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  • Richard Thompson, un espion de Sa Majesté en Mésopotamie

    Depuis environ un ans, la guerre en Irak fait moins l' actualité journalistique, ce qui peut être attribué aussi bien a la formation progressive de la police et de l' armée irakienne, aux accords conclu avec différents chefs tribaux, ainsi que a la lutte antiterroriste entre autres. Il convient de le reconnaître, cela n' était pas gagné: les armes de destruction massives introuvables, le scandale Valérie Plame, l 'augmentation des tensions et des violences, les tortures sur des prisonniers.. Petit détail peu connu du public, car passé entre les gouttes de la presse, des membres des services secrets de Sa Majesté ont eu connaissance de ses méthodes. Se sont-elles tues pour éviter le scandale? Ou n'ont elles pas pris conscience des violations commises par les américains, Il serait intéréssant de poser la question au chef de station du SIS a Bagdad de l' époque, Richard Thompson.


    Richard Thompson. Né en 1960, conformément a la tradition, Richard Paul Reynier Thompson est officiellement un « diplomate » du Foreign and Commonwealth Office, le Ministère des affaires étrangères de Sa Majesté. Les éléments disponibles sur sa carrière indiquent alors une orientation « Europe de l' Ouest »: Après un poste a Stockholm en 1991, il sert a Genève en 1996.

    Richard Tomlinson est un ancien officier du SIS qui, pour se venger de son ancien service (lequel l'avait viré) a publié la liste de plusieurs de ses anciens collègues . Le nom de Thompson apparaît pour la première fois en 1999; c'est la « liste Tomlinson », laquelle identifie pas moins de 116 officiers du SIS, qui indique entre autres un dénommé Richard Thompson. Notons au passage que plusieurs des noms dévoilés a cette occasion ont pus être certifiés:  Citons Andrew Gibbs et Raymond Asquith, ou Richard Dearlove, John Scarlett, Andrew Robert Fulton, Clive Dare Newell, Norman McSween, Ian Forbes McCredie .

    Cet accroc de carrière semble avoir obligé le SIS a changer Thompson d' affectation: après avoir travaillé dans le cadre du contrôleurat « Europe » il est affecté au Kosovo, avant d'arriver a Bagdad: Le « Times » du 04.04.2007 fait clairement référence a Richard Thompson comme ayant servi en tant que chef de station a Bagdad, sans en dire plus.

    Ambassade britannique a Bagdad Je me montrerai plus précis: Selon les listes diplomatiques britanniques Richard Thompson était officiellement conseiller a l' ambassade britannique a Bagdad en 2004 et 2005, avant d' être remplacé. On peut supposer que il est arrivé dans la capitale irakienne peu après que les troupes état-uniennes et leurs alliés aient pris contrôle de l' ensemble du territoire, donc dès 2003.


    C' est a Bagdad que il est confronté indirectement a un nouveau scandale, car même si son nom n'est cité nulle part, un rapport officiel de la chambre des communes fait très clairement référence a des pratiques illégales dont avaient connaissance les officiers du SIS a Bagdad, mais dont ils n'ont pas évalués qu'il constituait une violation de la convention de Genève: Ce rapport de mars 2005 est passé a travers les gouttes de la presse, et pourtant il est passionant. Intitulé Handling of Detainees by UK Intelligence Personnel in Afghanistan, Guantanamo Bay and Iraq , il définit, pour commencer, les missions du renseignement britannique en Irak:

    -Collecter des informations en Irak.

    -Participer au travail de l'Iraq Survey Group, chargé de retrouver les armes de destruction massives

    -Diriger les interrogatoires des personnes mêlées au programme des ADM irakiens

    -Examiner les armes saisies pour les besoins du renseignement

    -Fournir des informations pour protéger les Forces de la coalition d'attaques imminentes.

    Le rapport se montre ensuite particulièrement sévère vis-a-vis du SIS, mais moins sur l'Irak: Si il critique le fait que aucun officier du SIS (Ni du MI5 ou du DIS) n'a reçu de formation a propos de la Convention de Genève, ce qui conduisit a des erreurs de jugement grossières:  Le rapport indique que dans un cas, en juin 2003, deux officiers du SIS chargés d'interroger un irakien lié aux programmes d' ADM et détenu par les américains ont vus arriver leur "client" enchaîné et avec sur la tête une cagoule. Les deux officiers pensèrent alors que ses mesures étaient nécessaires pour des raisons de sécurité, et cet incident ne sera rapporté que en mai 2004 quand les différentes agences de renseignement britannique furent chargées de demander a leur personnel chargé des interrogatoires de détenus si des abus ou des actions contraires a la politique britannique s'étaient produits. Par conséquent, les différents Ministères ne furent alertés que en mai 2004.

    Un autre exemple donné dans ce rapport concerne l'interrogatoire, en 2003 toujours, d'un autre irakien lié au programme des ADM, par des officiers du SIS. Ils notèrent que les conditions de vie du détenu sont inacceptables et que son traitement laisse a désirer. A l'automne 2003, un officier du SIS qui visita a trois reprises cet établissement américain nota que les conditions s'étaient améliorées. Petit détail bizarre dans ce rapport: Selon lui, les Ministres ne furent au courant que a la mi-2004. Pourtant, dès janvier 2004, est évoquée une possible violation de la Convention de Genève dont a connaissance le SIS par le centre d'interrogatoire américaine a Battlefield, a l'aéroport de Bagdad. Et le rapport de préciser que la question fut soulevée par le représentant supérieur du SIS (Sans doute Richard Thompson) avec l'officier américain a la tête de cet établissement, lequel affirma que la Convention de Genève était respectée. Et quand la question fut évoquée par le représentant du SIS avec le lieutenant général Sanchez, haut responsable de la Coalition en Irak, le 21.01.2004, le haut grade de l'armée d'évoquer une enquête menée pour découvrir les auteurs d' abus sur des détenus. Selon le rapport, "les Ministres n'en entendirent parler pas avant mai 2004". On peut tout de même avoir un doute sur le fait que les Ministres soient prévenus si tard: Normalement, les officiers du SIS rendent compte a Vauxhall Cross, le QG du SIS, lequel, après tri, fait remonter les informations vers le Ministère des affaires étrangères (Foreign and Commonwealth Office) voire le Cabinet Office. Que l'information sur ses événements soit remontée si tard peut surprendre.  Pour la petite histoire, les officiers du SIS recurent des instructions sur le traitement a l'égard des détenus...en juin 2004. Le rapport note toutefois que les incidents de ce genre sont rares, et que aucun membre des services de renseignement britanniques n'a commis d'abus sur des prisonniers

    Vauxhall Cross, le QG du SIS sur la Tamise.

    Après son poste a Bagdad qu' il quitte vers 2005-2006, la carrière de Thompson compte une année de « trou », ou ses activités sont quasiment inconnues. Sans doute occupe-il une fonction au coeur du Secret Intelligence Service.

    En avril 2007, il est détaché auprès du Ministère de l' Intérieur, le Home Office, et nommé a la tête de la nouvelle Police Nucléaire, la Civil Nuclear Constabulary, dont la mission est de protéger les centrales nucléaires. Les biographies officielles, selon la tradition, le décrivent comme un "senior diplomat of the Foreign and Commonwealth Office" qui a de l'expérience dans le domaine de la défense et de la sécurité.

  • Les services secrets britanniques recrutent dans les universités.

     

    Les services secrets britanniques, ce n'est point un secret, recrutent de manière "ouverte". Cela veut dire que un de leurs représentants, a visage découvert, n'hésite pas a aller dans les universités de Sa Majesté, a vanter les mérites de son service, proposant aux étudiants de tenter, ensuite, d'y entrer. Un exemple concret en a été donné il y a quelques semaines, très précisément a la mi-octobre, quand James Morrison, ancien espion de Sa Majesté, a pris la parole a l'université de Canterburry, dans une conférence intitulée "The Craft of Intelligence Analysis: Secrets, Assessments, Prophecies, Delusions and Damned Lies".

     

    James Morrison Se présentant comme un ancien analyste du MI5, M.Morrison déclarera simplement être un ancien du MI5, rappelant quelques principes du métier: Que si vous détenez une information, il ne faut pas que l'ennemi sache que vous lui avez piqués ses secrets; que le travaille d'un analyste consiste a vérifier 1000 fois les informations recues afin d'éviter les erreurs de jugements, et d'ironiser que "si vous voulez de l'action, évitez d'être analyste au MI5, la seule raison qui vous entraînera chez le kiné est d'avoir mal au dos a force d'être assis sur de mauvaises chaises!" Rien que de très convenu certes, mais un des préceptes du métier, après tout, est d'en dire le moins possible. On voyait donc mal M.Morrison raconter les opérations qu'il a mené ou dévoiler les noms de ses collègues.

    Avant de déclarer publiquement aux étudiants: "Le MI5 recrute et l'organisation cherche des personnes issues de tout cursus universitaire; pourquoi pas vous?". Cela a l'avantage de la franchise et appelle deux commentaires: Primo, époque de communication aidant les services secrets n'hésitent plus a recruter de manière "ouverte", la France est loin d'avoir saisie cette culture contrairement a ses collègues britanniques ou américains. Secundo, et c'est plus une surprise, pour moi, c'est que M.Morrison se prétende "analyste au MI5". Un rapide coup d'oeil sur sa bio a permis de découvrir que il émargeait plutôt au DIS..le Défense Intelligence Staff, le renseignement militaire de Sa Majesté. En effet, il est incongru que M.Morrison se présente comme un officier du MI5, contre-espionnage civil, alors que il apparaît, quand il fut présenté, comme "Deputy Chief of Defense Intelligence and Senior Fellow of the Brunel Centre for Intelligence and Security Studies", c'est-a-dire numéro deux du renseignement militaire britannique!

    Sa carrière le confirme: Apparaît un dénommé John Noble Lennox Morrison, né le 14.07.1943, entré au Défense Intelligence Staff en 1967 en tant que analyste, avant d'occuper plusieurs postes a responsabilité au sein du DIS, et de finir sa carrière en 1999, après avoir passé quatre ans comme adjoint du directeur du DIS et a la tête du service d'analyse. Après sa carrière au DIS,il travaillera a la commission parlementaire de contrôle de l'activité des services secrets, et ce jusque 2004 (Il quittera alors son poste suite a un scandale). Actuellement, il travaille au Brunei Centre for Intelligence. En tout cas, son ancien emploi "d'analyste au MI5" ressemble a s'y méprendre a une "couverture" pour recruter les étudiants en réalité pour le Defense Intelligence Staff. Ce sont les gars du MI5 qui vont être contents!

     

     

     

     

  • AVENTURISME GEORGIEN, une note de l'ESISC

    Est ici publiée une note de l'ESISC, intitulée "AVENTURISME GEORGIEN", assez critique vis-a-vis de l'attitude des autorités géorgiennes dans le conflit ossète.

    Vous pouvez la retrouver sur le site de l'ESISC


    Par Claude MONIQUET


    Président de l’ESISC


    En quelques heures, dans la nuit du 7 au 8 août, le président Mikhaïl Saakachvili est parvenu, en utilisant la force pour tenter de régler un problème qui ne présentait aucune urgence, à rendre le plus mauvais service qui soit à son pays, à l’équilibre du Caucase, au renforcement de l’OTAN et à l’influence occidentale aux marches de la Russie.


    Nous ne nous prononcerons pas, ici, sur le fond du problème, à savoir la revendication indépendantiste de l’Ossétie du Sud, bien que nous soyons en droit de nous demander à quel titre on refuserait aux Ossètes un droit que l’on reconnaît aux Kosovars…


    Nous nous contenterons simplement de rappeler que –même si Moscou a un peu soufflé sur les braises en 1992 – c’est incontestablement l’intransigeance nationaliste des Géorgiens, incapables de prendre en compte le besoin d’autonomie de minorités nationales importantes, qui fut à l’origine de lapremière guerre en Ossétie du Sud, en 1991. Il était possible de faire des concessions aux Ossètes, mais Tbilissi préféra envoyer 6000 soldats sur place pour « y rétablir l’ordre». Avec les résultats que l’on sait: Moscou soutint la revendication ossète et la Géorgie connut une honteuse défaite. Depuis, l’Ossétiedu Sud s’est érigée en «Etat » indépendant (qu’aucun autre pays, même la Russie, ne reconnaît) mais le calme régnait dans la région. Jusqu’en 2004…


    Arrivé au pouvoir dans la foulée de la Révolution des Roses qui a mis fin au règne de l’ancien ministre des Affaires étrangères de Mikhaïl Gorbatchev, Edouard Cheverdnadzé, M.Saakachvili a promis l’ouverture et les réformes. Son bilan est pour le moins mitigé. Si le pays
    connaît une croissance de 9% par an, Mafia et corruption continuent à y tenir le haut du pavé, et le pouvoir a été agité par d’incessantes querelles de palais donnant lieu à des limogeages évoquant davantage la République bananière que l’Etat de droit.


    Moitié pour faire oublier cet échec partiel, moitié sans doute pour complaire à la partie la plus radicale de son opinion, le président Saakachvili a alors commencé, à son tour, à surfer sur la vague nationaliste en promettant la réunification du pays –qui devait faire face à la sécession de trois régions : l’Abkhazie, l’Adjarie et l’Ossétie du Sud. La question adjare a été réglée par la diplomatie, le retour de la province rebelle sous la tutelle de Tbilissi ayant étant obtenu largement grâce aux pressions de Moscou. Le dossier abkhaze est au point mort mais, depuis 2004 - et singulièrement ces derniers mois – les incidents entre l’armée géorgienne et les forces ossètes se sont multipliés. La situation, toutefois, restait gérable. Jusqu'à 7 août dernier.


    Ce jour-là, en jetant les troupes géorgiennes sur l’Ossétie, Mikhaïl Saakachvili a «commis plus qu’un crime, une faute». D’abord, même si l’on peut comprendre l’inconfort de Tbilissi face à la volonté sécessionniste d’une partie de sa population, quelle urgence y avait-il à briser par la force un statu quo vieux d’une quinzaine d’années ? Ensuite, récupérer un territoire de moins de 4000 km², peuplé de 70 000 âmes qui refusent et refuseront de se couler dans le moule géorgien, valait-il la peine de faire couler le sang ? Enfin et surtout, le président géorgien a-t-il vraiment pensé que Moscou allait assister, les bras croisés, à la normalisation d’une Ossétie du Sud que la Russie soutient depuis quinze ans ?

  • La station du SIS a Washington suite!

    Le 22 octobre dernier était publié un article consacré aux chefs de stations du SIS (service de renseignement extérieur britannique) a Washington de 1945 a 2007. Suite a cet article, mon confrère publia le sien, le 26 octobre, complétant certains "blancs" dans des biographies. Je ne peux que vous recommander d'y faire un tour, vous y trouverez des articles successivement sur: Les gueguerres internes du Mossad depus 1996 (Publié en août 2007); la biographie d'un ponte de la CIA (publié en septembre 2007); les purges subies par la hiérarchie de la CIA suite a l'arrivée de Porter Goss comme directeur en 2004 (septembre 2007); la station de la CIA a Bagdad (novembre 2007 et janvier 2008); une petite histoire des "Bureaux d'études" francais en Outre-Mer (février 2008); la biographie d'un haut responsable du MI6 (août 2008) et l'organigramme du Mossad ( Idem)