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Les techniques du SIS britannique

Appelé aussi SIS (Secret Intelligence Service), mais plus connu sous le nom de MI6, le service de renseignement extérieur britannique est un service a la réputation, aux opérations, succès et scandales plutôt discrets, mais qui n'en paraît pas moins être d'une grande efficacité. Deux hauts responsables des services secrets soviétiques et russes ( Rem Krassilnikov, chef du 2ème Département, chargé de lutter entre autres contre le renseignement britannique, du contre-espionnage du KGB de 1973 a 1979, et Evgueni Primakov, Chef du renseignement extérieur russe, le SVR, de 1992 a 1996) estiment que durant la Guerre Froide , et même après, ce fut un des services ennemis les plus redoutables et expérimentés. 

MI6 a aussi pour lui l'avantage d'être un service plus petit et moins bureaucratique que les grands services de renseignement, comme semble le montrer la lecture du livre de Richard Tomlinson "PLus permis de tuer" .Un service plutôt efficace, adapté aux dangers du monde et réagissant assez vite. Un des exemples les plus célèbres est l'exfiltration, malgré la surveillance du KGB, de Oleg Gordievsky, un officier du KGB , par la station de Moscou a la mi-1985 ( Chef de station: Andrew Gibbs. Chef de station adjoint: Raymond Asquith)

On remarquera que, bien plus petit que son homologue US, le SIS n'en est pas moins un service efficace. Une attention particulière est prêtée a la couverture des officiers traitants en poste dans les ambassades a l'étranger, beaucoup plus fiables que celles de leurs homologues de la CIA. Si on vera jamais un chef de station du SIS diriger la section information de l'ambassade ( Ils sont généralement 1er secrétaires ou conseillers) néanmoins leur identification est beaucoup plus difficile que pour les chefs de stations de la CIA. L'erreur de la CIA est d'utiliser, pour les couvertures de ses chefs de station, des titres assez fantaisistes. Par exemple, Fred Woodruff , chef de station a Tbilissi tué en 1993, était "regional affairs officer". Sauf que quand on demanda lors d'une conférence a un responsable du Département d'Etat ce que recouvraient les fonctions de cet "Officier aux affaires régionales", il ne sut quoi répondre... Le MI6 utilise au contraire des couvertures beaucoup plus solides, qui se rapprochent beaucoup plus de celles d'un authentique diplomate britannique. Mais ils n'en ont que le titre, ils n'en occupent pas la fonction. Pourquoi? Parce que MI6 depend du FCO ( Foreign and Commonwealth Office, le Ministere des affaires etrangeres britannique) donc les contacts sont plus frequents et la possibilite d obtenir des couvertures plus faciles. Au contraire, la CIA et la DGSE presentent le desavantage de ne pas etre apprecies des diplomates et de se voir par consequent attribuer des couvertures les rendant plus facilement identifiables...

Un exemple avec le chef d'une station du MI6 au Moyen-Orient en 2005 (Bien que son nom ait été dévoilé par un journal britannique récemment , précisant que cette personne a quitté MI6 pour assurer un haut poste dans le domaine de la sécurité gouvernementale britannique, je préfère ne pas dévoiler son identité ni le pays ) dont la couverture était "conseiller politique de l'ambassade". Ayant obtenu son nom et le lieu ou il a été chef de station ,restait a déterminer sa couverture dans cette ambassade. L'examen de la liste diplomatique a permis d'établir que cette ambassade britannique comptait pas moins de quatre "conseillers politiques". Conclusion, l'un ( Qui avait été précédemment identifié comme chef de station) n'avait que cette appelation de  "facade", les trois autres , authentiques diplomates, occupant des fonctions réelles.

Les stations du MI6 a l'étranger sont plus petites mais aussi , par conséquent, elles sont censées beaucoup moins "s'éparpiller" ,se centrer sur l'essentiel, bien connaître la situation locale. On est loin aussi de l'incursion forcée des politiques dans la détermination de ce que MI6 ne peut pas faire. C'est parce que on lui avait limitée , entre autres, sa marge de manoeuvre en Iran que la CIA n'a pas su prévoir la montée en puissance en 1979 des mouvements contestataires entraînant la chute du Shah et l'arrivée au pouvoir de Khomeiny. Donc un certain pragmatisme, tout en étant conscient de la nécéssité de défendre les positions britanniques, surtout que si il détermine parfois les priorités du renseignement britannique, le pouvoir politique paraît n'avoir que rarement commis l'erreur d'empêcher les activités de ses services ou de ne voulois que des renseignements allant dans le sens souhaité et non pas dans le sens inverse.

Cela n'empêche pas des ratées. Au Moyen-Orient,  restent a l'esprit les tentatives d'assassinat ratées de Nasser en 1956, ou la mauvaise évaluation des capacités dans le domaine des armes de destruction massives de l'Irak. En revanche MI6 peut être dédouané pour deux "ratées" qu'on lui a , assez injustement, mis sur le dos. La première est la Guerre des Falklands, correctement prévue par MI6 , et entre autres par le chef de station MI6 de Buenos Aires, Mark Heathcote, tout comme l'approche de troupes irakiennes a la frontière avec le Koweït en 1990. L'information est recue, analysée, remonte vers le Joint Intelligence Commitee ( chargé de la coordination des services secrets de Sa Majesté) , lequel n'en tient pas compte.... Mais MI6 pouvait-il prévoir l'invasion de l'Irak sur le Koweït même? Pas sûr. Le point de vue de Claude Silberzhan, alors Directeur de la DGSE , est très intéréssant: Il note dans son ouvrage sur ses années a la DGSE que l'opération d'annexion du Koweït paraît avoir été littéralement improvisée, comme le montrent les mouvements des troupes irakiennes par exemple . La théorie de l'ancien patron de la DGSE est que si Saddam a bien massé des troupes a la frontière koweïtienne, le but était de faire peur au Koweït, pas de l'attaquer. mais c'est en apprenant que le Koweït a rejeté ses exigeances que il décida sur-le-champ d'attaquer. Pourquoi pas? 

 Les rares informations sur les méthodes de travail du MI6 sont disponibles dans les mémoires de Richard Tomlinson ainsi que dans le rapport de Lord Butler , qui s'est entre autres penché sur le travail des services secrets britanniques en direction de l'Irak.

Le général Rem Krassilnikov ( Chef du 2ème département de la 2ème Direction Principale du KGB ,chargée entre autres de la lutte contre le MI6 sur le territoire soviétique), note lui-même le soin apporté par la station du MI6 a Moscou dans ses opérations sur le territoire soviétique. 

Contrairement a la CIA, MI6 n'est pas un service a faire étalage de son travail sur la place publique. Les scandales sont rares , discrets, et on s'efforce de les étouffer dans l'oeuf.

 Sur les cadres du SIS , enfin. MI6 a pris l'habitude de recruter ses cadres chez l'élite, parmi les personnes sortant d'universités prestigieuses telles que Oxford ou Harvard.Des personnes cultivées, parlant parfois d'autres langues étrangères, qui représentent "la crème de la crème" britannique et sont donc moins susceptibles de "passer a l'ennemi" ( du moins en théorie, les universités britanniques ayant aussi été touchées dans les années 30 par l'attirance du modèle communiste. L'un d'eux , a la solde du renseignement extérieur soviétique, occupera de hauts postes au sein du SIS avant de passer en URSS en 1963. Il s'agit de Kim Philby.). Par exemple, prenons le diplômé de Oxford Terence O'Brian Tear .Entré au MI6, il y fut Chef de station a Moscou de 1952 a 1954 puis chef de station a Berne dans les années 70 ou son plus beau succès fut le recrutement de Vladimir Rezun, un officier du GRU). Ou plus récémment David Spedding, qui fit l'essentiel de sa carrière au sein de MI6 au Moyen-Orient (exception pour un bref séjour a la station de Santiago du Chili de 1972 a 1974, en plein coup d'Etat de Pinochet, puis a la tête de la Division irlandaise du MI6 de 1981 a 1983) après être sorti du Hertford College de Oxford. Toutefois, menace terroriste obligeant, MI6 a dû plus s'ouvrir sur le monde extérieur au niveau du recrutement de ses cadres. sont particulièrement prisées les personnes parlant russe, chinois, arabe, ou perse. MI6 a donc dû s'ouvrir aux minorités ethniques pour avoir en son sein des cadres parlant des langues assez rares.. La situation est si urgente que une annonce publique en ce sens a été passée a la BBC. Nul doute que le Service de James Bond saura s'adapter aux nouvelles menaces, en coopération avec les différents services secrets de Sa Majesté (MI5, GCHQ, DIS, SOCA ,SAS)

 

Adresse Internet du SIS: http://www.sis.gov.uk/

 

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