précédemment détaché par le Ministère de l' Intérieur russe pour participer à des opérations de l' ONU dans les Balkans.

    Alors, quels critères utilisés? Ici, nous sommes en plein empirisme. Selon un communiqué de l' ONU, le groupe d' experts chargé de l' appui analytique et de la surveillance des sanctions dans le cadre de la résolution 1267 de 1999, pour le Conseil de sécurité, contre Al-Qaïda et les Talibans indique par exemple que les experts choisis sont plus globalement spécialisés "dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme et les législations en la matière, le financement du terrorisme et les opérations financières internationales, les systèmes de virement de remplacement, les activités caritatives et l' utilisation de messagers, le contrôle des frontières, y compris la sécurité portuaire, les embargos sur les armes et les contrôles des exportations ainsi que le trafic de drogues". Aucune obligation n' est ici posée pour que les membres soient obligatoirement des membres des services de renseignement: Cela peut aussi être des diplomates, des policiers, des membres des services de sécurité. Sauf si l' organisation internationale le demande expressément aux Etats-membres: Ce sera le cas, au milieu des années 90, pour le centre de situation de l' ONU (Tretiakov, op.cité)

    Néanmoins, reste une inconnue dans cette équation: Les officiers du renseignement détachés auprès des instances internationales sont-ils chargés, ainsi, de les espionner, ou au contraire de leur apporter leur appui et leurs compétences?

     

     

    Biographie de Richard Martin Donne Barrett

     

    Né en 1949

    En poste en Turquie à partir de 1987

    Premier secrétaire à la délégation britannique auprès de l' ONU à New York de 1988 à 1992

    Ordre de l' Empire Britannique le 30.12.1992

    En poste à Amman à partir de 1997

    Chef de la Branche Antiterrorisme, Contrôllerate “Global Tasks”, Directorate of Production and Requirements du Secret Intelligence Service.

    Coordinateur à l' ONU de l' équipe d' appui au Conseil de sécurité chargée de Al-Qaïda et des Talibans, depuis 2004.

     

    M.X

     

    Grade de chevalier à la fin des années 80

    Lieutenant-colonel de la DGSE

    Chef de poste dans un pays d' Afrique dans les années 90

    Chef de poste dans un Pays d' Amérique du Nord au tout début des années 2000


  • Brefs commentaires sur le livre de Richard Tomlinson

     

    Je relis pour une énième fois le livre « Plus permis de tuer » de Richard Tomlinson, ancien officier du SIS, le service de renseignement extérieur de Sa Majesté, qui travailla au SIS de 1992 à 1995. Dans son livre, M.Tomlinson expose son travail au sein du Service, ainsi que des informations sur nombre de ses collègues. Cette nouvelle lecture, combinée à l' analyse de la fameuse liste des 116 officiers du SIS dévoilée sur Internet en 1999, m' a laissée une impression un brin désagréable sur certains points.

    Certes, M.Tomlinson n' indique pas pourquoi il fut viré du SIS en 1995, lui même affirmant l' ignorer, mais indiquant que , selon un de ses anciens supérieurs, le SIS craignait de voir en lui un « Aldrich Ames en puissance dans le service » , c'est-à-dire que M. Tomlinson trahirait, au profit de qui on l' ignore.


    Néanmoins, la lecture de cet ouvrage incite à faire deux remarques:

    Primo, selon Richard Tomlinson, son licenciement est dû entre autres aux manoeuvres de « Fowerlook », un des anciens patrons, qui dirigeait la section «  SOV/OPS », chargée des opérations contre les soviétiques (Production, URSS) au Contrôleurat Europe de l' Est quand Tomlinson y fut affecté, en 1992. Mais pourquoi? Tout au long de son ouvrage, Tomlinson indique clairement que « Fowerlook » manigançait contre lui mais sans indiquer aucune raison.

    Secondo, il est assez surprenant de voir le nombre d' officiers du SIS balancés dans la fameuse liste des « 116 » et que l' on retrouve dans l' ouvrage de Tomlinson! En effet, la liste cite 116 officiers du SIS, avec leurs identités complètes, leurs dates de naissances, leurs postes respectifs. Or Tomlinson en a connu plusieurs comme le montre son ouvrage, ou il change certes le nom des personnes concernées, mais pas leur prénom, ni leurs postes, y compris à l' étranger.

    « Raymond Horner », chef adjoint de la Base du MI6 à Moscou en 1985, apparaît dans la liste comme étant Raymond Asquith, qui sera ensuite chef de station à Kiev de 1992 a 1997.

    « Stuart Russel », remplaçant de Fowerlook à la tête de la section « Production URSS » au Contrôleurat Europe de l' Est et patron de Tomlinson, aurait été, selon Tomlinson, en poste à Stockholm, Moscou, Lisbonne. En comparant avec la liste, il n'est pas difficile d' identifier Stuart Brooks.

    « Rupert Boxten », selon l' auteur, trois années en poste en Namibie, puis premier chef de la base «  cabane » de Tirana, en Albanie, de septembre 1992 à 1993, et qui prit sa retraite peu après. La liste permet de découvrir Rupert Bowen, qui quitta le SIS en 1994 et fut mêlé à une affaire de trafic d' armes avec la Sierra Léone durant la guerre civile.

    Pour « Nick Fish », le fameux numéro deux de P4 (Productions Balkans, Contrôleurat Europe de l' Est) en 1993 ou Tomlinson a travaillé, il s' agit de Nicholas Fishwick! Tomlinson ne s'est guère foulé pour cacher son identité.

    Idem pour ses camarades de promo! Derrière « James Baxter », qui fut « deux ans dans une école arabe du Caire », on reconnaît facilement James Baxendale, qui suivit de 1994 à 1996 les cours de la MECAS du Caire. Ou « Hare », un autre de ses camarades de promo, qui selon l' ouvrage de Tomlinson,suivait vers 1994 des cours d' espagnol pour être affecté au Chili. Il ne fallut pas longtemps pour découvrir que il s' agissait de Andrew James Brear.


    Sans compter les informations données par Tomlinson dans ses interviews, ainsi que dans sa lettre au juge Stephan chargé de l' enquête sur la mort de Lady Diana à Paris dans un accident de voiture en 1997: Tomlinson y indique que Richard Fletcher était en 1993 à la tête du Contrôleurat Europe de l' Est (il apparaît sur la liste Tomlinson), ou Andrew Mitchell, un des camarades de promotion, affecté à la station du MI6 de Bonn dans les années 90 pour y traiter ORCADE, un important informateur au sein de la BUNDESBANK. Ou enfin Maurice Kendrick-Piercey, chef du secteur « Production Balkans », surnommé dans le livre de Tomlinson « Maillot de Corps », P4, ou « M.Halliday ».

    Pour les petits malins ou les services secrets adverses, cette liste représente une aubaine. Pour le MI6,non. Même si certains, voire la majorité des officiers cités dans la liste étaient connus de leurs adversaires, tous pas forcément, premièrement. Deuxièmement, leurs noms sont carrément rendus publics, limitant fortement leurs possibilités de faire du renseignement,donc de défendre la Couronne.

    Loin de l' auteur l' idée d' être un pro-britannique convaincu. Mais comme le disait le Premier Ministre britannique Lord Palmerton: Les anglais n' ont pas d' amis constants ni d' ennemis constants. Ils n'ont que des intérêts constants ». Comme tous les pays du monde, et c'est respectable.

    Alors, certes, M.Tomlinson critique le SIS. Peut-être a-il raison. Mais étais ce une raison pour rendre aussi « voyantes » les opérations du MI6, en dévoilant leurs informateurs, leurs officiers traitants, donc en sacrifiant à ce point la sécurité de la Couronne?

  • Guerre du renseignement au sein de la Commission européenne?

    GUERRE DU RENSEIGNEMENT AU SEIN DE LA COMMISSION EUROPEENNE?

    Beaucoup est dit et écrit sur les guerres du renseignement, sur des thèmes incontestablement intéressants. Citons la lutte du FBI contre les espions soviétiques (ESPIONS ROUGE DE PIERRE HUS ET GEORGE KAPOCZI); la lutte de la CIA contre les soviétiques en Afghanistan (LA GUERRE SELON CHARLIE WILSON de GEORGE CRILL; CIA-KGB LE DERNIER COMBAT de MILTON BEARDEN et JAMES RISEN); le travail du KGB dans le monde et y compris en URSS (KGB CONTRE L' OUEST DE ANDREW ET GORDIEVSKY; KGB DE JOHN BARRON; plus beaucoup d' autres ouvrages, y compris russes) , mais aucun ne se concentre sur la question de l' espionnage au sein de la Communauté économique européenne, puis l' UE.

    Pourtant, les recherches effectuées ont permis de découvrir a trois reprises l' existence d' espions de pays occidentaux parmi les membres de membres de leurs pays, au sein même de la délégation permanente de leur pays auprès de la Commission européenne.

    Peut être cité un haut responsable d'un service secret d' Europe occidentale spécialisé dans la lutte antiterroriste au début des années 2000, Monsieur H. Le nom de cette même personne apparaît dans la liste de 2007 de la délégation permanente de son pays auprès de l' Union Européenne..Un hasard?

    Citons aussi tel pays, occidental aussi, qui dispose d'un chef de station sous couverture de conseiller d' ambassade a Bruxelles. Précision sur ce fameux chef de station, il fut auparavant en poste dans un pays de la zone Afrique ainsi que dans un pays asiatique. Pourtant, un autre officier de ce même service se trouve a la même période en poste dans la délégation permanente de ce pays auprès de la Commission...

    Exemple beaucoup plus concret est celui de l'anglais Simon Butler-Madden. Ce professionnel du Secret Intelligence Service (35 ans de carrière) a démarré sa carrière au renseignement de Sa Majesté en 1966. Premier poste a l' étranger: Deuxième secrétaire a la délégation britannique auprès de la CEE a Bruxelles de 1969 a 1972..

     

    Si les services secrets des Etats membres de l' UE s'amusent a placer leurs espions au coeur de la Commission européenne, dans quel but?

    Il serait intéressant de travailler sur la question, en effet, de la place du renseignement au coeur même de la Commission. Richard Tomlinson, dans son ouvrage, ainsi que Roger Faligot, dans son volumineux « Histoire des services secrets français depuis 1870 » font bien référence a quelques opérations d' espionnage, de la DGSE contre la Grande-Bretagne lors des négociations de 1986, ou de celles de la station du SIS a Paris dans les années 70. Néanmoins ce n'est que la pointe d'un très gros iceberg. Le cadre du « marché commun » n'a jamais empêché les batailles entre États, et ce pour obtenir la plus grosse part du gâteau, politiquement mais aussi économiquement. Tout pays n'a pas d' ami constants ou d' ennemis constants, seulement des intérêts constants,pour paraphraser Lord Palmerton. Et il serait intéressant de se demander ce que font des espions au coeur de la Commission. S'agit-il d'espionner les « amis » ou la Commission carrément?

  • L' affaire Battisti, quelques éléments juridiques

    Nous appelons esprit révolutionnaire, le désir exalté de sacrifier violemment tous les droits à un but politique. Jean-Etienne-Marie-Portalis, jurisconsulte et philosophe, un des grands rédacteurs du Code civil.

    Il est de mode en France que quand un terroriste d'extrême gauche est interpellé ou condamné on en parle. Cela fait du boucan. Médiatique. Les intellectuels se mobilisent. Le PS idem. Le PC suit vaille que vaille. La LCR (pardon le NPA) est plus royaliste que le Roi. Par contre quand c'est l' extrême-droite,la....A t-on vu ses messieurs s'épancher sur Maxime Brunerie? Ou défendre ce groupuscule qui posa des bombes contre des foyers d'immigrés dans les années 80? Deux poids deux mesures.... Ah oui pardon ce sont des fascistes, des méchants. Encore un peu et on me dira que les membres des Brigades rouges ou d' Action directe eux sont des victimes... Ses esprits révolutionnaires qui voulaient tuer du méchant capitaliste, c'est d'un romantisme...Je m'y suis un peu laissé prendre au lycée. Un peu, mais avec prudence, et des doutes. Maintenant, non. Plus jamais. Attention, je ne suis pas d'extrême droite non plus. L'idéologie "pétainiste", paternaliste, dictatoriale, ou nazie, avec Hitler et sa théorie des races, me répugnent tout autant. Mais pourquoi m'en prendre a l' extrême gauche? Parce que, n'ayant pas l' habitude de céder aux tempêtes médiatiques, cette fois je m'y prends pour mettre quelques points sur les I a propos d'un dénommé Cesare Battisti, triste Sire de son état.Et donc, il convient de répondre a certains des arguments posés par les défenseurs de Battisti, voire Battisti lui-même.  Commencons par la fameuse "doctrine Mitterrand", qui est de laisser les membres des Brigades rouges réfugiés en France, ou ici, d'un membre du PAC (Prolétaires armés pour le communisme). La question première qui se pose est: Cette "doctrine" est elle valable? Sur quoi se base cette doctrine? Sur la parole donnée par le chef de l' Etat. Certes. Mais est ce que cela lui confère force obligatoire? La réponse est clairement donnée dans une décision de 1988 "Ville d'Amiens" du Conseil d' Etat: "Les paroles d'homme politique n'ont pas de valeur juridique". Depuis quand ce que dit un homme politique a force de loi? Nous sommes pourtant un pays de droit écrit. Ce principe est clairement énoncé par le Conseil d' Etat dans sa décision "Battisti" du 18.03.2005:

    "Considérant que, si le requérant invoque les déclarations faites par le Président de la République, le 20 avril 1985, lors du congrès d'un mouvement de défense des droits de l'homme, au sujet du traitement par les autorités françaises des demandes d'extradition de ressortissants italiens ayant participé à des actions terroristes en Italie et installés depuis de nombreuses années en France, ces propos, qui doivent, au demeurant, être rapprochés de ceux tenus à plusieurs reprises par la même autorité sur le même sujet, qui réservaient le cas des personnes reconnues coupables dans leur pays, comme le requérant, de crimes de sang, sont, en eux-mêmes, dépourvus d'effet juridique ; qu'il en va également ainsi de la lettre du Premier ministre adressée, le 4 mars 1998, aux défenseurs de ces ressortissants".

    Certes c'est contestable dans le sens ou un homme politique peut dire tout et son contraire; il n'y aura, potentiellement, que les élécteurs pour le sanctionner. Néanmoins, j'imagine mal que la parole suffise; il faut un acte écrit. La France est un pays de droit écrit, ce qui permet de prouver les propos tenus, mais aussi d'avoir une certaine cohérence, voire de contrôler la conformité de la loi ou du décret par rapport a des textes comme la Constitution. Or cela ne choque personne que le Président de la République, garant des institutions, se permette de prendre position sur une question ne relevant pas de sa compétence? N'est ce pas contraire a l' article 16 de la DDHC, qui indique clairement la séparation des pouvoirs? Ou bien, si la Constitution ne sert a rien et que il faut jetter le texte a la poubelle..

     

     

  • Richard Thompson, un espion de Sa Majesté en Mésopotamie

    Depuis environ un ans, la guerre en Irak fait moins l' actualité journalistique, ce qui peut être attribué aussi bien a la formation progressive de la police et de l' armée irakienne, aux accords conclu avec différents chefs tribaux, ainsi que a la lutte antiterroriste entre autres. Il convient de le reconnaître, cela n' était pas gagné: les armes de destruction massives introuvables, le scandale Valérie Plame, l 'augmentation des tensions et des violences, les tortures sur des prisonniers.. Petit détail peu connu du public, car passé entre les gouttes de la presse, des membres des services secrets de Sa Majesté ont eu connaissance de ses méthodes. Se sont-elles tues pour éviter le scandale? Ou n'ont elles pas pris conscience des violations commises par les américains, Il serait intéréssant de poser la question au chef de station du SIS a Bagdad de l' époque, Richard Thompson.


    Richard Thompson. Né en 1960, conformément a la tradition, Richard Paul Reynier Thompson est officiellement un « diplomate » du Foreign and Commonwealth Office, le Ministère des affaires étrangères de Sa Majesté. Les éléments disponibles sur sa carrière indiquent alors une orientation « Europe de l' Ouest »: Après un poste a Stockholm en 1991, il sert a Genève en 1996.

    Richard Tomlinson est un ancien officier du SIS qui, pour se venger de son ancien service (lequel l'avait viré) a publié la liste de plusieurs de ses anciens collègues . Le nom de Thompson apparaît pour la première fois en 1999; c'est la « liste Tomlinson », laquelle identifie pas moins de 116 officiers du SIS, qui indique entre autres un dénommé Richard Thompson. Notons au passage que plusieurs des noms dévoilés a cette occasion ont pus être certifiés:  Citons Andrew Gibbs et Raymond Asquith, ou Richard Dearlove, John Scarlett, Andrew Robert Fulton, Clive Dare Newell, Norman McSween, Ian Forbes McCredie .

    Cet accroc de carrière semble avoir obligé le SIS a changer Thompson d' affectation: après avoir travaillé dans le cadre du contrôleurat « Europe » il est affecté au Kosovo, avant d'arriver a Bagdad: Le « Times » du 04.04.2007 fait clairement référence a Richard Thompson comme ayant servi en tant que chef de station a Bagdad, sans en dire plus.

    Ambassade britannique a Bagdad Je me montrerai plus précis: Selon les listes diplomatiques britanniques Richard Thompson était officiellement conseiller a l' ambassade britannique a Bagdad en 2004 et 2005, avant d' être remplacé. On peut supposer que il est arrivé dans la capitale irakienne peu après que les troupes état-uniennes et leurs alliés aient pris contrôle de l' ensemble du territoire, donc dès 2003.


    C' est a Bagdad que il est confronté indirectement a un nouveau scandale, car même si son nom n'est cité nulle part, un rapport officiel de la chambre des communes fait très clairement référence a des pratiques illégales dont avaient connaissance les officiers du SIS a Bagdad, mais dont ils n'ont pas évalués qu'il constituait une violation de la convention de Genève: Ce rapport de mars 2005 est passé a travers les gouttes de la presse, et pourtant il est passionant. Intitulé Handling of Detainees by UK Intelligence Personnel in Afghanistan, Guantanamo Bay and Iraq , il définit, pour commencer, les missions du renseignement britannique en Irak:

    -Collecter des informations en Irak.

    -Participer au travail de l'Iraq Survey Group, chargé de retrouver les armes de destruction massives

    -Diriger les interrogatoires des personnes mêlées au programme des ADM irakiens

    -Examiner les armes saisies pour les besoins du renseignement

    -Fournir des informations pour protéger les Forces de la coalition d'attaques imminentes.

    Le rapport se montre ensuite particulièrement sévère vis-a-vis du SIS, mais moins sur l'Irak: Si il critique le fait que aucun officier du SIS (Ni du MI5 ou du DIS) n'a reçu de formation a propos de la Convention de Genève, ce qui conduisit a des erreurs de jugement grossières:  Le rapport indique que dans un cas, en juin 2003, deux officiers du SIS chargés d'interroger un irakien lié aux programmes d' ADM et détenu par les américains ont vus arriver leur "client" enchaîné et avec sur la tête une cagoule. Les deux officiers pensèrent alors que ses mesures étaient nécessaires pour des raisons de sécurité, et cet incident ne sera rapporté que en mai 2004 quand les différentes agences de renseignement britannique furent chargées de demander a leur personnel chargé des interrogatoires de détenus si des abus ou des actions contraires a la politique britannique s'étaient produits. Par conséquent, les différents Ministères ne furent alertés que en mai 2004.

    Un autre exemple donné dans ce rapport concerne l'interrogatoire, en 2003 toujours, d'un autre irakien lié au programme des ADM, par des officiers du SIS. Ils notèrent que les conditions de vie du détenu sont inacceptables et que son traitement laisse a désirer. A l'automne 2003, un officier du SIS qui visita a trois reprises cet établissement américain nota que les conditions s'étaient améliorées. Petit détail bizarre dans ce rapport: Selon lui, les Ministres ne furent au courant que a la mi-2004. Pourtant, dès janvier 2004, est évoquée une possible violation de la Convention de Genève dont a connaissance le SIS par le centre d'interrogatoire américaine a Battlefield, a l'aéroport de Bagdad. Et le rapport de préciser que la question fut soulevée par le représentant supérieur du SIS (Sans doute Richard Thompson) avec l'officier américain a la tête de cet établissement, lequel affirma que la Convention de Genève était respectée. Et quand la question fut évoquée par le représentant du SIS avec le lieutenant général Sanchez, haut responsable de la Coalition en Irak, le 21.01.2004, le haut grade de l'armée d'évoquer une enquête menée pour découvrir les auteurs d' abus sur des détenus. Selon le rapport, "les Ministres n'en entendirent parler pas avant mai 2004". On peut tout de même avoir un doute sur le fait que les Ministres soient prévenus si tard: Normalement, les officiers du SIS rendent compte a Vauxhall Cross, le QG du SIS, lequel, après tri, fait remonter les informations vers le Ministère des affaires étrangères (Foreign and Commonwealth Office) voire le Cabinet Office. Que l'information sur ses événements soit remontée si tard peut surprendre.  Pour la petite histoire, les officiers du SIS recurent des instructions sur le traitement a l'égard des détenus...en juin 2004. Le rapport note toutefois que les incidents de ce genre sont rares, et que aucun membre des services de renseignement britanniques n'a commis d'abus sur des prisonniers

    Vauxhall Cross, le QG du SIS sur la Tamise.

    Après son poste a Bagdad qu' il quitte vers 2005-2006, la carrière de Thompson compte une année de « trou », ou ses activités sont quasiment inconnues. Sans doute occupe-il une fonction au coeur du Secret Intelligence Service.

    En avril 2007, il est détaché auprès du Ministère de l' Intérieur, le Home Office, et nommé a la tête de la nouvelle Police Nucléaire, la Civil Nuclear Constabulary, dont la mission est de protéger les centrales nucléaires. Les biographies officielles, selon la tradition, le décrivent comme un "senior diplomat of the Foreign and Commonwealth Office" qui a de l'expérience dans le domaine de la défense et de la sécurité.

  • Les services secrets britanniques recrutent dans les universités.

     

    Les services secrets britanniques, ce n'est point un secret, recrutent de manière "ouverte". Cela veut dire que un de leurs représentants, a visage découvert, n'hésite pas a aller dans les universités de Sa Majesté, a vanter les mérites de son service, proposant aux étudiants de tenter, ensuite, d'y entrer. Un exemple concret en a été donné il y a quelques semaines, très précisément a la mi-octobre, quand James Morrison, ancien espion de Sa Majesté, a pris la parole a l'université de Canterburry, dans une conférence intitulée "The Craft of Intelligence Analysis: Secrets, Assessments, Prophecies, Delusions and Damned Lies".

     

    James Morrison Se présentant comme un ancien analyste du MI5, M.Morrison déclarera simplement être un ancien du MI5, rappelant quelques principes du métier: Que si vous détenez une information, il ne faut pas que l'ennemi sache que vous lui avez piqués ses secrets; que le travaille d'un analyste consiste a vérifier 1000 fois les informations recues afin d'éviter les erreurs de jugements, et d'ironiser que "si vous voulez de l'action, évitez d'être analyste au MI5, la seule raison qui vous entraînera chez le kiné est d'avoir mal au dos a force d'être assis sur de mauvaises chaises!" Rien que de très convenu certes, mais un des préceptes du métier, après tout, est d'en dire le moins possible. On voyait donc mal M.Morrison raconter les opérations qu'il a mené ou dévoiler les noms de ses collègues.

    Avant de déclarer publiquement aux étudiants: "Le MI5 recrute et l'organisation cherche des personnes issues de tout cursus universitaire; pourquoi pas vous?". Cela a l'avantage de la franchise et appelle deux commentaires: Primo, époque de communication aidant les services secrets n'hésitent plus a recruter de manière "ouverte", la France est loin d'avoir saisie cette culture contrairement a ses collègues britanniques ou américains. Secundo, et c'est plus une surprise, pour moi, c'est que M.Morrison se prétende "analyste au MI5". Un rapide coup d'oeil sur sa bio a permis de découvrir que il émargeait plutôt au DIS..le Défense Intelligence Staff, le renseignement militaire de Sa Majesté. En effet, il est incongru que M.Morrison se présente comme un officier du MI5, contre-espionnage civil, alors que il apparaît, quand il fut présenté, comme "Deputy Chief of Defense Intelligence and Senior Fellow of the Brunel Centre for Intelligence and Security Studies", c'est-a-dire numéro deux du renseignement militaire britannique!

    Sa carrière le confirme: Apparaît un dénommé John Noble Lennox Morrison, né le 14.07.1943, entré au Défense Intelligence Staff en 1967 en tant que analyste, avant d'occuper plusieurs postes a responsabilité au sein du DIS, et de finir sa carrière en 1999, après avoir passé quatre ans comme adjoint du directeur du DIS et a la tête du service d'analyse. Après sa carrière au DIS,il travaillera a la commission parlementaire de contrôle de l'activité des services secrets, et ce jusque 2004 (Il quittera alors son poste suite a un scandale). Actuellement, il travaille au Brunei Centre for Intelligence. En tout cas, son ancien emploi "d'analyste au MI5" ressemble a s'y méprendre a une "couverture" pour recruter les étudiants en réalité pour le Defense Intelligence Staff. Ce sont les gars du MI5 qui vont être contents!

     

     

     

     

  • Le Mossad et Osirak

    A la fin des années 70 la France comptait livre un réacteur nucléaire a l'Irak, alors dirigée par Saddam Hussein. Ce dernier ayant comme volonté d'enrichir ainsi l'uranium a des fins militaires, priorité est donnée au Mossad (Entre autres a sa Division TZOMET, responsable des opérations en Europe, et a la branche KIDON [Assassinats] de la Division METSADA (Opérations spéciales) d'empêcher la France de livrer a l'Irak ce réacteur. Ce film évoque une partie de l'opération alors conduite, mais oublie de préciser un détail: Le Mossad avait obtenu des informations sur le réacteur suite au recrutement, en août 1978, d'un physicien irakien, un dénommé Butrouss Heibin Halim. C'est sans doute a cette personne que fait référence Viktor Ostrovsky dans son livre sur le Mossad publié en 1990, et qui raconte l'opération. Pour terminer, précisons que cette opération, conduite par le Mossad en France, n'a pas empêchée la livraison d'un réacteur par la France a l'Irak; lequel sera détruit en 1981, par des avions de chasse israëliens (Bombardement d'Osirak). Et enfin, citons les noms de certains des participants, au sein du Mossad, a l'opération: Dan Arbel, alors chef de la station TZOMET du Mossad a Paris; David Biran, chef du TZOMET (Et qui sera, selon une information, nommé chef du TEVEL en 1990) et enfin Shabtai Shavit, alors chef de la METSADA.
     

    Quand le mossad frappe en France
    envoyé par Homer-Dalort
     

  • Rapport de la Direction Centrale des Renseignements Généraux sur les vulnérabilités ou agressions économiques hostiles

    Publié en novembre 2006, ce rapport de la Direction centrale des Renseignements Généraux s'est penché sur les cas d'agressions ou de vulnérabilités d'entreprises. Ce rapport de six pages détaille les différentes méthodes utilisées (En indiquant leur fréquence). Un rapport très intéréssant, disponible ici

  • Réorganisation des services secrets francais

    Est ici repris l'article du blog Problematiques.fr, publié par Frank Strass sur la réorganisation des services secrets franacais, dans le cadre du Livre Blanc sur la défense qui a été présenté aujourd'hui au Président Nicolas Sarkozy.

    Selon cet organigramme, la principale innovation est la création d'un Conseil National du Renseignement (CNR) qui sera chargé de centraliser les renseignements venant aussi bien de Ministère dont ne dépend aucun service ( Ministère des affaires étrangères, Ministère de l'économie et de l'industrie) que de structures qui auront au CNR un accès direct (Le Secrétariat général de la Défense Nationale; le Premier Ministre; Le coordinateur du renseignement auprès du secrétariat général du Président de la République). Les services de renseignement ou de sécurité se devront de passer par leurs Ministères traditionnels , qui fera office de "filtre", pour faire remonter les informations jusqu'au CNR. Tel est le cas pour la toute nouvelle DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) du Ministère de l'Intérieur, conséquence de la fusion entre les Renseignements Généraux (Information du gouvernement sur les extrémistes, les conflits, la situation intérieur politique, économique, sociale, lutte antiterrorisme) et la Direction de la Surveillance du Territoire (Lutte contre l'espionnage, le terrorisme, protection des secrets) que, au sein du M%inistère du Budget pour le TRACFIN (Cellule de lutte contre le blanchiment d'argent) ou la Direction Nationale de Recherche et d'Enquêtes Douanières, ou enfin au sein du Ministère de la Défense pour la Direction du renseignement militaire, la Direction de Protection et de Sécurité de la Défense (Sécurité militaire, protection des secrets des entreprises, industries, objectifs a caractère militaire) ou la DGSE (Chargée du renseignement extérieur).

    Un regret toutefois: La situation de la DGSE, dépendante du Ministre de la Défense, n'a pas été changée. Il paraît en effet étonnant que un service chargé de recueillir hors du territoire national du renseignement qui est tout sauf militaire dépende néanmoins de l'autorité militaire!

     

     

    Un nouvel organigramme pour le renseignement

     

     Le livre blanc sur la Défense a été présenté aujourd’hui par Nicolas Sarkozy. Véritable instrument destiné à guider la politique de la France dans ce domaine jusqu’en 2020, le document met l’accent sur la nécessité d’un renforcement des services de renseignement. Au programme: un organigramme refondu et de nouvelles priorités.

    J’ai décidé un effort massif d’investissement sur le renseignement, notamment d’origine spatiale, qui bénéficiera aussi bien à la décision politique qu’aux chefs militaires”, a expliqué ce mardi Nicolas Sarkozy. Le président de la République, qui procédait à la présentation du livre blanc sur la Défense a mentionné le regroupement des services existants “au sein de la nouvelle direction centrale du renseignement intérieur”, et confirmé la nomination d’un “coordonnateur du renseignement, qui orientera les services et assurera la cohérence de leur action”.

    Conformément aux informations distillées depuis plusieurs jours dans la presse, ce poste devrait revenir à Bernard Bajolet, pour quelques semaines encore ambassadeur à Alger. Il a auparavant occupé des fonctions similaires à Amman (Jordanie), Sarajevo et Bagdad. Il aura pour fonction de guider le président de la République auprès de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure, spécialisée dans l’espionnage; militaire), la Direction du renseignement militaire, la Direction de la protection et de la sécurité de la défense et de la Direction centrale du renseignement intérieur.

    Le point fort de ce nouvel organigramme réside dans la création d’un Conseil national du renseignement (CNR), présidé par le chef de l’Etat, qui définira les priorités et les orientations des services civils et militaires de renseignement. Le coordonnateur, Bernard Bajolet en premier titulaire, animera ce Conseil. Son rattachement au chef de l’Etat est le signe d’une nouvelle donne en la matière: “dans un monde qui se caractérise par l’incertitude et l’instabilité, la connaissance constitue notre première ligne de défense”, indique le livre blanc.

    • L’organigramme reproduit ci-dessus provient d’un document mis en ligne par le site internet du Point. Les sigles non-détaillés ci-dessus correspondent aux services suivants: la DNRED (Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières et financières) et Tracfin (service de traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins).

    Frank Strass

    17 juin 2008 

  • Escroquerie "419"

    En recevant ce mail, quand j'ai vu sa provenance (Nigéria), j'ai tout de suite pensé a ce qu'on appelle la "Fraude 419"
    La lecture de la lettre a confirmé mes soupcons, donc je vous alerte. De quoi s'agit-il?

    La "Fraude 419" est une arnaque extrêmement connue et lucrative. Elle est dénommée "419" en référence a l'article du Code pénal nigérian la sanctionnant, et surtout pratiquée par les groupes criminels nigérians.
    Un exemple: Vous recevez un mail d'une personne qui affirme devoir transférer une gross somme d'argent , et demande si elle peut utiliser votre compte bancaire pour le transférer. Elle indique que vous toucherez dessus un certain pourcentage.. Vous acceptez. A ce moment, on vous demandera d'avancer des sommes d'argent ,pour des frais (de notaire, d'avocat etc..) en réalité inexistants, et ce avant que la somme ne soit transférée . En réalité, vous vous êtes faits escroquer, les frais n'existant pas..
    Autre variante, une personne prétend s'exprimer au nom d'un organisme gérant des jeux de loterie, et annonce à la victime potentielle qu'elle a été tirée au sort, a gagné une grosse somme d'argent et doit contacter certaines personnes pour recevoir son prix. La procédure pour récupérer le prix nécessite le paiement de divers frais de gestion.

    Quand on regarde le mail, qu'est ce qui attire l'attention? Que il est envoyé depuis le Nigéria, que la réponse doit être envoyée au Nigéria, mais aussi que le mail n'a pas été envoyé depuis une adresse officielle. Quand a l'adresse ou doit être envoyée la réponse , ubbi.com est le type même du site de Vodafone...Pas du matériel utilisé par une multinationale

    Prière d'alerter vos contacts, et posez vos questions en contactant les services de police compétents: http://www.interieur.gouv.fr/sections/contact/police/cybercriminalite



    Le fameux mail


    Dessiner notification ............ votre email id vu le jour que vous êtes un gagnant!‏
    De : BRITISH AMERICAN TOBACCO INTL (jacdou@bigpond.com)
      Risque moyenVous ne connaissez peut-être pas l'expéditeur.Autoriser|Bloquer
    Envoyé : dim. 15/06/08 17:18
    Répondre à : batncontactoffice@ubbi.com



    Siège social
    British American Tobacco (Nigeria) Limited
    35 pc Idowu Taylor Street
    Victoria Island
    Lagos Nigeria.
    Téléphone: +234 703 043 0528
    Chers Winner,

    Nous sommes heureux de vous annoncer le tirage au sort des BATN (l'Amérique britannique du tabac Nigéria) des loteries prix promo tenue le 13 Juin, 2008.Your e-mail à l'adresse ci-joint le numéro du billet: 56475600545 188, dans le numéro de série 5368/02 a appelé l'nombres chanceux : 02 05 77 65 97 et le bonus
    balle qui a par la suite vous gagné à la loterie dans la 1ère category.You ont donc été approuvé pour réclamer une somme totale de £ 341022,00 (Trois cent quarante et un mille, vingt deux livres) en espèces au crédit de déposer KTU/9023118308/03.

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    Meilleurs vœux,
    Dr.brown Jones,
    Coordinateur:
    British American Tobacco [B.A.T.N]
    Promotions.

  • La DGSE de 2000 a 2002


    Pour des raisons de sécurité, certains noms ne sont pas publiés, et remplacés par un pseudo.



    Située Boulevard Mortier, la DGSE, Direction Générale de la Sécurité Extérieure, a été confrontée a une forte crise interne ses dernières années, conséquence des luttes au sommet de la hiérarchie du Service.

    La DGSE, dont le quartier général est toujours situé Boulevard Mortier, a Paris (Surnom du QG: La Piscine, a cause de la Piscine des Tourelles située juste a côté), compte depuis 1987 cinq grandes directions:
    Jean-Pierre Pochon. La Direction du Renseignement (DR) est chargée de la collecte et de l'analyse du renseignement, obtenu aussi bien de manière "ouverte" (presse, conversations, documents officiels..) que "fermés" (recrutement d'informateurs), sur les menaces extérieures a la France mais aussi dans les domaines politiques, économiques, scientifiques.Elle s'appuie pour cela sur des postes de la DGSE a l'étranger, par exemple a Berlin ou Washington, quoique l'existence de postes DGSE sur le territoire national même, pour espionner les voisins et lutter contre des menaces, n'est pas a exclure. La DR sera dirigée a partir de mars 2000 par Jean-Pierre Pochon.
    (A gauche).A la tête du Service "Action" de septembre 1987 a 1989, Jean Heinrich fut le créateur, et aussi le premier dirigeant, de la Direction des opérations de la DGSE, qu'il commanda de 1989 a 1992. (A droite): Xavier Bout de Marnach, a la tête de la Direction des Opérations de 2000 a 2004. Créée en 1989 a l'initiative du général Jean Heinrich, la Direction des Opérations est chargée des opérations spéciales, a haut risque; c'est cette Direction qui envoie des officiers dans des zones réputées dangereuses (Par exemple en Irak, au Kosovo ou en Tchétchénie) sans oublier les opérations "Homo" (assassinats) , les ouvertures de courrier, fouilles de valises..L'habitude voulant que ce soit un général de l'armée qui la dirige, c'est le général Xavier Bout de Marnach qui la dirige depuis 2000. (Depuis le 01.09.2007, il a pris le commandement de la KFOR au Kosovo).

    Bruno Joubert, directeur de la Direction de la Stratégie de la DGSE de 1997 a 2001. La Direction de la Stratégie est chargée de transmettre aux décideurs politiques les informations recueillies par la DGSE et de recueillir leurs avis mais aussi de participer avec le Quai d'Orsay, le Ministère des affaires étrangères, a l'élaboration de la politique étrangère gouvernementale. C'est beaucoup plus un service "diplomatique", ce qui explique pourquoi c'est toujours un diplomate qui l'a toujours dirigé. Depuis septembre 1997 c'est Bruno Joubert (Nommé en mars 2008 conseiller diplomatique adjoint de Nicolas Sarkozy) qui est a sa tête.

    La Direction technique est chargée a la fois de la recherche et de l'exploitation des informations d'origine technique (ce qui laisse supposer que le service des écoutes lui est rattaché) sans oublier les poses de micros, caméras etc..A sa tête se trouve Jean-Francois Sillière.

    Paul-Henri Trollé La Direction de l'administration est chargée des questions d'administration au sein de la DGSE (affectation du personnel, assistance juridique, formation du personne, acquisition de matériel). C'est Paul-Henri Trollé qui la dirige.

    Pour des raisons bureaucratiques, toutefois, le numéro 2 de la DGSE est non pas, comme plusieurs années auparavant, le Directeur du renseignement, qui occupe toujours, néanmoins, une position prépondérante; mais le Directeur de cabinet. Comme le note l'arrêté du 04.12.2002 relatif a la DGSE, "le Directeur de la DGSE est assisté d'un directeur de cabinet qui le remplace en cas d'absence ou d'empêchement".
    Dominique Champtiaux (tenant le drapeau)

    Ce dernier est, depuis mars 2000, le général Dominique Champtiaux. Un spécialiste des opérations clandestines: Il a dirigé le Service Action de 1996 a 1997 puis la Direction des Opérations de 1997 a mars 2000.
    A gauche, Jacques Dewatre; à droite son successeur, Jean-Claude Cousseran. C'est un remarquable article signé Jacques Isnard, paru dans le "Monde" du 20.12.1999, qui signale le prochain remplacement de Jacques Dewatre, le patron de la DGSE, par un diplomate pur jus, arabophone, et fondateur de la Direction de la Stratégie de la DGSE: Jean-Claude Cousseran. Pourquoi ce remplacement?  Le principal grief fait a la DGSE est son action lors de la récente guerre du Kosovo, réputée "particulièrement discrète pour ne pas dire inexistante" (Ce qui n'empêchera pas le chef de la section "Balkans" de l'époque d'être ensuite promu). Toutefois il convient de relativiser: D'une part la station de la DGSE a Belgrade a dûe être fermée suite a l'évacuation de l'ambassade de France, empêchant la collecte du renseignement. D'autre part, malgré les propositions d'un officier de la DGSE, le ministre des affaires étrangères Hubert Vedrine refuse que soient organisés des contacts avec l'UCK, Armée de Libération du Kosovo, avant les accords de Rambouillet,ce qui aurait permis d'en apprendre plus sur les intentions de l'UCK.

    Autre reproche fait a Dewatre: ses tendances, selon l'article de Isnard, a faire de la "diplomatie parallèle", a la grande fureur du Quai d'Orsay. Toutefois, tous n'est pas noir: On doit a Dewatre la mise en place de postes DGSE en Asie centrale (Par exemple au Kazakhstan et en Ouzbékistan), postes avancés de la lutte antiterrorisme (NDLR: Surtout quand on sait que un des principaux mouvements d'opposition ouzbéks, le MOI, est très proche de Ben Laden. Comme le démontrera Guillaume Dasquié dans son remarquable article, par l'intermédiaire du chef de guerre Rachid Dostom, les services secrets ouzbéks ont faits infiltrer le MOI, collectant ainsi des renseignements sur cetrte organisation et sur Al-Qaïda, et en faisant ainsi profiter aussi bien la CIA que la DGSE, grâce aux débuts d'une coopération interservices). Suite à la Guerre du Kosovo, une antenne est aussi installée à Pristina; elle sera dirigée par "Etienne", officier spécialisé dans la région Balkans entré dans le privé en 2008

    De gauche a droite: Arnaud Danjean et Pierre-Antoine Lorenzi.

    Cousseran, nommé a la tête de la DGSE, s'entoure d'une équipe a sa solde, en nommant comme conseillers uprès du Directeur: Arnaud Laloum pour l'Afrique; Marc Pimond pour le Monde arabe et le Terrorisme; et Arnaud Danjean (qui justement dirigeait la section "Balkans" au service de recherche de la Direction du renseignement de la DGSE de 1998 a 2000) pour l'Europe et la Russie, ainsi que Pierre-Antoine Lorenzi comme chef de cabinet. Mais deux "hics" apparaissent très rapidement dans la composition de l'équipe nouvelle: c'est d'une part les luttes d'influence entre les différentes "familles" politisées (socialistes et RPRistes) et d'autre part les militaires, qui jouent toujours une place prépondérante au sein de la Maison (Nombre de chefs de postes sont des militaires de carrière, le plus souvent issus de l'armée de terre, par exemple, en cette année 2000, les chefs de postes en Bulgarie, au Kazakhstan et a Washington). Aussi, Cousseran est obligé de "composer": Sur proposition de l'Elysée, c'est Jean-Pierre Pochon, chiraquien pur jus, qui est nommé a la tête de la Direction du renseignement. Haut responsable de la police nationale, Pochon a fait une carrière aux RG et a la DST. C'est a lui qu'on doit l'interpellation, en 1980, des dirigeants du groupe terroriste "Action Directe". Pour satisfaire les militaires, Cousseran choisit un des leurs, le Général Dominique Champtiaux,comme directeur de cabinet, et le nomme numéro 2, de facto, du Service.
    Autre problème, la volonté du nouveau Directeur de réformer la DGSE, conscient des faiblesses du Service, ou il avait déja précédemment travaillé , en tant que Directeur de la Stratégie de 1989 a 1992. Quitte a provoquer la fureur des "barons" de la DGSE!

    Philippe Hayez

    La première mesure, prise dès mai 2000, est l'inauguration d'un "centre de situation", chargé de suivre les crises importantes de par le monde, comme en Côte d'Ivoire, au Congo, ou en Irak (Dirigé par le conseiller a la Cour des comptes Philippe Hayez) , provoquant des grincements de dents chez les officiers de la Direction du renseignement et de la Direction des Opérations.

    La deuxième mesure est proposée par Bruno Joubert, a la tête de la Direction de la Stratégie depuis 1997: Il s'agit de réformer la Direction du renseignement, pour rendre ses structures plus adaptées a un contexte de globalisation, ou les questions du renseignement économique mais aussi de la lutte contre les différentes formes de criminalité organisée, tel que le trafic de stupéfiants et le terrorisme, sont de plus en plus une évidence. Les structures de la Direction du renseignement , réparties selon d'une part le renseignement classique, d'autre part le contre-espionnage, et enfin l'analyse, paraissent inadéquates.
    Alain Chouet. Par conséquent, en octobre 2000, trois services sont créés au sein de la Direction du Renseignement, réformant en profondeur les structures: Le Service de Renseignement Politique (SRP), chargé des informations a caractère politique, le Service de Renseignement de Sécurité, SRS,chargé de la lutte contre le terrorisme, la prolifération nucléaire, du contre-espionnage et de toute forme de criminalité, et la Direction centrale du renseignement, chargée de diriger les stations de la DGSE dans le monde et de coordonner l'ensemble. Ancien chef de poste a l'étranger, "Vincent" a fait une année comme auditeur a l'Institut des hautes études de Défense Nationale avant d'être nommé a la tête du SRP; A la direction du SRS est nommé Alain Chouet , un spécialiste du Moyen-Orient qui a été en poste a Beyrouth, Damas, mais aussi conseiller technique pour le monde arabe et le terrorisme de 1990 a 1992 auprès de Jean-Claude Cousseran, quand celui-ci dirigeait la Direction de la Stratégie de la DGSE. Nommé a la tête de la Direction du Renseignement, Jean-Pierre Pochon se retrouve avec trois services séparés, et constate, a sa grande fureur, que Chouet en réfère directement a Cousseran (les deux hommes se connaissent) sans l'en aviser. Pour ajouter a la confusion, est nommé comme adjoint de Pochon "Gerald", ancien chef de poste a Washington qui avait, ensuite, été sanctionné par une mise a pied par le prédécesseur de Cousseran, Jacques Dewatre, suite a la découverte de malversations au sein du TOTEM, que "Gerald" dirigea.
    Francois-Xavier Deniau Durant l'année 2001,Cousseran change aussi nombre de cadres du service, a l'exception de la Direction du renseignement. Si l'entente avec Pochon n'est pas des meilleures, Cousseran n'hésite pas a le contourner.
    Ainsi, la tête de la Direction technique, Yves Mathian remplace Jean-Francois Sillière; Bruno Joubert quitte la Direction de la Stratégie et est nommé ambassadeur auprès de l'OSCE a Vienne; son remplacant est le diplomate Francois-Xavier Deniau ; Paul-Henri Trollé est remplacé a la tête de la Direction de l'administration en 2002; le chef de cabinet Pierre-Antoine Lorenzi est remplacé en juin 2001 par Marc Pimond, qui occupait le poste de conseiller technique pour le monde arabe et le Terrorisme du Directeur de la DGSE.

    Au-dela des changements internes, la DGSE va se retrouver mobilisée sur le front de la lutte antiterrorisme, domaine ou elle excelle:
    Le chef de guerre Rachid Dostom La fin de l'année 2001 a été excellente pour la DGSE, car le Service a surtout montré ses aptitudes dans deux domaines: l'Afghanistan et la lutte antiterrorisme. Avant le 11 septembre 2001, la DGSE suit avec attention les réseaux de Oussama Ben Laden, y consacrant plusieurs notes montrant très clairement l'intention du réseau Ben Laden de frapper les Etats-Unis. Une note du 05.01.2001 évoque même les projets de détournements d'avions! Le Service de Renseignement de Sécurité , chargé entre autres de la lutte antiterroriste au sein de la Direction du Renseignement de la DGSE,  peut s'appuyer sur un travail a long terme mené contre le réseau Al Qaïda: Outre le recrutement d'informateurs, la DGSE bénéficie du soutien de l'Alliance du Nord, groupe afghan dirigé par Ahmed Shah Massoud, et de Rachid Dostom, un chef de guerre ouzbek qui a fait infiltrer le MOI  (Mouvement Islamique Ouzbek, dirigé par Tahir Youldachev), groupe terroriste ouzbek proche de Ben Laden. Ajouté a la coopération, déja a cette époque, avec certains services secrets, par exemple ouzbeks, qui sont confrontés de plein fouet au terrorisme islamique d'obédiance wahhabite du MOI. Notons aussi une collaboration sans heurts avec la DST (événement rare et qui mérite d'être souligné) et qui sera encore renforcée après le 11 septembre 2001. Le système est donc efficace, les alliés (dont américains) normalement prévenus. Ce qui n'empêchera malheureusement pas les attentats du 11 septembre, spectaculaires et sanglants...

    Après la surprise, l'offensive. Etant donné que l'attaque a été menée par Al Qaïda, lequel groupe est basé en Afghanistan, aussitôt ordre est donné d'attaquer le groupe terroriste et ses satellites.
    La DGSE s'appuie donc sur ses contacts en Afghanistan, des contacts éprouvés , ce qui sera la clé du succès pour le Service: Comme le rappele Pierre Marion ,Directeur de la DGSE de 1981 a 1982, il envoie a cette époque un détachement du Service Action (Alors dirigé par le Colonel Lorblanches) pour aider livrer des armes a la résistance afghane, soutenu par l'ISI (renseignement militaire pakistanais) avec qui le chef de poste DGSE a Peshawar de 1983 a 1986, le commandant Michel Derlot, maintient le contact, mais contrairement aux autorités pakistanaises la DGSE refuse de soutenir les fractions radicales, et mise sur Ahmed Shah Massoud, surnommé le "Lion du Panchir". Même après la fin de la Guerre d'Afghanistan a la fin des années 80 et le retrait des troupes soviétiques, la DGSE conserve le contact avec l'Afghanistan. Et lorsque décision est prise d'envahir l'Afghanistan pour chasser les talibans et traquer Al Qaïda, la CIA pourra bénéficier d'une DGSE très bien introduite auprès de l'Alliance du Nord. Jean-Pierre Pochon, a la tête de la Direction du Renseignement de la DGSE, centralise les informations, Xavier Bout de Marnach, a la tête de la Direction des Opérations de la DGSE, fait envoyer des commandos du Service Action ( Dirigé depuis 1999 par le colonel Bertrand Fleury) renforcer le poste DGSE auprès de l'Alliance du Nord tandis que Dominique Champtiaux,  Directeur de cabinet du patron de la DGSE , visite secrètement l'Afghanistan, pour rencontrer les officiers du Service Action présents dans la zone Nord. Une occasion pour cet ancien patron du Service Action (De 1996 a juillet 1997) qui fut aussi a la tête de la Direction des Opérations de 1997 a 2000, de renouer avec le terrain. Du côté des contacts avec les services secrets américains, ils sont renforcés, menés par Bill Murray, chef de station de la CIA a Paris, et "Jean" (je l'appelerai ainsi), chef de poste de la DGSE a Washington qui est arrivé dans la capitale politique américaine peu avant les attentats du 11 septembre. Ce spécialiste du contre-espionnage a été nommé au grade d'officier de la Légion d' honneur quelques années plus tôt.


    Christian Ganczarski, terroriste interpellé grâce a la coordination au sein de "Alliance Base".

    Autre opération menée par la DGSE , après le 11 septembre 2001 est la créée une cellule chargée exclusivement d'échanger des renseignements sur Al Qaïda avec plusieurs services secrets alliés, tels que la CIA, les britanniques ,mais aussi les homologues allemands , canadiens et australiens . Cette Base, située a l'Ecole Militaire a Paris, prendra le nom de Alliance Base. A sa tête, un haut responsable de la Direction du renseignement de la DGSE, "Gerald" ,l'ancien adjoint de Pochon a la Direction du renseignement (qui sera remplacé en 2003 comme n°2 de la DR par Philippe Hayez). Un des succès attribués a Alliance Base est l'interpellation de Christian Ganczarski. Lié a l'attentat commis en 2002 a Djerba, ce résident allemand est très lié a nombre de proches de Ben Laden, car les policiers du BKA allemand découvriront chez lui les numéros de téléphones de nombre de membres du réseau.

    Néanmoins, les guerres intestines prennent le dessus: Furieux que sa Direction soit divisée en trois entités différentes et que Chouet ne passe pas par lui pour transmettre ses notes a la hiérarchie, Pochon ne met pas les pieds a la DGSE plusieurs mois durant suite a son conflit avec Cousseran. Ce dernier essaye de reprendre la situation en main en demandant la révocation de Cousseran, pour pouvoir nommer un nouveau Directeur du renseignement de la DGSE. Refus de Jacques Chirac. Résultat: Pochon étant toujours nominalement Chef de la DR mais factuellement n'occupant pas ce poste, la DR tourne a vide. C'est par conséquent Dominique Champtiaux, directeur de cabinet et n°2 de la DGSE ( Le décret de 2002 indiquant que le Directeur de cabinet du Directeur de la DGSE est aussi n°2 du service) qui pilote "en direct" la DR, au grand dam de nombres d'officiers ebranlés par ses luttes internes. Mais les dégâts ne sont pas terminés: Jacques Chirac avait appris en septembre 2001, par le capitaine Bernard Coquart de la DGSE, que le Service a déclenché des recherches sur un compte bancaire qu'il aurait au Japon, et enquêterait sur ses liens troubles avec un japonais condamné dans son pays. C'est la section de Contre-Criminalité (Dirigée par un magistrat , Gilbert Flam) du Service de Renseignement de Sécurité qui dirige les recherches, menées sur place par les chefs de station de la DGSE a Tokyo : Jean-Claude Guillot ( De 1996 a 1998) puis Alexis May (Futur chef de poste a Beijing). L'entourage du Président craint alors une manoeuvre des socialistes, peu avant la présidentielle, pour destabiliser le Président. les socialistes infirment, faisant remarquer que ils n'avaient jamais pris l'information au sérieux.

    Par précaution néanmoins,un ménage est fait a la DGSE, au grand dam de nombre d'officiers lassés des guerres de couloirs et autres intrigues politiques: Flam est le premier a être débarqué, suivi en juillet 2002 de Cousseran, puis en octobre Alain Chouet. En novembre, Alain Juillet est nommé Directeur du renseignement de la DGSE en remplacement de Pochon. . "Vincent", de son côté, est envoyé à la Direction de la Stratégie, dont le patron est le diplomate Francois-Xavier Deniau (Qui a remplacé Bruno Joubert en juillet 2001), et ce le temps que les orages se calment.. Hasard? les trois conseillers pour la géopolitique de Cousseran sont "mutés": Arnaud Danjean, qui était le conseiller pour l'Europe et la Russie du directeur, est envoyé en poste à Genève; Laloum occupe le poste de chef de station en Afrique Marc Pimond, qui fut le conseiller pour le monde arabe puis chef de cabinet de Cousseran, est envoyé diriger une station à l' étranger et remplacé par Jean-François Mouchel.

    Alain Juillet, Directeur du renseignement de la DGSE de novembre 2002 a décembre 2003. Après la tempête, qui a mis la Direction du renseignement a feu et a sang, comme l'estime un officier de la DGSE, l'éclaircie: Le calme revient, malgré les désaccords entre Juillet et Brochand sur la stratégie que la DGSE doit adopter. Les conflits de couloirs ne sont pas complètement éteints comme le montre la nomination de Philippe Hayez a la mi-2003 comme adjoint de Juillet, et ce sur insistance de Brochand.Ce calme se paye néanmoins au prix fort, puisque la réforme des structures de la Direction du renseignement, initiée par Pochon et Joubert, est abandonnée: on revient a un classique service de recherches, (dirigé de juillet 2003 a 2005 par "Benoît", ancien chef de station a Riyad, puis durant le conflit en Irak en 2003 chef de la division Moyen-Orient), un service d'analyse, pris en main par "Patrick", lequel remplacera Philippe Hayez comme directeur adjoint du renseignement a la mi-2006, et un service des relations avec les services secrets étrangers et les entreprises. Ce dernier est dirigé par Michèle Ledirat jusqu'a la mi-2005, avant d'être remplacée par..."Vincent"

    Les considérations politiques ont aussi entraînées une immixtion au coeur de la DGSE, et le débarquement de spécialistes du renseignement fort estimés, tels que Chouet et Cousseran, tous deux bons spécialistes du monde arabe. Un élément indispensable en ses temps de lutte contre le terrorisme islamique extrémiste, ou le Moyen-Orient, pour être compris, a besoin de spécialistes de la région.


    ARTICLE DE JACQUES ISNARD, "LE MONDE", 20.12.1999

    RENSEIGNEMENT - Le chef de la DGSE est remercié après les échecs de son service en Yougoslavie.
    Par JACQUES ISNARD.
    20 décembre 1999


    Nommé en juin 1993 par le gouvernement d'Edouard Balladur, Jacques Dewatre va céder sa place à la tête de l'espionnage français à un diplomate, Jean-Claude Cousseran, qui a appartenu à plusieurs cabinets ministériels socialistes

    AU TOUT DÉBUT de l'an 2000, l'ambassadeur de France en Turquie, Jean-Claude Cousseran, ancien membre de plusieurs cabinets ministériels socialistes, devrait être nommé à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Il succédera à Jacques Dewatre, qui avait été nommé à ce poste par le gouvernement d'Edouard Balladur en juin 1993. Un diplomate, familier de la DGSE, se substitue à un préfet qui ne l'était pas moins, lui aussi, avant d'en devenir le patron, puisque, jeune officier, M. Dewatre avait appartenu au service « action », chargé des opérations clandestines. Agé de soixante-trois ans, il devrait être nommé à un poste d'ambassadeur.

    Forte de 4 050 civils et militaires, la DGSE est chargée, au profit de l'ensemble du gouvernement, de rechercher et d'analyser le renseignement intéressant la sécurité de la France, de détecter et d'entraver, hors du territoire national, les activités d'espionnage contre les intérêts nationaux et, le cas échéant, de mener des opérations clandestines. Elle dispose d'un budget avoué de l'ordre de 1,66 milliard de francs (253 millions d'euros) - c'est ce qui est prévu pour 2000 - et reçoit environ 200 millions de francs par an pour ses opérations sur les fonds secrets du premier ministre.

    M. Dewatre aura exercé un des plus longs mandats à la tête de la DGSE après celui d'Alexandre de Marenches, dans les années 70, à la direction du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece), ancêtre de l'actuelle DGSE. En période de cohabitation, le changement de responsable des services spéciaux est une affaire délicate à régler: il requiert, plus que tout autre, l'accord de l'Elysée et du gouvernement, pour lesquels la DGSE travaille. M. Dewatre a réussi à maintenir un équilibre entre la présidence et le gouvernement, mais sans pour autant éviter les critiques de l'une et de l'autre. En particulier, il lui a souvent été reproché de faire cavalier seul par rapport à son service et de jouer au diplomate occulte, non mandaté par les autorités politiques de son pays, se déplaçant fréquemment à l'étranger sans en informer ses supérieurs ni ses collaborateurs, au risque de dévaluer la production de la DGSE en la concurrençant avec ses propres analyses. Ni au sommet de l'Etat ni à la DGSE, on n'a apprécié ces absences répétées.

    MÉFIANCE ET OPACITÉ

    En Serbie, l'action de la DGSE a été particulièrement discrète, pour ne pas dire inexistante, à l'exception de quelques commandos envoyés - sur le tard - au Kosovo. L'évacuation de l'ambassade française à Belgrade, dès les premiers raids de l'OTAN, puis sa fermeture ont abouti à interrompre les liens que la DGSE pouvait avoir avec quelques sources sur place. Cette attitude a joué contre M. Dewatre et a probablement précipité son départ. Les ratages de la DGSE ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

    Au fil des ans, les missions de la DGSE ont évolué. Son expertise militaire a été contestée par la Direction du renseignement militaire (DRM) naissante. Elle a dû se tourner davantage vers l'interprétation des faits économiques, commerciaux, industriels et technologiques et vers la lutte contre l'argent sale et le terrorisme international, pour lesquelles elle ne dispose pas toujours des personnels les mieux formés.

    Ce qui l'oblige à lancer une politique de recrutement essentiellement orientée vers la société civile et censée viser la qualité, malgré ses difficultés administratives pour attirer l'élite des candidats. Dès son arrivée, M. Cousseran trouvera une DGSE repliée sur elle-même et rendue méfiante par ce manque d'ouverture au monde extérieur et par son opacité, à la différence d'autres services étrangers qui, comme le BND allemand par exemple, tentent aujourd'hui une transparence délicate. M. Dewatre s'est, d'autre part, employé à multiplier les cloisonnements internes, de sorte que les personnels de la DGSE ont du mal à coopérer entre eux et, a fortiori, avec d'autres services comme la DST.

    Le nouveau directeur général des services spéciaux n'est toutefois pas un inconnu dans sa maison. Entre 1989 et 1992, M. Cousseran a été chargé de mettre sur pied une direction de la stratégie à la DGSE, du temps où les services français étaient dirigés par Claude Silberzhan. Il travaillait, en pratique, en binôme avec le directeur du renseignement, Michel Lacarrière. Cette direction stratégique avait pour tâche, au quotidien, de synthétiser et de mettre en forme les informations de la DGSE à destination de ses « clients », c'est-à-dire les autorités gouvernementales. Ainsi, ce diplomate, au profil assez atypique, ne fait pas partie de nombre de ces fonctionnaires du Quai d'Orsay, que révulse la seule perspective d'avoir à fréquenter des agents secrets.

    On prête au gouvernement l'intention de créer, pour éviter une discontinuité dans le travail accompli quotidiennement par la DGSE, un poste de numéro deux, qui pourrait être attribué au général Dominique Champtiaux, l'actuel directeur des opérations. Ce numéro deux de la haute hiérarchie aurait autorité sur les cinq autres grands directeurs de service en l'absence de M. Cousseran. Le choix du général Champtiaux calmerait les militaires, dont le poids a diminué au sein de la DGSE.

    Modifications le 27.02.2010

  • Communiqué du MI5 sur Ossama Bin London

    27 February 2008

    TERRORIST RECRUITERS CONVICTED

    Four London men have been found guilty and another three have admitted a range of terrorist offences in a five-month trial held at Woolwich Crown Court. The court heard that the ringleaders of the group sought to radicalise young men in London and encourage them to murder non-Muslims.

    Mohammed Hamid, an extremist who called himself "Osama bin London", organised terrorist training camps at a number of locations around England. He was convicted on three counts of soliciting murder and three counts of providing terrorist training.

    The other defendants were convicted on a variety of charges including providing training for terrorism, attending a place for the purpose of terrorism training and possessing a record containing information likely to be useful to a person committing or preparing an act of terrorism.

    The case was the first to be brought under section 8 of the Terrorism Act 2006, under which it is a criminal offence to provide terrorist training or attend a place used for terrorist training. The convictions marked a successful conclusion to Operation Overamp, a two-year joint investigation by the police and Security Service. Sentencing will take place in March.

    In addition, two other men were convicted and sentenced in earlier hearings that could not previously be disclosed due to reporting restrictions. Hassan Mutegombwa was jailed for ten years for intending to travel overseas to carry out acts of terrorism, and Mustafa Abdullah was sentenced to two years' imprisonment for possessing a record containing information likely to be useful to a person committing or preparing an act of terrorism.

    For more information on these cases, please see:

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    © Crown Copyright 2008

  • L'Irlande, pays de passion, pays de colère et pays de contraste

    Suite du dossier sur l'Irlande du Nord, avec cette analyse faite par une amie qui était avec moi en Irlande, ce qui a permis de "prendre la température" aussi bien dans le Nord que dans le Sud

     

    Entre les 2 Irlandes réunies seulement par une même équipe nationale de rugby, une frontière s'élève. Pas une frontière avec des barbelés mais un mur psychique. Les Irlandais du Sud connaissent une croissance à 2 chiffres, ont profité des subventions européennes pour se développer et rénover leur pays. Cork a été élue capitale européenne de la culture apresè Lille ; pour l'occasion la ville s'est dotée d'un nouveau théâtre et d'un musée des beaux arts au  desing surprenant (essayez les toilettes et leur portes de 3 metres de haut !) Les facades de Dublin autrefois connues pour leur grisailles affichent un blanc tout neuf, le chômage est une notion inconnue. Les habitants se plaignent de la hausse des prix mais globalement le pouvoir d'achat a augmenté, les activités culturelles se développent et les bars sont emplis des échos des musiques traditionnelles.
    Au Nord, une toute autre atmosphère nous attend : la méfiance, le chômage de masse, les inégalités entre catholiques et protestants. La ville est 'morte' à 6 heures du soir. Les séquelles d'une longue guerre civile, sont présentes sur les murs de la ville, et dans les coeurs.
    J'ai été étonnée toutefois de voir que petit à petit les mentalités semblent changer : une serveuse catholique nous a servi en plein milieu du quartier protestant, dans un bar protestant. Les jeunes font des études et n'hésitent plus à aller en Angleterre pour faire leur université, ils s'y intègrent plutot bien même si leur accent est le sujet de railleries... Ils ont souvent pour amis les Ecossais plus que les anglais  mais ils ne sont plus victimes d'attaques racistes comme ce fut le cas dans les années 70.
    Et surtout, le gouvernement britanique à enfin compris que la répression seule ne pouvait par ramener la paix au pays de la Guiness. Des fonds ont été développé dans un grand projet de réhabilitation de la ville : le port, le centre ville eu eu droit à un sacré coup de lifting et pour une fois, le projet a inclu les quartiers catholiques dans la rénovation. Les catholiques ne sont plus exclus de tout embellissement.
    De nombreux projets tentent de réduire le chômage catholique et d'améliorer les écoles belfastoises, un gros travail de réintégration des anciens de l'IRA est aussi assuré par le milieu associatif avec le regard bienveillant des autorités.

    Tous ces symptomes de guérison laissent espérer que le conflit en Iralnde apres 70 ans de luttes est bel et bien terminé. Toutefois, il ne faut pas se réjouir trop vite, l'Irlande du Sud par un vote a fait savoir qu'elle était pour un éventuel rattachement de l'île. Si l'Ecosse, après un parlement flambant neuf, obtient son indépendance comme de nombreux observateurs le pensent ; la semi autonomie de l'Irlande du Nord ne sera peut être plus assez aux yeux des fiers gaélics. Espérons que les autorités anglaises seront assez intelligentes pour accorder avec le temps une indépendance souhaitée par une majorité de la population.

     

    Sophie 

  • La CIA abandonne son programme des "immersions profondes".

    L'information vient tout droit du Los Angeles Times, journal américain généralement bien informé sur les questions de renseignement: La CIA vient d'abandonner son programme dit des "immersions profondes".

    De quoi s'agit-il? Un officier de la CIA en poste a l'étranger utilise généralement une couverture diplomatique ou consulaire pour ses activités d'espionnage dans le pays qui l'accueille. Il est donc amené, en tant que diplomate, a rencontrer d'autres diplomates, industriels, économistes, hommes politiques...Un domaine qui ne permet pas d'infiltrer et de neutraliser les cellules de groupes terroristes. Consciente de cette faille, au lendemain du 11 septembre, la CIA décide de développer son programme NOC (Non Official Cover). Il s'agit d'implanter dans des pays autres que les Etats-Unis des officiers de la CIA au sein d'entreprises , avec pour but qu'ils infiltrent les groupes terroristes. Il est en effet plus facile, moins soupconneux, d'être un entrepreneur ou un industriel que un diplomate, les ambassades ayant la réputation (mais la réputation seulement ) d'être des nids d'officiers de la CIA.

    L'utilisation de NOC n'est pas une première au sein de la CIA, ou de tout autre service secret. Tout service secret utilise, pour ses missions, des couvertures commerciales ou industrielles par exemples. Reste en mémoire le BND (Renseignement extérieur de la République Fédérale allemande) et le Guojia Anquanbu (Renseignement et contre-espionnage chinois) qui utilisent très souvent cette couverture. Notons aussi que la CIA a déja utilisé ses couvertures NOC pour des opérations d'espionnage économique: Elle a instauré des officiers sous NOC a la fin des années 80 au Japon, et reste en mémoire le cas de Mary Ann Baumgartner, cette "représentante de société" qui tenta de recruter en France un haut fonctionnaire, Henri Plagnol , scandale rendu public en 1995 et qui entraîna l'expulsion entre autres de Baumgartner et du chef de station de la CIA a Paris Richard Holm.

    Cette opération de la CIA ,ou ont été crées de 2002 a 2004 12 sociétés permanentes, masquant des officiers de la CIA, en Europe, ou sont implantées tout comme d'autres régions du monde des cellules terroristes, avait pour but d'infiltrer ses dernières. Des moyens financiers considérables (On parle de centaines de millions de dollars) ont été mis en oeuvre pour l'implantation des entreprises et le renforcement de la couverture des officiers de la CIA NOC.

    Mais l'opération a échouée. En effet, les terroristes ne fréquentent ni les cocktails diplomatiques, ni le monde des affaires , exception faite pour les financiers du terrorisme. 

    Il faut y ajouter l'opposition , dans certains cas, de l'utilisation du NOC. L'article donne en exemple le chef de la station de la CIA a Riyad qui a refusé qu'on envoie en Arabie Saoudite un officier en NOC, lequel était invité a une conférence sur l'énérgie a Riyad. Ou les critiques dans l'approche des NOC faite par Rolf-Mowatt-Larssen, alors chef de la Division Europe de la Direction des Opérations de la CIA.

    Un des dangers du NOC, il est vrai, est l'absence de couverture efficace en cas d'arrestation. Un officier de la CIA sous couverture diplomatique arrêté pour espionnage risque seulement d'être expulsé; un officier NOC la prison , avec les risques dans certains pays du globe d'être torturé, et d'avouer, racontant les méthodes et les cibles de la CIA,voire le dévoilement du réseau NOC dans son ensemble.

    Notons aussi que une des firmes a vu sa couverture bousillée quand il a été rendu public en 2003 que Valérie Plame, une officier du WINPAC (La division chargée de l'analyse des informations en matière d'armement, et entre autres d'ADM) de la CIA était une fonctionnaire de la CIA travaillant sous couverture de la firme "Brewster Jennings & Associates".

    Toutefois, selon l'article, sur les 12 sociétés, 10 seulement ont été fermées. Quid des deux dernières? Auraient-elles atteints leur but? La question se pose. 

    Une solution pour pallier l'inefficacité du dispositif antiterroriste? Le recrutement d'informateurs, toujours, mais aussi d' "access agents" , des personnes ne détenant pas d'informations secrètes mais qui ont des contacts dans les milieux intéréssant un service secret. Ses "access agents" , en tant que citoyens d"un pays tiers, ont plus de latitude pour entretenir des contacts, présenter a un "case officer" (officier traitant) des personnes l'intéréssant,  qui pourront éventuellement être recrutées. Une autre possibilité, évoquée dans l'article, est de modifier la stratégie des NOC, en visant et créant les organisations caritatives pour les étudiants musulmans, par exemple.

     Article du Los Angeles Times

     

    CIA's ambitious post-9/11 spy plan crumbles

    'Fox News Sunday'
    ADAPTATION: Rep. Peter Hoekstra, R-Mich., says: “I don’t believe the intelligence community has made the fundamental shift in how it operates to adapt to the different targets that are out there."
    The agency spent millions setting up front companies overseas to snag terrorists. Officials now say the bogus firms were ill-conceived and not close enough to Muslim enclaves.
    By Greg Miller, Los Angeles Times Staff Writer
    February 17, 2008

    WASHINGTON -- The CIA set up a network of front companies in Europe and elsewhere after the Sept. 11 attacks as part of a constellation of "black stations" for a new generation of spies, according to current and former agency officials.

    But after spending hundreds of millions of dollars setting up as many as 12 of the companies, the agency shut down all but two after concluding they were ill-conceived and poorly positioned for gathering intelligence on the CIA's principal targets: terrorist groups and unconventional weapons proliferation networks.

     The closures were a blow to two of the CIA's most pressing priorities after the 2001 terrorist attacks: expanding its overseas presence and changing the way it deploys spies.

    The companies were the centerpiece of an ambitious plan to increase the number of case officers sent overseas under what is known as "nonofficial cover," meaning they would pose as employees of investment banks, consulting firms or other fictitious enterprises with no apparent ties to the U.S. government.

    But the plan became the source of significant dispute within the agency and was plagued with problems, officials said. The bogus companies were located far from Muslim enclaves in Europe and other targets. Their size raised concerns that one mistake would blow the cover of many agents. And because business travelers don't ordinarily come into contact with Al Qaeda or other high-priority adversaries, officials said, the cover didn't work.

    Summing up what many considered the fatal flaw of the program, one former high-ranking CIA official said, "They were built on the theory of the 'Field of Dreams': Build them and the targets will come."

    Officials said the experience reflected an ongoing struggle at the CIA to adapt to a new environment in espionage. The agency has sought to regroup by designing covers that would provide pretexts for spies to get close to radical Muslim groups, nuclear equipment manufacturers and other high-priority targets.

    But current and former officials say progress has been painfully slow, and that the agency's efforts to alter its use of personal and corporate disguises have yet to produce a significant penetration of a terrorist or weapons proliferation network.

    "I don't believe the intelligence community has made the fundamental shift in how it operates to adapt to the different targets that are out there," said Rep. Peter Hoekstra of Michigan, the top Republican on the House Intelligence Committee.

    The cover arrangements most commonly employed by the CIA "don't get you near radical Islam," Hoekstra said, adding that six years after the attacks on New York and the Pentagon, "We don't have nearly the kind of penetrations I would have expected against hard targets."

    Trying to get close

    Whatever their cover, the CIA's spies are unlikely to single-handedly penetrate terrorist or proliferation groups, officials said. Instead, the agency stalks informants around the edges of such quarry -- moderate Muslims troubled by the radical message at their mosques; mercenary shipping companies that might accept illicit nuclear components as cargo; chemists whose colleagues have suspicious contacts with extremist groups.

    Agency officials declined to respond to questions about the front companies and the decision to close them.

    "Cover is designed to protect the officers and operations that protect America," CIA spokesman Paul Gimigliano said. "The CIA does not, for that very compelling reason, publicly discuss cover in detail."

    But senior CIA officials have publicly acknowledged that the agency has devoted considerable energy to creating new ways for its case officers -- the CIA's term for its overseas spies -- to operate under false identities.

    "In terms of the collection of intelligence, there has been a great deal of emphasis for us to use nontraditional methods," CIA Director Michael V. Hayden said in November 2006 radio interview shortly after taking the helm at the agency. "For us that means nontraditional platforms -- what folks call 'out of embassy' platforms -- and we're progressing along those lines."

    The vast majority of the CIA's spies traditionally have operated under what is known as official cover, meaning they pose as U.S. diplomats or employees of another government agency.

    The approach has advantages, including diplomatic immunity, which means that an operative under official cover might get kicked out of a country if he or she is caught spying, but won't be imprisoned or executed.

    Official cover is also cheaper and easier. Front companies can take a year or more to set up. They require renting office space, having staff to answer phones and paying for cars and other props. They also involve creating fictitious client lists and resumes that can withstand sustained scrutiny.

    One of the CIA's commercial cover platforms was exposed in 2003 when undercover officer Valerie Plame was exposed in a newspaper by columnist Robert Novak. Public records quickly led to the unraveling of the company that served as her cover during overseas trips, a fictitious CIA firm called Brewster Jennings & Associates.

    Official cover worked well for the duration of the Cold War, when holding a job at a U.S. Embassy enabled American spies to make contact with Soviet officials and other communist targets.

    But many intelligence officials are convinced that embassy posts aren't useful against a new breed of adversaries. "Terrorists and weapons proliferators aren't going to be on the diplomatic cocktail circuit," said one government official familiar with the CIA's cover operations.

    Under intense pressure

    After the terrorist strikes, the Bush administration ordered the agency to expand its overseas operation by 50%. The agency came under intense pressure from Congress to alter its approach to designing cover and got a major boost in funding to expand the nonofficial cover program, which is commonly referred to by the acronym NOC, pronounced "knock."

    Although the agency has used nonofficial cover throughout its history, the newer front companies were designed to operate on a different scale. Rather than setting up one- or two-person consulting firms, the plan called for the creation of companies that would employ six to nine case officers apiece, plus support staff.

    The NOC program typically had functioned as an elite entity, made up of a small number of carefully selected case officers, some of whom would spend years in training and a decade or more overseas with only intermittent contact with headquarters. But the new plan called for the front companies to serve as way stations even for relatively inexperienced officers, who would be rotated in and out much the way they would in standard embassy assignments.

    "The idea was that these were going to be almost like black stations," said a former CIA official involved in the plan to form the companies. "We were trying to build something that had a life span, that had durability."

    In the process, the agency hoped to break a logjam in getting post-Sept. 11 recruits overseas. Thousands of applicants had rushed to join the CIA after the attacks, and many were sent to Afghanistan and Iraq. But outside of those war zones, open slots were scarce.

    "The embassies were full," said a former CIA official involved in deployment decisions. "We were losing officers by the dozens because we didn't have slots for them overseas."

    In separate interviews, two former CIA case officers who joined the agency after the attacks said that 15% to 20% of their classmates had quit within a few years. Among them, they said, was one who had earned his master's degree in business administration from Harvard University and was fluent in Chinese and another who had left a high-paying job at the investment firm Goldman Sachs.

    The front companies were created between 2002 and 2004, officials said, and most were set up to look like consulting firms or other businesses designed to be deliberately bland enough to escape attention.

    About half were set up in Europe, officials said -- in part to put the agency in better position to track radical Muslim groups there, but also because of the ease of travel and comfortable living conditions. That consideration vexed some CIA veterans.

    "How do you let someone have a white-collar lifestyle and be part of the blue-collar terrorist infrastructure?" said one high-ranking official who was critical of the program.

    But the plan was to use the companies solely as bases. Case officers were forbidden from conducting operations in the country where their company was located. Instead, they were expected to adopt second and sometimes third aliases before traveling to their targets. The companies, known as platforms, would then remain intact to serve as vessels for the next crop of case officers who would have different targets.

    'A very bitter fight'

    The concept triggered fierce debate within the agency, officials said.

    "This was a very bitter fight," said a CIA official who was a proponent of the plan because it insulated the fictitious firms from the actual work of espionage.

    "When you link the cover to the operation, the minute the operation starts getting dicey, you run across the screen of the local police, the local [intelligence service] or even the senior people in the mosque," the official said. "I saw this kill these platforms repeatedly. The CIA invests millions of dollars and then something goes wrong and it's gone."

    But critics called the arrangement convoluted, and argued that whatever energy the agency was devoting to the creation of covers should be focused on platforms that could get U.S. spies close to their most important targets.

    "How does a businessman contact a terrorist?" said a former CIA official involved in the decision to shut down the companies. "If you're out there selling widgets, why are you walking around a mosque in Hamburg?"

    Rather than random businesses, these officials said, the agency should be creating student aid organizations that work with Muslim students, or financial firms that associate with Arab investors.

    Besides broad concerns about the approach, officials said there were other problems with the companies. Some questioned where they were located. One, for example, was set up in Portugal even though its principal targets were in North Africa.

    The issue became so divisive that the agency's then-director, Porter J. Goss, tapped the official then in charge of the CIA's European division, Rolf Mowatt-Larssen, to lead an in-house review of the NOC strategy.

    Mowatt-Larssen sided with critics of the approach and began pulling the plug on the companies before he left the agency to take a senior intelligence post at the Department of Energy, officials said. Mowatt-Larssen declined to comment.

    The agency is in the midst of rolling out a series of new platforms that are more narrowly targeted, officials said. The External Operations and Cover Division has been placed under Eric Pound, a veteran foreign officer who was CIA station chief in Athens during the 2004 Olympics.

    But the agency is still struggling to overcome obstacles, including resistance from many of the agency's station chiefs overseas, most of whom rose through the ranks under traditional cover assignments and regard the NOC program with suspicion and distrust.

    In one recent case, officials said, the CIA's station chief in Saudi Arabia vetoed a plan to send a NOC officer who had spent years developing credentials in the nuclear field to an energy conference in Riyadh.

    The NOC "had been invited to the conference, had seen a list of invitees and saw a target he had been trying to get to," said a former CIA official familiar with the matter. "The boss said, 'No, that's why we have case officers here.' "