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La communauté du renseignement

  • Primakov, un émissaire de haut vol

    Décédé en juin 2015, l’académicien Evgueni Primakov a entretenu, tout au long de sa carrière, des contacts avec le KGB.

    Primakov n’était pas un officier du KGB : sa carrière ne correspond absolument pas. Après avoir commencé sa carrière à l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales (IMEMO) de l’Académie des sciences soviétique, puis à la Pravda comme correspondant en Egypte avant de devenir directeur adjoint de l’IMEMO, directeur de l’Institut d’Orient puis directeur de l’IMEMO, député, et membre du conseil de sécurité d’URSS. En septembre 1991, l’académicien Primakov est nommé à la tête du renseignement extérieur soviétique.

    Il n’était pas dans les habitudes du KGB de placer, à cette époque, des officiers de son service, à des postes aussi élevés. En revanche, et Evgueni Primakov le reconnaît volontiers dans ses différents ouvrages, il avait des contacts réguliers avec des officiers du KGB travaillant sur le Moyen-Orient, sa zone de prédilection.

    Depuis son passage comme correspondant de presse en charge du Moyen-Orient, depuis l’Egypte (1965-1969), Primakov a fortement développé ses contacts au sein des pays du Moyen-Orient : il rencontre le leader kurde Moustapha Barzani en 1966, Saddam Hussein en 1969, des responsables syriens en 1965, soudanais en 1967. Des contacts qu’il prendra soin de cultiver, pour ses déplacements dans la région, et pour les missions que lui confie soit le journal (étudier la situation en Egypte en 1971) soit le Comité central du Parti communiste (contacts avec les autorités israéliennes ; rencontre avec le fondateur du FPLP George Habache en 1970 pour lui intimer l’ordre d’arrêter les détournements d’avions, au Liban à plusieurs reprises pour rencontrer les différentes parties à la guerre civile, au Kurdistan, au Yémen, avec Yasser Arafat).

    Car  Primakov a, et ce depuis les années 60, a servi d’émissaire pour les contacts confidentiels entre l’URSS (puis la Russie) et les dirigeants du Moyen-Orient. C’est dans ce cadre que des officiers du KGB l’accompagnaient : de 1971 à 1977, Primakov négocie avec les autorités israéliennes le rétablissement des relations diplomatiques soviéto-israéliennes, rompues depuis 1967, ainsi que sur le processus de paix au Moyen-Orient. Il est, pour sa rencontre, accompagné en Israël par Vladilen Fedorov, alors responsable du département Moyen-Orient (8ème département) du renseignement extérieur du KGB (Fedorov est décédé en mai 2003. Il avait entre autres servi comme Rézident à Bagdad de 1962 à 1967 et Ankara à partir de 1969). Par la suite, c’est Youri Kotov (alors chef de la section Jordanie/Israël/OLP/Liban au 8ème département, puis Rézident en Egypte à la fin des années 70) qui accompagne Primakov dans ses tractations avec Tel-Aviv. A noter que Kotov confirme sa participation aux négociations avec Primakov, dans un long article disponible ici (https://wtcmoscow.ru/pressroom/prodolzhaya-rabotu-e-m-primakova/neizvestnyy-primakov/yuriy-kotov/) A plusieurs reprises, c’est Rostislav Yuschuk qui l’accompagne, soit lors d’un dîner avec le Roi de Jordanie en 1975 (Yuschuk est alors rézident du KGB en Jordanie) ainsi qu’en Syrie en 1983 pour rencontrer Yasser Arafat (Yushchuk est alors adjoint du responsable du 18ème département du renseignement extérieur). D’autres officiers accompagneront Primakov dans ses pérégrinations, comme avec le Rézident adjoint à la ligne KR (contre-espionnage) de la rézidentura du KGB à Beyrouth Youri Perfiliev, pour rencontrer Dany Chamoun, fils de l’ancien président Camille Chamoun ; en en 1990 avec Vyatcheslav Gurguenov, alors adjoint du directeur du renseignement extérieur chargé de superviser l’Afrique et le Moyen-Orient, pour rencontrer Saddam Hussein après l’invasion du Koweit ; ou en 1971, quand il rend compte à l’ambassadeur soviétique en Egypte Vinogradov et au rézident du KGB Vadim Kirpitchenko (qu’il a connu lors de ses études à l’Institut d’Orient) de la volonté de Sadate de chasser les troupes soviétiques du territoire égyptien.

    Il serait juste de noter que, à de multiples reprises,des diplomates soviétiques participeront aussi aux entretiens que Primakov mène avec ses homologues moyen-orientaux, comme le diplomate (et futur ambassadeur en Jordanie) Youri Gryadounov pour sa rencontre avec Georges Habache ; ou Viktor Possouvaliouk pour ses rencontres avec les leaders kurdes.

    Même après la fin de sa carrière politique, Primakov continue ce rôle d’intermédiaire de haut vol, comme le montre sa visite à Saddam Hussein en 2003, ses rencontres avec Rafic Hariri et Bachar El-Assad en février 2005 ; au Yémen- en 2005 toujours- pour rencontrer le Président yémenite ; à Téhéran en 2008 pour convaincre les autorités iraniennes d’instaurer un moratoire sur l’enrichissement de l’uranium

    A noter, pour terminer, que quand Primakov devient directeur du renseignement extérieur en septembre 1991- poste qu’il occupe jusque janvier 1996, il n’oublie pas les anciens du KGB qu’il a côtoyé lors de ses différentes missions : Youri Perfiliev deviendra représentant du SVR en Espagne, jusqu’à son départ à la retraite en 1995 ; Rostislav Yushchuk représentant en Grande-Bretagne ; Vladimir Zaytsev deviendra représentant du SVR en Yougoslavie (1993-1997) ; Vadim Kirpitchenko responsable du groupe des consultants auprès du directeur du SVR ; Vyatcheslav Gurguenov directeur adjoint du SVR pour la partie opérationnelle jusqu’à son décès en 1994.

  • Des systèmes d’écoutes piégés en Syrie dans les années 80 ?

    Des services de renseignements étrangers auraient installés des systèmes d’écoutes en Syrie, et pire encore, ces systèmes auraient été piégés à l’explosif, entraînant des pertes syriennes, dans les années 80. Telle est l’information assez étonnante, livrée dans un ouvrage publié en Russie en 2016 et consacré aux conseillers militaires russes en Syrie jusque dans les années 80 inclus : « Implantation en Syrie » d’Andrey Potchtarev.

     

    Selon l’auteur de l’ouvrage, en 1985-1986, sur demande de Hafez El-Assad, les spécialistes militaires soviétiques, sous le commandement du fonctionnaire de la Commission Technique d’Etat d’URSS le capitaine de 1er rang Anatoly Tokar, auraient été chargés de découvrir et neutraliser les systèmes d’écoutes posés par des services de renseignements occidentaux sur les lignes de communications gouvernementales et militaires. Pourquoi les autorités syriennes s’adressent aux soviétiques ? Parce que, quand les syriens ont tenté de démonter eux-mêmes les systèmes, ils auraient eus des pertes (plusieurs morts). Etonnant non ?

    Sauf qu’une histoire similaire eut lieu peu après : en décembre 1988, une violente explosion secoue le cimetière militaire français de Dmeir. La raison est donnée par les représentants syriens du Ministère de la Défense aux autorités françaises : les services syriens auraient découverts des systèmes d’écoutes branchés sur le câble de communication militaire reliant Dmeir à Damas. Or, ces installations étant souvent piégées, les autorités syriennes auraient préféré les détruire plutôt que de tenter de les récupérer…

  • Liste des services syriens de renseignement et de sécurité

    • Maktab al-Amn al-Qaumi (Bureau de la Sécurité nationale)
    • Idarat al-Mukhabarat al-‘Amma (Direction générale du renseignement)
    • Idarat al-Amn al-Siyasi (Directoire de la Sécurité politique)
    • Idarat Mukhabarat al-Quwwa al-Jawiha (Directorat du renseignement de l’Armée de l’Air)
    • Shu’bat al-Mukhabarat al-‘Askariya (renseignement militaire)
    • Al-Shurta al-‘Askariya (Police militaire)
    • Al-Amn al-‘Askariya (Sécurité militaire)
    • Saraya al-Difa’ an al-Thawra (Brigades de défense de la Révolution)
    • Al-Haras al-Jumhuri (Garde républicaine)
    • Al-Wahdat al-Khassa (Forces spéciales)
    • Al-Firqa al-Thalitha (3ème Division)

  • Le site nucléaire iranien de Fordou-2009

    Le 25 septembre 2009, lors du sommet du G20 à Pittsburg (Etats-Unis),  Barack Obama, Nicolas Sarkozy et David Cameron dénoncèrent conjointement l’existence d’une installation secrète à Fordou, Iran, soupçonnée de participer au programme nucléaire iranien. Tel qu’il ressort d’informations dévoilées par la presse, ainsi que des confidences d’anciens des services de renseignements, cette installation était surveillée depuis un certain temps par plusieurs services de renseignements.

    Les services de renseignements de plusieurs pays, dont les américains, les britanniques, les français, les israéliens, et les allemands, travaillent depuis de très nombreuses années au suivi des programmes nucléaires et balistiques iraniens. En août 2002, le « Conseil national de la résistance iranienne » rend public l’existence du site de Natanz, destiné à la recherche nucléaire. Depuis 2003, l’Agence Internationale de l’énergie atomique effectue des inspections sur les différents sites iraniens soupçonnés de prendre part au programme nucléaire iranien, dont Natanz. Avec le soutien de plusieurs services secrets occidentaux. Comme l’indique le rapport Butler rendu en 2004 dans son passage consacré à l’Iran, « La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni travaillent ensemble pour soutenir l’AIEA dans ses activités ».  

    La commission Silberman se penchera également sur le problème de la collecte du renseignement sur les problématiques ADM. L’Iran y est abordé, mais cette partie est intégralement classifiée. Toutefois, le rapport indique dans ses annexes que, en 1999, une délégation iranienne était en Somalie pour discuter de la possibilité d’extraire de l’uranium d’une mine somalienne. De plus, comme le note le rapport, « la communauté américaine du renseignement a fréquemment admis qu’elle manquait de réponses », par exemple dans le cas du programme nucléaire iranien.

     

    DECOUVERTE DU SITE DE FORDOU

    Selon un article du Nouvel Observateur de décembre 2010, c’est dès 2003 que les photos-interprètes de la DGSE, grâce aux clichés pris par le satellite Helios, détectent les premiers travaux sur le site de Natanz, mais sans pouvoir dire précisément de quoi il s’agit. Les différents services de renseignements alliés, dont la CIA, le SIS britannique et le Mossad israélien, sont informés. C’est ce dernier service qui aurait réussi à recruter une « taupe » au cœur du dispositif, et qui aurait fourni des photographies de l’intérieur du site. Les services, toujours selon l’article, hésitaient encore, ce qui signifie qu’ils ne disposaient pas de suffisamment d’éléments probants.

    C’est un autre service (peut être le SIS britannique) qui aurait fourni, en 2007 des informations beaucoup plus probantes : la liste des commandes passées pour les tunnels du site de Natanz. Ces informations proviennent d’une source, non identifiée. Un autre article du Nouvel Observateur, daté de décembre 2012, sous-entend que la source était un walk-in, une personne qui a contactée d’elle-même un service secret étranger.

    La CIA aurait elle aussi disposée d’une source, qui aurait transmis des informations quant au site de Fordou : Shahram Amiri, chercheur à l’Université de technologie Malek Ashtar, aurait transmis des informations sur l’installation de Fordou, avant de faire défection en avril 2009 en Arabie Saoudite. La date de son recrutement n’est pas indiquée, mais selon le New York Times, ses informations auraient eues un fort impact sur le National Intelligence Estimate de 2007.

    Le doute n’était plus permis : le site secret- l’AIEA n’en avait pas été informée- était destiné à participer au programme nucléaire iranien. La date exacte de la fourniture des informations, par la source (du SIS ?) n’est pas indiquée, pas plus que la date ou les analystes des différents services ont rendus leurs conclusions. Dans ses mémoires, Michaël Hayden, alors directeur de la CIA, indique dans ses mémoires que son service travaillait sur le site « bien avant qu’il ait un statut opérationnel, et bien avant que les iraniens ne sachent que nous savions »

    Pourtant, en novembre 2007, le National Intelligence Council (Conseil national du renseignement) des Etats-Unis termine un National Intelligence Estimate de 140 pages (Selon Michaël Hayden) intitulé « Iran : Nuclear Intentions and Capabilities ».  2 pages (les conclusions, dites « Key points ») sont déclassifiées, et rendues publiques. Ce document indique : « We assess with moderate confidence that Iran probably would use covert facilities—rather than its declared nuclear sites ». Les informations pourtant obtenues par un des services (le SIS ?) étaient pourtant extrêmement claires quant au site de Fordow. A moins que le Nouvel Observateur ne se trompe quant à la date ou les services de renseignements en soient arrivés à la conclusion de l’utilisation à des fins nucléaires du site…

     

    LE SITE DE FORDOU AU GRAND JOUR

    Michaël Hayden indique dans ses mémoires que « quand les iraniens ont finalement suspecté que nous travaillions sur Fordou, ils envoyèrent une lettre aux inspecteurs nucléaires de l’ONU à Vienne » (AIEA). Ce qui est exact : l’AIEA est informée de l’existence du site de Fordou par une lettre des autorités iraniennes en date du 21 septembre 2009. Les articles du Nouvel observateur se montrent plus précis : la taupe du renseignement britannique aurait été interpellée par les services secrets iraniens au début de l’été 2009. Logiquement, les iraniens ont alors compris que le site de Fordou avait été découvert.

    Les autorités iraniennes affirmeront alors que le site n’était pas destiné à l’armement nucléaire, mais qu’il devait être maintenu secret pour éviter les bombardements américains et israéliens. Tel qu’il ressort du rapport du 16 novembre 2009 du directeur général de l’AIEA, les iraniens indiquent dans leur lettre que l’installation de Fordou est une « nouvelle installation pilote d’enrichissement de combustible (jusqu’à 5% d’enrichissement) ».

    Enfin, un dernier point : pourquoi le National Intelligence Estimate indique t-il que, en 2003, l’Iran aurait « stoppé » son programme nucléaire ? Une hypothèse : l’Iran aurait tout stoppé, ou ralenti, étant donné que le site de Natanz avait été découvert. Ne restait plus, pour les iraniens, qu’à construire un autre site, plus discret. Celui de Fordou. Malheureusement pour eux, Fordou était dans le collimateur depuis un certain temps… Un indice pourrait aller en ce sens : selon le rapport du directeur général de l’AIEA du 11 novembre 2011, l’Iran transmet en juin 2011 à l’AIEA un QRD (Questionnaire concernant les Renseignements Descriptifs) indiquant que le site de Fordou (appelé dans les documents de l’AIEA « IEFC » pour Installation d’enrichissement du combustible de Fordou) « avait pour but déclaré de produire de l’UF6 enrichi jusqu’à 20 % en 235U et de mener des travaux de R-D […] initialement cette production se déroulerait dans deux ensembles de deux cascades interconnectées, et que chacune de ces cascades contiendrait 174 centrifugeuses. L’Iran aurait décidé de « tripler sa capacité (de production) », après quoi il arrêterait la « production de combustible enrichi à 20 % » à Natanz ».

     

    Est-ce la fin du programme nucléaire militaire iranien ? En tout cas, le ton des rapports de l’AIEA sur le nucléaire iranien a changé du tout au tout : si auparavant était notée l’absence de coopération des iraniens sur un certain nombre de points-clés, les derniers rapports notent au contraire l’entière satisfaction de l’Agence internationale.

     

    SOURCES

    « La guerre secrète contre le programme nucléaire iranien ». 5 décembre 2010. Le Nouvel Observateur.

    « 2012 autour du monde (2/5) Iran : la cible s'appelle Fordow ». 25 décembre 2012. Le Nouvel Observateur.

    «Return to an Address of the Honourable the House of Commons dated 14th July 2004 for the Review of Intelligence on Weapons of Mass Destruction. Report of a Committee of Privy Counsellors ». Chairman : The Rt Hon The Lord Butler of Brockwell KG CGB CVO », dit Rapport Butler

     « The Commission on the Intelligence Capabilities of the United States Regarding Weapons of Mass Destruction. Report to the President of the United States », dite « Commission Silberman ». 31 mars 2005.

    « Playing to the edge. American intelligence in the age of terror ». Michael V.Hayden. Editions Penguin Press. 2016.

    « The iran wars. Spy games, bank battles, and the secret deals that reshaped the Middle East ». Jay Solomon. 2016. Editions Random House. Pages 131,186 et 193.

    « U.S. says scientist aided C.I.A. while still in Iran ». New York Times, 15 juillet 2010.

    « Statements By President Obama French President Sarkozy And British Prime Minister Brown On Iranian Nuclear Facility ». 25 septembre 2009. White House, USA.

    Rapport du directeur général de l’AIEA du 16 novembre 2009

    Rapport du directeur général de l’AIEA du 11 novembre 2011

  • L'attaque à l'arme chimique en Syrie du 21 août 2013: analyse des rapports déclassifiés US-UK-France

    L’auteur du présent blog revient sur l’attaque chimique commise dans les faubourgs de Damas le 21 août 2013, dans le contexte de la guerre civile syrienne, via un prisme. L’analyse des rapports déclassifiés publiés par la France, la Grande-Bretagne, et les Etats-Unis quant à leur contenu.

    Car pour les trois pays cités (France, Grande-Bretagne, Etats-Unis), la conclusion est unanime : l’attaque du 21 août 2013 a bien été menée par le régime syrien, et non par l’opposition. Toutefois, les preuves manquent, à moins que les services de renseignements ne détiennent des éléments qui ne peuvent être déclassifiés, par crainte de compromettre des sources.

    Si les activités des services français de renseignements en Syrie ne sont pas connues- Secret Défense oblige- il convient de noter que la DGSE disposait d’une antenne à Damas, et ce jusqu’à la fermeture de l’ambassade de France. Tout comme la CIA et le MI6 britannique. Il est très probable que la Syrie soit, à présent, suivie depuis les pays implantés autour (Jordanie, Liban, Turquie, Irak).

    Les autorités françaises rendent public le 2 septembre 2013 un document consacré à l’attaque chimique survenue le 21 août 2013 dans la banlieue de Damas, intitulé « Synthèse nationale du renseignement déclassifié ». Premier constat, ce document de 9 pages, est basé sur « des sources propres françaises »- donc ne venant pas d’informations provenant des autres services de renseignements. Depuis de nombreuses années, comme l’indique le document, les services français travaillent sur le programme d’armes chimiques syrien.

    Ce document revient longuement sur le programme d’armes chimiques syriennes, sa composition (ypérites, VX, sarin), les vecteurs utilisés (missiles SCUD C et CUD B, missiles M600, SS21, bombes aériennes, roquettes d’artilleries de 302 et 320 millimètres), la chaîne de commandement, et le Centre d’Etudes et de Recherche Scientifique syrien, chargé de la production et du remplissage des munitions chimiques. Le document note également que « de nouveaux modes de dispersion sont à l’étude » depuis plusieurs années.

    La Synthèse démontre l’existence, et les différentes composantes, du programme d’armes chimiques syriennes, et développe minutieusement les indices allant dans le sens d’une attaque commanditée par le régime :

    • L’attaque combinée du 21 août 2013 répond à un schéma tactique […] cohérent avec la doctrine d’emploi des forces syriennes.
    • Des renseignements crédibles, provenant de « plusieurs partenaires », font état de préparatifs spécifiques les jours précédents le 21 août.

    Les « partenaires » ne sont pas mentionnés, mais le communiqué de la Maison-Blanche du 30 août 2013 paraît se baser sur les mêmes informations, quand il indique que « The body of information used to make this assessment includes intelligence pertaining to the regime’s preparations for this attack ». Au moins un des services « partenaires » du renseignement français paraît être, au moins, leur homologue américain : le communiqué américain indique plus loin que « durant les trois jours avant l’attaque, nous avons recueillis un flux de données humaines, de renseignement géospatial et par signaux révélant des activités du régime que nous évaluons comme étant associées à des préparations pour une attaque par armes chimiques ».

    Toutefois, gros point faible de la démonstration, le document n’apporte pas de preuves directes quant à l’implication du pouvoir syrien dans l’attaque. Dans un autre cas d’attaque chimique, les éléments sont plus précis : un hélicoptère syrien survolant la localité de Saraqeb le 29 avril 2013 aurait largué « de petites munitions diffusant une fumée blanche », avec pour résultat l’intoxication d’une vingtaine de personnes. Selon la Synthèse, l’analyse aurait confirmé l’emploi de sarin.

    Le 29 août 2013, les autorités britanniques publient un rapport sous la signature du responsable du Joint Intelligence Committee Jonathan Day. Là aussi, le document ne contient pas de preuves irréfutables, indiquant que l’assertion du régime (l’attaque aurait été commise par l’opposition armée syrienne) ne tient pas : il n’y a pas d’information crédible ou d’autres preuves allant en ce sens ; les services britanniques ont un nombre « limité » mais « croissant » d’informations soutenant le jugement d’une attaque commise par le régime. Ces éléments n’ont pas été rendus publics.

    Le 30 août 2013, c’est la Maison-Blanche qui rend public un communiqué. Le langage du document (« nous estimons », « nous savons ») semble indiquer que le communiqué se base sur un document rédigé par les services américains de renseignements. L’hypothèse évoquée par le régime syrien d’une attaque menée par l’opposition est rejetée, comme dans le document britannique, étant qualifiée de « hautement improbable » : les sources des services américains dans la zone de Damas n’ont détectées aucune indication, dans les jours avant l’attaque, que l’opposition planifierait une attaque chimique ; de plus, l’opposition syrienne n’aurait pas la capacité pour fabriquer les vidéos, les informations, ainsi que les symptômes détectées par le personnel médical.

     

    Par conséquent, les synthèses des services français, britanniques et américains se basent principalement sur deux éléments : les capacités du régime syrien dans le domaine des armes chimiques ; et les indices, voire les preuves à contrario (l’opposition syrienne n’a pas les capacités de mener une telle attaque), mais pas de preuves directes. Toutefois, le communiqué américain contient une information qui relierait le régime syrien à l’attaque : les services américains (La NSA sans doute) auraient intercepté les communications d’un haut responsable syrien « familier avec l’offensive » qui aurait confirmé que les armes chimiques avaient été utilisées par le régime le 21 août.

    Sources utilisées :

    • Synthèse nationale de renseignement déclassifié. Programme chimique syrien. Cas d’emploi passés d’agents chimiques par le régime. Attaque chimique conduite par le régime le 21 août 2013. Publié le 2 septembre 2013.
    • Lettre du « chairman of the Joint Intelligence Committee ». 29 août 2013.
    • S. Goverment Assessment of the Syrian Government’s Use of Chemical Weapons on August 21.2013. 30 août 2013.
  • Le service de renseignement extérieur du contre-espionnage militaire du KGB.

    Ce service est peu connu, et pourtant ! Il existe depuis bientôt un siècle. Au sein du contre-espionnage militaire russe, le renseignement extérieur s’est toujours retrouvé en première ligne dans les conflits armés auquel la Russie prenait part.

    Le contre-espionnage militaire russe-actuellement 3ème Département du FSB-a pour missions la surveillance des troupes et de leur moral, mais aussi la lutte contre les services de renseignements étrangers[1].  La mission de renseignement extérieur, moins connue, est pourtant particulièrement active-quitte à faire concurrence au GRU- et ce pour deux raisons :

    La première est pratique, le contre-espionnage militaire d’un pays ne peut se contenter de protéger les secrets militaires et de poursuivre les espions adverses ; il se doit aussi d’anticiper, de se montrer offensif.  C’est ce que fait le contre-espionnage militaire russe dès la création de la Tchéka, et cette fonction n’est pas niée, bien au contraire : les ouvrages officiels regorgent d’exemples d’officiers ou d’informateurs des OO (« Osobiyé Otdeli », Sections Spéciales, nom donné aux services du contre-espionnage militaire russe) envoyés infiltrer les rangs de l’Armée Blanche durant la Guerre civile ; ou dans les écoles du renseignement nazi durant la Seconde Guerre mondiale[2].

    La deuxième raison était organique : lors de sa formation, le renseignement extérieur de la Tchéka était un service dépendant de la Section Spéciale. A l’origine, dès le 6 janvier 1919, les OO sont chargés du travail de renseignement à l’étranger. Au printemps 1920, pour assurer une meilleure coordination du travail de renseignement extérieur, est créé un département du renseignement extérieur, toujours au sein du contre-espionnage militaire, et ce jusqu’au décret 169 signé par Felix Dzerjinsky, le 20 décembre 1920, qui fait du service de renseignement extérieur un service à part entière[3].

    Toutefois, cette fonction de renseignement extérieur n’est pas limitée aux périodes de « guerre chaude » : lors de la Guerre dite froide, le renseignement extérieur au sein du contre-espionnage militaire existe, et se structure : Suite aux émeutes de Berlin en 1953, est créé au sein du OO auprès des Troupes soviétiques en Allemagne de l’Est un 3ème département, en charge du renseignement extérieur. Ce service participe également aux enquêtes menées par le contre-espionnage militaire contre les informateurs des services secrets adverses et du recrutement des informateurs étrangers[4], quitte à faire concurrence la 1ère Direction Principale du KGB (Renseignement extérieur) et au GRU (renseignement militaire). C’est sans doute ce service qui réussit le recrutement du soldat britannique Geoffrey Prime, ensuite affecté au GCHQ[5]. Prime rencontra ensuite ses contrôleurs à l’étranger, principalement à Vienne

    En 1971, c’est au sein de la 3ème Direction du KGB (Contre-espionnage militaire) qu’est créé un 3ème département, chargé de centraliser la mission de renseignement extérieur. Durant l’URSS, tous les chefs de ce département ont précédemment faits carrière au sein du renseignement extérieur du contre-espionnage militaire en Allemagne de l’Est[6], voire l’ont dirigé, ce qui montre que la RDA est un poste clé.

    Des officiers de ce département sont également affectés au sein des OO dans plusieurs régions militaires soviétiques, comme en Asie du Sud-Est, ou dans la Baltique.

    On retrouve aussi ces officiers en poste en Afghanistan[7] : selon Mikhail Dianov, qui a servi au sein de cette unité (3ème section de l’OO du KGB pour la 40ème Armée), les missions de son service étaient : collecte d’information auprès des afghans russophones, pour obtenir, ainsi, des informations sur les activités des services secrets adverses et des bandes armées , ainsi que leurs informateurs ; leurs opérations contre les troupes soviétiques et le gouvernement afghan ; infiltration des services secrets adverses.

    Les officiers du 3ème département seront également impliqués dans le conflit tchétchène : selon un ancien transfuge du FSB, en 1995, une équipe du département est envoyée en Tchétchénie pour liquider le Président indépendantiste Djokar Dudayev[8].

    Ce service existe toujours, il s’agit du 3ème département du DVKR (Départament Voyennoy KontrRazvedki- contre-espionnage militaire) du FSB[9]. Il est à noter que le responsable, jusque 2015, du DVKR, Alexandre Bezverkhnii, a dirigé ce fameux 3ème département, dans la deuxième moitié des années 90[10].

    Notons, pour conclure, que nombres de différents services, au sein du KGB, se livraient au renseignement extérieur, au grand dam de la 1ère Direction Principale, chacun dans sa spécialité : le 14ème département de la Deuxième Direction Principale (contre-espionnage) créé dans les années 70 se spécialisait dans les « double jeux » avec les services adverses, y compris parfois à l’étranger ; les 4ème (sécurité dans les transports) et 6ème Directions du KGB (sécurité économique et industrielle) demandaient à leurs informateurs, envoyés à l’étranger, de leur faire des comptes-rendus sur leurs séjours chez l’ennemi ; tandis que la 5ème Direction, spécialisée dans la lutte contre les dissidents, n’a pas hésitée à envoyer certains agents à l’Ouest, pour suivre ces milieux.

     

     

    [1]     Dans une interview donnée en novembre 2010 à la publication semi-officielle du FSB « FSB : za i protiv » (FSB : pour et contre), le directeur du contre-espionnage militaire du FSB Alexandre Bezverkhnii indiquait les missions de son service : assurer la sécurité des forces armées russes ainsi que des organisations qui en dépendent ; information des responsables du FSB et du Ministère de la Défense quant aux problèmes au sein des Forces armées, avec une attention particulière quant aux capacités de préparation et de combat des troupes, état moral et psychologique des troupes ; lutte contre le terrorisme, le vol d’armes et d’explosifs, la corruption, le trafic de drogues, contre-espionnage, protection des secrets.

    [2]     Quelques exemples d’ouvrages : « Les contre-espions militaires. Les Sections spéciales de la VéTchéKa-KGB ont 60 ans ». (Voyenniyé kontrrazvedchiki. Ossobim Otdelam VéTchéka-KGB 60 Liét). Editions Voyennizdar. 1979 ; « Les tchékistes militaires » (Voyenniyé Tchékistii), Sergey Ostryakov, 1979, Editions Voyenizdat ; « Les contre-espions militaires biélorusses. Destins, tragédies, victoires… » (Voyenniyé kontrrazvedchiki Belarussii. Sudbi, tragedii, pobedii..), Valery Nadtatchayev, 2008, Minsk, Editions Kavaler ; « Cela n’était pas mentionné… Les notes d’un tchékiste de l’armée » (Ob etom ne soobchaloss... Zapisski armeyskovo tchékista). 1984. Mikhail BeloOussov.

    [3]     Historiographie officielle du SVR, disponible sur le site Internet de l’institution (http://svr.gov.ru/history/stage01.htm)

    [4]     Voir sur le sujet les mémoires de Arkadi Kornilov, « Berlin : la guerre secrète des deux côtés de la frontières. Notes d’un contre-espion militaire » (Berlin : Taynaya Voyna po obié storonii granitsii. Zapisski Voyennovo kontrrazvedchika), Editions Kutchkovo Polié, 2009. En poste dans les années 50 et 60 au sein du 3ème département en RDA, il raconte aussi bien les recrutements de « taupes » dans le dispositif adverse que la traque des citoyens allemands et soviétiques travaillant pour la CIA ou le BND.

    [5]     Le KGB dans le monde. Christopher Andrew, Oleg Gordievsky. The Defense of the realm.The authorized history of MI5. Christopher Andrew.Penguin books. 2010.

    [6]     Les dirigeants du 3ème département du contre-espionnage militaire du KGB, de 1972 à 1991, étaient : Mikhail Zimbulatov (1972-1980) ; Vladimir Shirokov (1981-1988) ; Yuri Yarovenko (1988-1991). Tous ont travaillés, durant leur carrière, au sein du 3ème département de l’OO auprès des troupes soviétiques en RDA.

    [7]     « Le contre-espionnage militaire du KGB d’URSS en Afghanistan. Souvenirs des officiers du OO du KGB d’URSS pour la région militaire de Léningrad 1979-1991».  (Voyennaya kontrrazvedka KGB SSSR v Afganistanié. Vospominaniya sotrudnikov Osobovo Otdela KGB SSSR po Leningradskomu voyennomu okrugu 1979-1991).  2010. Editions SPB.

    [8]     « Le FSB fait exploser la Russie » (FSB vzrivayet Rossiyu). Alexandre Litvinenko, Yuri Felshtinsjy. Deuxième édition. 

    [9]     « Voyennaya kontrrazvedka 1918-2010 » (Contre-espionnage militaire 1918-2010). Alexandre Bondarenko. Editions Molodaya Gvardiya.2011.

    [10]    « Août 1991 et pas que.. Pensées d’un contre-espion militaire ». (Avgust 1991 i né tolko o niom… Razmishlenii Voyennovo kontrrazvedchika ). Nikolay Rijak. 2011. Editions Artstil-Polygraf.

  • LES CHANGEMENTS DANS LES STRUCTURES ETATIQUES DE SECURITE ET DE RENSEIGNEMENT EN UKRAINE APRES LA PRISE DE POUVOIR DE L’OPPOSITION LE 22 FEVRIER 2014.

    Note rédigée à la mi-mars 2014

     

    LES CHANGEMENTS DANS LES STRUCTURES ETATIQUES DE SECURITE ET DE RENSEIGNEMENT EN UKRAINE APRES LA PRISE DE POUVOIR DE L’OPPOSITION LE 22 FEVRIER 2014.

     

    La situation issue de l’après 22 février 2014 en Ukraine, avec l’arrivée au pouvoir d’une coalition mêlant nationalistes et pro-européens[1], pose des questions quant à l’avenir de l’Ukraine : quid de la dette ukrainienne, de l’entrée éventuelle du pays dans l’UE, de ses relations avec la Russie ? La question du rattachement de la Crimée à la Russie, à compter du 16 mars 2014, date officielle du référendum en Crimée, paraît jouée à l’avance, tant la Russie et les autorités de Crimée ont publiquement exprimées leur détermination : un retour en arrière serait, pour elles, au mieux, une défaite, au pire une humiliation.

    Historiquement, la Crimée est une région russe depuis le XVIIIème siècle, et son annexion à la Turquie par la Russie. Rattachée à l’Ukraine soviétique en 1954 sur décision de Nikita Khrouchtchev, puis partie intégrante de l’Ukraine indépendante- à partir de 1991-, la Crimée,  russophone, a toujours constituée une pierre d’achoppement non seulement dans les relations entre la Russie et l’Ukraine, mais également dans une Ukraine divisée entre russophones- plutôt dans la partie Est- et la tendance nationaliste , située surtout à l’Ouest.

    Le départ du pouvoir et la destitution du Président ukrainien Viktor Yanukovitch le 22 février 2014, suite aux manifestations et émeutes de la place Maydan à Kiev, et l’arrivée au pouvoir de la nouvelle coalition, vont entraîner une dégradation des relations entre le nouveau pouvoir central et la Crimée, mais aussi les provinces russophones, et ce pour plusieurs raisons : l’impression désagréable que Yanukovitch a été destitué en violation complète des règles constitutionnelles, alors qu’il avait été démocratiquement élu en 2010 ; l’arrivée au pouvoir des nationalistes à un certain nombre de postes clés, comme au Conseil de Sécurité et de Défense et au Ministère de la Défense ; la décision, dès le 23 février 2014, de supprimer la loi faisant du russe une langue officielle aux côtés de l’ukrainien dans les parties russophones du pays ; la crainte d’un retour des « Banderistes »- allusion aux partisans du nationaliste Stepan Bandera ; et enfin l’attachement à la Russie d’une partie de la population, qui s’est toujours sentie plus russe qu’ukrainienne.

    Cette note propose de revenir sur la question ukrainienne au lendemain du 22 février sous trois aspects : le ménage fait au sein même des services de sécurité et d’ordre public ; l’utilisation de ces mêmes structures pour essayer de « contrôler » la situation ; la perte totale de contrôle, par Kiev, de la Crimée, de facto, et très prochainement, de jure.

    A peine arrivé au pouvoir, le Président par intérim Oleksander Tourtchinov publie une série de décrets révoquant les personnes nommées précédemment par Yanukovitch aux différents postes. Ce ménage concerne également les structures de sécurité et de renseignement puisque, entre le 22 et le 28 février 2014, Tourtchinov démet de leurs fonctions et les remplace les chefs du renseignement extérieur (SVR) ; de la Direction de la protection étatique (Service de protection des personnalités) ; les adjoints du Conseil de sécurité et de Défense ukrainien (Cet organisme est présidé par le Président de l’Ukraine) ; le patron de la Direction principale du renseignement au ministère de la Défense (Renseignement militaire) [2].

    Le service le plus marqué par les nominations et révocations, signe d’une volonté de contrôle de la situation intérieure, est le SBU, service en chargé du contre-espionnage et de la sécurité intérieure : sont démissionnés non seulement le Directeur, mais également ses deux 1ers Directeurs adjoints (Sergey Tchernikh, également à la tête de la Direction de lutte contre le crime organisé et la corruption ; et Volodimir Totsk) ; un adjoint du directeur (Volodimir Porodko) ; ainsi que plusieurs- pas tous- chefs de services centraux d’importance (contre-espionnage ; opérations spéciales ; archives ; enquêtes ; mesures opérationnelles techniques ; Licences et protection du secret d’Etat). Ce mouvement  commence dès le 26 février, et s’étend à partir de début mars aux différentes directions régionales (Kharkov ; Tchernivsti ; Dnepropetrovsk ; Khmelnitsk ; Kherson, Zaporojié entre autres), peut-être par crainte d’une perte de contrôle dans les autres régions du pays, surtout celles ou les pro-russes se montrent particulièrement actifs.

    Ces changements traduisent une claire volonté de destituer les hommes nommés par Yanukovitch- nombre d’entre eux ayant été nommés en 2013, entre autres en avril.

    Il est à noter que plusieurs postes d’importance ne sont, au 15 mars 2014, toujours pas pourvus : Il s’agit des postes de directeurs du Centre antiterroriste ; de responsable du service d’instruction (enquêtes) ; de la direction du SBU pour Kiev et sa région ; et du «département de protection de la sécurité d’Etat nationale », en charge de la lutte contre les personnes et organisations cherchant à nuire à l’Etat ukrainien et à sa souveraineté[3].

    Mais l’arrivée au pouvoir, à Kiev, de la nouvelle coalition, va fortement inquiéter la partie russophone du pays, et entraîner, en Crimée, une prise de pouvoir de facto des autorités locales sur la communauté du renseignement ukrainien en Crimée. Dans ce cadre,  deuxième étape, les autorités de Kiev utilisent les services de sécurité ukrainiens dans leur lutte contre la contestation et les volontés séparatistes.

     

    LA LUTTE CONTRE LES VOLONTES SUBVERSIVES

    L’article 2 de la loi ukrainienne 2229-XII du 25 mars 1992, consacré au SBU, de rappeler que , parmi les missions du Service, figurent la protection de la souveraineté étatique, de l’ordre constitutionnel, et de l’intégrité territoriale.

    Dès le 24 février 2014, le Parlement ukrainien nomme Valentin Nalivaytchenko nouveau directeur du SBU, en remplacement de Oleksandr Yakimenko. Le nouveau directeur du SBU, diplomate de carrière et qui avait déjà précédemment dirigé le SBU (De 2006 à 2010) [4] est un des alliés du nouveau pouvoir : il est membre depuis 2012 du parti OUDAR de Vitaly Klishko.

    Dans cette période de l’après-Maydan, le SBU tente de préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Pour cela, le service de sécurité ukrainien s’appuie sur la loi, ainsi que sur les décisions des tribunaux, en visant, en priorité, les têtes pensantes des mouvements contestataires.

    Un des lieux qui inquiète le pouvoir central est la région de Donetsk, plutôt pro-russe[5] et en proie aux troubles : comme en Crimée, un référendum y est initialement prévu par l’opposition, quant au statut du Donbass[6]. Le 5 mars 2014, le directeur de la Direction du SBU pour Donetsk et sa région Oleksandr Pelekha est démis de ses fonctions[7], et remplacé le jour même par Valery Yuriovitch Ivanov[8]. Ce même jour, le leader du mouvement « La république de Donetsk » Andrey Purgin est enlevé-selon la presse, l’enlèvement aurait été commis par des personnes travaillant pour l’oligarque Rinat Akhmetov[9].

    Le lendemain même, le SBU interpelle à Donetsk Pavel Gubarev, un des leaders du mouvement local de contestation contre le pouvoir central, qui avait été élu « gouverneur de la région de Donetsk » par les manifestants[10]. Gubarev  est accusé d’avoir pris part à des actions visant à changer le pouvoir par la force, de s’être emparé, avec ses partisans, de bâtiments locaux, et d’avoir empiété sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

    Enfin, le ministère ukrainien de la Justice considérant, au regard de la Loi ukrainienne, que les actes des représentants de la Crimée sont illégales[11], le tribunal de Shevtchenkov (à Kiev) ordonne au SBU d’interpeller le nouveau Premier Ministre de la République autonome de Crimée Sergey Aksionov et le Président du Parlement de Crimée Vladimir Konstantinov[12] pour activités visant à changer par la force ou a renverser l’ordre constitutionnel, et prise du pouvoir d’Etat.

    Une telle mission paraît impossible à mettre en œuvre : les frontières de la Crimée avec le reste de l’Ukraine ont été fermées, et les autorités de Crimée ont prises le contrôle des structures de sécurité locales.

     

    LA PRISE DE CONTROLE DE FACTO DES STRUCTURES ETATIQUES EN CRIMEE PAR LES AUTORITES LOCALES

     

    La prise de pouvoir du 22 février 2014 à Kiev va entraîner une contre-réaction en Crimée : à l’arrivée des nationalistes et pro-européens répondent les manifestations en Crimée, et l’apparition de « groupes d’autodéfense » et de Troupes russes.

    Poussés par la population, les autorités de Crimée, le Premier ministre de la République autonome et le Président de la Haute Rada (Parlement) de Crimée vont mettre en route le projet de « détachement » d’une Crimée qui revient dans le giron russe. Kiev réagit en paroles, mais guère en actes, n’en ayant guère les moyens : les Unités « Berkut », dont la mission est le maintien de l’ordre public, ont été dissoutes par le nouveau ministre de l’Intérieur Arsen Avakov[13]- dès le 25 février 2014[14] du fait de leur implication dans la répression sur la Place Maydan ; la Russie fait clairement savoir, d’abord via la voix de Dmitri Medvedev, de sa « détermination à protéger les populations russophones », rendant difficiles l’envoi de l’armée en Crimée ; enfin, le manque de matériel et de moyens de l’armée ukrainienne.

    Dès le 27 février, Sergey Aksionov, leader du Parti « Unité russe » devient le nouveau Premier ministre de la République autonome de Crimée. Les responsables de Crimée vont profiter de cette faiblesse de Kiev en se comportant comme les dirigeants d’un Etat indépendant, ce qu’est la Crimée de facto, et à partir du 16 mars, de jure : Dès le 1er mars 2014 les autorités locales nomment le patron de la Police Igor Avrutsky. Le 2 mars 2014, le responsable du SBU pour la Crimée Gennady Kalatchov est démissionné et remplacé d’office par Petr Zima, directeur du SBU pour Sébastopol depuis 2012. La décision de Kiev de démettre le 3 mars le directeur du SBU local Gennady Kalatchov et de lui désigner le 8 Oleg Absalyamov comme successeur se retrouve de facto inapplicable. Enfin, le 11 mars 2014, c’est la nouvelle responsable du Parquet pour la région de Crimée Natalya Poklonskaya qui est élue par le Parlement de Crimée[15] .

    Cette perte de contrôle de la situation de Kiev sur ses structures de renseignement et de sécurité en Crimée, toutefois, n’est pas forcément totale : le vice-premier ministre de Crimée Rustam Temirgalyev reconnaît lui-même le 2 mars 2014 que « presque toutes les structures de force basées en Crimée sont à présent sous le contrôle des autorités de la République autonome » [16], et de citer les structures du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de la Défense, des gardes-frontières, de la Marine, les services fiscaux.

    Toutefois, les informations parues font état de tensions pour la prise de contrôle de l’ensemble des casernes de l’armée ukrainienne en Crimée. De plus, très peu d’informations font état des installations du SVR ukrainien en Crimée. Un communiqué du 14 mars 2014 du directeur du SVR ukrainien Viktor Gvozd, indique que[17], ce jour même, la base du SVR située à Alushta, ville balnéaire de Crimée, a été prise d’assaut, alors que son personnel était à l’intérieur. Ce qui tendrait à indiquer que Kiev a pu recevoir des informations via les rares structures fidèles au pouvoir central.

     

    [1]     Plusieurs ministres issus du Parti nationaliste « Svoboda » sont nommés à des postes-clés : Oleksandr Sych en tant que Vice-Premier ministre ; Igor Tenyukh en tant que acting Ministre de la Défense ; Andrey Mokhnyk devient Ministre de l’Ecologie ; Igor Shvayka est ministre de l’Agriculture ; Oleg Makhnitsky devient Procureur général d’Ukraine, entre autres. La composition du Cabinet des ministres est indiquée ici : http://www.kmu.gov.ua/control/ru/publish/article;jsessionid=7976FDB1704F14175FE9612E4BBA4B38?art_id=247059223&cat_id=244843950 . Il est à noter toutefois que le leader du parti néo-nazi « Pravii sektor » ne sera pas nommé adjoint au Conseil de sécurité et de Défense comme l’indiquait la presse française. Même si sa nomination à ce poste paraît avoir été examinée.

    [2]     Le directeur du SVR Grigorii Ilyashov est démis de ses fonctions le 26 février 2014 et remplacé le 27 par Viktor Gvozd (décrets 151/2014 et 164/2014) ; au sein de la Direction de la Protection étatique le directeur Sergii Kulik le 24 février (remplacé par Valery Geletey le 2 mars) ; Mikola Zlotchevsky et Volodimir Syvkovitch, adjoints au Conseil de sécurité et de Défense sont démissionnés les 26 et 28 févriers et remplacés par Viktor Syumar et Renat Kuzmin les 28 février et 5 mars 2014 ; le directeur du renseignement militaire Sergii Gmiz (libéré de ses fonctions le 26 février 2014) est remplacé par Youri Pavlov le 3 mars 2014.

    [3]     Les directeurs des quatre services concernés, respectivement Volodimir Totsk, Maksim Lenko, Oleksandr Chtchegolev, et Sergii Ganji, ont été démis de leurs fonctions par décrets présidentiels du 26 février 2014 numéros 154/2014, 159/2014, 162/2014 et 158/2014.

    [4]     La biographie officielle en anglais du nouveau directeur du SBU est disponible ici : http://www.ssu.gov.ua/sbu/control/en/publish/article;jsessionid=4FD25CBA4D713D3A42BAD346A178BECF.app2?art_id=86705&cat_id=86704

    [5]     Aux élections législatives de 2012, le Parti des régions (Parti de Viktor Yanukovitch, pro-russe) récolte 60% des suffrages dans la région de Donetsk.

    [6]     Communiqué du ministère ukrainien de la Justice en anglais : http://www.minjust.gov.ua/en/news/44977

    [7]     Décret présidentiel 253/2014 du 5 mars 2014.

    [8]     Décret présidentiel 256/2014 du 5 mars 2014.

    [9]     http://odnarodyna.com.ua/content/loyalnye-kievu-vlasti-yugo-vostoka-pristupili-k-pohishcheniyam-liderov-soprotivleniya

    [10]    Communiqué en anglais du SBU disponible ici : http://www.sbu.gov.ua/sbu/control/en/publish/article?art_id=122438&cat_id=35317

    [11]    Communiqué du ministère ukrainien de la Justice du 6 mars 2014 : http://www.minjust.gov.ua/en/news/45004

    [12]    http://www.niknews.mk.ua/2014/03/06/premjer-kryma-aksenov-ne-boitsja-sbu-i-reshenij-suda-ob-areste/; communiqué du SBU en anglais : http://www.sbu.gov.ua/sbu/control/en/publish/article;jsessionid=43B14775BA03575208470967503387A8.app1?art_id=122436&cat_id=35317

    [13]    Biographie du nouveau ministre de l’Intérieur ukrainien en anglais : http://mvs.gov.ua/mvs/control/main/en/publish/article/993419. M. Avakov a été nommé élu par le Parlement ukrainien le 22 février à titre provisoire ; puis à titre définitif le 27 février.

    [14]    Acte administratif du Ministre ukrainien de l’Intérieur en date du 25 février 2014 (publié le 27) n°144. En ukrainien : http://mvs.gov.ua/mvs/control/main/uk/publish/article/988912

    [15]    http://www.rada.crimea.ua/news/11_03_2014_5

    [16]    http://www.vz.ru/news/2014/3/2/675095.html

    [17]    http://www.fisu.gov.ua/index_ru/index.html%3Fp=3767.html#more-3767

  • National Archives

    Un des points cardinaux d'une bonne recherche documentaire est, entre autres, de connaître des sites ou elle est disponible. Nombre de documents déclassifiés sont disponibles sur le site de la CIA, dans le cadre de la loi FOIA (Freedom of Information Act). Les britanniques, également. Le site du National Archives of United Kingdom (http://www.nationalarchives.gov.uk ) recèle nombre de documents passionnants.

    Dans le présent cas, soit les documents sont à consulter sur place; soit ils sont payants (Généralement 3,50 livres sterlings) soit ils sont disponibles gratuitement sur le site.

    Dans les trois cas, nombre de documents sont disponibles. Citons entre autres, les comptes-rendus du Joint Intelligence Committee, sur les espions nazis, et soviétiques pour le premier cas; le dossier du MI5 sur Georges Orwell dans le second; et pour le troisième, l'accord US-UK de 1946 pour la coopération en matière de SIGINT, des documents sur John Vassall, les rapports relatifs à la défection du couple Petrov, où à l' IRA pour n'en citer que quelques uns.

     



     

     

     

     

  • CONFLIT D’INTERET POTENTIEL AU SEIN DE MOODYS

    Nombre de critiques ont été faites quant au manque d’indépendance des trois principales agences de notations que sont Moodys, Standards and Poors, ainsi que Fitch : Chargées de noter les sociétés du secteur privé ou public, les Etats (notation souveraine) ainsi que les opérations, elles sont rémunérées par  … les personnes qu’elles sont chargées d’évaluer. Ce qui peut se traduire par un manque d’indépendance, n’osant mal noter des clients. Autre critique faite, le fait que ces agences de notations n’ont guère vues venir les crises ainsi que les faillites. Ainsi de Lehman Brothers, notée A1 par Moodys en mars 2008, donc quelques mois avant que la firme ne fasse faillite.

     

    Une autre critique peut leur être faite, qui n’a guère attirée l’attention : il ne faut pas oublier que les agences de notations sont avant tout des sociétés. Par conséquent soumises à un actionnariat. Souvent à des cotations en Bourse- Moodys et Standards and Poors sont côtées à la Bourse de New York. Quid des cas ou l’agence de notation est chargée de noter un de ses actionnaires ? Cette question n’est pas incongrue, tant elle soulève ici un problème clair de conflit d’intérêt. Tel est pourtant le cas de Moodys. L’agence de notation US, comme elle l’indique publiquement, sur son site, dans un communiqué en date de mai 2008, est détenue par Moodys Corporation. Cette dernière entité a elle-même parmi son actionnariat le fonds d’investissement Berkshire Hathaway Inc, à hauteur de 13%. Or, Berkshire fait partie des sociétés notées par Moodys, depuis au moins 1999, et qui l’est toujours (selon un communiqué de Moodys du 10.08.2011, Berkshire Hathaway Inc était notée Aa2).

     

    Berkshire n’est pas une inconnue : ce fonds est la propriété de Warren Buffett. Selon les dernières informations, Berkshire est toujours détentrice d’actions de MOODYS, comme le montre le document côté SC 13G/A du 14 février 2011, numéro 005-55475 11609285 disponible sur le site de la SEC.

    Un autre problème était apparu, quelques mois auparavant, quant à l’indépendance de Moodys et de Warren Buffett, cette fois à l’ égard de la Présidence des Etats-Unis : Moodys ne s’est jamais empressée de dégrader la note souveraine des Etats-Unis, maintenue à AAA.

     

    Le communiqué de MOODYS en date du 02/08/2011, qui explique cette décision, est particulièrement étonnant à cet égard : si le communiqué paraît indiquer la satisfaction devant un plan de réductions des dépenses publiques de 917 milliards de dollars sur la prochaine décennie, la première phrase du communiqué ne peut que laisser perplexe : « Moody's Investors Service has confirmed the Aaa government bond rating of the United States following the raising of the statutory debt limit on August 2. The rating outlook is now negative. ». Si l’on comprend cette phrase, AAA est maintenu suite au fait que le gouvernement US a décidé de relever le plafond de la dette, donc qu’il peut avoir une dette plus importante ! Alors que une telle mesure devrait, au contraire, inquiéter, la dette publique US s’élevant à près de 93% du PIB pour 2010 contre près de 70% en 2008.

     

    Une des raisons invoquées est le fait que l’agence de notation, tout comme ces consoeurs, n’ose guère dégrader la note souveraine US. Standards and Poors l’a fait, mais avec des pincettes, en dégrandant la note d’un cran seulement. Une autre raison possible ne serait-elle pas le fait que Warren Buffett, actionnaire de Moodys, est également un proche de l’actuelle administration US, au pouvoir depuis 2008 ? La question, en tout cas, mérite d’être posée. 

  • Nouvelle section

    Le blog "La communauté du renseignement" s'enrichit d'une nouvelle section, consacrée à l' intelligence économique. Bonnes lectures et bonne rentrée à tous!

  • Les soutiens du médiateur russe dans le conflit libyen

     

    Après une période de flottement et de divergences au sommet de l’Etat russe, divergences clairement montrées avec le rappel brutal de l' ambassadeur de Russie en Libye Vladimir Tcharov en mars dernier et son interview au Moskovskii Komsomolets, louangeuse pour Poutine et critique à l' égard de Medvedev1, les autorités russes paraissent décidées à reprendre la main dans le conflit libyen. Dans ce but, a été dépêché auprès de Kadhafi Mikhaïl Vitalievitch Margelov, représentant du Président de la Fédération de Russie pour la coopération avec les pays d’Afrique2 chargé d'une médiation entre les deux parties belligérantes.

     

    Ce dernier peut compter sur des appuis au niveau international, notamment la Tunisie, pays frontalier sur une bande de plus de 450 Km avec la Libye ; mais aussi sur la scène russe : En plus du soutien du Premier Ministre et du Président, Margelov présente l' avantage d' avoir des contacts au sein du Sénat russe, le Conseil de la Fédération, donc il fut membre de 2000 à 2006 et présida la Comité aux affaires internationales de 2001 à 2006 ; et potentiellement, du Service de renseignement extérieur, le SVR : Son père, Vitaly Margelov, fut Directeur adjoint aux Opérations de 2000 à 2002, avant d’être député à la Douma d’ Etat. Durant sa carrière à la Première Direction Principale du KGB, Vitaly Margelov avait justement travaillé en Afrique du Nord,au Maroc et en Tunisie3 . Son fils l'y accompagnait, avant d’ enchaîner une brillante carrière à partir de 19844.

    1Vladimir Tcharov aurait envoyé un câble très critique sur la position de Dmitri Medvedev à l' égard de la Libye, et l' aurait même qualifié de « traître ». Par décret n°317 du 19.03.2011, Tcharov a été « libéré » de son poste d' ambassadeur en Libye et rappelé à Moscou. Aujourd'hui, il travaillerait toujours au Ministère des affaires étrangères

    2Décret du Président de la Fédération de Russie n°329 du 30.03.2011 « Le représentant spécial du Président de la Fédération de Russie pour la coopération avec les Pays d’Afrique »

    3Vitaly Margelov a consacré une grande partie de sa carrière à la zone francophone (Il parle français couramment). Après ses postes au Maroc et en Tunisie, sans doute sans les années 70, il dirige en 1987 le 5ème Département du Renseignement extérieur du KGB, chargé des opérations de renseignement en France, en Italie, et au Bénélux. En 1997, Vitaly Margelov remplace Grigori Rapota en tant que Directeur-adjoint du SVR pour les Amériques et l’Europe, avant de devenir Directeur adjoint aux Opérations en 2000. Vers 2002-2003, il part à la Douma d’ Etat, et laisse son poste au SVR à Valery Rozanov, de retour de Vienne.

    4Né le 22.12.1964 à Moscou, Mikhaïl Vitalievitch Margelov a travaillé comme traducteur au Département International du Comité Central du Parti communiste d’URSS de 1984 à 1986, parallèlement à ces études à l’Institut Afrique/Asie de l’Université Lomonossov. Il sera professeur d’arabe à la Haute école du KGB de 1986 à 1989 avant de passer dans le journalisme (Rédacteur pour le monde arabe chez ITAR-TASS de 1989 à 1990) avant de travailler dans le secteur privé de 1990 à 1995. Son entrée en politique date de 1995, d’ abord pour aider le Parti Yabloko pour les législatives de 1995 ; puis en étant dans le QG de campagne de Boris Eltsine pour les Présidentielles de 1996. 1er adjoint du Chef de la Direction pour les relations publiques du Président de la Fédération de Russie de 1996 à 1997 ; adjoint du Directeur de l’Agence RIA NOVOSTI en 1998 ; représentant du Conseil de la Fédération de 2000 à 2006, et Président du Comité aux affaires internationales du Conseil à partir de novembre 2001

  • L' exploitation des informations de CURVEBALL par la communauté du renseignement britannique

    Les médias ainsi que nombre d' ouvrages ont évoqués à de très nombreuses reprises les informations transmises par un transfuge irakien, nom de code CURVEBALL, et l' importance de ces informations, pour les autorités US, dans le cadre de la guerre de 2003. Mais quand est publié le rapport Butler1, qui analyse le travail du Renseignement britannique sur la question des armes de destruction massives, une seule partie est retenue: Plusieurs informateurs du SIS sur l' Irak étaient défectueux. Et tant pis si le rapport évoque aussi la Libye, l' Iran, ou les tentatives de groupes terroristes de se procurer des ADM! Cela n'est que accessoire. La presse britannique ne verra pas une autre pépite contenue dans ce rapport. Il est vrai que l' information n' a fuitée que quelques années plus tard, Outre-Atlantique, mais personne dans la communauté journalistique ne paraît avoir fait le rapprochement pourtant évident à la lecture du rapport Butler: CURVEBALL, cette source qui fit tant de dégâts au sein de la CIA, puisque elle servit à la démonstration de Colin Powell à l' ONU, avait été aussi abondamment utilisée par le Secret Intelligence Service!

    Ce document vise à l' analyse,dans le cadre du conflit irakien, du « jeu » d' un acteur auquel on prête moins d' attention que son homologue Outre-Atlantique: la Grande-Bretagne. Foin de sensationnalisme, le but sera d' exposer les contradictions, d' indiquer les questions restées sans réponse, et ce en se basant sur des sources disponibles au public: Les analyses du JIC; le Rapport Butler; le « Comprehensive report of the Special Advisor to the DCI on Iraq's WMD », plus connu sous le nom de rapport Duelfer, et les mémoires de Georges Tenet pour n'en citer que quelques unes. Sera rappelé le fonctionnement de la communauté britannique du renseignement;comment furent prises en compte les informations de CURVEBALL et l' évaluation de ces informations, ainsi que sa crédibilité; les ratées, contradictions, et les dégâts causés.

     

    PRÉSENTATION DE LA COMMUNAUTÉ BRITANNIQUE DU RENSEIGNEMENT.

    La communauté britannique du renseignement comprend les services suivants:

    En premier lieu, le Secret Intelligence Service, appelé aussi SIS ou sous son nom antérieur, MI6. Le SIS est chargé de la collecte du renseignement hors du Royaume-Uni, et ce par le biais d'officiers traitants, déployés sous couverture diplomatique dans les ambassades de Sa Majesté, aussi bien à Paris que Amman, ou New York, Buenos Aires, Kuala Lumpur etc.. . Le SIS entretient aussi des contacts,plus ou moins étroits, avec nombre de services secrets. On retiendra ici les services secrets australiens, dont ils ont contribués, avec le MI5, à la formation au tout début des années 50, mais aussi US, allemands, ou jordaniens, pour n' en citer que quelques uns. Le SIS opère aussi à l' étranger en envoyant des officiers sous une couverture commerciale, ou journalistique. Enfin, il peut travailler sur le territoire du Royaume même, par exemple pour collecter des informations sur l' IRA (particulièrement dans les années 70) ou recruter des citoyens étrangers. Dans ce but, des sections conjointes MI5/MI6 avaient été créées durant la guerre froide, ciblant le Moyen-Orient, la Chine et l' URSS.

    Le Security Service, appelé aussi MI5, est le service chargé de la sécurité du Royaume, et ce par son travail de collecte du renseignement. Les principales priorités du MI5 ont fortement évoluées au fil des années: l' espionnage allemand durant la seconde guerre; les espions du Pacte de Varsovie durant la Guerre Froide, concurremment, à partir du début des années 70, avec la surveillance de la « subversion intérieure », puis le terrorisme, irlandais (IRA, INLA etc..) et aujourd'hui international. Le MI5 se base sur ces officiers au QG, dans les bureaux régionaux, ainsi que sur ces représentants dans les ambassades du Royaume-Uni à l' étranger, qui ont pour mission la sécurité de l' ambassade, et parfois aussi le contact avec les services secrets du pays d' accueil. Il ne peut procéder lui-même à des interpellations, n' ayant pas de pouvoir de police judiciaire, et doit faire appel pour cela aux forces de Police locale, à la Special Branch jusqu' à sa disparition il y a quelques années, ou le SO 13 (Antiterrorisme).

    Cette communauté est complétée par le DIS, Defense Intelligence Service, chargé du Renseignement militaire, et le National Criminal Intelligence Service (NCIS), chargé de la lutte contre la criminalité organisée, qui sera incorporé dans le SOCA (Serious Organised Crime Agency) en 2007.

    Enfin, la coordination de ces différents services relève du Joint Intelligence Committee (JIC), qui est aussi chargé de synthétiser les informations provenant des différents services dans des rapports (Assessments). Les différents services de la communauté britannique du renseignement y détachent leurs représentants pour assurer le fonctionnement permanent du JIC. Par exemple,le responsable de la coordination du renseignement du JIC de 2002 à 2005 était un ancien chef de station du SIS.

     

    IDENTIFICATION.

    Comme indiqué plus haut, c'est la lecture du Rapport Butler qui permit de découvrir l' importance des informations de Curveball dans les rapports du Joint Intelligence Committee: Selon ce document, à compter de avril 2000, une source nouvelle apparaît pour le Secret Intelligence Service, source dont les informations sont transmises par un « Service de liaison ». Les informations transmises par cet « asset » concernent un domaine: L' utilisation de laboratoires mobiles pour la production d' armes biologiques en Irak.

     

    Or, comme l' indique George Tenet, les informations venant de CURVEBALL, qui était débriéfé par le BND, auraient été transmises à deux autres services de renseignements. Bob Droggin, dans son ouvrage « CURVEBALL », indique que un de ces services fut le MI-6, le Renseignement extérieur britannique.

     

    Le débriefing de CURVEBALL par le BND2 commença fin 1999-début 2000. Les informations que CURVEBALL livre? L' utilisation de laboratoires mobiles par le régime de Saddam Hussein, dans le but de produire des armes biologiques. Le BND allemand? Un service avec lequel les britanniques coopèrent,justement,un service « ami ». Les informations de CURVEBALL? Discréditées « après coup » officiellement, ce qui est le cas y compris pour l' informateur du Service de liaison, selon le rapport. La boucle est par conséquent bouclée.

     

    En revanche, il n'est pas indiqué si les rapports étaient transmis au chef de station du Secret Intelligence Service à Berlin, ou si ce fut Gunter Haendly, alors Chef de station du BND à Londres, qui les apporta au QG du SIS3.

     

    Concernant la source elle-même, Richard Dearlove indiquera à la Commission Butler que Vauxhall Cross a pu vérifier que cette source avait bien travaillée à l' endroit ou il aurait pu avoir accès aux informations que CURVEBALL affirmait détenir. Il n'est pas indiqué si le SIS est arrivé à cette certitude avant, ou après la guerre.

     

    INFORMATIONS FOURNIES PAR CURVEBALL ET UTILISÉES PAR LE SECRET INTELLIGENCE SERVICE.

     

    Le rapport final de l' UNSCOM de janvier 1999 indiquait que « l'Irak a autrefois étudiée l' utilisation de laboratoires mobiles pour la production d' agents biologiques ». CURVEBALL remplacera cette éventualité par des certitudes.

    La première référence aux informations provenant de la « liaison source » apparaît dans le rapport du JIC du 19.04.2000. Le rapport Butler indique que les informations ont été reçues quelques jours auparavant. C'est aussi la première fois que les britanniques évoquent l' utilisation par l' Irak de laboratoires mobiles pour la fabrication d' armes biologiques. Le rapport indique que « l'Irak semble étudier l' utilisation de laboratoires mobiles (..) et a commencée la production dans des laboratoires mobiles » d' agents biologiques.

    La prudence est de mise, l' information est estimée « techniquement possible », étant donné que l' Irak est considérée comme ayant suffisamment d' expertise, d' équipements et de matériel pour produire des armes biologiques (JIC 19.04.2000) mais ces renseignements sont basés sur une seule source (Ici, JIC report du 15.03.2002).

    Notons que si le SIS, et le Joint Intelligence Committee, sont prudents quant aux informations mêmes de CURVEBALL, elles serviront beaucoup dans l' analyse globale sur le programme d' armes de destructions massives irakiennes. Le rapport BUTLER le sous-entend de manière extrêmement claire, au paragraphe 244, ou il est indiqué que les rapports transmis par le « service de liaison auront un impact significatif » sur le rapport du JIC du 27.02.2002: « L'Irak, si ce n'est pas déjà le cas, peut produire de grandes quantités d' agents biologiques en quelques jours ».

    L 'estimation du JIC du 15.03.20024 indique en page 4, plusieurs informations directement issues de CURVEBALL. Ce document fait clairement référence aux rapports provenant d'une source traitée par un « service de liaison ». Selon le rapport du JIC, cette source aurait indiquée les informations suivantes: le programme des laboratoires mobiles aurait été lancé en 1995; il comprenait 7 laboratoires,six montés sur camion, et l' un sur train, qui furent construits; trois étaient opérationnels en mars 1999. ces laboratoires pouvaient produire 5 types différents d' armes biologiques, sans plus de détails, et auraient déjà produits de 20 à 30 tonnes d' armement biologiques. Le rapport réaffirme le fait que « si les informations indiquées n'ont pas été corroborées, nous estimons que elles sont crédibles d'un point de vue technique »

    Cette prudence disparaît très clairement, en revanche, dans le rapport du JIC du 24.07.2002, en page 5: Il y est indiqué, de manière catégorique, que l' Irak «  a développée des laboratoires mobiles pour les programmes d' armes chimiques et biologiques ». Surtout que, selon le document, l' Irak dispose des compétences (humaines) pour un tel objectif.

    Le rapport du JIC du 09.09.20025 emploie un ton tout aussi catégorique:

    « L' Irak a appris de la Guerre du Golfe l' importance des laboratoires mobiles, plus difficiles à trouver que les installations statiques. Par conséquent, l' Irak a développée, pour les militaires, des systèmes de fermentation, qui peuvent être montés sur train ou sur route (Dans des camions, NDA). Ils peuvent produire des agents biologiques.  ».

    L'hypothèse émise (« L'Irak pourrait utiliser des laboratoires mobiles »)est maintenant considérée comme une certitude, alors que, selon le rapport Butler6 , ses informations étaient traitées avec prudence par le JIC avant d' être confirmées par une autre source7, plusieurs mois après. Ce point sera examiné dans la dernière partie.

    Cette information relative aux laboratoires mobiles sera « confirmée » peu après ce rapport du JIC, puisque le 11.09.20028 , un informateur du SIS répondant au nom de code de RED RIVER9 confirme l' information sur les laboratoires mobiles utilisés par le régime de Saddam Hussein pour la production d' armes biologiques. La source était alors considérée comme « fiable »10 . Elle se base, pour cette information, sur une « sous-source ». L' importance potentielle11 de cette « source à l' essai », pour reprendre la terminologie du rapport Butler, est telle que Tony Blair est informé de son existence le 12.09.200212.

    L' information venant de RED RIVER n' a pu être insérée dans le rapport du JIC du 09.09.2002. Elle sera en revanche prise en compte dans le rapport du JIC du 28.10.200213. Entre ces deux documents, sur demande du Premier Ministre britannique Tony Blair, est publié à l' intention du public le « dossier du gouvernement » du 24.09.200214 . Ce rapport, qui se basera beaucoup sur le rapport du JIC du 09.09.2002, prend aussi en compte le rapport reçu par le SIS le 11.09.2002. Il évoque à plusieurs reprises les laboratoires mobiles: «  Nous estimons que l' Irak a (...) développée des laboratoires mobiles à usage militaire, corroborant les rapports précédents quant à la relatifs à la production d' agents biologiques dans des installations mobiles » (Pages 8 et 9). Ce projet aurait été développé à partir de 1995 sous la responsabilité Dr Rihab Taha, « connu pour avoir joué un rôle central dans les programmes irakiens après la guerre du Golfe » (De 1991, NDA). Le rapport enfonce le clou en indiquant que le JIC a conclu que l' Irak a suffisamment d' expertise, de matériel et d' équipement pour produire en quelques semaines des agents biologiques, en utilisant ses laboratoires de bio-technologies.15

     

    ÉVALUATION DU RENSEIGNEMENT DE CURVEBALL DANS L'IMMÉDIAT APRÈS GUERRE.

    Le rapport Butler se montre très vague quant aux informations de la « liaison source »: il indique seulement que, dans le cadre des vérifications entreprises par le Secret Intelligence Service, il s'avéra que « d'importants aspects des informations reçues par cette voie étaient faux ». Le SIS n'a pu interroger la « liaison source » que après la guerre. À la date du rapport Butler, Vauxhall Cross n'avait pas encore terminé le débriefing. Il en ressort, selon le SIS, que « des détails importants n'apparaissaient pas dans les rapports du service de liaison », bien que, étant donné l' accès limité à cette source, il soit encore prématuré de conclure. Plus concrètement, le SIS conclut que « la production de laboratoires mobiles aurait eu lieu sous une forme brouillonne, et aurait eu une vie plus courte que ne l affirme l'agent ». Par conséquent, la fonction la plus vraisemblable des remorques qui seront trouvées après la guerre n'était pas la production de stocks de matériaux (Paragraphe 408).

    La conclusion du SIS, dans le cadre de son évaluation après-guerre, est néanmoins sévère: les informations de cette source sont considérées comme « inexactes »16 ou, selon le rapport Butler, « comportant de graves lacunes »17 quant aux affirmations, datées de 200018 , sur la fabrication récente d'armes biologiques. La Commission en tira la conclusion que cette fabrication « n'avait pas eu lieu ».

     

    ÉVALUATION DU RENSEIGNEMENT DE CURVEBALL: LE RAPPORT DUELFER.

    La fin des hostilités entraîne, entre autres tâches, la nécessité de retrouver les armes de destruction massives que possédait le régime irakien, comme l'affirmaient au premier rang les autorités US et britanniques. C'est dans ce cadre qu’est créée, sous la supervision de la CIA, l'Iraqi Survey Group (ISG, successivement dirigée par David Kay et Charles Duelfer). Le rapport final de l'ISG est rendu le 30.09.2004.

    Le rapport Duelfer évoquera à plusieurs reprises la thèse des laboratoires mobiles en vue de la production d'armes biologiques. Ici se posent plusieurs questions: Saddam Hussein avait-il la volonté de se doter d'armes de destructions massives? A il essayé? Enfin, le régime irakien disposait-il de laboratoires mobiles pour la production d'armes biologiques? Les réponses sont : oui, oui, et non.

    L'Irak a bien envisagée de se doter de laboratoires mobiles aux fins de production d'agents biologiques. Cette possibilité fut examinée par plusieurs responsables irakiens en 1987. Mais l'ISG ne découvrira que un projet de laboratoires mobiles, qui avait été lancé en 1994 pour moderniser l'agriculture irakienne, donc sans rapport avec la fabrication d'armes NBC.

    Le régime irakien n'avait plus d'ADM uniquement à titre temporaire, attendant la fin des sanctions pour recommencer son stock. Des tentatives sont en tout cas dénoncées. Ainsi, des négociations auraient été conduites entre le régime et des entreprises françaises, dans les années 90. Les contrats portaient sur des armements conventionnels et de possibles laboratoires mobiles19.

    Se basant sur les informations de CURVEBALL20, l'ISG inspectera les sites désignés et interrogera une soixantaine de personnes. Conclusions: les sites désignés n'étaient pas adaptés; aucune des personnes interrogées n'a reconnu la participation du site aux affirmations de CURVEBALL. Seul le Directeur de la compagnie Al Nahrayn Seed fournira une information potentiellement intéressante, en indiquant que durant l'opération « Renard du désert » de 1998, la compagnie reçut l' ordre de monter sur rail des laboratoires. L'inspection de l'ISG conclura que l' équipement n' avait jamais été utilisé pour des armes NBC.

    L'ISG examinera aussi les deux installations mobiles découvertes après la guerre, et que le Président des USA présentera trop rapidement comme des preuves des ADM irakiens: Le premier laboratoire est découvert à Irbil en avril 2003; le second en mai près du laboratoire de recherche Al Kindi à Mossoul. Selon l'ISG, la remorque « dispose des équipements et des composants qui peuvent être compatibles avec la production d'agents biologiques ». Toutefois, l' ISG n' a pas trouvée de preuves pour affirmer que la première remorque ( plus complète que celle de Mossoul) jouait un rôle dans la fabrication clandestine d' agents biologiques; le rapport détaille ensuite les raisons pour lesquelles l' installation, au contraire, n' est pas adaptée pour la fabrication d' agents biologiques: incompatibilité de l' équipement pour l' utilisation en vue de fermentation, indispensable pour la fabrication d' armes biologiques; absence d' instruments pour le contrôle du processus etc... La conclusion de l'ISG est que les deux installations servaient de générateurs d'hydrogènes pour des ballons météorologiques, pour l'artillerie de la Garde Républicaine irakienne. C'étaient donc des armes conventionnelles, et non de la catégorie NBC (Nucléaire, Biologique, Chimique).21.

    Ce discrédit de l'information (rien n'a été trouvé démontrant que les Irakiens disposaient de tels laboratoires) sur les laboratoires mobiles sera confirmé antérieurement par la Commission SILBERMAN22 et l’UNMOVIC23

     

    LE SIS DISCRÉDITÉ.

    Cette affaire a fortement affectée le SIS, principal pourvoyeur en informations, dont nombre se sont avérées fausses. La conséquence aurait été le licenciement de plusieurs officiers du SIS, sans que aucun nom ne soit cité. Coïncidence? En 2004, le Directeur du MI6, Richard Dearlove, quitte le service. Suivent le chef de station du SIS à Washington, Ian Forbes McCrédie, ainsi que Mark Allen, ancien responsable de la Division « Anti-Terrorisme International » au Contrôleurat Global Tasks, Directorate of Production and Requirements. La même année, le Director of Production and Requirements du SIS, dont le nom n' a pas été rendu publié, part dans le secteur privé et est remplacé par un vétéran du Service, Nigel Inkster.24. En revanche,passe entre les gouttes Michaël David Shipster, qui a participé à la collecte du renseignement sur l' Irak. Il aurait même dirigé le Contrôleurat Moyen-Orient en 2003. Il est envoyé diriger la représentation du SIS à Washington, à la place de Ian McCrédie25.

     

    BEAUCOUP DE QUESTIONS; PEU DE RÉPONSES.

    Beaucoup de doutes ressortent de cette analyse: Pourquoi, d'une possible hypothèse, sur la base des informations de CURVEBALL, le SIS est devenu certain que l'Irak disposait de laboratoires mobiles de fabrication d'armes biologiques, et ce bien avant d'en obtenir « confirmation » d'un informateur qui sera ensuite discrédité? D'autres informations sont-elles parvenues, allant en ce sens? Ou bien ces informations ont été présentées comme des certitudes, sur pression? De qui? Du Directeur du JIC, ou de plus haut? Ou bien les informations avaient faits le tour des services secrets, y compris étrangers, a un tel point que, une fois l'informateur discrédité, il était devenu impossible de savoir les informations venant de lui et celles qui n'en venaient pas?

    La prise en compte des informations de CURVEBALL indique que le SIS estimait ses rapports crédibles26.. Vauxhall Cross, tout comme la communauté du renseignement US, paraît ici avoir été convaincue par la quantité d'informations venant de CURVEBALL27.

    Le rapport Butler, comme indiqué plus haut, est catégorique: le SIS n'a reçu confirmation des informations de CURVEBALL que en septembre 2002, alors que les certitudes de la communauté du renseignement sont antérieures de quelques mois. Par conséquent, les certitudes du JIC se basaient sur les informations de CURVEBALL, mais aussi sur l’estimation faite que, techniquement, une telle utilisation des laboratoires mobiles est possible.

    Partant de ce principe, c’est une très grossière erreur d’analyse qui paraît avoir été commise : Il convient de ne jamais prendre pour argent comptant les informations venant d’une seule source, surtout si l’on ne peut pas les confirmer. Tel est le principe de tout service secret, et le NIE en date de 2007 consacré à l’Iran rappelle les règles de l’analyse : L’utilisation des termes « probable » ou « possible » indiquent une probabilité assez forte ; « peut » ou « pourrait » indique que l’ information est incomplète, fragmentée, indisponible, ou vague. Soit le SIS était convaincu par les rapports provenant des informations de CURVEBALL, soit ces rapports furent insérés dans le JIC sur ordre « d’en haut », au mépris d’un principe du renseignement : Ne faire état que des informations dont on est certain, et non pas de celles qui vont dans le sens du politique. Dans la dernière hypothèse, les accusations portées contre John Scarlett, alors Directeur du JIC d'avoir exagéré les rapports, pour les rendre « plus sexy », et ainsi justifier le soutien britannique à l'envoi des troupes, trouveraient ici confirmation. À cet égard, le fait que John Scarlett prenne sur lui l'entière responsabilité du travail du renseignement peut avoir pour but soit de couvrir la communauté britannique du renseignement, soit de faire retomber le blâme sur lui pour protéger les autorités, et Tony Blair en premier ressort. Ou bien les deux.

    La dernière hypothèse n'a malheureusement pas été étayée par des preuves, sans être entièrement impossible. Mais une hypothèse plus simple est possible : Depuis la découverte par les inspecteurs de l' ONU, au tout début des années 90, des programmes NBC irakiens, les inspecteurs de l' ONU ainsi que les administrations US et britanniques, et leurs services, étaient arrivés à la conclusion suivante : Saddam Hussein continue à cacher des choses sur les ADM28. . Il ne coopère pas pleinement. Ce que confirment les informations, parcellaires, qui arrivent. L' information de CURVEBALL, sa précision, et sa richesse, ne pouvaient mieux tomber, venant étayer une croyance commune dans les services sur les plans du régime irakien. Même si les services secrets, ainsi que les membres des services, n' étaient pas unanimes sur cette question. Toutefois, au sein de la communauté US du renseignement, et un peu, aussi, de la communauté UK, le débat paraît avoir plus porté sur l' ampleur même du programme NBC irakien que sur son existence, réelle ou supposée.

     

     

     

     

    1« Review of Intelligence on Weapons of Mass Destruction », 14 juillet 2004, 216 pages. Commission dirigée par Lord Butler of Brockwell.

    2Service de Renseignement Fédéral allemand.

    3Gunter Haendly a servi comme Chef de station et représentant du BND à Londres de 1999 à 2005. Intelligence Online l' avait précédemment identifié comme Chef de station du BND à Rome (IOL n° 499 du 28.04.2005)

    4« The status of Iraqi WMD Programs », JIC Assessment 15.03.2002, déclassifié en 2004. 5 pages.

    5JIC Assessment, « Iraqi use of chemical and biological weapons-possible scenarios », 09.09.2002. 5 pages. Déclassifié en 2004.

    6Paragraphe 438.

    7Voir plus bas, les informations de la source du MI6 « RED RIVER ».

    8Rapport Butler, paragraphe 574.

    9See « Curveball », livre de Bob Droggin.

    10Paragraphe 303 du Rapport Butler. Cette source sera cataloguée comme non fiable par le SIS, à l' issue de l' évaluation des différentes sources du service: Voir Rapport Butler, paragraphes 305 et 575, ainsi que les notes en bas du paragraphe 305, et le point c. des paragraphes 410 et 436

    11Voir aussi dans le rapport Butler les paragraphes 573 à 578. Cette source transmettra une autre information, dans un rapport en date du 30.09.2002, sur un agent chimique (Paragraphes 347 et 405).

    12Paragraphe 578 du Rapport Butler

    13« Nous estimons que l' Irak continue ses programmes d' armes biologiques (..) Des informations confirmées révèlent que des laboratoires mobiles pour la production d' armes biologiques ont été construits »

    14« Iraq's weapons of Mass Destruction. The assessment of the British Government », 24.09.2002. 55 pages.

    15Le rapport du 24.09.2002 fait à plusieurs reprises référence aux laboratoires mobiles, sur unton évoquant la certitude, par exemple aux pages 22, 25 et 27. Page 25, selon le rapport, « l' UNSCOM avait établi que l' Irak prenait en compte l' utilisation de laboratoires mobiles pour la production d' agents biologiques. Durant les deux années précédentes, les informations de défecteurs ont confirmées l' existence de tels laboratoires. Des renseignements récents confirment que l' Irak a développé des laboratoires mobiles »

    16Voir note sous le paragraphe 239 du rapport Butler.

    17Voir paragraphes 409 et 410 du rapport Butler.

    18 JIC du 19.04.2000.

    19 Première partie, page 246 du rapport Duelfer.

    20Selon le rapport Duelfer, un ingénieur-chimiste affirmait que l'Irak était équipée de sept installations mobiles, dont trois opérationnelles, correspondant aux affirmations de CURVEBALL reprises dans le rapport du JIC du 15.03.2002. L' ISG qualifiera la fiabilité de cet ingénieur de « très discutable ». Voir volume 3,page 201.

    21Le rapport du 30.09.2004 indique, dans son 3ème volume, page 172, que : « « ISG judges that its Iraqi makers almost certainly designedand built the equipment exclusively for the generation of hydrogen. It is impractical to use the equipment for the production and weaponization of BW agent. ISG judges that it cannot therefore be part of any BW program. »

    22« The Commission on the Intelligence Capabilities of the United States Regarding Weapons of Mass Destruction » du 31.03.2005.

    23Malgré la fin des inspections sur le terrain quelques jour savant l’invasion de l’Irak, l’ UNMOVIC continuera à travailler sur le thème des ADM irakiens jusque 2007. Son rapport final indiquera au sujet des laboratoires mobiles que aucune preuve ne fut recueillie pour appuyer ces informations, aussi bien par l’ISG que par l’UNMOVIC. (Voir page 26, chapitre V, « Compendium. The Biological Weapons Programme », UNMOVIC).

    24Nigel Inkster a entre autres dirigé les stations du SIS à Beijing et Athènes avant d'être nommé Directeur adjoint du SIS au 1999. Il sera 1er Directeur adjoint, et Director of Production and Requirements (Opérations et Analyse) de 2004 à 2006.

    25Michaël Shipster quittera le Foreign Office en 2007, pour devenie Directeur international de Rolls-Royce. Son appartenance au SIS a été confirmée par le Chicott Inquiry, qui indique clairement son statut « d'ancien officiel du SIS ». Shipster a été en poste à Moscou, Delhi, et en Afrique. Il aurait entre autres contribué à la défection du Chef de station du Renseignement tchécoslovaque en Inde à la fin des années 80. À la fin des années 90, il s' occupe de la liaisonavec le représentant du Renseignement russe à Londres. Décoré de la Croix de Saint-Michel pour sa contribution à la Guerre en Irak de 2003 (« Iraq honours diplomatic service and overseas list », 05.11.2003).

    26À peu près en même temps que le SIS, la CIA, ou du moins certains de ses officiers, étaient convaincus par les informations de CURVEBALL. Par exemple un rapport du WINPAC en date d’ octobre 2001 (Voir rapport de la Commission SILBERMAN, page 100).

    27La Commission SILBERMAN note par exemple que, de janvier 2000 à septembre 2001, le Service HUMINT du Défense Intelligence Agency US a distribuée près d'une centaine de rapports provenant des informations de CURVEBALL. Voir page 100 du rapport.

    28 Le National Intelligence Estimate n°99-04 d' avril 1999 envisage par exemple les scénarios d' utilisation d' ADM par le régime irakien, et note que « Iraq retains residual chemical and biological weapons of mass destruction ».

  • Note de veille: l' attaque terroriste à Minsk

     

    NOTE DE VEILLE: L' ATTAQUE TERRORISTE DU MÉTRO DE MINSK

     

    L' affaire n' a fait que peu de bruit dans la presse française, beaucoup plus préoccupée par la situation politique en Côte d' Ivoire. Elle est pourtant particulièrement marquante: C'est le premier attentat sanglant commis en Biélorussie. Un pays que, pourtant, rien ne prédisposait, à première vue, à être la cible d'une attaque terroriste,surtout d'une telle ampleur.

     

    L' ATTAQUE TERRORISTE.

    L' attentat a été commis à 17h55 heure locale selon un communiqué du KGB de Biélorussie du 12.04.2011 (Soit 16h55 heure de Paris). La bombe aurait été déposée sous un banc, sur le quai de la Station « Oktiabrskaya » du métro de Minsk. Pour précision, le métro de Minsk est fait de deux lignes, lesquelles se croisent justement, en centre ville, à la station « Oktiabrskaya ». Cette staton est également située à une centaine de mètres de la Présidence. Il s' agit par conséquent d'une station très fréquentée, surtout à l' heure de pointe. L' engin explosif était d'un poids de 5 à 7 kilos d' équivalent-TNT; elle contenait des billes en métal d'un diamètre de un centimètre.

     

    LES VICTIMES.

    Aux dernières informations, l' attaque a fait 12 morts (Une victime décédée dans la nuit de lundi à mardi) et 149 blessés ( « Agentura.ru », dans un communiqué publié le 12.04.2011 à 16.09 heure de Moscou,faisait état de 157 blessés, tandis que une autre source journalistique indiquait plus de 200 blessés) dont 22 dans un état grave. Le soir même de l' attaque, le porte-parole de l' ambassade de Russie à Minsk évoquait, parmi les blessés, deux citoyens russes, qui sont hors de danger. Ce bilan a ensuite été revu à trois.

     

    MOBILES.

    Les raisons de cette attaque terroriste sont inconnues; il n' y a eu aucune revendication, et pas de mobile apparent. L' hypothèse la plus vraisemblable est à chercher du côté de groupes extrémistes et anarchistes en Biélorussie même. Du côté de personnes ayant choisies la « manière forte » contre le régime de Loukashenko, devant l' impossibilité pour l' opposition pacifique de prendre le pouvoir légalement, c'est-à-dire par les urnes.

     

    COOPÉRATION INTERNATIONALE.

    Côté coopération, la Russie, la Grande Bretagne et Israël ont proposés leur aide, selon le Ministère de l' Intérieur biélorusse. Cette information a ensuite été confirmée. Les autorités russes ont dépêchées à Minsk deux officiers du FSB, arrivés à Minsk le 12 à 8 heures du matin, dont le directeur du laboratoire de criminalistique; ainsi que des Policiers de la Direction de lutte contre les extrémistes et des membres du Ministère des Situations d' Urgence. Côté israëlien, selon un communiqué en date du 13 avril 2011 du KGB de Biélorussie, sont arrivés trois médecins israëliens et quatre spécialistes en explosifs chargés d' aider dans l' enquête les autorités biélorusses. Des britanniques, aussi chargés d' aider les autorités biélorusses dans l' enquête, doivent être dépêchées sur place, on ignore si ils sont déjà à pied d' oeuvre.

     

    ENQUÊTE.

    Les premières informations indiquaient « trois interpellations,et une personne de type « non slave » recherchée. Dès le 12.04.2011, le KGB de Biélorussie diffusait deux portraits-robots de personnes recherchées dans le cadre de cette attaque (Disponibles à cette addresse: http://www.kgb.by/press/inform/205.html). Un communiqué publié le 13.04.2011 à 10h41 heure française indiquait que deux personnes avaient été appréhendées dans le cadre de cette affaire. Selon le Président biélorusse Loukashenko (communiqué du site « agentura.ru » publié à 17.03 heure de Moscou), les deux personnes ont été arrêtées par la Police et le KGB le mardi 12.04.2011 à 9h. Toujours selon le président biélorusse, ces deux personnes auraient reconnues leur participation à deux autres attaques terroristes: À  Vibetsk en 2005, et à Minsk, le Jour de l' indépendance, le 03.07.2008 (50 blessés).  L'une d' entre elles aurait été identifiée grâce aux caméras de surveillance dans le métro. Elle correspondrait aussi au portrait-robot. Cette personne aurait, selon l' adjoint du Procureur général, reconnue avoir posée la bombe. Les mobiles exacts de cette attaque terroriste sont,pour l' instant, inconnus. Selon l' adjoint du procureur général de Biélorussie Andrey Shved, responsable de l' enquête, l' auteur de l' attentat est né en 1986,et n' a jamais été arrêté. Leur identité n' a pas été dévoilée, et les motifs de l' attentat sont, pour l' instant, toujours inconnus.

     

  • La structure du Renseignement extérieur du KGB de 1954 à 1991

     

    Structures de la 1ère Direction générale du KGB d' URSS.

     

    Le renseignement extérieur soviétique a subi plusieurs changements, au cours de son histoire, marqué par des modifications de structures internes. En voici les lignes directrices.

     

    Directeurs de la 1ere Direction principale

     

    Alexandre Sakharovsky

    Fiodor Mortine

    Vladimir Krioutchkov 1974-1988

    Vadim Kirpichenko (Acting chief)

    Leonid Shebarshine 1989-1991

    Evgueni Primakov 1991-

     

    1ers adjoints du Directeur de la Première Direction générale

     

    Vadim Kirpichenko 1979-1991

    Guennadi Titov 1989-janvier 1991

    Alexandre Jijine

     

    Adjoints du chef de la 1ere Direction générale pour l'Afrique et le Moyen-Orient

     

    Vikenti Soboliev 1967-1969

    Yakov Medianik 1975-1987

    Leonid Shebarchine avril 1987-1989.

    Viatchelsav Gurguenov 1989-1991

     

    Adjoints du chef de la 1ère Direction principale pour l'Asie

    Youri Popov 1973-1989

    Nikolai Kaliagine 1989-1991.

     

    Adjoint du chef de la 1ère Direction Principale pour l' Amérique du Nord et du Sud

     

    Boris S. Ivanov 1966-1979. (Amériques et contre-espionnage).

    Vladimir Tolstikov -1983

    Nikolai S. Leonov 1983-1990

    Vladimir Jijine 1990-1991.

     

    Adjoint du chef de la 1ère Direction principale pour l' Europe.

    Vladimir Krioutchkov 1971-1974

    Evgueni Chichkine (Europe de l' Ouest, Europe de l' Est, et Asie du Sud-Est) 1975-1980.

    Viktor Groushko 1980-1983

    Guennadi Titov

     

     

     

    Le 13.03.1954 est créé le KGB, et les structures une nouvelle fois réorganisées.

     

    Le renseignement extérieur est la 1ère Direction principale du KGB d'URSS.

     

    Directeur de la PGU et ses adjoints

    Secrétariat

    Directoires:

    -Illégaux

    -Technologie

    -Mesures actives

    -Information et analyse.

    -Chiffreurs

     

    Sections fonctionnelles:

    -Contre-espionnage extérieur

    -Émigration

    -Opérations spéciales

    -Renseignement technique et scientifique

     

    Secteurs géographiques

    -Amériques du Nord et du Sud

    -Angleterre et Europe du Nord

    -Europe du Sud

    -Europe de l' Ouest

    -Moyen Orient et Proche-Orient

    -Extrême-Orient.

     

    La structure du Renseignement scientifique et technologique, en ce milieu des années 50, était la suivante:

     

    -Questions nucléaires

    -Aviakosmicheskoyé

    -Électronique

    -Médecine

    -chimie

    -autres

    -Analyse de l' information.

     

    À l' intérieur des différentes sections, la division était faite en secteurs géographiques, par exemple la section chimie était divisée ainsi: pays anglophones; pays francophones; pays germanophones.

     

    Sections géographiques:

    -USA

    -Angleterre et Europe du Nord

    -Europe du Sud

    -Europe de l'Ouest

    -Moyen et Proche-Orient

    -Extrême-Orient

     

    Directeurs de départements de 1954 à 1960

     

    École 101

    Viatcheslav Gridnev 1950-1960.

     

    Adjoint du Directeur de l' École 101.

    Arseni Tishkov 1954-1960

     

    Direction des Illégaux

    Alexandre Korotkov 1955-1957.

    Alexey Krokhine 1957-1958.

    Vitaly Pavlov 1959-1961

    Mikhail Tsymbal 1961-1966.

     

    Directeur de la sécurité : Dmitri Tarasov 1953-1974

     

    Département « D » (Devenu le Département « A », Mesures actives)

    Ivan Agayants 1959-1967.

     

    Adjoint du chef du département, chef de la section « contre-espionnage »

    Grigori Grigorenko 1959-1962

     

     

    Département Britannique

    Evgueni Anatolievitch Tarabrin 1959.

     

    1er Département (Amériques du Nord et du Sud)

    Alexandre Feklissov 1955-1960

     

    Chef du Groupe Amérique Latine au sein du 1er Département

    Sergey Antonov 1958-1960

     

    2ème département (Europe, entre autres la Finlande. Sans doute « Angleterre et Europe du Nord »).

     

    3ème département (? peut être Allemagne)

    Ivan Fadeykine octobre 1954-mars 1957

     

    4ème département (?)

    Acting chief Vladimir Bulnik Juillet 1954-août 1954

     

    5ème département (? Peut être Europe romaine)

    Vladimir Bulnik août 1954-1963

     

    7ème Département (Thailande, Indonesie, Japon, Malaisie, Singapour, Philippines, Inde, Pakistan etc..)

    Vassili Startsev 1958-1970.

     

    9ème Département (Émigration).

     

    Adjoint.

    Sergey Volokitine -1957

     

     

    10ème département (Renseignement scientifique et technologique)

    Leonid Kvasnikov 1954-1963

     

    11ème département (Liaison avec les Pays socialistes)

    Elisei Tsinitsine 1957-1962

     

    13ème département (Opérations spéciales).

    Evgueni Mikrovsky Mars 1954-1955.

    Vladimir Ivanovitch Vertiporokh avril 1955-1957.

    Ivan Anissimovitch Fadeikin 1956-1962.

     

    14ème département (Contre-espionnage)

    Vladimir Klimkine 1954-1962

     

    À la fin des années 50, la section Amériques (1er Département, directeur: Alexandre Feklissov) est divisée en deux: 1er Département, Amérique du Nord; Département Amérique du Sud.

     

    Sera ensuite créée en août 1960 une section Afrique (Directeur:Arkadi Koulikov),laquelle elle même sera ensuite divisée entre Afrique francophone et Afrique anglophone en 1965.

     

    En 1965 toujours, le 13ème département (Opérations spéciales) devient le département « V »; apparaît aussi le 2ème Service, chargé du contre-espionnage extérieur, de la Sécurité, et de la surveillance de l' émigration.

     

    Enfin, en 1973, le 2ème Service (Contre-espionnage et sécurité) devient la Direction « K », tandis que le 10ème département (Renseignement scientifique et technologique) monte en grade en devenant la Direction « T » en février 1974.

     

     

    Directeurs de départements de 1960 à 1977

     

    Directeur de l' école 101 (Formation)

    Arseni Tishkov 1960-1967

    Fedor Mortine 1967-1967

    Nikolai Goussev 1967-1971

    Vitaly Pavlov 1971-1973.

    Ivan Zaytsev 1973-1986

     

     

    Service des cadres

    Elisei Tsinitsine 1969-1970

    Vassili Startsev 1972-1974

    Georgi Orlov 1975-

     

    Direction des Illégaux

    Mikhail Tsymbal 1959-1966.

    Alexei Lazarev 1966-1974.

    Vadim Kirpichenko 1974-1979.

     

    Adjoints:

    Guennadi Borzov 1968

    Youri Drozdov 1968-1975.

     

    Directeur de la sécurité:

    Dmitri Tarasov 1953-1974

     

    Chef du 1er département: Nikolaï Bagrishev -1975.

     

    Direction RT (Renseignement depuis le territoire soviétique):

    Viktor Vladimirov (Sans doute de 1972 à 1977).

     

     

    Service « A » (« Mesures actives »- désinformation.)

    Ivan Agayants 1959-1967.

    Sergey Kondrashev 1968-1969

    Nikolai Antonovitch Kossov 1969-1973 environ

    Vladimir Petrovitch Ivanov 1975 environ, toujours en poste en 1982

     

    Adjoint

    Vassili Sitnikov 1959-

    Sergey Kondrashev 1962-

     

    Adjoint du chef, Chef de la section contre-espionnage

    Grigori Grigorenko 1959-1962

     

    Chef de la section OTAN

    Vassili Sitnikov Années 60

     

     

     

    1er Service (Analyse)

    Philippe Skriagine 1962-1964

    Fedor Ivanovitch Vidyasov -1968

    Andrey Semionovitch Smirnov 1968-1973.

    Nikolai Sergeyevitch Léonov 1973-1984

     

    Adjoint

    Vassili Sitnikov Années 60

     

    Chef du Département Amérique Felix Vidyasov Années 60

     

    14 ème département puis 2ème Service (Contre-espionnage extérieur et sécurité) à partir de 1965 (Rassemble les départements 14 et 9). Devient en 1973 la Direction « K »

    Vladimir Klimkine 1954-1962.

    Anatoli Goussakov 1962?-1964

    Alexey Krokhine 1964-1965.

    Grigori Grigorenko 1965-1970

    Vitaly Boyarov 1970-1973

    Oleg Kalouguine 1973-1979

     

    Aide du chef

    Boris Kopeyko 1971

     

    Adjoints:

    Sergey Kondrashev 1972 (Amérique du Nord).

    Oleg Kalouguine 1970-1973

    Nikolaï Lissenko 1973

    Arkadi Fabritchnikov -1974, supervision du travail contre les services de renseignement européens, les organisations nationalistes et les organisations d' émigrés russes liées aux services secrets étrangers.

    O.P.Seliskov 1975.

    Nikolaï Lukov 1977

    V.N. Kosterine 1978.

     

    Chef de la section « Moyen-Orient »: Viktor Sherkashine 1970-1971

    Chef de la section « Amérique du Nord »: Vladimir Mednis 1970-1971

    Chef de la section d' analyse et d' information:?

    Adjoint du chef de la section d' analyse de l' information: Vladimir Mednis 1973-1976.

     

    1er Département (USA et Canada)

    Boris S.Ivanov 1960-1962

    Nikolai Kulebiakine Années 60 (1962?-

    Vladimir Kazakov -1967

    Mikhaïl Polonik 1967-1968

    Anatoly Kireyev 1969-1974.

    Vladimir Kazakov 1974-1979

     

    Adjoint: Dmitri Yakoushkine 1969-1971

     

    Département Amérique Latine (Devenu à une date inconnue le 2ème département).

    Sergey Antonov 1960-1964.

    Nikolaï Ivanovitch Voronine? 1964-

    Vladimir Tolstikov 1976.

     

    Adjoint: Nikolaï Léonov 1968-1971.

     

    Chef de la section Cuba: Nikolaï Léonov 1960-1961

     

     

    3ème Département (Grande-Bretagne et pays scandinaves)

    Le Directeur du 3ème département fut viré suite à la défection de Oleg Lyaline, et remplacé par Dmitri Yakushkine.

    Ivan Grigoriev? 1963.

    Dmitri Yakushkine 1971-1975

    Nikolai Grushko 1975-1980.

     

    Adjoint chargé de la supervision de la Grande-Bretagne

    Mikhaïl Liubimov 1974-1976.

     

    Adjoint chargé de la supervision des pays scandinaves

    Viktor Groushko 1972-1975

     

    4ème Département. (RDA, RFA et Autriche)

    Sergey Kondrashev -1968.

    Elisei Tsinitsine Mai 1968-avril 1969

     

    Adjoint

    Ivan Ierofeïev 1971.

     

    Chef de la section Allemagne: Evgueni Chichkine 1969-1971

    Adjoint du chef de la section Allemagne: Evgueni Chichkine 1967-1969

     

    5ème Département (Europe romaine)

    Vladimir Bulnik 1954-1963

    Vassili Vlassov Années 60

    Andrey Vassilievitch Krassavine -1971.

    Mikhail Tsymbal 1971.

    Nikolai.N.Tchetverikov 1974

    Anatoly Ivanovitch Lazarev Date inconnue,sans doute deuxième moitié des années 70

     

    6ème département.

     

    Chef de la section Chine: Nikolaï Goussev Octobre 1964-Juin 1967.

     

     

    7ème Département

    Vassili Startsev 1957-1970

    Nikolaï Kaliagine 1972

     

    Département Moyen-Orient (Sans doute 8ème département).

    Yakov Medianik 1962-1966

     

    Département Afrique (1960 à 1965)

    Arkadi Kulikov 1960-

     

    Adjoint: Vadim Kirpichenko Août 1960- Février 1962.

     

    Le Département Afrique est séparé en deux en 1965:

     

    Afrique francophone

    Vadim Kirpichenko 1967-1970

     

    Chef de la section Angola: Oleg Nazhetskine 1975

     

    Afrique anglophone.

     

     

    Géorgi Pokrovsky a été à un moment chef du Département Afrique dans les années 70 semble-il, mais impossible de déterminer si c'est la section Afrique francophone ou la Section Afrique anglophone.

     

    8ème département.

     

    Chef de la section Iran: Anatoli Lezhnin 1976

     

    10ème département (Renseignement scientifique et technologique) devenue la Direction « T » en 1974

     

    Léonid Kvasnikov 1954-1963.

    Mikhaïl Lipatov 1969-1975

    Léonid Zaïtsev 1975-1992.

     

    Adjoint: Valentin Revin 1975-1979

     

    Chef de la Section Chimie: Nikolaï Karpekov 1962-1966

     

    11ème département (Liaison avec les pays socialistes). Du 15.11.1966 au 24.07.1968, le 11ème département de la PGU devient le 11ème département du KGB, avant de redevenir en juillet 1968 le 11ème département de la PGU).

    Elisei Tsinitsine 1957-1962

    Vladimir Burdine 1967-1982

     

     

    13ème Département (Devenu en 1965 Département « V »; réformé en 1971, et incorporé à la Direction des illégaux en 1976)

    Ivan Anissimovitch Fadeikin 1956-1962.

    Boris Nikolaievitch Rodine 1963-1965

    Boris Semionovitch Ivanov 1965-1966

    Viktor Mikhailovitch Vladimirov 1966-1970.

    Nikolai Pavlovitch Gussev 1970-1973

    Alexandre Viktorovitch Kisseliev 1973-1985.

     

    Adjoints

    Alexey Savine 1970

     

     

    Dans les années 70 la structure de la PGU KGB était:

     

    Direction de la PGU

    Adjoints du directeur charges des régions (Continent américain; Europe; Asie; Afrique et Moyen-Orient; etc..)

    Collégium

    Secrétariat

    Service du personnel

     

    Directions autonomes:

    -Direction "S" (Illegaux)

    -Direction "T" (Renseignement scientifique et technique)

    -Direction "K" (Contre-espionnage exterieur)

    -Technologie

     

    La Direction « S » avait la structure suivante:

     

    Le Chef de département et quatre adjoints

    -Section 1, l' élite des illégaux

    -Section 2, documentation et mise au point des « légendes »

    -Section 3, sélection et préparation des illégaux

    -Section 4, Amériques

    -Section 5, Europe de l' Ouest

    -Section 6, Chine, Japon, et Asie du Sud-Est

    -Section 7, Afrique du Nord, Proche-Orient et Indonésie

    -Section 8 (créée en 1976), sabotages

    -Section 9, Sécurité interne

    -Section 10, travail à partir du territoire soviétique.

     

    Sections autonomes:

    -1ere (analyse)

    -"A" (mesures actives)

    -"R" (Renseignement et analyse)

    -Chiffreur

     

    Sections géographiques:

    -USA/Canada

    -Amérique Latine

    -Angleterre et Europe du Nord

    -Europe du Sud

    -Moyen-Orient

    -Proche-Orient

    -Asie du Sud-Est

    -Afrique francophone

    -Afrique anglophone.

    -Asie centrale

     

    En 1968 est créé le 16ème département de la Première Direction Principale, chargé de l' interception électronique. C'est vers 1969 que est créé la Direction « I » (Informatique).

     

    Le département « V » (Opérations spéciales) sera fortement secoué par la défection en 1971 de Oleg Lyaline; il faudra attendre 1974 pour que il redevienne opérationnel. Par instruction n°0046 du 12.04.1976 le Département « V » devient le 8ème département de la Direction des illégaux.

     

    En 1977, le 7ème Département de la Première Direction Principale perd l' Inde, le Pakistan, le Bangladesh, la Birmanie, le Sri-Lanka et le Népal, qui sont transférés à un nouveau 17ème département, chargé du sous-continent indien; tandis que le Laos et le Cambodge sont transférés au 6ème Département. Le 7ème département conserve donc: le Japon, la Thaïlande, Singapour, la Malaisie, et établit une antenne sous couverture diplomatique à Manille suite à la reconnaissance diplomatique entre l' URSS et les Philippines en 1976.

     

    Enfin, est créé en 1978 le 19ème département (émigration), qui auparavant dépendait de la Direction du Contre-espionnage; et en 1979 le 20ème Département (Contacts avec les services de sécurité des pays en développement).

     

    En 1984, le "1er service" (analyse) devient la Direction analyse-information (Direction « RI »).

     

     

     

     

     

    Début des années 80, la structure du PGU KGB URSS est la suivante:

     

    Directeur de la Première Direction Générale

    Adjoints du Directeur (Zones géographiques)

     

    Direction « T » (Renseignement scientifique et technologique)

    Direction « K » (Contre-espionnage et sécurité)

    Direction « I » (Informatique)

    Direction « R » (Planification et analyse du travail)

    Direction « RT » (Opérations depuis l' URSS)

    Direction « S » (Illégaux)

    Service « A » (Mesures actives)

    « 1er Service » (Devenu la « Direction RI » en 1984). (Analyse)

    École 101, Institut Andropov à partir de 1984 (Formation).

    Service des cadres

     

    1ere Département, USA et Canada

    2eme Département, Amérique Latine

    3eme Département, Grande-Bretagne, Australie, Nouvelle-Zelande, Scandinavie

    4eme Département, RDA, RFA, Autriche

    5eme Département, France, Bénélux, Espagne, Portugal, Grèce, Yougoslavie, Albanie, Roumanie, Italie, Suisse.

    6eme Département, Chine, Vietnam, Laos, Cambodge, Corée du Nord

    7eme Département, Thailande, Indonesie, Japon, Malaisie, Singapour, Philippines

    8eme Département , pays du Proche-Orient non arabes, Israel, Afghanistan, Turquie et Iran compris

    9eme Département, pays anglophones d'Afrique (Afrique du Sud, Botswana, Ethiopie, Gambie, Ghana, Kenya, Libéria, Malawi, Maurice, Namibie, Ouganda, République-Unie de Tanzanie (y compris Zanzibar), Seychelles, Sierra Leone, Soudan, Swaziland, Zambie et Zimbabwe sauf Egypte)

    10eme Département, pays francophones et lusophones d'Afrique (Îles du Cap Vert, Guinée Bissau, São Tomé & Principe, Angola et Mozambique)

    11eme Département contacts avec les pays socialistes

    15eme Département, archives et registre

    16eme Département, renseignement électronique, et opérations contre les chiffres des pays étrangers

    17eme Département, Inde, Sri Lanka, Pakistan, Népal, Bangladesh, Birmanie

    18eme Département, pays arabes du Moyen-Orient et Egypte

    19eme Département, émigration

    20 eme Département, contacts avec les pays en développement.

     

     

    Les chefs de Départements sont donc à partir de 1977:

     

    École 101 (Devenu en 1984 l' Institut Andropov)

    Ivan Zaytsev 1973-1986 (décédé)

    Géorgi Orlov Juillet 1986- Août 1991

     

    Service des cadres.

    Nikolaï Nazarov Fin des années 70- début des années 80.

     

    Direction « N » (Illégaux)

    Vadim Kirpichenko 1974-1979

    Youri Drozdov 1979-1991

    Youri Juravlev Mai 1991-

     

    Adjoint:

    Marius Yuzbachian -1978.

     

    Directeur de la sécurité:

    Boris Solovov 1982.

     

     

    Direction « R »

    Nikolaï Kossov? Années 80.

     

    Adjoint

    Nikolaï Kossov 1982

    Léonid Shebarshine Mars 1983-Novembre 1983.

     

     

    Direction « I »

    Valentin Revin novembre 1979-

     

    Direction « T » (Renseignement Scientifique et technologique)

    Léonid Zaytsev 1975-1992.

     

    Adjoint: Valentin Revin Juin 1975-Novembre 1979

     

    Chef de la 4ème section (Analyse) : Vladimir Dementiev 1982.

    Chef de la 7ème section (Semble-il, renseignement depuis l' URSS): Youri Zevakine 1987.

     

    Direction « RT » (Renseignement depuis le territoire soviétique).

    Viktor Petrov 1987

     

    Chefs de la 3ème section:

    B. Golovanov 1987.

    Colonel V. Mavreyev 1989.

     

    Adjoint: Colonel Krabu 1989.

     

    Chef de la section Amérique: Viktor Sherkashine 1987-1991

     

    Direction « K » (Contre-espionnage extérieur et sécurité de la Première Direction Principale du KGB).

    Oleg Kalouguine 1973-1979

    Anatoly Kireyev 1979-1987.

    Leonid Nikitenko 1987-1990 (Décédé au Brésil)

    Valentin Petrovitch Novikov 1990-?

     

    1ère Section: Affaires américaines; 5ème Section: Sécurité intérieure.

     

    Adjoints du Directeur de la Direction « K ».

    V.N.Kosterine 1978.

    Alexandrov 1981.

    Nikolaï Lukov 1977.

    Sergey Golubev 1985-

     

    Chef de la 4ème section: E.K. Elentsev 1986

    Adjoint du chef de la 4ème section: E.K. Elentsev 1984

     

    Chef de la 5ème Section:

    Sergey Golubev 1978-1985.

    Viktor Budanov 1985-

     

    Adjoint du chef de la 5ème section: Vitaly Yourchenko (1980-janvier 1985)

     

    Chef de la 7ème section: ?

    Adjoint du chef de la 7ème section: I Sharov 1988.

     

    1er Service, devenu en 1984 la Direction d' analyse de l' information. (Direction RI).

    Nikolaï Leonov 1973-1984

    Vladimir Khrenov 1984-1991 (Décédé)

    Mikhaïl Mikhaïlov 1991-

     

    Adjoints.

    Léonid Chebarchine Novembre 1983-Avril 1987.

    Viatcheslav Gurguenov Mi-1985.

    Lolly Zamoyski 1985.

    Mikhaïl Mikhaïlov -1991 (Spécialiste Europe de l' Est)

     

    Service « A » (Désinformation)

    Vladimir Petrovitch Ivanov 1975, toujours en poste en 1982

    Léonid Alexeïevitch Makarov 1989-1991

     

    Adjoint:

    Lev Sotskov 1978

    M.A.Krapivin 1981.

    Lev Sotskov 1987.

    V.N. Kosterine 1978

     

    Chef de la 3ème section: Youri Rikhlov

    1ere Département, USA et Canada

    Vladimir Kazakov 1974-1979

    Youri Linkov-1982.

    Dmitri Yakoushkine 1982-1986

    Anatoly Flavnov ou Stanislav Androsov ensuite?

    Vyatcheslav Trubnikov 1991

     

    Adjoints (En 1985, le Directeur du 1er Département a trois adjoints)

    Alexandre Lebedev -Fin 1985 (Viré avec Yakoushkine suite à la défection de Vitaly Yourchenko)

    Vitaly Yourchenko Janvier 1985-Août 1985.

    Youli Kobiakov Fin des années 80.

     

    Chef de la section Amérique:

    Gennadi Serebriakov vers 1981-1982.

    Peut-être Anatoly Flavnov 1986.

     

    2eme Département, Amérique Latine

    Boris Kolomyakov 1982.

     

    3ème Département, Grande-Bretagne, Australie, Nouvelle-Zelande, Scandinavie

    Viktor Grushko 1975-1980.

    Guennadi Titov 1980-1984.

    Nikolai Gribine 1984-

     

    Adjoint du chef du 3ème département pour la Finlande et les pays scandinaves:

    Oleg Gordievsky 1978-1982

    Albert Akulov 1982-1984

     

    Adjoint du Chef du 3ème département pour le Royaume-Uni.

    Dmitri Svetanko 1980.

     

    Chefs de la section Grande-Bretagne:

    Igor V. Titov Fin des années 70.

    Ravil Pozdniakov 1982-1985

    Igor V. Titov 1985.

     

     

    4ème Département, RDA, RFA, Autriche

     

    Chef de la section Allemagne:Ivan Gromakov 1982-1987.

     

    5ème Département, France, Bénélux, Espagne, Portugal, Grèce, Yougoslavie, Albanie, Roumanie, Italie, Suisse.

    Valentin Borisovitch Lvov 1982

    Vitaly Margelov 1987.

     

    6ème Département, Chine, Vietnam, Laos, Cambodge, Corée du Nord

    Stanislav Androsov -1982.

     

    Chef de la Section Chine: Mikhaïl Tourchak 1981-

     

    7eme Département, Thaïlande, Indonesie, Japon, Malaisie, Singapour, Philippines

    Anatoly Babkine 1977

    Vladimir Khméliev 1982 (minimum)-1985

     

    Chef de la section Japon: Vladimir Pronnikov 1975-

     

    8eme Département , pays du Proche-Orient non arabes, Israel, Afghanistan, Turquie et Iran compris

    Mikhail Polonik 1979 (minimum)-1982

    Viktor Spolnikov 1982-

     

    Adjoint:

    Lev Kostromine 1979.

     

     

    9eme Département, pays anglophones d'Afrique

    Vladimir Illitch Gorovoy 1982.

    Vladimir Nikolaievtch Ivanov 1990.

     

    10eme Département, pays francophones et lusophones d'Afrique

    Alexandre Chelenkov 1982

     

    11eme Département contacts avec les pays socialistes

    Vladimir Burdine 1967-1982.

    Nikolaï Kaliagine 1982- 1985 environ.

     

    Liaison avec la STASI: Nikolaï Kaliagine -1982.

    Chef de la section Pologne : Ninel Tarnavsky Fin des années 70 ou début des années 80.

     

    15eme Département, archives et registre

    Alexandre Belozerov 1991 minimum-jusque 1997.

     

    16eme Département, renseignement électronique, et opérations contre les chiffres des pays étrangers

    Andrey Krassavine 1971-1979

    Guennadi Lapchine 1982

     

    17eme Département, Inde, Sri Lanka, Pakistan, Nepal, Bangladesh, Birmanie

    Konstantin Nikishchov 1982.

    Guennadi Vaulin 1982-

    Viatcheslav Trubnikov 1990

     

    18eme Département, pays arabes du Moyen-Orient et Egypte

    1982, sans doute Alexandre Koulik ancien rézident Le Caire 1974-

     

    Adjoint: G.P. Kapustyan 1979

     

     

    19eme Département, émigration

    Romualdus Marsikus 1989-

     

    20 ème Département (Créé en 1979), contacts avec les pays en développement.

    Boris Voskoboyikov 1982.

     

  • Wikileaks, une grave atteinte à la sécurité nationale US, à la sécurité internationale et à la protection du secret

    Wikileaks n' aura eu de cesse de susciter la polémique: Après avoir diffusé nombre de documents classifiés relatifs aux opérations militaires US en Irak et en Afghanistan, le site vient de s' illustrer par la divulgation de plusieurs centaines de milliers de câbles diplomatiques US. C'est ce que cet article s' efforcera d' examiner.

    Primo, les journalistes paraissent avoir été surpris par le travail de « renseignement » mené par les diplomates US en poste dans le monde, sans pour autant recourir aux méthodes de la CIA ou de la NSA. Ce n'est pourtant pas une nouveauté: Une telle fonction ressort très clairement des câbles déclassifiés aux USA, sur la base de la loi FOIA (Freedom of Information Act), dont Vincent Nouzille a effectué une synthèse de qualité, dans son livre en deux tomes « Des secrets si bien gardés », relatifs à la vision qu' avaient la CIA et le Département d' État de la France depuis la deuxième moitié du XX ème siècle. Il serait intéressant de voir, à ce sujet, les méthodes des diplomates français, iraniens, russes, suèdois, chinois etc...

    Secundo, il serait inexact, et même complètement faux, de réduire cette liste de câbles à une série d' anecdotes sur les portraits psychologiques des gouvernants et à des « secrets de Polichinelle ».

    Les 251287 câbles dévoilés sont extrêmement divers, aussi bien au niveau de leur degré de confidentialité (Le niveau de sécurité le plus élevé est « confidentiel ») que quant à leurs origines (pas moins de 140 représentations US dans le monde, ainsi que du QG du Département d' État lui-même) et leur contenu. Le nombre de câbles varie selon les ambassades : Aucun en provenance de l' ambassade US à Athènes; un seul de la représentation US à l' ONU New York; quelques uns des ambassades de Kiev, Beijing, Beyrouth, Alma Ata, Bangkok, Prétoria, Sofia; un peu plus des ambassades de Buenos Aires, Bogota; beaucoup plus en provenance des ambassades de Londres et Paris.

    Les sujets abordés sont extrêmement divers, et il serait beaucoup trop long de tous les indiquer. Citons entre autres la situation politique locale en Argentine et en Ukraine; le soutien du Vatican au dialogue entre l' UE et Cuba, et la volonté du Saint-Siège que les USA mettent fin à leurs actions unilatérales contre le régime de La Havane; la corruption au Kazakhstan; les relations économiques entre la République Populaire de Chine et les USA, ainsi que les problèmes de Google en Chine; le Hezbollah au Liban; le suivi des programmes ballistiques et nucléaires nord-coréens et iraniens; les échanges de points de vue entre officiels US et saoudiens sur l' Iran etc...

    Une fois encore, il serait faux de voir dans les câbles seulement des « secrets de Polichinelle » ou une longue série d' anecdotes. Ces câbles dévoilent des informations, parfois, extrêmement sensibles. Citons quelques exemples extraits des câbles:

    -La coopération, plus poussée que l' on ne pourrait penser, entre les USA et la Russie quant aux problèmes de la Corée du Nord et de l' Iran, est bien illustrée par un document de décembre 2009. Ce document dévoile entre autres les efforts du FSB (Sécurité et contre-espionnage russe) pour empêcher la Corée du Nord et l' Iran de se procurer des matériaux et technologies russes pour les missiles ou dans le domaine nucléaire, ou le point de vue de la délégation russe quand au développement des programmes ballistiques iraniens et nord-coréens.

    -Un câble hautement sensible de 2009 dévoile la liste des objectifs considérés comme « stratégiques » par le Département d' État, « dont la perte pourrait avoir un impact critique sur la santé publique, la sécurité économique, et la sécurité intérieure ou nationale des États-Unis » aussi bien en Afrique que dans le Pacifique ou dans les Amériques, et beaucoup plus en Extrême-Orient et en Europe. Parmi la centaine d' objectifs et sites répertoriés, citons en exemple les mines de cobalt du Congo-Kinshasa ou la firme Baxter en Autriche.

    -Un câble daté de janvier dernier évoque une conversation entre l' envoyé spécial US et le Ministre des affaires étrangères de Corée du Sud. Ce dernier affirme à son interlocuteur que Kim Jong-Il compte aller en Chine, ayant besoin d'un soutien économique et politique chinois dans pour faire façe à une « situation intérieure de plus en plus chaotique », Le responsable de la diplomatie sud-coréenne, pour mieux illustrer son propos, indique que « un nombre non spécifié de hauts responsables de Corée du Nord ont récemment faits défection » vers le régime de Séoul » Ce câble va ainsi à l' encontre des analyses publiques estimant que le leader nord-coréen, malgré un isolement croissant et la nécessité de l' aide internationale civile pour maintenir son pouvoir, contrôlerait toujours la situation.

    -Enfin, un câble retranscrit la discussion entre un sénateur US et le Directeur du Mossad, Meir Dagan sur le problème iranien ainsi que sur les djihadistes en Irak, résumée dans un câble de mars 2010. Comme l' indique Meir Dagan, qui à la date du câble était encore Directeur du Mossad (Il a été récemment remplacé par Tamir Fredo) des djihadistes originaires d' Ouzbékistan, de Syrie, du Yémen et d' Ouzbékistan sont retournés dans leur pays après avoir combattus en Irak, ce qui ne manque pas d' inquiéter. Information tout aussi intéressante contenue dans ce câble, « Le Mossad n' a pas d' informateurs en Irak, à part des relations avec les kurdes, car ce qui intéresse en premier le Mossad, c'est l' impact des djihadistes quand ils retourneront dans leur pays, par exemple la Jordanie ou l' Arabie Saoudite ». Et M. Dagan d' ajouter que si l' Égypte et la Jordanie sauront gérer une telle situation, il est moins confiant pour le Liban, le Soudan, l' Arabie Saoudite, et (surprise!) la Syrie (NDA: pays qui, pourtant, avait lutté avec une grande efficacité, au prix de méthodes assez contestables, contre des groupuscules terroristes tels que les Frères musulmans).

    La diffusion de ces informations, d'une criante actualité, et ce sans aucun filtre, ne peut que faire des dégâts, à la diplomatie US en premier lieu, mais aussi pour les personnes ayant échangées leurs informations avec les diplomates de la première puissance mondiale: Le contenu même de ces câbles offre à tout service secret, réseau diplomatique etc..., ami comme ennemi des USA, un avantage incomparable: Ainsi, ils découvrent ce que les USA savent, ne savent pas ou croient savoir sur les questions sociales, politiques, nucléaires etc... Une occasion en or. Par exemple le Président de la Fédération de Russie a publiquement exigé du SVR une analyse sur le contenu des câbles Wikileaks. Partant de ces informations, en connaissant ainsi les points forts comme les faiblesses des USA, il ne sera pas difficile à des États malveillants, par exemple la Corée du Nord, de diffuser de la désinformation pour tromper l' adversaire, voire même reproduire, à partir des câbles, de faux documents. Wikileaks leur en fournit en vrac. Mais surtout, les points de vues, informations, de personnalités étrangères, sont clairement reproduites. Ensuite, ce sont des conversations diplomatiques parfois secrètes qui sont dévoilées. Ainsi, il est possible de savoir comment les diplomates US jugent tel où tel décideur politique ou institutionnel. Enfin, ces câbles ont été diffusés sans consentement de l' État concerné, les USA, et au mépris des règles posées par la Loi FOIA, laquelle fait pourtant partie des lois les plus libérales au monde quant à la déclassification de documents. Tout aussi grave, la diffusion du fameux câble de 2009 sur les infrastructures sensibles à travers le monde est une liste extrêmement complète. Sa diffusion ne peut que faciliter le travail des organisations terroristes, en sachant quels sont les sites les plus sensibles, et dont l' attaque ou la destruction auraient le plus d' impact.

    Devant une telle profusion, certains médias et personnes se sont empressés de parler de « montage » mené par les USA, d'une espèce de « complot », basé sur un simple argument: Comment se fait-il que Wikileaks ne soit poursuivi que si tardivement, alors que le site n' avait pas hésité, déjà, à publier des informations classifiées, et compromettantes pour l' administration US, sur les guerres en Afghanistan et en Irak? Et aussi, comment se fait-il que autant de câbles diplomatiques (Plus de 200000!) soient disponibles sur le site? Il est difficile de croire que ces fuites soient le fait d'une seule personne, qui aurait transmis autant d' informations à Wikileaks (NDA: L' hypothèse que plusieurs personnes aient, soit collectivement, soit séparément, transmis leurs informations à Wikileaks paraît avoir été oubliée)! CQFD: Les USA ont laissés faire! À moins que ce ne soit un quelconque complot de leur part.

    Mais pour quelle raison? Une telle fuite impliquerait que les USA en tirent un avantage quelconque. Faire ainsi pression sur les iraniens en leur indiquant la détermination et la connaissance des USA et de certains de leurs alliés à empêcher le régime de se doter de l' arme nucléaire? Ni les USA ni l' Arabie Saoudite ne s' en sont guère cachés, et le régime de Téhéran sait pertinemment que ces pays ne lui sont guère favorables.

    De plus, non seulement, les services secrets et services diplomatiques amis et ennemis, comme indiqués plus haut, ont bénéficié d'une véritable manne d' informations, mais en plus le Département d' État s'est retrouvé dans un profond embarras devant le contenu de certains télégrammes, peu flatteurs à l' égard de nombre de décideurs politiques ou institutionnels, aussi bien français que italiens, turcs, ou russes.

    Enfin, ces câbles dévoilent nombre d' informations provenant de tiers (Russie, Arabie Saoudite, France, Israël etc...). Il est à craindre que les représentants de ces pays, mais aussi les hommes d' affaires ou hommes politiques locaux y regarderont maintenant à deux fois avant d' échanger des informations avec les diplomates US, de crainte que ces dernières ne finissent sur la place publique..

    En conclusion, les USA, sur le long terme, auront tout intérêt à revoir leurs procédures de sécurité, qui ont peut-être été défectueuses. Sur le moyen terme, si il convient de poursuivre les personnes qui ont, sciemment ou non, transmis ces informations, directement ou indirectement, à Wikileaks, les gestionnaires, administrateurs, membres du site, en dévoilant publiquement, et de manière irresponsable, les câbles, ont leur part de responsabilité et se doivent d' être poursuivis. À ce sujet, deux sénateurs de la Commission du renseignement du Sénat US ont officiellement demandés le 02.12.2010 au Procureur général des États-Unis de poursuivre Julian Assange, fondateur de Wikileaks, pour espionnage, se fondant sur la section 793 de l' Espionnage Act.

    Pour terminer, à titre uniquement anecdotique, les médias français, qui se sont empressés de relater le « cablegate », ont pour la majorité d' entre eux oubliés de relater le contenu d'un câble de l' ambassade US à Paris en date de janvier 2007 qui ne leur est guère favorable: « Top French journalists are often products of the same elite schools as many French government leaders. These journalists do not necessarily regard their primary role as to check the power of government. Rather, many see themselves more as intellectuals, preferring to analyze events and influence readers more than to report events.The private sector media in France - print and broadcast - continues to be dominated by a small number of conglomerates, and all French media are more regulated and subjected to political and commercial pressures than are their American counterparts. The Higher Audio-Visual Council, created in 1989, appoints the CEOs of all French public broadcasting channels and monitors their political content. »

    Joint en Annexe:Lettre de deux sénateurs de la Commission du renseignement du Sénat US demandant que Julian Assange soit poursuivi pour espionnage

     

    Press Release of Intelligence Committee

    Feinstein-Bond Ask Attorney General to Prosecute WikiLeaks Founder Julian Assange for Espionage

    Contact: Phil LaVelle (Feinstein) or
    Gil Duran (Feinstein) 202-224-9629 begin_of_the_skype_highlighting              202-224-9629      end_of_the_skype_highlighting
    Shana Marchio (Bond) 202-224-0309 begin_of_the_skype_highlighting              202-224-0309      end_of_the_skype_highlighting

    Friday, December 3, 2010

     

    WASHINGTON, DC – U.S. Senators Dianne Feinstein (D-Calif.), chairman of the Senate Intelligence Committee, and Christopher (Kit) Bond (R-Mo.), vice chairman of the committee, asked Attorney General Eric Holder to prosecute WikiLeaks founder Julian Assange for espionage. Following is their letter to the attorney general:
     
    December 2, 2010
     
     
    The Honorable Eric H. Holder, Jr.
    Attorney General
    United States Department of Justice
    Washington, D.C. 20535
     
    Dear Attorney General Holder:
     
              We respectfully urge the Department of Justice (DOJ) to take action to bring criminal charges against WikiLeaks founder Julian Assange and any and all of his possible accomplices involved in the unauthorized possession and distribution of vast quantities of classified and unclassified material from the U.S. government.  The unauthorized release of this information, including the recent release of approximately 250,000 State Department documents, is a serious breach of national security and could be used to severely harm the United States and its worldwide interests. 
     
    On Saturday, before the latest disclosures by WikiLeaks, the State Department’s legal adviser, Harold Koh, wrote Mr. Assange telling him that if he were “genuinely interested in seeking to stop the damage” from his actions he should: (1) ensure WikiLeaks ceases publishing any and all such materials; (2) ensure WikiLeaks returns any and all classified U.S. Government material in its possession; and (3) remove and destroy all records of this material from WikiLeaks' databases.  As we know, Mr. Assange failed to take these actions, and instead proceeded to release these documents to the world at large.
     
    We appreciate your statement earlier this week that DOJ has an “active, ongoing, criminal investigation” with regard to the WikiLeaks matter.  We also understand that Private First Class Bradley E. Manning – who may have been involved in disclosing the most recent set of documents provided to WikiLeaks – has already been charged in military court with eight violations of federal criminal law, including unauthorized computer access and transmitting classified information to an unauthorized third party in violation of a section of the Espionage Act, 18 U.S.C. 793(e).
     
    Section 793(e) of the Espionage Act states:
     
    Whoever having unauthorized possession of, access to, or control over any document, writing, code book, signal book, sketch, photograph, photographic negative, blueprint, plan, map, model, instrument, appliance, or note relating to the national defense, or information relating to the national defense which information the possessor has reason to believe could be used to the injury of the United States or to the advantage of any foreign nation, willfully communicates, delivers, transmits or causes to be communicated, delivered, or transmitted, or attempts to communicate, deliver, transmit or cause to be communicated, delivered, or transmitted the same to any person not entitled to receive it, or willfully retains the same and fails to deliver it to the officer or employee of the United States entitled to receive it … Shall be fined under this title or imprisoned not more than ten years, or both. 
     
    Courts have interpreted “information relating to the national defense” to include classified and unclassified material.   We believe that Mr. Assange’s conduct is espionage and that his actions fall under the elements of this section of law.  Therefore, we urge that he be prosecuted under the Espionage Act. 
     
    If Mr. Assange and his possible accomplices cannot be charged under the Espionage Act (or any other applicable statute), please know that we stand ready and willing to support your efforts to “close those gaps” in the law, as you also mentioned this week.  Thank you very much for your attention to this matter.
     
    Sincerely,
     
     
    Dianne Feinstein                              Christopher S. Bond
    Chairman                                           Vice Chairman