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  • Rapport de la Direction Centrale des Renseignements Généraux sur les vulnérabilités ou agressions économiques hostiles

    Publié en novembre 2006, ce rapport de la Direction centrale des Renseignements Généraux s'est penché sur les cas d'agressions ou de vulnérabilités d'entreprises. Ce rapport de six pages détaille les différentes méthodes utilisées (En indiquant leur fréquence). Un rapport très intéréssant, disponible ici

  • Réorganisation des services secrets francais

    Est ici repris l'article du blog Problematiques.fr, publié par Frank Strass sur la réorganisation des services secrets franacais, dans le cadre du Livre Blanc sur la défense qui a été présenté aujourd'hui au Président Nicolas Sarkozy.

    Selon cet organigramme, la principale innovation est la création d'un Conseil National du Renseignement (CNR) qui sera chargé de centraliser les renseignements venant aussi bien de Ministère dont ne dépend aucun service ( Ministère des affaires étrangères, Ministère de l'économie et de l'industrie) que de structures qui auront au CNR un accès direct (Le Secrétariat général de la Défense Nationale; le Premier Ministre; Le coordinateur du renseignement auprès du secrétariat général du Président de la République). Les services de renseignement ou de sécurité se devront de passer par leurs Ministères traditionnels , qui fera office de "filtre", pour faire remonter les informations jusqu'au CNR. Tel est le cas pour la toute nouvelle DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) du Ministère de l'Intérieur, conséquence de la fusion entre les Renseignements Généraux (Information du gouvernement sur les extrémistes, les conflits, la situation intérieur politique, économique, sociale, lutte antiterrorisme) et la Direction de la Surveillance du Territoire (Lutte contre l'espionnage, le terrorisme, protection des secrets) que, au sein du M%inistère du Budget pour le TRACFIN (Cellule de lutte contre le blanchiment d'argent) ou la Direction Nationale de Recherche et d'Enquêtes Douanières, ou enfin au sein du Ministère de la Défense pour la Direction du renseignement militaire, la Direction de Protection et de Sécurité de la Défense (Sécurité militaire, protection des secrets des entreprises, industries, objectifs a caractère militaire) ou la DGSE (Chargée du renseignement extérieur).

    Un regret toutefois: La situation de la DGSE, dépendante du Ministre de la Défense, n'a pas été changée. Il paraît en effet étonnant que un service chargé de recueillir hors du territoire national du renseignement qui est tout sauf militaire dépende néanmoins de l'autorité militaire!

     

     

    Un nouvel organigramme pour le renseignement

     

     Le livre blanc sur la Défense a été présenté aujourd’hui par Nicolas Sarkozy. Véritable instrument destiné à guider la politique de la France dans ce domaine jusqu’en 2020, le document met l’accent sur la nécessité d’un renforcement des services de renseignement. Au programme: un organigramme refondu et de nouvelles priorités.

    J’ai décidé un effort massif d’investissement sur le renseignement, notamment d’origine spatiale, qui bénéficiera aussi bien à la décision politique qu’aux chefs militaires”, a expliqué ce mardi Nicolas Sarkozy. Le président de la République, qui procédait à la présentation du livre blanc sur la Défense a mentionné le regroupement des services existants “au sein de la nouvelle direction centrale du renseignement intérieur”, et confirmé la nomination d’un “coordonnateur du renseignement, qui orientera les services et assurera la cohérence de leur action”.

    Conformément aux informations distillées depuis plusieurs jours dans la presse, ce poste devrait revenir à Bernard Bajolet, pour quelques semaines encore ambassadeur à Alger. Il a auparavant occupé des fonctions similaires à Amman (Jordanie), Sarajevo et Bagdad. Il aura pour fonction de guider le président de la République auprès de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure, spécialisée dans l’espionnage; militaire), la Direction du renseignement militaire, la Direction de la protection et de la sécurité de la défense et de la Direction centrale du renseignement intérieur.

    Le point fort de ce nouvel organigramme réside dans la création d’un Conseil national du renseignement (CNR), présidé par le chef de l’Etat, qui définira les priorités et les orientations des services civils et militaires de renseignement. Le coordonnateur, Bernard Bajolet en premier titulaire, animera ce Conseil. Son rattachement au chef de l’Etat est le signe d’une nouvelle donne en la matière: “dans un monde qui se caractérise par l’incertitude et l’instabilité, la connaissance constitue notre première ligne de défense”, indique le livre blanc.

    • L’organigramme reproduit ci-dessus provient d’un document mis en ligne par le site internet du Point. Les sigles non-détaillés ci-dessus correspondent aux services suivants: la DNRED (Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières et financières) et Tracfin (service de traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins).

    Frank Strass

    17 juin 2008 

  • Escroquerie "419"

    En recevant ce mail, quand j'ai vu sa provenance (Nigéria), j'ai tout de suite pensé a ce qu'on appelle la "Fraude 419"
    La lecture de la lettre a confirmé mes soupcons, donc je vous alerte. De quoi s'agit-il?

    La "Fraude 419" est une arnaque extrêmement connue et lucrative. Elle est dénommée "419" en référence a l'article du Code pénal nigérian la sanctionnant, et surtout pratiquée par les groupes criminels nigérians.
    Un exemple: Vous recevez un mail d'une personne qui affirme devoir transférer une gross somme d'argent , et demande si elle peut utiliser votre compte bancaire pour le transférer. Elle indique que vous toucherez dessus un certain pourcentage.. Vous acceptez. A ce moment, on vous demandera d'avancer des sommes d'argent ,pour des frais (de notaire, d'avocat etc..) en réalité inexistants, et ce avant que la somme ne soit transférée . En réalité, vous vous êtes faits escroquer, les frais n'existant pas..
    Autre variante, une personne prétend s'exprimer au nom d'un organisme gérant des jeux de loterie, et annonce à la victime potentielle qu'elle a été tirée au sort, a gagné une grosse somme d'argent et doit contacter certaines personnes pour recevoir son prix. La procédure pour récupérer le prix nécessite le paiement de divers frais de gestion.

    Quand on regarde le mail, qu'est ce qui attire l'attention? Que il est envoyé depuis le Nigéria, que la réponse doit être envoyée au Nigéria, mais aussi que le mail n'a pas été envoyé depuis une adresse officielle. Quand a l'adresse ou doit être envoyée la réponse , ubbi.com est le type même du site de Vodafone...Pas du matériel utilisé par une multinationale

    Prière d'alerter vos contacts, et posez vos questions en contactant les services de police compétents: http://www.interieur.gouv.fr/sections/contact/police/cybercriminalite



    Le fameux mail


    Dessiner notification ............ votre email id vu le jour que vous êtes un gagnant!‏
    De : BRITISH AMERICAN TOBACCO INTL (jacdou@bigpond.com)
      Risque moyenVous ne connaissez peut-être pas l'expéditeur.Autoriser|Bloquer
    Envoyé : dim. 15/06/08 17:18
    Répondre à : batncontactoffice@ubbi.com



    Siège social
    British American Tobacco (Nigeria) Limited
    35 pc Idowu Taylor Street
    Victoria Island
    Lagos Nigeria.
    Téléphone: +234 703 043 0528
    Chers Winner,

    Nous sommes heureux de vous annoncer le tirage au sort des BATN (l'Amérique britannique du tabac Nigéria) des loteries prix promo tenue le 13 Juin, 2008.Your e-mail à l'adresse ci-joint le numéro du billet: 56475600545 188, dans le numéro de série 5368/02 a appelé l'nombres chanceux : 02 05 77 65 97 et le bonus
    balle qui a par la suite vous gagné à la loterie dans la 1ère category.You ont donc été approuvé pour réclamer une somme totale de £ 341022,00 (Trois cent quarante et un mille, vingt deux livres) en espèces au crédit de déposer KTU/9023118308/03.

    Il s'agit d'un prix en espèces total de 9009105 Â £ partagés entre les (9) heureux gagnants dans cette catégorie c'est-à-dire du match 5 plus la prime, tous les participants pour la version en ligne ont été choisis au hasard de sites du World Wide Web par le biais de notre système informatique attirer et extraits de 100000unions plus, les associations et les personnes morales qui sont énumérées en ligne.

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    Pour déposer votre réclamation, s'il vous plaît communiquer avec notre agent fiduciaire:
    Nom: Mr.Cole Willis
    Adresse de courriel: - batncontactoffice@ubbi.com
    Siège social British American Tobacco (Nigeria) Limited
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    S'il vous plaît envoyer ces informations pour lui.
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    Meilleurs vœux,
    Dr.brown Jones,
    Coordinateur:
    British American Tobacco [B.A.T.N]
    Promotions.

  • La "guerre de l'ombre" sino-taïwanaise n'est pas terminée: Les espions chinois et taïwanais agiront désormais depuis leur ambassades respectives!

    "Euronews" a annoncé la semaine dernière que, dans le cadre des négociations menées entre Pékin et Taïwan, visant a améliorer les relations entre les deux pays, est prévu l'établissement de lignes aériennes , pour permettre a plus de touristes de visiter la Chine et Taïwan, ainsi que de relations diplomatiques, qui devraient entraîner l'ouverture de missions, voire d'ambassade, dans les deux pays respectifs.

    Cela veut-il dire que les deux pays ne s'espionneront plus? J'en doute. En effet, amélioration des relations ne signifie pas que les deux pays seront automatiquement amis. Le but de Taïwan reste quand même la préservation de son indépendance vis-a-vis de la République Populaire de Chine, et celui de la Chine communiste de réintégrer l'île nationaliste dans son giron. Les deux objectifs paraissent incompatibles l'un avec l'autre, donc l'espionnage entre les deux pays ne cessera pas, sans aucun doute. Surtout quand on sait que le Président taïwanais a promis que, durant son mandat, on "ne parlerait ni de réunification avec la Chine communiste ni d'indépendance". Le statut de facto de l'île de Formose reste en l'état, ce qui ne peux satisfaire la RPC.

    L'amélioration des relations sino-taïwanaises devra toutefois profiter aux services secrets respectifs des deux pays; Désormais, le Guoanbu pourra espionner depuis sa mission diplomatique a Taipei, et idem pour le Tewu taïwanais depuis sa mission de Beijing! Les deux pays s'espionnent actuellement de la manière suivante: soit en envoyant des espions camouflés en "hommes d'affaires" en territoire ennemi (au risque d'être capturé et emprisonné) pour collecter des renseignements, soit en agissant depuis des pays tiers. L'ouverture des missions diplomatiques donnera aux espions des deux pays un "plus" en sécurité: si ils se font pincer, ils seront seulement expulsés.

  • La DGSE de 2000 a 2002


    Pour des raisons de sécurité, certains noms ne sont pas publiés, et remplacés par un pseudo.



    Située Boulevard Mortier, la DGSE, Direction Générale de la Sécurité Extérieure, a été confrontée a une forte crise interne ses dernières années, conséquence des luttes au sommet de la hiérarchie du Service.

    La DGSE, dont le quartier général est toujours situé Boulevard Mortier, a Paris (Surnom du QG: La Piscine, a cause de la Piscine des Tourelles située juste a côté), compte depuis 1987 cinq grandes directions:
    Jean-Pierre Pochon. La Direction du Renseignement (DR) est chargée de la collecte et de l'analyse du renseignement, obtenu aussi bien de manière "ouverte" (presse, conversations, documents officiels..) que "fermés" (recrutement d'informateurs), sur les menaces extérieures a la France mais aussi dans les domaines politiques, économiques, scientifiques.Elle s'appuie pour cela sur des postes de la DGSE a l'étranger, par exemple a Berlin ou Washington, quoique l'existence de postes DGSE sur le territoire national même, pour espionner les voisins et lutter contre des menaces, n'est pas a exclure. La DR sera dirigée a partir de mars 2000 par Jean-Pierre Pochon.
    (A gauche).A la tête du Service "Action" de septembre 1987 a 1989, Jean Heinrich fut le créateur, et aussi le premier dirigeant, de la Direction des opérations de la DGSE, qu'il commanda de 1989 a 1992. (A droite): Xavier Bout de Marnach, a la tête de la Direction des Opérations de 2000 a 2004. Créée en 1989 a l'initiative du général Jean Heinrich, la Direction des Opérations est chargée des opérations spéciales, a haut risque; c'est cette Direction qui envoie des officiers dans des zones réputées dangereuses (Par exemple en Irak, au Kosovo ou en Tchétchénie) sans oublier les opérations "Homo" (assassinats) , les ouvertures de courrier, fouilles de valises..L'habitude voulant que ce soit un général de l'armée qui la dirige, c'est le général Xavier Bout de Marnach qui la dirige depuis 2000. (Depuis le 01.09.2007, il a pris le commandement de la KFOR au Kosovo).

    Bruno Joubert, directeur de la Direction de la Stratégie de la DGSE de 1997 a 2001. La Direction de la Stratégie est chargée de transmettre aux décideurs politiques les informations recueillies par la DGSE et de recueillir leurs avis mais aussi de participer avec le Quai d'Orsay, le Ministère des affaires étrangères, a l'élaboration de la politique étrangère gouvernementale. C'est beaucoup plus un service "diplomatique", ce qui explique pourquoi c'est toujours un diplomate qui l'a toujours dirigé. Depuis septembre 1997 c'est Bruno Joubert (Nommé en mars 2008 conseiller diplomatique adjoint de Nicolas Sarkozy) qui est a sa tête.

    La Direction technique est chargée a la fois de la recherche et de l'exploitation des informations d'origine technique (ce qui laisse supposer que le service des écoutes lui est rattaché) sans oublier les poses de micros, caméras etc..A sa tête se trouve Jean-Francois Sillière.

    Paul-Henri Trollé La Direction de l'administration est chargée des questions d'administration au sein de la DGSE (affectation du personnel, assistance juridique, formation du personne, acquisition de matériel). C'est Paul-Henri Trollé qui la dirige.

    Pour des raisons bureaucratiques, toutefois, le numéro 2 de la DGSE est non pas, comme plusieurs années auparavant, le Directeur du renseignement, qui occupe toujours, néanmoins, une position prépondérante; mais le Directeur de cabinet. Comme le note l'arrêté du 04.12.2002 relatif a la DGSE, "le Directeur de la DGSE est assisté d'un directeur de cabinet qui le remplace en cas d'absence ou d'empêchement".
    Dominique Champtiaux (tenant le drapeau)

    Ce dernier est, depuis mars 2000, le général Dominique Champtiaux. Un spécialiste des opérations clandestines: Il a dirigé le Service Action de 1996 a 1997 puis la Direction des Opérations de 1997 a mars 2000.
    A gauche, Jacques Dewatre; à droite son successeur, Jean-Claude Cousseran. C'est un remarquable article signé Jacques Isnard, paru dans le "Monde" du 20.12.1999, qui signale le prochain remplacement de Jacques Dewatre, le patron de la DGSE, par un diplomate pur jus, arabophone, et fondateur de la Direction de la Stratégie de la DGSE: Jean-Claude Cousseran. Pourquoi ce remplacement?  Le principal grief fait a la DGSE est son action lors de la récente guerre du Kosovo, réputée "particulièrement discrète pour ne pas dire inexistante" (Ce qui n'empêchera pas le chef de la section "Balkans" de l'époque d'être ensuite promu). Toutefois il convient de relativiser: D'une part la station de la DGSE a Belgrade a dûe être fermée suite a l'évacuation de l'ambassade de France, empêchant la collecte du renseignement. D'autre part, malgré les propositions d'un officier de la DGSE, le ministre des affaires étrangères Hubert Vedrine refuse que soient organisés des contacts avec l'UCK, Armée de Libération du Kosovo, avant les accords de Rambouillet,ce qui aurait permis d'en apprendre plus sur les intentions de l'UCK.

    Autre reproche fait a Dewatre: ses tendances, selon l'article de Isnard, a faire de la "diplomatie parallèle", a la grande fureur du Quai d'Orsay. Toutefois, tous n'est pas noir: On doit a Dewatre la mise en place de postes DGSE en Asie centrale (Par exemple au Kazakhstan et en Ouzbékistan), postes avancés de la lutte antiterrorisme (NDLR: Surtout quand on sait que un des principaux mouvements d'opposition ouzbéks, le MOI, est très proche de Ben Laden. Comme le démontrera Guillaume Dasquié dans son remarquable article, par l'intermédiaire du chef de guerre Rachid Dostom, les services secrets ouzbéks ont faits infiltrer le MOI, collectant ainsi des renseignements sur cetrte organisation et sur Al-Qaïda, et en faisant ainsi profiter aussi bien la CIA que la DGSE, grâce aux débuts d'une coopération interservices). Suite à la Guerre du Kosovo, une antenne est aussi installée à Pristina; elle sera dirigée par "Etienne", officier spécialisé dans la région Balkans entré dans le privé en 2008

    De gauche a droite: Arnaud Danjean et Pierre-Antoine Lorenzi.

    Cousseran, nommé a la tête de la DGSE, s'entoure d'une équipe a sa solde, en nommant comme conseillers uprès du Directeur: Arnaud Laloum pour l'Afrique; Marc Pimond pour le Monde arabe et le Terrorisme; et Arnaud Danjean (qui justement dirigeait la section "Balkans" au service de recherche de la Direction du renseignement de la DGSE de 1998 a 2000) pour l'Europe et la Russie, ainsi que Pierre-Antoine Lorenzi comme chef de cabinet. Mais deux "hics" apparaissent très rapidement dans la composition de l'équipe nouvelle: c'est d'une part les luttes d'influence entre les différentes "familles" politisées (socialistes et RPRistes) et d'autre part les militaires, qui jouent toujours une place prépondérante au sein de la Maison (Nombre de chefs de postes sont des militaires de carrière, le plus souvent issus de l'armée de terre, par exemple, en cette année 2000, les chefs de postes en Bulgarie, au Kazakhstan et a Washington). Aussi, Cousseran est obligé de "composer": Sur proposition de l'Elysée, c'est Jean-Pierre Pochon, chiraquien pur jus, qui est nommé a la tête de la Direction du renseignement. Haut responsable de la police nationale, Pochon a fait une carrière aux RG et a la DST. C'est a lui qu'on doit l'interpellation, en 1980, des dirigeants du groupe terroriste "Action Directe". Pour satisfaire les militaires, Cousseran choisit un des leurs, le Général Dominique Champtiaux,comme directeur de cabinet, et le nomme numéro 2, de facto, du Service.
    Autre problème, la volonté du nouveau Directeur de réformer la DGSE, conscient des faiblesses du Service, ou il avait déja précédemment travaillé , en tant que Directeur de la Stratégie de 1989 a 1992. Quitte a provoquer la fureur des "barons" de la DGSE!

    Philippe Hayez

    La première mesure, prise dès mai 2000, est l'inauguration d'un "centre de situation", chargé de suivre les crises importantes de par le monde, comme en Côte d'Ivoire, au Congo, ou en Irak (Dirigé par le conseiller a la Cour des comptes Philippe Hayez) , provoquant des grincements de dents chez les officiers de la Direction du renseignement et de la Direction des Opérations.

    La deuxième mesure est proposée par Bruno Joubert, a la tête de la Direction de la Stratégie depuis 1997: Il s'agit de réformer la Direction du renseignement, pour rendre ses structures plus adaptées a un contexte de globalisation, ou les questions du renseignement économique mais aussi de la lutte contre les différentes formes de criminalité organisée, tel que le trafic de stupéfiants et le terrorisme, sont de plus en plus une évidence. Les structures de la Direction du renseignement , réparties selon d'une part le renseignement classique, d'autre part le contre-espionnage, et enfin l'analyse, paraissent inadéquates.
    Alain Chouet. Par conséquent, en octobre 2000, trois services sont créés au sein de la Direction du Renseignement, réformant en profondeur les structures: Le Service de Renseignement Politique (SRP), chargé des informations a caractère politique, le Service de Renseignement de Sécurité, SRS,chargé de la lutte contre le terrorisme, la prolifération nucléaire, du contre-espionnage et de toute forme de criminalité, et la Direction centrale du renseignement, chargée de diriger les stations de la DGSE dans le monde et de coordonner l'ensemble. Ancien chef de poste a l'étranger, "Vincent" a fait une année comme auditeur a l'Institut des hautes études de Défense Nationale avant d'être nommé a la tête du SRP; A la direction du SRS est nommé Alain Chouet , un spécialiste du Moyen-Orient qui a été en poste a Beyrouth, Damas, mais aussi conseiller technique pour le monde arabe et le terrorisme de 1990 a 1992 auprès de Jean-Claude Cousseran, quand celui-ci dirigeait la Direction de la Stratégie de la DGSE. Nommé a la tête de la Direction du Renseignement, Jean-Pierre Pochon se retrouve avec trois services séparés, et constate, a sa grande fureur, que Chouet en réfère directement a Cousseran (les deux hommes se connaissent) sans l'en aviser. Pour ajouter a la confusion, est nommé comme adjoint de Pochon "Gerald", ancien chef de poste a Washington qui avait, ensuite, été sanctionné par une mise a pied par le prédécesseur de Cousseran, Jacques Dewatre, suite a la découverte de malversations au sein du TOTEM, que "Gerald" dirigea.
    Francois-Xavier Deniau Durant l'année 2001,Cousseran change aussi nombre de cadres du service, a l'exception de la Direction du renseignement. Si l'entente avec Pochon n'est pas des meilleures, Cousseran n'hésite pas a le contourner.
    Ainsi, la tête de la Direction technique, Yves Mathian remplace Jean-Francois Sillière; Bruno Joubert quitte la Direction de la Stratégie et est nommé ambassadeur auprès de l'OSCE a Vienne; son remplacant est le diplomate Francois-Xavier Deniau ; Paul-Henri Trollé est remplacé a la tête de la Direction de l'administration en 2002; le chef de cabinet Pierre-Antoine Lorenzi est remplacé en juin 2001 par Marc Pimond, qui occupait le poste de conseiller technique pour le monde arabe et le Terrorisme du Directeur de la DGSE.

    Au-dela des changements internes, la DGSE va se retrouver mobilisée sur le front de la lutte antiterrorisme, domaine ou elle excelle:
    Le chef de guerre Rachid Dostom La fin de l'année 2001 a été excellente pour la DGSE, car le Service a surtout montré ses aptitudes dans deux domaines: l'Afghanistan et la lutte antiterrorisme. Avant le 11 septembre 2001, la DGSE suit avec attention les réseaux de Oussama Ben Laden, y consacrant plusieurs notes montrant très clairement l'intention du réseau Ben Laden de frapper les Etats-Unis. Une note du 05.01.2001 évoque même les projets de détournements d'avions! Le Service de Renseignement de Sécurité , chargé entre autres de la lutte antiterroriste au sein de la Direction du Renseignement de la DGSE,  peut s'appuyer sur un travail a long terme mené contre le réseau Al Qaïda: Outre le recrutement d'informateurs, la DGSE bénéficie du soutien de l'Alliance du Nord, groupe afghan dirigé par Ahmed Shah Massoud, et de Rachid Dostom, un chef de guerre ouzbek qui a fait infiltrer le MOI  (Mouvement Islamique Ouzbek, dirigé par Tahir Youldachev), groupe terroriste ouzbek proche de Ben Laden. Ajouté a la coopération, déja a cette époque, avec certains services secrets, par exemple ouzbeks, qui sont confrontés de plein fouet au terrorisme islamique d'obédiance wahhabite du MOI. Notons aussi une collaboration sans heurts avec la DST (événement rare et qui mérite d'être souligné) et qui sera encore renforcée après le 11 septembre 2001. Le système est donc efficace, les alliés (dont américains) normalement prévenus. Ce qui n'empêchera malheureusement pas les attentats du 11 septembre, spectaculaires et sanglants...

    Après la surprise, l'offensive. Etant donné que l'attaque a été menée par Al Qaïda, lequel groupe est basé en Afghanistan, aussitôt ordre est donné d'attaquer le groupe terroriste et ses satellites.
    La DGSE s'appuie donc sur ses contacts en Afghanistan, des contacts éprouvés , ce qui sera la clé du succès pour le Service: Comme le rappele Pierre Marion ,Directeur de la DGSE de 1981 a 1982, il envoie a cette époque un détachement du Service Action (Alors dirigé par le Colonel Lorblanches) pour aider livrer des armes a la résistance afghane, soutenu par l'ISI (renseignement militaire pakistanais) avec qui le chef de poste DGSE a Peshawar de 1983 a 1986, le commandant Michel Derlot, maintient le contact, mais contrairement aux autorités pakistanaises la DGSE refuse de soutenir les fractions radicales, et mise sur Ahmed Shah Massoud, surnommé le "Lion du Panchir". Même après la fin de la Guerre d'Afghanistan a la fin des années 80 et le retrait des troupes soviétiques, la DGSE conserve le contact avec l'Afghanistan. Et lorsque décision est prise d'envahir l'Afghanistan pour chasser les talibans et traquer Al Qaïda, la CIA pourra bénéficier d'une DGSE très bien introduite auprès de l'Alliance du Nord. Jean-Pierre Pochon, a la tête de la Direction du Renseignement de la DGSE, centralise les informations, Xavier Bout de Marnach, a la tête de la Direction des Opérations de la DGSE, fait envoyer des commandos du Service Action ( Dirigé depuis 1999 par le colonel Bertrand Fleury) renforcer le poste DGSE auprès de l'Alliance du Nord tandis que Dominique Champtiaux,  Directeur de cabinet du patron de la DGSE , visite secrètement l'Afghanistan, pour rencontrer les officiers du Service Action présents dans la zone Nord. Une occasion pour cet ancien patron du Service Action (De 1996 a juillet 1997) qui fut aussi a la tête de la Direction des Opérations de 1997 a 2000, de renouer avec le terrain. Du côté des contacts avec les services secrets américains, ils sont renforcés, menés par Bill Murray, chef de station de la CIA a Paris, et "Jean" (je l'appelerai ainsi), chef de poste de la DGSE a Washington qui est arrivé dans la capitale politique américaine peu avant les attentats du 11 septembre. Ce spécialiste du contre-espionnage a été nommé au grade d'officier de la Légion d' honneur quelques années plus tôt.


    Christian Ganczarski, terroriste interpellé grâce a la coordination au sein de "Alliance Base".

    Autre opération menée par la DGSE , après le 11 septembre 2001 est la créée une cellule chargée exclusivement d'échanger des renseignements sur Al Qaïda avec plusieurs services secrets alliés, tels que la CIA, les britanniques ,mais aussi les homologues allemands , canadiens et australiens . Cette Base, située a l'Ecole Militaire a Paris, prendra le nom de Alliance Base. A sa tête, un haut responsable de la Direction du renseignement de la DGSE, "Gerald" ,l'ancien adjoint de Pochon a la Direction du renseignement (qui sera remplacé en 2003 comme n°2 de la DR par Philippe Hayez). Un des succès attribués a Alliance Base est l'interpellation de Christian Ganczarski. Lié a l'attentat commis en 2002 a Djerba, ce résident allemand est très lié a nombre de proches de Ben Laden, car les policiers du BKA allemand découvriront chez lui les numéros de téléphones de nombre de membres du réseau.

    Néanmoins, les guerres intestines prennent le dessus: Furieux que sa Direction soit divisée en trois entités différentes et que Chouet ne passe pas par lui pour transmettre ses notes a la hiérarchie, Pochon ne met pas les pieds a la DGSE plusieurs mois durant suite a son conflit avec Cousseran. Ce dernier essaye de reprendre la situation en main en demandant la révocation de Cousseran, pour pouvoir nommer un nouveau Directeur du renseignement de la DGSE. Refus de Jacques Chirac. Résultat: Pochon étant toujours nominalement Chef de la DR mais factuellement n'occupant pas ce poste, la DR tourne a vide. C'est par conséquent Dominique Champtiaux, directeur de cabinet et n°2 de la DGSE ( Le décret de 2002 indiquant que le Directeur de cabinet du Directeur de la DGSE est aussi n°2 du service) qui pilote "en direct" la DR, au grand dam de nombres d'officiers ebranlés par ses luttes internes. Mais les dégâts ne sont pas terminés: Jacques Chirac avait appris en septembre 2001, par le capitaine Bernard Coquart de la DGSE, que le Service a déclenché des recherches sur un compte bancaire qu'il aurait au Japon, et enquêterait sur ses liens troubles avec un japonais condamné dans son pays. C'est la section de Contre-Criminalité (Dirigée par un magistrat , Gilbert Flam) du Service de Renseignement de Sécurité qui dirige les recherches, menées sur place par les chefs de station de la DGSE a Tokyo : Jean-Claude Guillot ( De 1996 a 1998) puis Alexis May (Futur chef de poste a Beijing). L'entourage du Président craint alors une manoeuvre des socialistes, peu avant la présidentielle, pour destabiliser le Président. les socialistes infirment, faisant remarquer que ils n'avaient jamais pris l'information au sérieux.

    Par précaution néanmoins,un ménage est fait a la DGSE, au grand dam de nombre d'officiers lassés des guerres de couloirs et autres intrigues politiques: Flam est le premier a être débarqué, suivi en juillet 2002 de Cousseran, puis en octobre Alain Chouet. En novembre, Alain Juillet est nommé Directeur du renseignement de la DGSE en remplacement de Pochon. . "Vincent", de son côté, est envoyé à la Direction de la Stratégie, dont le patron est le diplomate Francois-Xavier Deniau (Qui a remplacé Bruno Joubert en juillet 2001), et ce le temps que les orages se calment.. Hasard? les trois conseillers pour la géopolitique de Cousseran sont "mutés": Arnaud Danjean, qui était le conseiller pour l'Europe et la Russie du directeur, est envoyé en poste à Genève; Laloum occupe le poste de chef de station en Afrique Marc Pimond, qui fut le conseiller pour le monde arabe puis chef de cabinet de Cousseran, est envoyé diriger une station à l' étranger et remplacé par Jean-François Mouchel.

    Alain Juillet, Directeur du renseignement de la DGSE de novembre 2002 a décembre 2003. Après la tempête, qui a mis la Direction du renseignement a feu et a sang, comme l'estime un officier de la DGSE, l'éclaircie: Le calme revient, malgré les désaccords entre Juillet et Brochand sur la stratégie que la DGSE doit adopter. Les conflits de couloirs ne sont pas complètement éteints comme le montre la nomination de Philippe Hayez a la mi-2003 comme adjoint de Juillet, et ce sur insistance de Brochand.Ce calme se paye néanmoins au prix fort, puisque la réforme des structures de la Direction du renseignement, initiée par Pochon et Joubert, est abandonnée: on revient a un classique service de recherches, (dirigé de juillet 2003 a 2005 par "Benoît", ancien chef de station a Riyad, puis durant le conflit en Irak en 2003 chef de la division Moyen-Orient), un service d'analyse, pris en main par "Patrick", lequel remplacera Philippe Hayez comme directeur adjoint du renseignement a la mi-2006, et un service des relations avec les services secrets étrangers et les entreprises. Ce dernier est dirigé par Michèle Ledirat jusqu'a la mi-2005, avant d'être remplacée par..."Vincent"

    Les considérations politiques ont aussi entraînées une immixtion au coeur de la DGSE, et le débarquement de spécialistes du renseignement fort estimés, tels que Chouet et Cousseran, tous deux bons spécialistes du monde arabe. Un élément indispensable en ses temps de lutte contre le terrorisme islamique extrémiste, ou le Moyen-Orient, pour être compris, a besoin de spécialistes de la région.


    ARTICLE DE JACQUES ISNARD, "LE MONDE", 20.12.1999

    RENSEIGNEMENT - Le chef de la DGSE est remercié après les échecs de son service en Yougoslavie.
    Par JACQUES ISNARD.
    20 décembre 1999


    Nommé en juin 1993 par le gouvernement d'Edouard Balladur, Jacques Dewatre va céder sa place à la tête de l'espionnage français à un diplomate, Jean-Claude Cousseran, qui a appartenu à plusieurs cabinets ministériels socialistes

    AU TOUT DÉBUT de l'an 2000, l'ambassadeur de France en Turquie, Jean-Claude Cousseran, ancien membre de plusieurs cabinets ministériels socialistes, devrait être nommé à la tête de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Il succédera à Jacques Dewatre, qui avait été nommé à ce poste par le gouvernement d'Edouard Balladur en juin 1993. Un diplomate, familier de la DGSE, se substitue à un préfet qui ne l'était pas moins, lui aussi, avant d'en devenir le patron, puisque, jeune officier, M. Dewatre avait appartenu au service « action », chargé des opérations clandestines. Agé de soixante-trois ans, il devrait être nommé à un poste d'ambassadeur.

    Forte de 4 050 civils et militaires, la DGSE est chargée, au profit de l'ensemble du gouvernement, de rechercher et d'analyser le renseignement intéressant la sécurité de la France, de détecter et d'entraver, hors du territoire national, les activités d'espionnage contre les intérêts nationaux et, le cas échéant, de mener des opérations clandestines. Elle dispose d'un budget avoué de l'ordre de 1,66 milliard de francs (253 millions d'euros) - c'est ce qui est prévu pour 2000 - et reçoit environ 200 millions de francs par an pour ses opérations sur les fonds secrets du premier ministre.

    M. Dewatre aura exercé un des plus longs mandats à la tête de la DGSE après celui d'Alexandre de Marenches, dans les années 70, à la direction du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece), ancêtre de l'actuelle DGSE. En période de cohabitation, le changement de responsable des services spéciaux est une affaire délicate à régler: il requiert, plus que tout autre, l'accord de l'Elysée et du gouvernement, pour lesquels la DGSE travaille. M. Dewatre a réussi à maintenir un équilibre entre la présidence et le gouvernement, mais sans pour autant éviter les critiques de l'une et de l'autre. En particulier, il lui a souvent été reproché de faire cavalier seul par rapport à son service et de jouer au diplomate occulte, non mandaté par les autorités politiques de son pays, se déplaçant fréquemment à l'étranger sans en informer ses supérieurs ni ses collaborateurs, au risque de dévaluer la production de la DGSE en la concurrençant avec ses propres analyses. Ni au sommet de l'Etat ni à la DGSE, on n'a apprécié ces absences répétées.

    MÉFIANCE ET OPACITÉ

    En Serbie, l'action de la DGSE a été particulièrement discrète, pour ne pas dire inexistante, à l'exception de quelques commandos envoyés - sur le tard - au Kosovo. L'évacuation de l'ambassade française à Belgrade, dès les premiers raids de l'OTAN, puis sa fermeture ont abouti à interrompre les liens que la DGSE pouvait avoir avec quelques sources sur place. Cette attitude a joué contre M. Dewatre et a probablement précipité son départ. Les ratages de la DGSE ont été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

    Au fil des ans, les missions de la DGSE ont évolué. Son expertise militaire a été contestée par la Direction du renseignement militaire (DRM) naissante. Elle a dû se tourner davantage vers l'interprétation des faits économiques, commerciaux, industriels et technologiques et vers la lutte contre l'argent sale et le terrorisme international, pour lesquelles elle ne dispose pas toujours des personnels les mieux formés.

    Ce qui l'oblige à lancer une politique de recrutement essentiellement orientée vers la société civile et censée viser la qualité, malgré ses difficultés administratives pour attirer l'élite des candidats. Dès son arrivée, M. Cousseran trouvera une DGSE repliée sur elle-même et rendue méfiante par ce manque d'ouverture au monde extérieur et par son opacité, à la différence d'autres services étrangers qui, comme le BND allemand par exemple, tentent aujourd'hui une transparence délicate. M. Dewatre s'est, d'autre part, employé à multiplier les cloisonnements internes, de sorte que les personnels de la DGSE ont du mal à coopérer entre eux et, a fortiori, avec d'autres services comme la DST.

    Le nouveau directeur général des services spéciaux n'est toutefois pas un inconnu dans sa maison. Entre 1989 et 1992, M. Cousseran a été chargé de mettre sur pied une direction de la stratégie à la DGSE, du temps où les services français étaient dirigés par Claude Silberzhan. Il travaillait, en pratique, en binôme avec le directeur du renseignement, Michel Lacarrière. Cette direction stratégique avait pour tâche, au quotidien, de synthétiser et de mettre en forme les informations de la DGSE à destination de ses « clients », c'est-à-dire les autorités gouvernementales. Ainsi, ce diplomate, au profil assez atypique, ne fait pas partie de nombre de ces fonctionnaires du Quai d'Orsay, que révulse la seule perspective d'avoir à fréquenter des agents secrets.

    On prête au gouvernement l'intention de créer, pour éviter une discontinuité dans le travail accompli quotidiennement par la DGSE, un poste de numéro deux, qui pourrait être attribué au général Dominique Champtiaux, l'actuel directeur des opérations. Ce numéro deux de la haute hiérarchie aurait autorité sur les cinq autres grands directeurs de service en l'absence de M. Cousseran. Le choix du général Champtiaux calmerait les militaires, dont le poids a diminué au sein de la DGSE.

    Modifications le 27.02.2010

  • Kim Jong-Il est-il décédé?

    Selon un site Internet sud-coréen, lequel se baserait sur les confidences d'un haut responsable des services secrets chinois, Kim Jong-Il, le "généralissime" nord-coréen, serait décédé. L'information, datée de fin mai, n'a pas été confirmée pour l'instant, et on pouvait hésiter a la classer: Fuite ou fausse rumeur? 

    La première possibilité est crédible car , malgré des relations sino-coréennes "bonnes-mauvaises", néanmoins les services secrets chinois arrivent a obtenir quelques informations sur la Corée du Nord. Si le Guojia Anquanbu, le Ministère de la Sécurité d'Etat chinois, a du mal a faire du renseignement, en revanche, le Département des Liaisons Internationales du Comité central du PCC a ses entrées au sein du régime chinois.  On ne peut exclure que les chinois aient ainsi appris, si l'information est confirmée, le décès du "Leader" de la République démocratique de Corée du Nord.

    La deuxième possibilité est malheureusement tout aussi plausible, car on peut s'étonner qu'un petit site Internet ait un tel contact au sein du gouvernement chinois: un haut responsable des services secrets! S'agit-il d'une simple plaisanterie, ou d'une désinformation? Dans quel but? Un début de réponse est alors possible quand on apprend que la nouvelle du décès du leader nord-coréen a entraîné un bon de 2.8 % de l'indice Nikkei a Tokyo!

  • Comment travaillent les services secrets russes?

    Comment travaillent les services secrets russes ?
    3169 mots
    8 décembre 2006
    Français
    (c) 2006 Le Monde.

    L'intégralité du débat avec Jacques Baud, auteur de l'"Encyclopédie du renseignement et des services secrets" (Lavauzelle, dernière édition : 2002), jeudi 7 décembre 2006.

    Constantin : Quelle est l'évolution connue par le FSB depuis ces dernières années, en termes d'effectifs et de missions ? Peut-on considérer que le FSB constitue un véritable Etat dans l'Etat ?

    Jacques Baud : Le FSB, tout d'abord, est une des cinq agences issues du KGB. Celui-ci a éclaté au début des années 1990, et le FSB avait jusqu'à présent le volet de sécurité intérieure. Avec la guerre en Tchétchénie et l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine - qui a été directeur du FSB entre 1998 et 1999 -, le FSB a pris ces trois dernières années une importance considérable.

    En 2003, la dernière réorganisation des services de sécurité a donné au FSB une importance beaucoup plus grande, et l'on voit la tendance, actuellement, de reconstituer une forme de KGB. Le FSB a repris, par exemple, toutes les attributions de renseignement électronique, qui avaient été données au début des années 1990 à une agence particulière, la Fapsi. Le FSB devient donc pratiquement un petit KGB. Actuellement, il y a même des discussions pour réintégrer le renseignement extérieur dans le FSB.

    Aujourd'hui, les effectifs du FSB ne sont pas connus avec précision, mais représentent environ 30 000 à 40 000 personnes, et avec l'intégration de nouveaux services et l'attribution de nouvelles tâches (en Tchétchénie, c'est la première fois qu'on a assisté à des opérations militaires dirigées par le FSB), c'est un service qui est en train d'acquérir une importance considérable dans le système russe.

    Lion37 : Que reste-t-il du feu KGB dans les services secrets russes actuels ?

    Jacques Baud : Comme je l'ai dit, le KGB n'a pas disparu dans sa substance, il n'a fait qu'éclater en différents services. Une grande partie de son personnel a été conservé dans les nouveaux services. Parmi ces services, on peut mentionner le FSB, le SVR (service de renseignement extérieur, équivalent de la DGSE en France), le FSO (un service de sécurité qui est à peu près l'équivalent de la DST). Il y a le SBP, le service de la sécurité présidentielle, qui est un peu l'équivalent du secret service américain, qui assure la protection des personnalités russes, mais a aussi des attributions qui vont un peu plus loin. Ce sont les principaux. En gros, les mêmes personnes sont restées à l'intérieur.

    Beaucoup du personnel du KGB s'est recyclé dans l'industrie privée. On retrouve aujourd'hui, par exemple, des anciens du KGB ou du FSB qui travaillent pour M. Berezovski. Donc il y a effectivement toute une frange de "KGBistes" qui, aujourd'hui, bien que dans l'industrie privée, continuent à avoir des liens et des activités liées aux services secrets, ou qui tirent avantage de leurs contacts dans le monde des services de sécurité pour faire des affaires. Le KGB en tant qu'institution tentaculaire, monolithique, a disparu, bien que l'on voie avec Poutine une tendance à un regroupement de tous ces éléments.

    Le KGB était en fait un instrument assez moderne, car il intégrait tous les aspects de la sécurité dans un seul organe, directement subordonné au conseil des ministres ou au président de l'Union soviétique à l'époque. Et donc, cela permettait d'avoir une maîtrise complète des problèmes de sécurité sans avoir affaire à des rivalités entre services, ou à des guerres des polices. C'est ce qui donnait au KGB son efficacité. Par exemple, aujourd'hui, dans la plupart des démocraties occidentales, les services de sécurité intérieure sont clairement séparés des services extérieurs, et ils ont des attributions qui sont nettement délimitées, ce qui fait que parfois les spécialistes de la sécurité s'inquiètent de ne pas avoir une continuité, surtout aujourd'hui avec un terrorisme transfrontalier, une criminalité qui joue avec les frontières. Il est vrai qu'avoir des services de renseignement limités par les frontières est un handicap. Le KGB était à la fois intérieur et extérieur, allait au-delà des frontières.

    Anabelle : Pensez-vous que Scotland Yard puisse prouver quelque chose dans l'affaire Litvinenko ?

    Jacques Baud : L'affaire Litvinenko est essentiellement une affaire de police. Votre question est donc une question qui implique une enquête policière. Je pense quant à moi que cette affaire est davantage liée à des questions de mafia ou de crime organisé qu'à des questions strictement politiques. Et de ce fait, je crois qu'il y a des chances pour qu'on trouve quelque chose, mais il ne faut pas oublier que les réseaux clandestins ou mafieux russes sont effectivement très développés, très efficaces. Et comme je l'ai dit, ils bénéficient de l'expérience d'ex-agents et sont habitués à ce travail d'arrière-plan, clandestin. Et je pense que Scotland Yard aura malgré tout fort à faire.

    Mustapha BERRAHO : Gordievsky, l'ancien chef d'antenne du KGB à Londres, a accusé Poutine dans cette affaire...

    Jacques Baud : Oui, et plusieurs autres qui ont actuellement émigré ont accusé Poutine. Ici, il y a sans doute d'autres éléments qui doivent être pris en considération, notamment que Poutine s'est attaché à lutter contre la corruption, contre la criminalité organisée, contre un certain nombre de travers qu'on trouve en Russie, et il est devenu pour beaucoup un ennemi de premier rang. Il est donc assez normal que les soupçons se portent directement sur lui. Je suis sceptique quant à l'idée de voir M. Poutine essayant d'éliminer des opposants politiques au moyen de poison. Je pense qu'on a affaire à une autre dynamique ici. Cela fait maintenant plus de quinze ans que Gordievski est en Occident, et je ne pense pas qu'il soit nécessairement au fait de tous les détails de ce qui ce décide au Kremlin. Je vois donc là plus une affirmation politique qu'une affirmation étayée par des faits.

    Pedro : Comment les services russes peuvent-ils laisser Scotland Yard enquêter sur cette affaire à partir de Moscou ? S'agit-il de la première coopération policière publique entre deux anciens services issus d'ex-pays ennemis ?

    Jacques Baud : Tout d'abord, il faut savoir que Scotland Yard n'est pas un service secret, mais un service de police, que la coopération d'une manière générale entre la Russie et les pays occidentaux pour les affaires criminelles a été développée depuis la fin de la guerre froide, et même avant. On pourrait même dire que les premiers contacts entre l'Est et l'Ouest se sont faits grâce aux services secrets, avant la chute du mur de Berlin. On le sait assez peu. Donc il n'y a rien d'exceptionnel dans une cooopération de ce type.

    Depuis 2001, avec la politique antiterroriste notamment des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, la coopération entre services secrets s'est accrue entre l'Est et l'Ouest. Cette coopération n'est pas toujours d'une qualité excellente, mais elle existe. Les gens se connaissent et, comme toujours dans ces questions de renseignement, il faut qu'il y ait une certaine confiance qui s'établisse, et cela prendra des années. Pour revenir à l'affaire Litvinenko, il est clair que les Britanniques enquêtent sur un crime, et je pense que les Russes n'ont pas d'intérêt à aller à l'encontre de cette enquête, d'autant plus qu'il n'est pas impossible qu'elle ait des ramifications plus mafieuses qu'officielles. Je ne vois donc aucune contradiction et aucun caractère exceptionnel à cette coopération.

    bashe : Pourquoi Poutine utilise-t-il tant les services secrets pour exercer sa politique ?

    Jacques Baud : Poutine, d'abord, est un ancien des services : il a travaillé au KGB, a été stationné notamment en Allemagne de l'Est, a été directeur du FSB pendant un peu plus d'une année. C'est donc un peu son monde, le monde qu'il connaît, le monde en qui il a confiance, et ce n'est pas négligeable dans un pays qui est finalement nouveau, qui a dû créer de nouvelles élites, et qui reste quand même un pays où la corruption et la criminalité - en col blanc mais aussi de sang - sont encore très fortes. Poutine est donc obligé de s'appuyer sur des éléments connus.

    Deuxième élément : il vient de la situation en Tchétchénie, qui reste pour les Russes un vrai problème dont nous parlons relativement peu en Occident. Simultanément, on a en Occident cette psychose du terrorisme depuis septembre 2001, qui a pour conséquence une importance accrue des services de sécurité tant chez nous qu'en Russie. Et effectivement, pour Poutine, l'importance des services de sécurité a augmenté dans ce pays. Il y est un peu contraint. La Russie est un pays en devenir, où les règles restent souvent très floues, où beaucoup d'organisations criminelles utilisent le flou de la législation pour se livrer à leurs activités. On se trouve donc un peu en Russie dans une situation qu'on a connue il y a quelques dizaines d'années aux Etats-Unis, par exemple. Il n'est donc pas très surprenant que les services secrets aient tant d'importance en Russie.

    Vero : Valeri Goloubev, un ancien du KGB, vient d'être nommé chef de Gazprom. Comment expliquer qu'une telle collusion entre services secrets, Etat et entreprise soit possible ?

    Jacques Baud : C'est une question difficile mais qui est liée au fait que les services secrets et de sécurité soviétiques de l'époque ont toujours attiré une certaine élite intellectuelle, et une intelligentsia, des gens plus capables, plus entreprenants, plus dynamiques que le reste de la société soviétique. Je pense que c'est là qu'il faut voir les raisons de ce que vous décrivez. De plus, les gens qui bénéficient de réseaux, de contacts privilégiés, qui ont accès à des informations peut-être plus "d'initiés" sont plus aptes à diriger des entreprises. Poutine lui-même est un politicien issu du KGB, on en a eu beaucoup récemment, et cela est lié au caractère élitiste et élitaire des services de renseignement soviétiques.

    jfd : Le FSB est-il actif sur le sol français ?

    Jacques Baud : Oui. Les services de renseignement russes sont restés très actifs dans plusieurs domaines :  1) dans la lutte contre le terrorisme, avec une coopération qui favorise leur présence un peu partout ; 2) mais aussi dans la recherche d'information. On sait notamment que dans le domaine de la technologie, les services russes sont présents, comme nous sommes présents chez eux.

    Koutouzoff : Que représente le GRU en Russie de nos jours ? Est-ce aussi un service particulièrement actif ? Est-il moins sous le contrôle des politiques que des militaires ?

    Jacques Baud : D'abord, le GRU est l'équivalent de la DRM (direction du renseignement militaire) en France, c'est un service de renseignement militaire. Il a toujours su rester à l'écart des controverses politiques, ce qui a d'ailleurs été une constante des forces armées soviétiques et russes, qui se sont toujours tenues à part et en dehors des discussions politiques. Il y avait dans le système soviétique trois piliers du pouvoir : le Parti communiste, le KGB et les forces armées. Et le KGB, lui, a toujours oscillé entre la politique et la sécurité ; il a d'ailleurs appartenu au ministère de l'intérieur, puis a été indépendant.

    Le Parti, c'est la composante purement politique. Les forces armées ont toujours été le pilier neutre du pouvoir. Et c'est resté après la fin de la guerre froide : l'armée russe est restée parfaitement neutre dans ses choix et ses actions. Le GRU est donc un organe qu'on a retrouvé en Tchétchénie, par exemple, mais qui a rapidement été coiffé (pour ne pas dire remplacé) par le FSB en tant que service de renseignement. On a vu le FSB prendre en main des opérations militaires, et simultanément , la structure de renseignement en Tchétchénie s'est déplacée du secteur militaire au secteur sécurité intérieure (FSB). Le GRU est un organe finalement technique, qui ne joue pas de rôle au niveau politique, en tout cas actuellement.

    Boudu : Quelle est la nature des relations entretenues par le FSB avec d'autres services secrets ? Y a-t-il coopération ? Méfiance ?

    Jacques Baud : Les deux à la fois. Oui, il y a coopération. Cette coopération s'est accentuée depuis 2001 avec la menace terroriste. Il y a deux aspects : d'une part, le fait qu'effectivement la Tchétchénie est proche de l'Afghanistan, de l'Asie centrale, et est un lieu où le terrorisme islamiste a un peu des racines ; d'autre part, à travers cette menace terroriste, les Russes pouvaient légitimer leur action en Tchétchénie, car pendant longtemps les Russes, depuis 1994, étaient considérés avec méfiance et une certaine suspicion de la part de l'Occident. Avec 2001, leur combat s'est trouvé légitimé. Cela a encouragé très nettement la coopération entre services russes et services occidentaux.

    Cela étant, ça reste une coopération qui, du point de vue qualitatif, n'est pas toujours très bonne. Il reste encore des méfiances énormes, particulièrement provenant du côté occidental. Comme je l'ai dit, on trouve dans les services des gens dont on ne sait pas toujours avec qui ils sont liés. Les ex-services soviétiques ont éclaté, et avec ces agents disséminés un peu partout dans la société russe, sont restés des contacts qui parfois freinent un peu l'ardeur des services occidentaux, qui ne savent pas où l'information va finir. Cela affecte sérieusement les relations entre services. Cela étant, cette coopération, à part ça, s'est améliorée ces cinq à six dernières années, et demandera encore quelques années. La confiance prend du temps à se construire. Je pense qu'on est dans un processus d'amélioration.

    Pulqepiq : Qu'en est-il de cette coopération sur les anciens territoires du bloc soviétique ?

    Jacques Baud : Il faut distinguer entre les pays que l'on appelait satellites, comme la Pologne, la Hongrie, etc. Là, on peut dire que la coopération est très bonne, car la plupart de ces pays se sont associés ou font partie de l'OTAN. Quant aux autres pays de l'ex-URSS, notamment les pays d'Asie centrale, la réponse est plus nuancée. Dans certains pays, la coopération est bonne, par exemple en Géorgie, mais l'est beaucoup moins dans d'autres pays. Cela en raison des gouvernements qui sont en place ou bien de la configuration des services, qui est restée, dans certains pays, comme l'ancien KGB.

    Il faut se rappeler que ce qu'on appelle le KGB comportait une organisation centrale à Moscou, mais il y avait le KGB des Républiques soviétiques. Et ceux-ci se sont la plupart du temps transformés et ont donné des services qui sont aujourd'hui, par exemple en Ukraine, construits selon des critères occidentaux. Dans d'autres pays, notamment en Asie centrale, beaucoup de ces KGB n'ont pas vraiment évolué et sont restés en fait les mêmes instruments qu'on avait connus sous le régime soviétique. Cela complique évidemment un peu les possibilités de coopération avec eux.

    Math : Pouvez-vous nous parler des pratiques d'interrogation, d'investigation du KGB, et de son successeur le FSB ?

    Jacques Baud : Tous les services de renseignement et de sécurité se ressemblent un peu au niveau des techniques d'interrogation. On a peu d'exemples pratiques aujourd'hui. Ce qu'on a vu à l'époque en Corée ou au Vietnam, où les services locaux étaient instruits par des Soviétiques, montre que les méthodes étaient relativement brutales et musclées, et on se préoccupait peu des droits humains. Cela étant, les Soviétiques ont très largement privilégié dans leurs méthodes d'interrogation l'usage de drogues, par exemple. C'est une méthode qui a été fréquemment relevée et qui peut-être, là, diffère des méthodes occidentales. Ces méthodes sont pratiquées aux Etats-Unis également.

    Quant aux méthodes d'investigation, il faut comprendre qu'à l'époque, toute la société soviétique participait à l'instrument d'investigation. C'est une particularité qu'on avait dans l'Union soviétique : le principe de la délation était assez universellement admis et accepté.

    On savait par exemple que les concierges d'immeubles, le personnel de nettoyage, etc., faisaient des rapports à des officiers du KGB. Evidemment, cela donnait au KGB une capacité de collecte d'information presque illimitée. Cela a probablement changé, parce qu'aujourd'hui le FSB n'a sans doute pas les moyens de pression qu'avait le KGB pour forcer les gens à coopérer. Néanmoins, je pense qu'une bonne partie de la population russe est prête à coopérer avec ces services, il y a donc un potentiel d'investigation et de collecte d'information qui reste très important. Mais qui n'est pas constitué par des agents réguliers. C'est toujours au bon vouloir du citoyen. Cela étant dit, les services russes n'ont jamais vraiment brillé par le côté analytique de leurs investigations, pour des raisons parfois de technologies, mais aussi de culture d'entreprise. Ils savent ramasser beaucoup d'informations, mais ne savent pas toujours bien les utiliser.

    Fontana : Jusqu'à quel point le Kremlin contrôle-t-il encore les services secrets russes ? Et dans quelle mesure le corps professionnel du FSB a-t-il des objectifs propres ?

    Jacques Baud : C'est une question qui est très difficile, car je pense que même M. Poutine se la pose... Il y a actuellement de nombreux indices qui laissent penser qu'il y a au sein des services une dynamique propre, à eux, et on ne sait pas exactement jusqu'à quel degré le pouvoir politique maîtrise ce que font les services de sécurité. Je n'ai pas la réponse, mais je pense qu'effectivement la réponse mérite d'être posée. On voit peut-être là l'explication des restructurations permanentes dont font l'objet les services russes, probablement pour casser systématiquement des cultures d'entreprises ou des réseaux qui se créent à l'intérieur des services, et pour en conserver la maîtrise. Les services russes ont subi des changements considérables ces quinze dernières années, beaucoup plus que leurs équivalents occidentaux. Et une partie de ces restructurations, comme par exemple la resurbordination des services fiscaux au sein du KGB, ont sans doute comme explication la lutte contre la corruption qui se trouve à l'intérieur même des services de l'Etat dans son ensemble.  Je pense en effet que c'est un problème, mais que personne n'a de réponse.

    Antonio : La guerre froide est-elle vraiment terminée au niveau des services secrets ?

    Jacques Baud : Oui, la guerre froide est terminée au niveau des services secrets, et elle s'est terminée avant la vraie guerre froide. Mais il reste quand même des méfiances, des suspicions, qui vont encore prendre quelques années à être complètement résorbées.

    Chat modéré par Gaïdz Minassian

  • Le PDB du 06.08.2001: "Bin Laden determined to strike in US".

    Ce document est un PDB (Presidential Daily Briefing) en date du 06.08.2001, soit daté de un mois avant les attaques terroristes. Il démontre que les autorités américaines au plus haut niveau sont informées des menaces d'attaques terroristes signées par les membres du groupe de Oussama Ben Laden. Si ce document montre l'incapacité de l'administration Bush, on peut aussi estimer que il constitue un indice (mais pas une preuve) que Ben Laden comptait commettre des attaques terroristes aux Etats-Unis même, et est même évoqué le projet de détournement d'avion...

     

    "Bin Laden determined To Strike in US"

     For the President Only 6 August 2001

    Declassified and Approved for Release 10 april 2004 

     

    Clandestine, foreign government, and media reports indicate bin Laden since 1997 has wanted to conduct terrorist attacks in the US. Bin Laden implied in U.S. television interviews in 1997 and 1998 that his followers would follow the example of World Trade Center bomber Ramzi Yousef and "bring the fighting to America."

    After U.S. missile strikes on his base in Afghanistan in 1998, bin Laden told followers he wanted to retaliate in Washington, according to a - -    service.

    An Egyptian Islamic Jihad (EIJ) operative told an   - -     service at the same time that bin Laden was planning to exploit the operative's access to the U.S. to mount a terrorist strike.

    The millennium plotting in Canada in 1999 may have been part of bin Laden's first serious attempt to implement a terrorist strike in the U.S.

    Convicted plotter Ahmed Ressam has told the FBI that he conceived the idea to attack Los Angeles International Airport himself, but that in ---, Laden lieutenant Abu Zubaydah encouraged him and helped facilitate the operation. Ressam also said that in 1998 Abu Zubaydah was planning his own U.S. attack.

    Ressam says bin Laden was aware of the Los Angeles operation. Although Bin Laden has not succeeded, his attacks against the U.S. Embassies in Kenya and Tanzania in 1998 demonstrate that he prepares operations years in advance and is not deterred by setbacks. Bin Laden associates surveyed our embassies in Nairobi and Dar es Salaam as early as 1993, and some members of the Nairobi cell planning the bombings were arrested and deported in 1997.

    Al Qaeda members -- including some who are U.S. citizens -- have resided in or traveled to the U.S. for years, and the group apparently maintains a support structure that could aid attacks.

    Two al-Qaeda members found guilty in the conspiracy to bomb our embassies in East Africa were U.S. citizens, and a senior EIJ member lived in California in the mid-1990s.

    A clandestine source said in 1998 that a bin Laden cell in New York was recruiting Muslim-American youth for attacks.

    We have not been able to corroborate some of the more sensational threat reporting, such as that from a ----  - - - - service in 1998 saying that Bin Laden wanted to hijack a U.S. aircraft to gain the release of "Blind Sheikh" Omar Abdel Rahman and other U.S.-held extremists.

    Nevertheless, FBI information since that time indicates patterns of suspicious activity in this country consistent with preparations for hijackings or other types of attacks, including recent surveillance of federal buildings in New York.

    The FBI is conducting approximately 70 full-field investigations throughout the U.S. that it considers bin Laden-related. CIA and the FBI are investigating a call to our embassy in the UAE in May saying that a group or bin Laden supporters was in the U.S. planning attacks with explosives.