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Secteur géographique: Europe de l'Est

  • LES CHANGEMENTS DANS LES STRUCTURES ETATIQUES DE SECURITE ET DE RENSEIGNEMENT EN UKRAINE APRES LA PRISE DE POUVOIR DE L’OPPOSITION LE 22 FEVRIER 2014.

    Note rédigée à la mi-mars 2014

     

    LES CHANGEMENTS DANS LES STRUCTURES ETATIQUES DE SECURITE ET DE RENSEIGNEMENT EN UKRAINE APRES LA PRISE DE POUVOIR DE L’OPPOSITION LE 22 FEVRIER 2014.

     

    La situation issue de l’après 22 février 2014 en Ukraine, avec l’arrivée au pouvoir d’une coalition mêlant nationalistes et pro-européens[1], pose des questions quant à l’avenir de l’Ukraine : quid de la dette ukrainienne, de l’entrée éventuelle du pays dans l’UE, de ses relations avec la Russie ? La question du rattachement de la Crimée à la Russie, à compter du 16 mars 2014, date officielle du référendum en Crimée, paraît jouée à l’avance, tant la Russie et les autorités de Crimée ont publiquement exprimées leur détermination : un retour en arrière serait, pour elles, au mieux, une défaite, au pire une humiliation.

    Historiquement, la Crimée est une région russe depuis le XVIIIème siècle, et son annexion à la Turquie par la Russie. Rattachée à l’Ukraine soviétique en 1954 sur décision de Nikita Khrouchtchev, puis partie intégrante de l’Ukraine indépendante- à partir de 1991-, la Crimée,  russophone, a toujours constituée une pierre d’achoppement non seulement dans les relations entre la Russie et l’Ukraine, mais également dans une Ukraine divisée entre russophones- plutôt dans la partie Est- et la tendance nationaliste , située surtout à l’Ouest.

    Le départ du pouvoir et la destitution du Président ukrainien Viktor Yanukovitch le 22 février 2014, suite aux manifestations et émeutes de la place Maydan à Kiev, et l’arrivée au pouvoir de la nouvelle coalition, vont entraîner une dégradation des relations entre le nouveau pouvoir central et la Crimée, mais aussi les provinces russophones, et ce pour plusieurs raisons : l’impression désagréable que Yanukovitch a été destitué en violation complète des règles constitutionnelles, alors qu’il avait été démocratiquement élu en 2010 ; l’arrivée au pouvoir des nationalistes à un certain nombre de postes clés, comme au Conseil de Sécurité et de Défense et au Ministère de la Défense ; la décision, dès le 23 février 2014, de supprimer la loi faisant du russe une langue officielle aux côtés de l’ukrainien dans les parties russophones du pays ; la crainte d’un retour des « Banderistes »- allusion aux partisans du nationaliste Stepan Bandera ; et enfin l’attachement à la Russie d’une partie de la population, qui s’est toujours sentie plus russe qu’ukrainienne.

    Cette note propose de revenir sur la question ukrainienne au lendemain du 22 février sous trois aspects : le ménage fait au sein même des services de sécurité et d’ordre public ; l’utilisation de ces mêmes structures pour essayer de « contrôler » la situation ; la perte totale de contrôle, par Kiev, de la Crimée, de facto, et très prochainement, de jure.

    A peine arrivé au pouvoir, le Président par intérim Oleksander Tourtchinov publie une série de décrets révoquant les personnes nommées précédemment par Yanukovitch aux différents postes. Ce ménage concerne également les structures de sécurité et de renseignement puisque, entre le 22 et le 28 février 2014, Tourtchinov démet de leurs fonctions et les remplace les chefs du renseignement extérieur (SVR) ; de la Direction de la protection étatique (Service de protection des personnalités) ; les adjoints du Conseil de sécurité et de Défense ukrainien (Cet organisme est présidé par le Président de l’Ukraine) ; le patron de la Direction principale du renseignement au ministère de la Défense (Renseignement militaire) [2].

    Le service le plus marqué par les nominations et révocations, signe d’une volonté de contrôle de la situation intérieure, est le SBU, service en chargé du contre-espionnage et de la sécurité intérieure : sont démissionnés non seulement le Directeur, mais également ses deux 1ers Directeurs adjoints (Sergey Tchernikh, également à la tête de la Direction de lutte contre le crime organisé et la corruption ; et Volodimir Totsk) ; un adjoint du directeur (Volodimir Porodko) ; ainsi que plusieurs- pas tous- chefs de services centraux d’importance (contre-espionnage ; opérations spéciales ; archives ; enquêtes ; mesures opérationnelles techniques ; Licences et protection du secret d’Etat). Ce mouvement  commence dès le 26 février, et s’étend à partir de début mars aux différentes directions régionales (Kharkov ; Tchernivsti ; Dnepropetrovsk ; Khmelnitsk ; Kherson, Zaporojié entre autres), peut-être par crainte d’une perte de contrôle dans les autres régions du pays, surtout celles ou les pro-russes se montrent particulièrement actifs.

    Ces changements traduisent une claire volonté de destituer les hommes nommés par Yanukovitch- nombre d’entre eux ayant été nommés en 2013, entre autres en avril.

    Il est à noter que plusieurs postes d’importance ne sont, au 15 mars 2014, toujours pas pourvus : Il s’agit des postes de directeurs du Centre antiterroriste ; de responsable du service d’instruction (enquêtes) ; de la direction du SBU pour Kiev et sa région ; et du «département de protection de la sécurité d’Etat nationale », en charge de la lutte contre les personnes et organisations cherchant à nuire à l’Etat ukrainien et à sa souveraineté[3].

    Mais l’arrivée au pouvoir, à Kiev, de la nouvelle coalition, va fortement inquiéter la partie russophone du pays, et entraîner, en Crimée, une prise de pouvoir de facto des autorités locales sur la communauté du renseignement ukrainien en Crimée. Dans ce cadre,  deuxième étape, les autorités de Kiev utilisent les services de sécurité ukrainiens dans leur lutte contre la contestation et les volontés séparatistes.

     

    LA LUTTE CONTRE LES VOLONTES SUBVERSIVES

    L’article 2 de la loi ukrainienne 2229-XII du 25 mars 1992, consacré au SBU, de rappeler que , parmi les missions du Service, figurent la protection de la souveraineté étatique, de l’ordre constitutionnel, et de l’intégrité territoriale.

    Dès le 24 février 2014, le Parlement ukrainien nomme Valentin Nalivaytchenko nouveau directeur du SBU, en remplacement de Oleksandr Yakimenko. Le nouveau directeur du SBU, diplomate de carrière et qui avait déjà précédemment dirigé le SBU (De 2006 à 2010) [4] est un des alliés du nouveau pouvoir : il est membre depuis 2012 du parti OUDAR de Vitaly Klishko.

    Dans cette période de l’après-Maydan, le SBU tente de préserver l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Pour cela, le service de sécurité ukrainien s’appuie sur la loi, ainsi que sur les décisions des tribunaux, en visant, en priorité, les têtes pensantes des mouvements contestataires.

    Un des lieux qui inquiète le pouvoir central est la région de Donetsk, plutôt pro-russe[5] et en proie aux troubles : comme en Crimée, un référendum y est initialement prévu par l’opposition, quant au statut du Donbass[6]. Le 5 mars 2014, le directeur de la Direction du SBU pour Donetsk et sa région Oleksandr Pelekha est démis de ses fonctions[7], et remplacé le jour même par Valery Yuriovitch Ivanov[8]. Ce même jour, le leader du mouvement « La république de Donetsk » Andrey Purgin est enlevé-selon la presse, l’enlèvement aurait été commis par des personnes travaillant pour l’oligarque Rinat Akhmetov[9].

    Le lendemain même, le SBU interpelle à Donetsk Pavel Gubarev, un des leaders du mouvement local de contestation contre le pouvoir central, qui avait été élu « gouverneur de la région de Donetsk » par les manifestants[10]. Gubarev  est accusé d’avoir pris part à des actions visant à changer le pouvoir par la force, de s’être emparé, avec ses partisans, de bâtiments locaux, et d’avoir empiété sur l’intégrité territoriale de l’Ukraine.

    Enfin, le ministère ukrainien de la Justice considérant, au regard de la Loi ukrainienne, que les actes des représentants de la Crimée sont illégales[11], le tribunal de Shevtchenkov (à Kiev) ordonne au SBU d’interpeller le nouveau Premier Ministre de la République autonome de Crimée Sergey Aksionov et le Président du Parlement de Crimée Vladimir Konstantinov[12] pour activités visant à changer par la force ou a renverser l’ordre constitutionnel, et prise du pouvoir d’Etat.

    Une telle mission paraît impossible à mettre en œuvre : les frontières de la Crimée avec le reste de l’Ukraine ont été fermées, et les autorités de Crimée ont prises le contrôle des structures de sécurité locales.

     

    LA PRISE DE CONTROLE DE FACTO DES STRUCTURES ETATIQUES EN CRIMEE PAR LES AUTORITES LOCALES

     

    La prise de pouvoir du 22 février 2014 à Kiev va entraîner une contre-réaction en Crimée : à l’arrivée des nationalistes et pro-européens répondent les manifestations en Crimée, et l’apparition de « groupes d’autodéfense » et de Troupes russes.

    Poussés par la population, les autorités de Crimée, le Premier ministre de la République autonome et le Président de la Haute Rada (Parlement) de Crimée vont mettre en route le projet de « détachement » d’une Crimée qui revient dans le giron russe. Kiev réagit en paroles, mais guère en actes, n’en ayant guère les moyens : les Unités « Berkut », dont la mission est le maintien de l’ordre public, ont été dissoutes par le nouveau ministre de l’Intérieur Arsen Avakov[13]- dès le 25 février 2014[14] du fait de leur implication dans la répression sur la Place Maydan ; la Russie fait clairement savoir, d’abord via la voix de Dmitri Medvedev, de sa « détermination à protéger les populations russophones », rendant difficiles l’envoi de l’armée en Crimée ; enfin, le manque de matériel et de moyens de l’armée ukrainienne.

    Dès le 27 février, Sergey Aksionov, leader du Parti « Unité russe » devient le nouveau Premier ministre de la République autonome de Crimée. Les responsables de Crimée vont profiter de cette faiblesse de Kiev en se comportant comme les dirigeants d’un Etat indépendant, ce qu’est la Crimée de facto, et à partir du 16 mars, de jure : Dès le 1er mars 2014 les autorités locales nomment le patron de la Police Igor Avrutsky. Le 2 mars 2014, le responsable du SBU pour la Crimée Gennady Kalatchov est démissionné et remplacé d’office par Petr Zima, directeur du SBU pour Sébastopol depuis 2012. La décision de Kiev de démettre le 3 mars le directeur du SBU local Gennady Kalatchov et de lui désigner le 8 Oleg Absalyamov comme successeur se retrouve de facto inapplicable. Enfin, le 11 mars 2014, c’est la nouvelle responsable du Parquet pour la région de Crimée Natalya Poklonskaya qui est élue par le Parlement de Crimée[15] .

    Cette perte de contrôle de la situation de Kiev sur ses structures de renseignement et de sécurité en Crimée, toutefois, n’est pas forcément totale : le vice-premier ministre de Crimée Rustam Temirgalyev reconnaît lui-même le 2 mars 2014 que « presque toutes les structures de force basées en Crimée sont à présent sous le contrôle des autorités de la République autonome » [16], et de citer les structures du Ministère de l’Intérieur, du Ministère de la Défense, des gardes-frontières, de la Marine, les services fiscaux.

    Toutefois, les informations parues font état de tensions pour la prise de contrôle de l’ensemble des casernes de l’armée ukrainienne en Crimée. De plus, très peu d’informations font état des installations du SVR ukrainien en Crimée. Un communiqué du 14 mars 2014 du directeur du SVR ukrainien Viktor Gvozd, indique que[17], ce jour même, la base du SVR située à Alushta, ville balnéaire de Crimée, a été prise d’assaut, alors que son personnel était à l’intérieur. Ce qui tendrait à indiquer que Kiev a pu recevoir des informations via les rares structures fidèles au pouvoir central.

     

    [1]     Plusieurs ministres issus du Parti nationaliste « Svoboda » sont nommés à des postes-clés : Oleksandr Sych en tant que Vice-Premier ministre ; Igor Tenyukh en tant que acting Ministre de la Défense ; Andrey Mokhnyk devient Ministre de l’Ecologie ; Igor Shvayka est ministre de l’Agriculture ; Oleg Makhnitsky devient Procureur général d’Ukraine, entre autres. La composition du Cabinet des ministres est indiquée ici : http://www.kmu.gov.ua/control/ru/publish/article;jsessionid=7976FDB1704F14175FE9612E4BBA4B38?art_id=247059223&cat_id=244843950 . Il est à noter toutefois que le leader du parti néo-nazi « Pravii sektor » ne sera pas nommé adjoint au Conseil de sécurité et de Défense comme l’indiquait la presse française. Même si sa nomination à ce poste paraît avoir été examinée.

    [2]     Le directeur du SVR Grigorii Ilyashov est démis de ses fonctions le 26 février 2014 et remplacé le 27 par Viktor Gvozd (décrets 151/2014 et 164/2014) ; au sein de la Direction de la Protection étatique le directeur Sergii Kulik le 24 février (remplacé par Valery Geletey le 2 mars) ; Mikola Zlotchevsky et Volodimir Syvkovitch, adjoints au Conseil de sécurité et de Défense sont démissionnés les 26 et 28 févriers et remplacés par Viktor Syumar et Renat Kuzmin les 28 février et 5 mars 2014 ; le directeur du renseignement militaire Sergii Gmiz (libéré de ses fonctions le 26 février 2014) est remplacé par Youri Pavlov le 3 mars 2014.

    [3]     Les directeurs des quatre services concernés, respectivement Volodimir Totsk, Maksim Lenko, Oleksandr Chtchegolev, et Sergii Ganji, ont été démis de leurs fonctions par décrets présidentiels du 26 février 2014 numéros 154/2014, 159/2014, 162/2014 et 158/2014.

    [4]     La biographie officielle en anglais du nouveau directeur du SBU est disponible ici : http://www.ssu.gov.ua/sbu/control/en/publish/article;jsessionid=4FD25CBA4D713D3A42BAD346A178BECF.app2?art_id=86705&cat_id=86704

    [5]     Aux élections législatives de 2012, le Parti des régions (Parti de Viktor Yanukovitch, pro-russe) récolte 60% des suffrages dans la région de Donetsk.

    [6]     Communiqué du ministère ukrainien de la Justice en anglais : http://www.minjust.gov.ua/en/news/44977

    [7]     Décret présidentiel 253/2014 du 5 mars 2014.

    [8]     Décret présidentiel 256/2014 du 5 mars 2014.

    [9]     http://odnarodyna.com.ua/content/loyalnye-kievu-vlasti-yugo-vostoka-pristupili-k-pohishcheniyam-liderov-soprotivleniya

    [10]    Communiqué en anglais du SBU disponible ici : http://www.sbu.gov.ua/sbu/control/en/publish/article?art_id=122438&cat_id=35317

    [11]    Communiqué du ministère ukrainien de la Justice du 6 mars 2014 : http://www.minjust.gov.ua/en/news/45004

    [12]    http://www.niknews.mk.ua/2014/03/06/premjer-kryma-aksenov-ne-boitsja-sbu-i-reshenij-suda-ob-areste/; communiqué du SBU en anglais : http://www.sbu.gov.ua/sbu/control/en/publish/article;jsessionid=43B14775BA03575208470967503387A8.app1?art_id=122436&cat_id=35317

    [13]    Biographie du nouveau ministre de l’Intérieur ukrainien en anglais : http://mvs.gov.ua/mvs/control/main/en/publish/article/993419. M. Avakov a été nommé élu par le Parlement ukrainien le 22 février à titre provisoire ; puis à titre définitif le 27 février.

    [14]    Acte administratif du Ministre ukrainien de l’Intérieur en date du 25 février 2014 (publié le 27) n°144. En ukrainien : http://mvs.gov.ua/mvs/control/main/uk/publish/article/988912

    [15]    http://www.rada.crimea.ua/news/11_03_2014_5

    [16]    http://www.vz.ru/news/2014/3/2/675095.html

    [17]    http://www.fisu.gov.ua/index_ru/index.html%3Fp=3767.html#more-3767

  • Les officiers du renseignement dans les structures internationales

    Un constat peut être fait: Depuis les années 90 au minimum, les Etats prennent l' habitude d' envoyer, de détacher, des officiers des services de renseignement pour les mettre à la disposition de structures internationales, comme l' ONU ou l' Union Européenne.

    Nous ne parlons pas ici d' officiers agissant sous la couverture de leur représentation auprès d'une organisation internationale pour faire de l' espionnage, mais de professionnels du renseignement, détachés par leur pays, sciemment, pour aider les structures internationales par le biais de leur expérience. Les exemples sont nombreux: Par exemple quand l' ONU décide de créer un Groupe d' experts chargé d' appuyer le Conseil de sécurité dans la lutte contre Al-Qaïda, c'est à Richard Barrett (voir plus bas) qu'il revient de le présider. Quand, selon l' ancien officier du SVR Sergey Tretiakov, l' ONU créé son propre centre de situation, c'est un officier du SVR qui est détaché. Enfin, le "Centre de situation conjoint de l' Union Européenne" ,est chargé "d' assurer un suivi
    permanent de l'actualité et de produire des évaluations de moyen terme sur des questions géographiques ou thématiques intéressant l'Union européenne, au profit du Secrétaire général/Haut représentant et des instances du Conseil, notamment du Comité politique et de sécurité. Doté d'une cellule de renseignement, il fournit également des analyses sur le contexte dans lequel se développent les opérations de gestion de crise de l'Union européenne"
    (Guide de la politique européenne de sécurité et de défense [PESD] de 2006). Cette structure accueillait, en 2003, un officier de la DGSE, le service de renseignement français, Monsieur M.., civil toujours en exercice aujourd'hui. Beaucoup plus récemment, c'est un lieutenant-colonel de la DGSE (Voir plus bas), précédemment chef de poste en Afrique et en Amérique du Nord, qui dirigea l' analyse au sein du centre de situation conjoint de l' UE.

    Cette "intégration" d' officiers des services secrets au sein même d' organes internationaux répond à une double logique: La participation accrue de l' intervention des organisations internationales dans les conflits internationaux; la nécessité de personnel expérimenté pour les fonctions d' analyse, de collecte d' information, de veille etc....

    Ce qui ne signifie pas que toutes les personnes membres de ses structures soient membres d'un service de renseignement. Par exemple, Stanislav Frolov, détaché par les autorités russes dans le comité auprès de l' ONU chargé de la lutte contre Al-Qaïda (Paragraphe 7 de la Résolution 1526 du Conseil de sécurité de l' ONU) , a une expérience plus "policière" que d' espionnage: Il a été précédemment détaché par le Ministère de l' Intérieur russe pour participer à des opérations de l' ONU dans les Balkans.

    Alors, quels critères utilisés? Ici, nous sommes en plein empirisme. Selon un communiqué de l' ONU, le groupe d' experts chargé de l' appui analytique et de la surveillance des sanctions dans le cadre de la résolution 1267 de 1999, pour le Conseil de sécurité, contre Al-Qaïda et les Talibans indique par exemple que les experts choisis sont plus globalement spécialisés "dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme et les législations en la matière, le financement du terrorisme et les opérations financières internationales, les systèmes de virement de remplacement, les activités caritatives et l' utilisation de messagers, le contrôle des frontières, y compris la sécurité portuaire, les embargos sur les armes et les contrôles des exportations ainsi que le trafic de drogues". Aucune obligation n' est ici posée pour que les membres soient obligatoirement des membres des services de renseignement: Cela peut aussi être des diplomates, des policiers, des membres des services de sécurité. Sauf si l' organisation internationale le demande expressément aux Etats-membres: Ce sera le cas, au milieu des années 90, pour le centre de situation de l' ONU (Tretiakov, op.cité)

    Néanmoins, reste une inconnue dans cette équation: Les officiers du renseignement détachés auprès des instances internationales sont-ils chargés, ainsi, de les espionner, ou au contraire de leur apporter leur appui et leurs compétences?

     

     

    Biographie de Richard Martin Donne Barrett

     

    Né en 1949

    En poste en Turquie à partir de 1987

    Premier secrétaire à la délégation britannique auprès de l' ONU à New York de 1988 à 1992

    Ordre de l' Empire Britannique le 30.12.1992

    En poste à Amman à partir de 1997

    Chef de la Branche Antiterrorisme, Contrôllerate “Global Tasks”, Directorate of Production and Requirements du Secret Intelligence Service.

    Coordinateur à l' ONU de l' équipe d' appui au Conseil de sécurité chargée de Al-Qaïda et des Talibans, depuis 2004.

     

    M.X

     

    Grade de chevalier à la fin des années 80

    Lieutenant-colonel de la DGSE

    Chef de poste dans un pays d' Afrique dans les années 90

    Chef de poste dans un Pays d' Amérique du Nord au tout début des années 2000


  • Répressions et réhabilitations en URSS des années 50 a Gorbatchev

    Répressions et réhabilitations en URSS des années 50 a Gorbatchev

    Beaucoup a été écrit et dit sur ce sujet, néanmoins, nous avons pus constater que certains épisodes de cette histoire tragique de l' Union Soviétique sont passées inaperçues, c'est pourquoi il convient de revoir, corriger, et apporter des précisions.

    Premier point a revoir, la « déstalinisation » est liée a l'année 1956 avec la « dékrouchtchévisation ». cette affirmation n'est que en partie exacte. Si en effet en 1956 commence la réhabilitation de nombre de personnes envoyées dans les camps de travail sous Staline, les premières réhabilitations commencent .. sous Staline lui-même: Citons par exemple Nikolaï Erdman, dramaturge et scénariste, envoyé en prison en 1933, puis libéré et qui reçoit le prix Staline en 1944.

    La période stalinienne se caractérise en réalité par un mouvement ambivalent,  fait de répressions, d'arrêt de ses répressions, puis dans un nombre très limité de cas de réhabilitations.

    deuxième nuance a faire, on peu dater les débuts de la déstalinisation peuvent être datés de 1953, et ce par deux actes symboliques: la première est la reconnaissance ouverte de l' innocence des médecins accusés dans le complot des blouses blanches; deuxièmement, c'est l' arrêt définitif, avec Staline, des méthodes de terreur massive vis-a-vis de la population.

    Deuxièmement c'est un document, peu connu, daté de 1954 du comité central du PCUS,qui donne ordre de réexaminer un certain nombre d'affaires, de personnes accusées de crimes contre révolutionnaires. Dans ce but sont créées des commissions, aussi bien au niveau national que local, comprenant des représentants du KGB, du MVD, de la Procurature ou de la Procurature Générale. Ses commissions étaient chargées de réexaminer les cas des personnes condamnées par les collégiums du GPU et ses successeurs, ainsi que le collégium militaire de la Haute cour d' URSS, et les tribunaux militaires, ainsi que les personnes déportées conformément au décret du présidium du Haut conseil ' URSS du 21.02.1948.

    Sur la période mai 1954- avril 1956, la commission réexamina 337183 personnes emprisonnées. Parmi elles, pour 153502 personnes, l' affaire fut classée sur la base du décret du 27.03.1953 «  De l' amnistie », ou bien la fin de leur déportation, la baisse de leur peine etc.. Seules 14338 personnes sont réhabilitées. Pour 183681 personnes, la sanction est laissée telle quelle (54,5% par conséquent)

    Les réhabilitations prennent effectivement de l' ampleur a partir de 1956 avec le discours secret de Khrouchtchev.

    Concernant les réhabilitations, un des principaux auteurs est, ironie de l'histoire, un officier du KGB, le général Borisoglebsky, qui dirigera ensuite la direction du personnel du KGB. Borisoglebsky trie les priorités: En premier réexaminer les dossiers des personnes qui sont encore enfermées dans les camps (les Lagérii, attention! GOULAG comme on les appelle parfois est une erreur, GOULAG désignant la « Direction principale des camps »); ensuite, les personnes qui ont été libérées mais qui ont été déchues de certains droits. Au sein du KGB sont également créés des groupes de travail chargés de réexaminer les cas des personnes concernées.

    Toutefois, quelques nuances sont a faire:
    Primo, le discours de Khrouchtchev n'était pas destiné a l' Ouest, mais uniquement aux membres du Parti, mais qui suite a une fuite d'information en provenance de Pologne, se retrouvera entre les mains des services secrets occidentaux puis en une du New York Times! Ce qui montre que le but de Khrouchtchev était de « laver le linge sale en famille », sans avoir a l' étaler sur la place publique.

    Secondo, toutes les victimes des répressions ne sont pas réhabilités, certains ne le seront que bien tardivement. Notons que la destalinisation de 1953 a 1961 ne touchera que 1/5 des victimes de répressions:Selon Alexandre Karbaïnov,directeur du centre de relations publiques du KGB de 1990 a 1992: Des années 30 jusqu'à La mort de Staline (c'est a dire 1953) les répressions ont touchées 3778234 personnes, parmi elles, 786098 furent fusillées; Notons que ses répressions ont touchées soit des personnes innocentes, mais accusées, dans le climat de paranoïa ambiante, soit d'être des « trotskistes », « espions fascistes allemands » etc... soit sans doute des personnes réellement coupables d' infractions, malheureusement l'article n'est pas assez précis la dessus, ne les distinguant pas. Seul chiffre disponible a ce sujet, 11000 personnes environ ne sont pas réhabilitées pour avoir soit participé aux répressions, soit avoir collaborés avec les nazis.
    Toujours est il que sur ses personnes réprimées, seuls 737000 environ sont réhabilités sur la période 1953-1961. Les réhabilitations paraissent avoir été freinées sous Brejnev, en tout cas on n' en retrouve aucune allusion dans les rapports du directeur du KGB Youri Andropov a sa hiérarchie. Mais elles ont reprises beaucoup de constance sous Mikhaïl Gorbatchev, puisque selon Karbaïnov toujours, sur la période 1988-1989 pas moins de 844000 personnes approximativement sont réhabilitées. Chiffre conséquent, dû selon Karbaïnov a la création au sein des services territoriaux du KGB d' équipes chargées de réexaminer les dossiers.

    D'autres personnes ne seront jamais réhabilitées car auteurs de certaines infractions. Ce sera par exemple le cas de certains hauts responsables de la Sécurité d' État. Par exemple le commissaire du peuple Mikhaîl Frinovski, fusillé en 1940, et ancien haut responsable de la Sécurité d' État en Azerbaïdjan.

    Notons aussi le déni de droits pour certaines minorités considérées comme « traîtres » par Staline, qui malgré la « déstalinisation », ne sont pas pleinement rétablies dans leurs droit, par exemple les tatars de Crimée.

    S'est aussi posée la question de la responsabilité des personnes qui « fabriquaient » des affaires. Ironie de l'histoire, on relève les premiers cas... dès 1939. En effet, dès l'arrivée de Beria a la tête du NKVD sont licenciés du NKVD pour contre révolution, ou  pour infractions dans le cadre des fonctions 23% des cadres,ajouté a une série d' actes juridiques, par exemple «  O nédostatkakh v slédstvénoï rabotié organov NKVD ». (« Sur les insuffisances dans le travail d' enquête du NKVD »). Il n'est pas certain, comme l' a montré par exemple le « complot des blouses blanches » (Médecins accusés d'avoir prévus des assassinats de hautes personnalités soviétiques, qui seront innocentées a la mort de Staline) que ses instructions aient été respectées.
    Toutefois, une nouvelle fois, c'est la période Khrouchtchevienne qui va donner une certaine impulsion. Certaine car limitée! Comme le constate dans une remarquable étude relative aux réhabilitations a partir de 1954 O.V.Lavinskaya, les procureurs et les organes du parti refusèrent de sanctionner, le plus souvent, les auteurs d' infractions qui étaient toujours vivants. On relève néanmoins quelques exceptions: Par décision du comité du parti régional du 11.10.1955 est renvoyé l' adjoint du directeur de la Direction du KGB de la région Amour D.F Tikhonov.

    Alors, combien de personnes ont été jugées pour avoir fabriqués de fausses affaires? Alexandre Karbaïnov donne, la aussi, quelques chiffres: Il évoque, pour les années 50 (sans être malheureusement plus précis), 1324 officiers du NKVD (Qui comprend non seulement la police et la Sécurité d' État, mais aussi les pompiers et la Direction principale des camps) et du MGB condamnés, 2370 anciens membres de la Sécurité d' État soit licenciés, soit privés de décorations ou de retraite, exclus du parti, punis administrativement ou dans le cadre du Parti. 68 personnes se sont vues retirer le galon de général, parmi les dirigeants de la Sécurité d' État.  

    Ces réhabilitations paraissent néanmoins avoir jouées un rôle positif sur le système juridique soviétique, puisque désormais les méthodes de répression massives sont exclues. Ancien officier du KGB, Igor Préline raconta lors d'une conférence organisée a la mi-2008 par le CF2R (Centre français de recherche sur le renseignement) que la première chose que on lui enseignait a l' école du KGB était « plus jamais ça », ne plus utiliser cette méthode sanglante. A partir de la, étonnamment, malgré le côté répressif, le KGB sera beaucoup plus légaliste, recherchant plus la preuve concrète de  l'infraction, dans ses missions d' enquête, que auparavant. Un exemple peut être donné avec l' enquête sur Oleg Penkovsky, officier du renseignement militaire soupçonné de travailler pour les services secrets occidentaux, et qui sera longuement surveillé pour obtenir les preuves irréfutables de sa trahison; ou avec la longue surveillance des dissidents  Siniavsky et Daniels pour démontrer que ils furent les auteurs de « samizdat » publiés a l' Ouest.

    Mais malgré cette déstalinisation, nous sommes loin alors d'une liberté totale, le processus de lutte contre les opposants politiques continue .

    Directeur du KGB de 1967 a 1982, Youri Andropov le reconnaît lui-même a mots couverts dans sa note du 29.12.1975 n°3213-A a l'intention du comité central du PCUS: « En 1958, justement durant la période que certains a l' Ouest qualifient de « libéralisation », se référant a la déclaration du 27.01.1959 de Khrouchtchev sur 'l'absence de condamnations pour des infractions politiques ', 1416 personnes sont condamnées sur la base de l'article 70 du Code pénal de la RSFSR (Agitation anti soviétique et propagande) »

    Autre donnée peu connue, la réunion du Comité central du PCUS du 19.07.1962 (Donc quand Khrouchtchev était a la tête du PCUS) examine la question de « l ' intensification de la lutte avec les éléments anti soviétiques hostiles », lequel donne lieu a trois documents: résolution du conseil des ministres d' URSS élargissant la liste des endroits interdits pour les personnes «  aux activités anti soviétiques hostiles », «et  les personnes exilées ou accomplissant leur peine », Ordre du KGB n° 00175 « sur l' intensification de la lutte des organes de la sécurité de l' État envers les éléments démontrant leur hostilité »; ordre du procureur général d' URSS « Sur l' intensification du contrôle du procureur sur les enquêtes relatifs aux affaires de crimes d' État et leur examen dans les tribunaux ».

    Nommé en 1967 a la tête du KGB, Youri Andropov insiste clairement sur la nécessité de ne plus utiliser des méthodes répressives. Mais il entend ainsi les répressions de masse de l' époque stalinienne, en général, pour les dissidents ou futurs dissidents en particulier. La méthode change : on arrête les répressions de masse, on cible désormais les personnes une a une.

    A partir de Andropov le but fixé au KGB ne sera plus de chercher a tout prix a arrêter les auteurs de « propagande anti soviétique », mais de « prévenir ». Cette technique, appelée « profilaktika », sera mise en oeuvre par directives dès 1970. Le principe est simple: les personnes auteurs d'actes anti soviétiques ou en passe de l'être sont convoquées au service local du KGB ou un officier discute avec elles, déclarant que le KGB est au courant de leurs actes et leur demande de cesser. La personne doit s' engager par écrit a ne plus recommencer. Un exemple est donné par la note n°360-A du directeur du KGB Youri Andropov au Comité central du PCUS « sur la discussion profilactique et préventive avec P.G. Grigorenko »: Lors de la discussion il fut indiqué a Grigorenko que son activité porte atteinte aux intérêts étatiques et que si il continue seront prises des mesures par les organes du KGB ».

    Les documents declassifiés du KGB montrent en tout cas,du point de vue pénal, le développement de cette méthode:
    La note n°3213A du 29.12.1975 du directeur du KGB Youri Andropov au Comité central du Parti communiste d' Union Soviétique évoque 63108 personnes qui sont passées par la « profilaktika » de 1971 a 1974. Un chiffre conséquent, qui peut s' expliquer par la largesse de son implication: la « profilaktika » concerne aussi bien des personnes critiquant le régime de Brejnev (par exemple le général Grigorenko) que celles qui auraient eues a un moment ou a un autre une attitude « antisoviétique », ce qui peut inclure les personnes lisant des revues, livres, tracts considérés comme antisoviétiques  ou critiquant le régime.

    A partir de la, quid de la répression pure?
    Une note du 31.10.1975 n°2743-A du directeur du KGB Youri Andropov a l'intention du Comité central du PCUS évoque les chiffres respectifs de 1601 personnes condamnées pour « propagande et agitation anti soviétique » de 1959 a 1962, contre respectivement 502 de 1963 a 1966, 381 de 1967 a 1970 et 348 de 1971 a 1974. Les personnes coupables d'activités nationalistes qui ont été condamnées ne sont pas indiquées dans ses statistiques, mais on peut supposer que elles sont comprises dans la catégorie « propagande et agitation anti soviétique » , ainsi que dans la catégorie « Personnes condamnées pour d'autres infractions » (Chiffres respectifs de 1003 personnes de 1959 a 1962, 1011 de 1963 a 1966, 328 de 1967 a 1970 et 258 de 1971 a 1974)

    Une autre note, n°3213-A du 29.12.1975, du directeur du KGB Youri Andropov au Comité central, est tout aussi intéressante: Sur la période 1958-1966  pour « propagande anti soviétique » sont condamnées 3448 personnes. En septembre 1966 entre en vigueur l' article 190 du code pénal de la RSFSR (Diffusion de fausses informations nuisant a l'ordre constitutionnel soviétique). Sur la période 1967-1975, sur la base des articles 70 et 190 du code pénal de la RSFSR sont condamnées 1583 personnes. Autre information intéressante venant tout droit de la note n°3213-A, sont détenues 261 personnes, a la date du 20.12.1975, dans les camps, pour « agitation et propagande anti soviétique », ce qui est beaucoup moins que on ne pouvait le penser, et permet de tirer deux conclusions: Les personnes arrêtées étaient aussi envoyées en hôpital psychiatrique ou en prison, quand elles étaient condamnées, ensuite les personnes emprisonnées dans les camps de travail étaient sans aucun doute, en grande majorité, des auteurs d' infractions de droit commun.

    La « profilaktika » est donc la règle et l' enfermement, ou l' internement, plus des exceptions. La note du 09.02.1984 sur les recherches de personnes auteurs de lettres anonymes anti soviétiques pour l' année 1983 en donne un exemple concret: Sur les 1223 auteurs de telles lettres identifiées, 650 sont passés par la « profilaktika », 275 « sont en cours de vérification » (sans doute sous surveillance et enquête), 101 font l' objet d'une enquête, et (parmi ses 101, 48 sur la base des articles 70 et 190 du code pénal de RSFSR), 197 sont envoyées en hôpital psychiatrique.

     

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    Les chefs de la Cinquième direction du KGB, devenue en 1989 le Directoire "Z" (Protection de la Constitution): Philip Bobkov, chef adjoint de 1967 a 1969 puis chef de la 5ème Direction de 1969 a 1982; I.Abramov, a la tête de la Cinquième Direction a partir de 1982); Valery.Vorotnikov (1989-1991); E.Ivanov (Janvier 1991-septembre 1991)

    Notons aussi que la lutte contre l' opposition ne fait pas partie des priorités principales du KGB: Si elle est loin d'être délaissée, cette tâche relève du 5ème Directoire du KGB d'URSS (créé en 1967). Mais d'une part c'est un des plus petits services au sein du KGB (237 officiers au quartier général lors de sa création) lors de sa formation, d'autre part il n' aura jamais le statut de « Direction principale », statut accordé aux services d'une très grande importance comme le renseignement extérieur,le contre- espionnage, ou les gardes- frontières.
    Ce constat est très visible en examinant les rapports annuels du KGB d' URSS, par exemple le rapport du 15.03.1983 relatif a l' activité du KGB pour l' année 1982 évoque en premier lieu des tâches comme le renseignement extérieur, y compris politique et scientifique, le contre-espionnage, le contre-espionnage militaire, avant d'en arriver a la 5ème page seulement a la lutte contre les groupes nationalistes et aux activités antisoviétiques, notant au passage que 40 groupes nationalistes ont été découverts sur l'année 1982, entre autres en Ukraine, en Arménie, en Estonie et en Lituanie.

    Que peut-on en tirer comme conclusions? Le KGB a en effet lutté contre des personnes qui s'apprêtaient a commettre des infractions de personnes s'apprêtant a attenter a la vie humaine ( Détournements d'avions, lettres anonymes menacant de mort tel ou tel dirigeant). Quelques cas concrets l'ont démontrés: explosion en 1974 près du tombeau de Lénine, trois attentats a la bombe en plein Moscou le 08.01.1977 faisant 7 morts et 35 blessés; tentatives d'une personne vers 1967 de se faire exploser en plein au Comité central du PCUS; deux bombes désamorcées dans le métro de Moscou en 1989..) mais de tels actes ont plus été l' exception que la règle. Le KGB était aussi le « bras armé du Parti », le but était par conséquent d'assurer le monopole du Parti a tout prix. Le KGB diffère-il de ses prédecesseurs? Oui et non. Non car son rôle n'a pas changé, oui car la finesse était plus de mise. Les officiers de la Cinquième Direction n'étaient pas des incultes loin de la, et dès l' ère Chelepine (Donc fin des années 50 et début des années 60) un gros effort a été entrepris pour faire entrer au KGB des personnes dotées de diplômes, de têtes "bien faites" et pas forcément "bien pleines". Néanmoins, le rôle du KGB l'a poussé a violer certaines normes comme la Constitution, ou les accords de Helsinki de 1975, lesquels garantissaient pourtant la liberté d' expression. 
    Toutes les personnes aussi bien arrêtées et emprisonnées ou soumises a la « profilaktika » étaient loin d'être de fervents anti communistes ou anti soviétiques; a partir de la, la « lutte contre les dissidents » paraissait aussi comme un moyen d' empêcher la « déviance idéologique » des personnes ciblées. En un sens, cet arsenal de mesures montre bien une chose: il suffisait que la pression sur la population se relâche pour que le système ait un risque de s' effondrer, non pas dans le sens d'une guerre civile, quoique cette hypothèse ne peut complètement être exclue (tensions des minorités) mais aussi avec l' émergence d'une opposition viable au monopole du PCUS.

  • Le service de renseignement extérieur géorgien a désormais son site Internet

    Le service de renseignement extérieur géorgien vient d'inaugurer son propre site Internet ( http://www.gis.gov.ge/ ) , avec pour but d'informer sur les missions, les buts, et les structures du Service. Malheureusement, les informations disponibles dessus sont en géorgien, une langue particulièrement difficile a apprendre...

     

    Rappelons que depuis 2006 le Service de renseignement extérieur géorgien est dirigé par Guéla Béjouachvili, ancien Ministre des affaires étrangères. Une des priorités de ce service paraît être la collecte du renseignement en direction de la Russie: Les autorités russes ont affirmés depuis un ans avoir arrêtés deux espions géorgiens sur le territoire de la Fédération de Russie, tous deux issus du milieu du crime organisé.

     

  • Décès en décembre d'un ancien patron du MI6

    Un "Cold Warrior",spécialiste des soviétiques durant la guerre froide au sein des services secrets britanniques,est décédé en il y a quatre mois. 

     

    Colin Frederick Figures,patron du MI6 ,le service de renseignement britannique de 1982 a 1985,est mort le 08.12.2006.  Je n'ai appris la nouvelle que hier soir,d'ou le retard dans la parution de cet article.

     Sir Colin est né le 01.07.1925 a Birmingham,il passe par la King's Edward's School de Birmingham,puis sert de 1945 a 1948 dans un régiment,tout en apprenant le russe a Cambridge.Parle russe et francais.

    Sa carrière commence en 1951,quand il entre au MI6, ensuite il sera en poste en Allemagne de 1953 a 1956,a Amman,Jordanie,de 1956 a 1958,Chef de station a Varsovie,Pologne, de 1959 a 1962.Parmis ses informateurs,notons un officier de l'UB (services secrets polonais) nom de code "Noddy",qui avait contacté l'ambassade britannique a Varsovie en 1958.C'est l'officier du SIS a Varsovie John Quine,qui travaillera aussi a la section soviétique du SIS,qui sera chargé de traiter cette précieuse source.A Varsovie,on en sait peu sur le travail de la station du SIS de 1959 a 1962,mais d'après une information,Colin Figures y aurait mené de belles opérations.Notons toutefois que c'est a la même période que un officier du MI6,Georges Blake,transmettra des informations au KGB,dont parmi elles,la "Watching list" du MI6 (les personnes susceptibles d'être recrutées) en Pologne pour l'année 1959,et donn dévoilera ainsi au KGB (Qui transmettra l'information au contre-espionnage polonais) les dégâts causéés par la station du SIS a Varsovie..

     Après Varsovie,Figures a dirigé la station du SIS de Vienne,tout près du "Rideau de Fer".Une des antennes les plus prestigieuses du monde,non seulement a cause du lieu même,mais aussi du travail a y accomplir.Vienne ,aussi bien durant la Guerre Froide que aujourd'hui encore,reste un des terrains de confrontation entre services secrets parmi les plus importants.Il ne faut pas oublier que Vienne est un pays "neutre",qui accueille aussi bien,aujourd'hui,le siège de l'OPEP que les ambassades nord-coréennes ou iraniennes...Et,durant la Guerre froide,étant située près de l'Empire communiste,dont l'Autriche était une excellente base pour recueillir des informations.

    Après ses postes,Figures revient au QG du SIS,et nommé en 1973 chef de la section Irlande du Nord,au plus fort de la lutte contre l'Armée Républicaine Irlandaise (IRA),puis n°2 du MI6 en 1979,et chef du service britannique en 1982,jusque 1985.Si la Guerre des Malouines en 1982, contre l'Argentine,que le SIS n'a pas su prévoir,reste comme un échec pour le service,en revanche,c'est sous Colin Figures le renseignement extérieur de Sa Majesté marque des points contre les soviétiques:d'abord en 1982, MI6  fait exfiltrer Vladimir Kouzitchkine,officier du KGB a Téhéran chargé de superviser le travail des illégaux soviétiques et du Toudeh (Le Parti communiste iranien),puis en 1985 la station du MI6 a Moscou mène une de ses plus belles opérations: Est exfiltré ,après avoir semé le KGB,Oleg Gordievsky,un officier du KGB recruté a Copenhague en 1966.Un officier du KGB exfiltré alors qu'il est de l'autre côté du Rideau de Fer! Une réussite.Après avoir quitté MI6,Colin Figures a été nommé Coordinateur des services secrets au Cabinet Office,jusqu'a sa retraite en 1989.

    Il s'est éteint des suites de la maladie d'Alzeimher.Avec mes hommages. 

     

     

    Pour précision,le dossier sur le MI6 en direction de l'Irak est toujours en cours de traitement.