Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les expulsions de 1985

Comme le rappele la BBC dans son édition du 14.09.2007,il y a exactement 22 ans,le 14.09.1985,le Gouvernement de Sa Majesté invita 25 soviétiques en poste a Londres,aussi bien des journalistes que des "diplomates",en fait tous présumés membres du KGB et du GRU,de quitter le territoire britannique.Ses expulsions font suite a la déféction au profit du MI6 de Oleg Gordievsky.

1e5264760a7f1c71b8d823bb3aa47189.jpgOfficier du KGB,Gordievsky a fait toute sa carrière au sein du renseignement extérieur,a la Division des Illégaux puis au sein du 3ème Département,chargé de la Grande-Bretagne et des Pays Scandinaves. C'est au cours d'une mission a l'étranger,en 1966 a Copenhague,que il sera recruté par le contre-espionnage danois,qui le transmet a Robert Francis Browning,le chef du MI6 a Copenhague en 1974.Puis il arrive a la station du KGB a Londres,en tant que chef de la section du renseignement politique,jusqu'a être nommé chef de la station en janvier 1985,puis soudain rappelé a Moscou en mai et accusé de trahir au profit du MI6. C'est d'URSS que la station du MI6 de Moscou réussit a le faire exfiltrer,infligeant au passage une humiliante défaite au KGB.

  Les soviétiques répondent en déclarant "persona non grata" 25 britanniques.L'étude de la liste des britanniques expulsés a permis de découvrir un détail que n'ont pas relevés les journaux de l'époque: Parmi les représentant de Sa Majesté invités a quitter Moscou dans les plus brefs délais,se trouvent deux personnes officiellement 1er secrétaires de la section politique de l'ambassade britannique de Moscou: Il s'agit de Andrew Gibbs et de Raymond Asquith. Il a été établi que en réalité Gibbs était .....le chef du SIS a Moscou,et Asquith son adjoint.

3f7b26d7efb7032e6265ee39fae6b7c6.jpg1ba0c7c14a75e964da4340f8c869d9f4.jpg  A gauche,Andrew Gibbs.A droite,Raymond Asquith.

Ironie de l'histoire,c'est ,selon  la légende,Asquith qui aurait fait exfiltrer Gordievsky en le planquant dans le coffre de sa voiture.Cela n'a pas empêchéle duo de faire carrière au sein du MI6 ensuite: Asquith a travaillé a la fin des années 80 au sein de la section Irak au quartier général du MI6.Son nom est d'ailleurs apparu au sein du scandale "Matrix Churchill" (Trafic d'armes britanniques vers l'Irak qui avait été infilitré par MI-5 et MI-6 pour ainsi obtenir des informations sur les filières d'approvisionnement en armes de 'Irak), puis a dirigé le poste du MI6 a Kiev en 1992. Gibbs a été nommé vers 1987 chef de l'antenne du SIS a Prétoria,en Afrique du Sud,et il a récémment dirigé un autre poste du MI6 dans le monde,dans une zone plutôt sensible.Il est a noter que les noms du duo apparaissent dans la "Liste Tomlinson".

Concernant les expulsions,quelques remarques: Autant les soviétiques réagissaient plutôt mollement lors de l'expulsion de soviétiques en poste a l'étranger,et ce pour sauvegarder de bonnes relations avec les pays du monde occidental (Expulsion en 1971 de 105 soviétiques en poste en Grande-Bretagne.Le Kremlin se contentera d'expulser une dizaine de britanniques; expulsion sur demande de la DST de 47 soviétiques en poste en France en 1983;pas de représailles de la part du Kremlin)  sous Brejnev puis Andropov et Tchrnenko,autant Gorbatchev,qui s'entend très bien pourtant avec la première Ministre britannique Thatcher,réagit fermement,en déclarant "PNG" (Persona non grata) le même nombre de britanniques.Thatcher réplique en expulsant 6 soviétiques supplémentaires,Gorbatchev fait de même.Match nul, 31-31.

Les expulsions d'espions font toujours débat au sein des pays touchés par l'espionnage adverse.En effet,mieux vaut sans doute laisser un espion agir plutôt que de l'expulser,car il est identifié,connu,plus facile donc a contrôler,tandis que si on l'expulse il faut identifier son successeur,tout recommencer a zéro etc..C'est l'approche,par exemple,des officier du contre-espionnage du KGB contre la CIA durant la Guerre Froide.Il y a aussi les expulsions,soit d'officiers traitants pris en flagrant délit d'espionnage soit qu'on a des preuves qu'ils ont accomplis des actes "incompatibles avec le statut de diplomates,pour reprendre la terminologie officielle (Par exemple,a la mi-2006,une officier traitante de la CIA ,Rosanna Minchew, a été expulsée pour espionnage d'Inde ). Et enfin les expulsions massives,pour bien faire comprendre a un pays que il y en a assez de ses ingérences sur un territoire étranger,et pour faire cesser ainsi les activités du service de renseignement ennemi.par exemple,une quarantaine de diplomates russes en poste aux Etats-Unis ont été expulsés par l'administration Bush en 2001.Moscou en a fait autant,et a au passage filtré dans la presse le nom d'un des expulsés américains :Paul Holligsworth,alors chef de station adjoint de la CIA a Moscou.

Il est a noter que les expulsions"de masse" ne peuvent se faire sans le consentement du pouvoir politique. Parce que les espions sont le plus souvent des personnes agissant sous couverture diplomatique, elles représentent leur pays. Une expulsion de masse est donc un signal fort envoyé par le pays victime des agissements des diplomates ( En langage diplomatique on parle de "statut incompatible avec les fonctions de diplomate") impliquant l'accord des plus autorités.

Notons que ses expulsions peuvent aussi avoir une volonyté d'humilier. C'est ainsi que peut être interprétée l'expulsion  d'une quinzaine d'officiers du GRU agissant en Géorgie en 2006 : Les expulsions étaient faites devant les caméras du monde entier, les diplomates expulsés de manière extrêmement humiliante, et qui m'a personnellement choquée. 

 

Les commentaires sont fermés.