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Thématique: Terrorisme

  • Les officiers du renseignement dans les structures internationales

    Un constat peut être fait: Depuis les années 90 au minimum, les Etats prennent l' habitude d' envoyer, de détacher, des officiers des services de renseignement pour les mettre à la disposition de structures internationales, comme l' ONU ou l' Union Européenne.

    Nous ne parlons pas ici d' officiers agissant sous la couverture de leur représentation auprès d'une organisation internationale pour faire de l' espionnage, mais de professionnels du renseignement, détachés par leur pays, sciemment, pour aider les structures internationales par le biais de leur expérience. Les exemples sont nombreux: Par exemple quand l' ONU décide de créer un Groupe d' experts chargé d' appuyer le Conseil de sécurité dans la lutte contre Al-Qaïda, c'est à Richard Barrett (voir plus bas) qu'il revient de le présider. Quand, selon l' ancien officier du SVR Sergey Tretiakov, l' ONU créé son propre centre de situation, c'est un officier du SVR qui est détaché. Enfin, le "Centre de situation conjoint de l' Union Européenne" ,est chargé "d' assurer un suivi
    permanent de l'actualité et de produire des évaluations de moyen terme sur des questions géographiques ou thématiques intéressant l'Union européenne, au profit du Secrétaire général/Haut représentant et des instances du Conseil, notamment du Comité politique et de sécurité. Doté d'une cellule de renseignement, il fournit également des analyses sur le contexte dans lequel se développent les opérations de gestion de crise de l'Union européenne"
    (Guide de la politique européenne de sécurité et de défense [PESD] de 2006). Cette structure accueillait, en 2003, un officier de la DGSE, le service de renseignement français, Monsieur M.., civil toujours en exercice aujourd'hui. Beaucoup plus récemment, c'est un lieutenant-colonel de la DGSE (Voir plus bas), précédemment chef de poste en Afrique et en Amérique du Nord, qui dirigea l' analyse au sein du centre de situation conjoint de l' UE.

    Cette "intégration" d' officiers des services secrets au sein même d' organes internationaux répond à une double logique: La participation accrue de l' intervention des organisations internationales dans les conflits internationaux; la nécessité de personnel expérimenté pour les fonctions d' analyse, de collecte d' information, de veille etc....

    Ce qui ne signifie pas que toutes les personnes membres de ses structures soient membres d'un service de renseignement. Par exemple, Stanislav Frolov, détaché par les autorités russes dans le comité auprès de l' ONU chargé de la lutte contre Al-Qaïda (Paragraphe 7 de la Résolution 1526 du Conseil de sécurité de l' ONU) , a une expérience plus "policière" que d' espionnage: Il a été précédemment détaché par le Ministère de l' Intérieur russe pour participer à des opérations de l' ONU dans les Balkans.

    Alors, quels critères utilisés? Ici, nous sommes en plein empirisme. Selon un communiqué de l' ONU, le groupe d' experts chargé de l' appui analytique et de la surveillance des sanctions dans le cadre de la résolution 1267 de 1999, pour le Conseil de sécurité, contre Al-Qaïda et les Talibans indique par exemple que les experts choisis sont plus globalement spécialisés "dans des domaines tels que la lutte contre le terrorisme et les législations en la matière, le financement du terrorisme et les opérations financières internationales, les systèmes de virement de remplacement, les activités caritatives et l' utilisation de messagers, le contrôle des frontières, y compris la sécurité portuaire, les embargos sur les armes et les contrôles des exportations ainsi que le trafic de drogues". Aucune obligation n' est ici posée pour que les membres soient obligatoirement des membres des services de renseignement: Cela peut aussi être des diplomates, des policiers, des membres des services de sécurité. Sauf si l' organisation internationale le demande expressément aux Etats-membres: Ce sera le cas, au milieu des années 90, pour le centre de situation de l' ONU (Tretiakov, op.cité)

    Néanmoins, reste une inconnue dans cette équation: Les officiers du renseignement détachés auprès des instances internationales sont-ils chargés, ainsi, de les espionner, ou au contraire de leur apporter leur appui et leurs compétences?

     

     

    Biographie de Richard Martin Donne Barrett

     

    Né en 1949

    En poste en Turquie à partir de 1987

    Premier secrétaire à la délégation britannique auprès de l' ONU à New York de 1988 à 1992

    Ordre de l' Empire Britannique le 30.12.1992

    En poste à Amman à partir de 1997

    Chef de la Branche Antiterrorisme, Contrôllerate “Global Tasks”, Directorate of Production and Requirements du Secret Intelligence Service.

    Coordinateur à l' ONU de l' équipe d' appui au Conseil de sécurité chargée de Al-Qaïda et des Talibans, depuis 2004.

     

    M.X

     

    Grade de chevalier à la fin des années 80

    Lieutenant-colonel de la DGSE

    Chef de poste dans un pays d' Afrique dans les années 90

    Chef de poste dans un Pays d' Amérique du Nord au tout début des années 2000


  • Contact entre le chef de station de la CIA a Islamabad et le Premier ministre pakistanais

    Comme vient de l' apprendre « Le monde du renseignement » , le lundi 10.11.2008, l' ambassadeur des États-Unis a Islamabad, avec a ses côtés le chef de station de la CIA au Pakistan (Qui entre autres avait dirigé une station de la CIA, au milieu des années 90, dans un pays d' Afrique francophone) ont appelés le nouveau premier ministre pakistanais,Yousaf Raza Gilani, élu en mars de l' année dernière, et qui fut le numéro 2 du Parti du Peuple Pakistanais, le PPP, dirigé jusqu'à son assassinat par Benazir Bhutto, et un des leaders de l' opposition a Parvez Musharraf. Le chef de station s'est alors entretenu au téléphone avec le chef du gouvernement « pour faire un briefing complet en matière de renseignement » sans que l' on en sache plus.. M. Gilani a abordé avec les deux américains l' affaire du Dr Afia Siddiqi, citoyenne pakistanaise détenue par les américains en Afghanistan.

    Cette brève histoire ne fait que confirmer l' existence de contacts officiels entre la station de la CIA a Islamabad et les autorités pakistanaises au plus haut niveau, plus particulièrement dans le cadre des questions de lutte contre le terrorisme.

  • L' affaire Battisti, quelques éléments juridiques

    Nous appelons esprit révolutionnaire, le désir exalté de sacrifier violemment tous les droits à un but politique. Jean-Etienne-Marie-Portalis, jurisconsulte et philosophe, un des grands rédacteurs du Code civil.

    Il est de mode en France que quand un terroriste d'extrême gauche est interpellé ou condamné on en parle. Cela fait du boucan. Médiatique. Les intellectuels se mobilisent. Le PS idem. Le PC suit vaille que vaille. La LCR (pardon le NPA) est plus royaliste que le Roi. Par contre quand c'est l' extrême-droite,la....A t-on vu ses messieurs s'épancher sur Maxime Brunerie? Ou défendre ce groupuscule qui posa des bombes contre des foyers d'immigrés dans les années 80? Deux poids deux mesures.... Ah oui pardon ce sont des fascistes, des méchants. Encore un peu et on me dira que les membres des Brigades rouges ou d' Action directe eux sont des victimes... Ses esprits révolutionnaires qui voulaient tuer du méchant capitaliste, c'est d'un romantisme...Je m'y suis un peu laissé prendre au lycée. Un peu, mais avec prudence, et des doutes. Maintenant, non. Plus jamais. Attention, je ne suis pas d'extrême droite non plus. L'idéologie "pétainiste", paternaliste, dictatoriale, ou nazie, avec Hitler et sa théorie des races, me répugnent tout autant. Mais pourquoi m'en prendre a l' extrême gauche? Parce que, n'ayant pas l' habitude de céder aux tempêtes médiatiques, cette fois je m'y prends pour mettre quelques points sur les I a propos d'un dénommé Cesare Battisti, triste Sire de son état.Et donc, il convient de répondre a certains des arguments posés par les défenseurs de Battisti, voire Battisti lui-même.  Commencons par la fameuse "doctrine Mitterrand", qui est de laisser les membres des Brigades rouges réfugiés en France, ou ici, d'un membre du PAC (Prolétaires armés pour le communisme). La question première qui se pose est: Cette "doctrine" est elle valable? Sur quoi se base cette doctrine? Sur la parole donnée par le chef de l' Etat. Certes. Mais est ce que cela lui confère force obligatoire? La réponse est clairement donnée dans une décision de 1988 "Ville d'Amiens" du Conseil d' Etat: "Les paroles d'homme politique n'ont pas de valeur juridique". Depuis quand ce que dit un homme politique a force de loi? Nous sommes pourtant un pays de droit écrit. Ce principe est clairement énoncé par le Conseil d' Etat dans sa décision "Battisti" du 18.03.2005:

    "Considérant que, si le requérant invoque les déclarations faites par le Président de la République, le 20 avril 1985, lors du congrès d'un mouvement de défense des droits de l'homme, au sujet du traitement par les autorités françaises des demandes d'extradition de ressortissants italiens ayant participé à des actions terroristes en Italie et installés depuis de nombreuses années en France, ces propos, qui doivent, au demeurant, être rapprochés de ceux tenus à plusieurs reprises par la même autorité sur le même sujet, qui réservaient le cas des personnes reconnues coupables dans leur pays, comme le requérant, de crimes de sang, sont, en eux-mêmes, dépourvus d'effet juridique ; qu'il en va également ainsi de la lettre du Premier ministre adressée, le 4 mars 1998, aux défenseurs de ces ressortissants".

    Certes c'est contestable dans le sens ou un homme politique peut dire tout et son contraire; il n'y aura, potentiellement, que les élécteurs pour le sanctionner. Néanmoins, j'imagine mal que la parole suffise; il faut un acte écrit. La France est un pays de droit écrit, ce qui permet de prouver les propos tenus, mais aussi d'avoir une certaine cohérence, voire de contrôler la conformité de la loi ou du décret par rapport a des textes comme la Constitution. Or cela ne choque personne que le Président de la République, garant des institutions, se permette de prendre position sur une question ne relevant pas de sa compétence? N'est ce pas contraire a l' article 16 de la DDHC, qui indique clairement la séparation des pouvoirs? Ou bien, si la Constitution ne sert a rien et que il faut jetter le texte a la poubelle..

     

     

  • Richard Thompson, un espion de Sa Majesté en Mésopotamie

    Depuis environ un ans, la guerre en Irak fait moins l' actualité journalistique, ce qui peut être attribué aussi bien a la formation progressive de la police et de l' armée irakienne, aux accords conclu avec différents chefs tribaux, ainsi que a la lutte antiterroriste entre autres. Il convient de le reconnaître, cela n' était pas gagné: les armes de destruction massives introuvables, le scandale Valérie Plame, l 'augmentation des tensions et des violences, les tortures sur des prisonniers.. Petit détail peu connu du public, car passé entre les gouttes de la presse, des membres des services secrets de Sa Majesté ont eu connaissance de ses méthodes. Se sont-elles tues pour éviter le scandale? Ou n'ont elles pas pris conscience des violations commises par les américains, Il serait intéréssant de poser la question au chef de station du SIS a Bagdad de l' époque, Richard Thompson.


    Richard Thompson. Né en 1960, conformément a la tradition, Richard Paul Reynier Thompson est officiellement un « diplomate » du Foreign and Commonwealth Office, le Ministère des affaires étrangères de Sa Majesté. Les éléments disponibles sur sa carrière indiquent alors une orientation « Europe de l' Ouest »: Après un poste a Stockholm en 1991, il sert a Genève en 1996.

    Richard Tomlinson est un ancien officier du SIS qui, pour se venger de son ancien service (lequel l'avait viré) a publié la liste de plusieurs de ses anciens collègues . Le nom de Thompson apparaît pour la première fois en 1999; c'est la « liste Tomlinson », laquelle identifie pas moins de 116 officiers du SIS, qui indique entre autres un dénommé Richard Thompson. Notons au passage que plusieurs des noms dévoilés a cette occasion ont pus être certifiés:  Citons Andrew Gibbs et Raymond Asquith, ou Richard Dearlove, John Scarlett, Andrew Robert Fulton, Clive Dare Newell, Norman McSween, Ian Forbes McCredie .

    Cet accroc de carrière semble avoir obligé le SIS a changer Thompson d' affectation: après avoir travaillé dans le cadre du contrôleurat « Europe » il est affecté au Kosovo, avant d'arriver a Bagdad: Le « Times » du 04.04.2007 fait clairement référence a Richard Thompson comme ayant servi en tant que chef de station a Bagdad, sans en dire plus.

    Ambassade britannique a Bagdad Je me montrerai plus précis: Selon les listes diplomatiques britanniques Richard Thompson était officiellement conseiller a l' ambassade britannique a Bagdad en 2004 et 2005, avant d' être remplacé. On peut supposer que il est arrivé dans la capitale irakienne peu après que les troupes état-uniennes et leurs alliés aient pris contrôle de l' ensemble du territoire, donc dès 2003.


    C' est a Bagdad que il est confronté indirectement a un nouveau scandale, car même si son nom n'est cité nulle part, un rapport officiel de la chambre des communes fait très clairement référence a des pratiques illégales dont avaient connaissance les officiers du SIS a Bagdad, mais dont ils n'ont pas évalués qu'il constituait une violation de la convention de Genève: Ce rapport de mars 2005 est passé a travers les gouttes de la presse, et pourtant il est passionant. Intitulé Handling of Detainees by UK Intelligence Personnel in Afghanistan, Guantanamo Bay and Iraq , il définit, pour commencer, les missions du renseignement britannique en Irak:

    -Collecter des informations en Irak.

    -Participer au travail de l'Iraq Survey Group, chargé de retrouver les armes de destruction massives

    -Diriger les interrogatoires des personnes mêlées au programme des ADM irakiens

    -Examiner les armes saisies pour les besoins du renseignement

    -Fournir des informations pour protéger les Forces de la coalition d'attaques imminentes.

    Le rapport se montre ensuite particulièrement sévère vis-a-vis du SIS, mais moins sur l'Irak: Si il critique le fait que aucun officier du SIS (Ni du MI5 ou du DIS) n'a reçu de formation a propos de la Convention de Genève, ce qui conduisit a des erreurs de jugement grossières:  Le rapport indique que dans un cas, en juin 2003, deux officiers du SIS chargés d'interroger un irakien lié aux programmes d' ADM et détenu par les américains ont vus arriver leur "client" enchaîné et avec sur la tête une cagoule. Les deux officiers pensèrent alors que ses mesures étaient nécessaires pour des raisons de sécurité, et cet incident ne sera rapporté que en mai 2004 quand les différentes agences de renseignement britannique furent chargées de demander a leur personnel chargé des interrogatoires de détenus si des abus ou des actions contraires a la politique britannique s'étaient produits. Par conséquent, les différents Ministères ne furent alertés que en mai 2004.

    Un autre exemple donné dans ce rapport concerne l'interrogatoire, en 2003 toujours, d'un autre irakien lié au programme des ADM, par des officiers du SIS. Ils notèrent que les conditions de vie du détenu sont inacceptables et que son traitement laisse a désirer. A l'automne 2003, un officier du SIS qui visita a trois reprises cet établissement américain nota que les conditions s'étaient améliorées. Petit détail bizarre dans ce rapport: Selon lui, les Ministres ne furent au courant que a la mi-2004. Pourtant, dès janvier 2004, est évoquée une possible violation de la Convention de Genève dont a connaissance le SIS par le centre d'interrogatoire américaine a Battlefield, a l'aéroport de Bagdad. Et le rapport de préciser que la question fut soulevée par le représentant supérieur du SIS (Sans doute Richard Thompson) avec l'officier américain a la tête de cet établissement, lequel affirma que la Convention de Genève était respectée. Et quand la question fut évoquée par le représentant du SIS avec le lieutenant général Sanchez, haut responsable de la Coalition en Irak, le 21.01.2004, le haut grade de l'armée d'évoquer une enquête menée pour découvrir les auteurs d' abus sur des détenus. Selon le rapport, "les Ministres n'en entendirent parler pas avant mai 2004". On peut tout de même avoir un doute sur le fait que les Ministres soient prévenus si tard: Normalement, les officiers du SIS rendent compte a Vauxhall Cross, le QG du SIS, lequel, après tri, fait remonter les informations vers le Ministère des affaires étrangères (Foreign and Commonwealth Office) voire le Cabinet Office. Que l'information sur ses événements soit remontée si tard peut surprendre.  Pour la petite histoire, les officiers du SIS recurent des instructions sur le traitement a l'égard des détenus...en juin 2004. Le rapport note toutefois que les incidents de ce genre sont rares, et que aucun membre des services de renseignement britanniques n'a commis d'abus sur des prisonniers

    Vauxhall Cross, le QG du SIS sur la Tamise.

    Après son poste a Bagdad qu' il quitte vers 2005-2006, la carrière de Thompson compte une année de « trou », ou ses activités sont quasiment inconnues. Sans doute occupe-il une fonction au coeur du Secret Intelligence Service.

    En avril 2007, il est détaché auprès du Ministère de l' Intérieur, le Home Office, et nommé a la tête de la nouvelle Police Nucléaire, la Civil Nuclear Constabulary, dont la mission est de protéger les centrales nucléaires. Les biographies officielles, selon la tradition, le décrivent comme un "senior diplomat of the Foreign and Commonwealth Office" qui a de l'expérience dans le domaine de la défense et de la sécurité.

  • Ben Laden n'est et n'était pas un agent de la CIA

    Les attentats du 11 septembre ont donné occasion a des commémorations, y compris de la part des "conspirationnistes" accusant la Maison-Blanche, le Pentagone, le NORAD d'avoir orchestré ses attaques terroristes il y a sept ans (Par exemple, l'article "résister au mensonge" sur le site du réseau Voltaire). A chacuns ses Thierry Meyssan! Le problème c'est que je ne m'y retrouve plus dans ses théories: soit les attentats du 11 septembre sont dûs aux russes, soit au Mossad, soit la CIA , soit le Pentagone ou les Serbes..Messieurs, mettez-vous un peu d'accord!

    Une de ses théories veut que ce soit UBL (Usama Bin Laden) qui ait bien commis les attentats. Certains d'y répondre: Il a commis ses attentats sur ordre de la CIA, d'autres: Les américains l'ont formés, ils en payent le prix. Manque de bol, l'analyse de certaines informations m'amène a la conclusion suivante: UBL (Comme l'appelaient les officiers de la CIA) n'était pas un agent de la CIA....

    Oussama Ben Laden

    Que Ben Laden soit un "agent de la CIA" impliquerait: un recrutement, des contacts, mais aussi, que soit la CIA finance Ben Laden et son "oeuvre" (Nous sommes, dans les années 80, en pleine guerre en Afghanistan, et la CIA soutient les moudjahidines afghans combattant les troupes soviétiques, par une aide matérielle [ Argent, armes]. Il paraît logique, si Ben Laden est un "agent de la CIA" plongé dans la guerre en Afghanistan, que il soit lui aussi aidé.

    Or primo, dans ses mémoires ("At the center of the storm", qui viennent de sortir en russe), George Tenet, patron de la CIA de 1997 a 2004, l'affirme clairement: "Ben Laden n'a jamais été un agent de la CIA contrairement a ce que certains affirment". C'est rare que un officier des services secrets prenne aussi publiquement position (surtout un aussi haut responsable de la communauté du renseignement US) et dise qui est un informateur de la CIA ou pas. Désinformation? Mon sixième sens me dit non, confirmé par plusieurs éléments.

    Milton Bearden, chef de station de la CIA a Islamabad de 1986 a 1989.

    Secundo, la lecture du livre de Milton Bearden et James Risen "CIA-KGB.Le dernier combat". En tant que chef de station de la CIA a Islamabad de 1986 a 1989, Bearden a participé au soutien des moudjahidines contre l'armée soviétique en Afghanistan. Dans son ouvrage, il raconte beaucoup de choses: les contacts avec les autorités pakistanaises, avec les "chefs de guerres", les visites de camps, l'utilisation des stingers contre les hélicoptères soviétiques.. Or l'impression que je retire du livre de Bearden et Risen est que la CIA financait et équipait les moudjahidines par le biais des principaux chefs de guerre uniquement. Ben Laden en était-il? Nullement: Il aidait a l'envoi de volontaires arabes depuis le Pakistan, puis a lui-même dirigé un camp en Afghanistan, avec ses mêmes volontaires arabes. Source financière? Sa fortune personnelle et les donations faites par des mécènes moyen-orientaux.

    Tertio, Bearden toujours est catégorique (Page 288 de son livre "CIA-KGB): "A une époque, la CIA avait envisagée d'entraîner les légions de volontaires arabes qui voulaient prendre part a la guerre, mais l'idée avait été jugée déraisonnable et impossible a mettre en pratique". Ce qui laisse a penser que la CIA a tenté d'établir des contacts avec certains de ses "arabes afghans" (Comme on appele les volontaires arabes partis combattre les soviétiques en Afghanistan). Ben Laden a-il eu des contacts? Aucune information dessus malheureusement.

    Quatro, je suis étonné que ceux qui s'empressent de crier aux contacts entre Ben Laden et la CIA n'en apportent aucune preuve. Etre un "agent de la CIA" implique que Ben Laden ait été recruté. A partir de la, plusieurs possiblités: Soit un agent transmet des informations, ou est aidé, mais ne se rend pas compte que il est recruté; soit il est recruté mais sous "faux pavillon" (Par exemple, il est recruté par des officiers de la CIA se faisant passer pour des saoudiens. Si l'objectif déteste les américains mais apprécie les saoudiens, il coopérera plus volontiers avec les premiers) soit il est directement recruté par les services secrets des Etats-Unis. Dans les trois cas de figure, aucune preuve n'est apportée d'un recrutement, de quelque manière que ce soit, et encore moins de contacts entre la CIA et Ben Laden. Une seule information fait état d'une rencontre entre Ben Laden et un officier de la CIA a Dubaï en juillet 2001. Mais d'une part cette rencontre n'est pas prouvée , d'autre part, même si elle a eu lieu, on ignore quel était son but. Le but d'un service secret est d'être en contact aussi bien avec les amis que avec les ennemis, pour obtenir des informations, par exemple connaitre les intentions, "sonder" l'ennemi. Si la rencontre a bien eu lieu en juillet 2001, on ne peut totalement exclure que tel était le but, la CIA pressentant depuis plusieurs mois que Ben Laden comptait commettre un attentat sur le sol américain.

    Donc, Ben Laden n'est pas un "agent de la CIA". Cette accusation est même absurde, car coopérer avec un service secret ne signifie pas être son agent. Dans ce cas, pourquoi ne pas porter la même accusation contre les "chefs de guerre" qui, eux, ont réellement coopérés avec la CIA dans leur lutte contre les soviétiques, tel que Jalaluddin Haqqani ou Gulbuddin Hekmatyar?

    En revanche, on ne peut complètement exclure, et c'est même très probable, que certains terroristes proches de Ben Laden soient en effet passés par des camps ou aient bénéficiés d'une aide américaine. Ou bien certains de ses alliés, le but de Ben Laden étant de fédérer ou de coopérer avec les groupes sunnites extrémistes dans le but de "lutter contre les croisés" et d'instaurer le califat.

     

  • Dernières informations sur le terrorisme en Tchétchénie

    Le blog "la communauté du renseignement" a obtenu récemment quelques informations sur la délicatesse de la situation en Tchétchénie. Si la guerre est terminée (Selon le directeur du FSB Nikolaï Patrushev , 12.12.2007) les forces armées russes et le gouvernement tchétchène continuent leur lutte contre les "boïevikis". Au niveau russe, la lutte implique en premier lieu le Ministère de la Défense, aussi bien a travers ses unités régulières que ses unités d'élites (Les Brigades "Spetsnaz" du GRU) ainsi que le Ministère de l'Intérieur. Le FSB (et surtout ses services de lutte contre le terrorisme) auraient un rôle plus limité, actuellement, dans le conflit, le FSB laissant ce rôle aux deux Ministères cités.

    Concernant les "boïevikis", la chasse qui leur est donnée par les "structures de force" russes et tchétchènes, les interpellations, opérations, sans compter ceux qui sont passés du côté des Forces fédérales a obligé a un changement de tactique (sans doute dû aussi a une baisse des effectifs): Désormais ils se planquent, sortent de leur cachette pour commettre quelque attaque et se replanquent immédiatement. Notons aussi que selon les informations obtenues, très peu de ses "boïevikis" sont des tchétchènes. La majorité d'netre eux seraient plus des personnes issues d'autres régions, par exemple le Moyen-Orient ou l'Ukraine. Ses informations restent a recouper et confirmer

  • La Corée du Nord, soutien du terrorisme?

    L'information est passée pratiquement inapercue en janvier dernier, et pourtant! Un rapport officiel du Congrès américain accuse la Corée du nord de liens avec le terrorisme. Sont cités le Hezbollah et le LTTE (Tigres tamouls, Sri Lanka). Intitulé  "North Korea: Terrorism List Removal?", il est disponible ici

  • Communiqué du MI5 sur Ossama Bin London

    27 February 2008

    TERRORIST RECRUITERS CONVICTED

    Four London men have been found guilty and another three have admitted a range of terrorist offences in a five-month trial held at Woolwich Crown Court. The court heard that the ringleaders of the group sought to radicalise young men in London and encourage them to murder non-Muslims.

    Mohammed Hamid, an extremist who called himself "Osama bin London", organised terrorist training camps at a number of locations around England. He was convicted on three counts of soliciting murder and three counts of providing terrorist training.

    The other defendants were convicted on a variety of charges including providing training for terrorism, attending a place for the purpose of terrorism training and possessing a record containing information likely to be useful to a person committing or preparing an act of terrorism.

    The case was the first to be brought under section 8 of the Terrorism Act 2006, under which it is a criminal offence to provide terrorist training or attend a place used for terrorist training. The convictions marked a successful conclusion to Operation Overamp, a two-year joint investigation by the police and Security Service. Sentencing will take place in March.

    In addition, two other men were convicted and sentenced in earlier hearings that could not previously be disclosed due to reporting restrictions. Hassan Mutegombwa was jailed for ten years for intending to travel overseas to carry out acts of terrorism, and Mustafa Abdullah was sentenced to two years' imprisonment for possessing a record containing information likely to be useful to a person committing or preparing an act of terrorism.

    For more information on these cases, please see:

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    © Crown Copyright 2008

  • L'Irlande, pays de passion, pays de colère et pays de contraste

    Suite du dossier sur l'Irlande du Nord, avec cette analyse faite par une amie qui était avec moi en Irlande, ce qui a permis de "prendre la température" aussi bien dans le Nord que dans le Sud

     

    Entre les 2 Irlandes réunies seulement par une même équipe nationale de rugby, une frontière s'élève. Pas une frontière avec des barbelés mais un mur psychique. Les Irlandais du Sud connaissent une croissance à 2 chiffres, ont profité des subventions européennes pour se développer et rénover leur pays. Cork a été élue capitale européenne de la culture apresè Lille ; pour l'occasion la ville s'est dotée d'un nouveau théâtre et d'un musée des beaux arts au  desing surprenant (essayez les toilettes et leur portes de 3 metres de haut !) Les facades de Dublin autrefois connues pour leur grisailles affichent un blanc tout neuf, le chômage est une notion inconnue. Les habitants se plaignent de la hausse des prix mais globalement le pouvoir d'achat a augmenté, les activités culturelles se développent et les bars sont emplis des échos des musiques traditionnelles.
    Au Nord, une toute autre atmosphère nous attend : la méfiance, le chômage de masse, les inégalités entre catholiques et protestants. La ville est 'morte' à 6 heures du soir. Les séquelles d'une longue guerre civile, sont présentes sur les murs de la ville, et dans les coeurs.
    J'ai été étonnée toutefois de voir que petit à petit les mentalités semblent changer : une serveuse catholique nous a servi en plein milieu du quartier protestant, dans un bar protestant. Les jeunes font des études et n'hésitent plus à aller en Angleterre pour faire leur université, ils s'y intègrent plutot bien même si leur accent est le sujet de railleries... Ils ont souvent pour amis les Ecossais plus que les anglais  mais ils ne sont plus victimes d'attaques racistes comme ce fut le cas dans les années 70.
    Et surtout, le gouvernement britanique à enfin compris que la répression seule ne pouvait par ramener la paix au pays de la Guiness. Des fonds ont été développé dans un grand projet de réhabilitation de la ville : le port, le centre ville eu eu droit à un sacré coup de lifting et pour une fois, le projet a inclu les quartiers catholiques dans la rénovation. Les catholiques ne sont plus exclus de tout embellissement.
    De nombreux projets tentent de réduire le chômage catholique et d'améliorer les écoles belfastoises, un gros travail de réintégration des anciens de l'IRA est aussi assuré par le milieu associatif avec le regard bienveillant des autorités.

    Tous ces symptomes de guérison laissent espérer que le conflit en Iralnde apres 70 ans de luttes est bel et bien terminé. Toutefois, il ne faut pas se réjouir trop vite, l'Irlande du Sud par un vote a fait savoir qu'elle était pour un éventuel rattachement de l'île. Si l'Ecosse, après un parlement flambant neuf, obtient son indépendance comme de nombreux observateurs le pensent ; la semi autonomie de l'Irlande du Nord ne sera peut être plus assez aux yeux des fiers gaélics. Espérons que les autorités anglaises seront assez intelligentes pour accorder avec le temps une indépendance souhaitée par une majorité de la population.

     

    Sophie 

  • La CIA abandonne son programme des "immersions profondes".

    L'information vient tout droit du Los Angeles Times, journal américain généralement bien informé sur les questions de renseignement: La CIA vient d'abandonner son programme dit des "immersions profondes".

    De quoi s'agit-il? Un officier de la CIA en poste a l'étranger utilise généralement une couverture diplomatique ou consulaire pour ses activités d'espionnage dans le pays qui l'accueille. Il est donc amené, en tant que diplomate, a rencontrer d'autres diplomates, industriels, économistes, hommes politiques...Un domaine qui ne permet pas d'infiltrer et de neutraliser les cellules de groupes terroristes. Consciente de cette faille, au lendemain du 11 septembre, la CIA décide de développer son programme NOC (Non Official Cover). Il s'agit d'implanter dans des pays autres que les Etats-Unis des officiers de la CIA au sein d'entreprises , avec pour but qu'ils infiltrent les groupes terroristes. Il est en effet plus facile, moins soupconneux, d'être un entrepreneur ou un industriel que un diplomate, les ambassades ayant la réputation (mais la réputation seulement ) d'être des nids d'officiers de la CIA.

    L'utilisation de NOC n'est pas une première au sein de la CIA, ou de tout autre service secret. Tout service secret utilise, pour ses missions, des couvertures commerciales ou industrielles par exemples. Reste en mémoire le BND (Renseignement extérieur de la République Fédérale allemande) et le Guojia Anquanbu (Renseignement et contre-espionnage chinois) qui utilisent très souvent cette couverture. Notons aussi que la CIA a déja utilisé ses couvertures NOC pour des opérations d'espionnage économique: Elle a instauré des officiers sous NOC a la fin des années 80 au Japon, et reste en mémoire le cas de Mary Ann Baumgartner, cette "représentante de société" qui tenta de recruter en France un haut fonctionnaire, Henri Plagnol , scandale rendu public en 1995 et qui entraîna l'expulsion entre autres de Baumgartner et du chef de station de la CIA a Paris Richard Holm.

    Cette opération de la CIA ,ou ont été crées de 2002 a 2004 12 sociétés permanentes, masquant des officiers de la CIA, en Europe, ou sont implantées tout comme d'autres régions du monde des cellules terroristes, avait pour but d'infiltrer ses dernières. Des moyens financiers considérables (On parle de centaines de millions de dollars) ont été mis en oeuvre pour l'implantation des entreprises et le renforcement de la couverture des officiers de la CIA NOC.

    Mais l'opération a échouée. En effet, les terroristes ne fréquentent ni les cocktails diplomatiques, ni le monde des affaires , exception faite pour les financiers du terrorisme. 

    Il faut y ajouter l'opposition , dans certains cas, de l'utilisation du NOC. L'article donne en exemple le chef de la station de la CIA a Riyad qui a refusé qu'on envoie en Arabie Saoudite un officier en NOC, lequel était invité a une conférence sur l'énérgie a Riyad. Ou les critiques dans l'approche des NOC faite par Rolf-Mowatt-Larssen, alors chef de la Division Europe de la Direction des Opérations de la CIA.

    Un des dangers du NOC, il est vrai, est l'absence de couverture efficace en cas d'arrestation. Un officier de la CIA sous couverture diplomatique arrêté pour espionnage risque seulement d'être expulsé; un officier NOC la prison , avec les risques dans certains pays du globe d'être torturé, et d'avouer, racontant les méthodes et les cibles de la CIA,voire le dévoilement du réseau NOC dans son ensemble.

    Notons aussi que une des firmes a vu sa couverture bousillée quand il a été rendu public en 2003 que Valérie Plame, une officier du WINPAC (La division chargée de l'analyse des informations en matière d'armement, et entre autres d'ADM) de la CIA était une fonctionnaire de la CIA travaillant sous couverture de la firme "Brewster Jennings & Associates".

    Toutefois, selon l'article, sur les 12 sociétés, 10 seulement ont été fermées. Quid des deux dernières? Auraient-elles atteints leur but? La question se pose. 

    Une solution pour pallier l'inefficacité du dispositif antiterroriste? Le recrutement d'informateurs, toujours, mais aussi d' "access agents" , des personnes ne détenant pas d'informations secrètes mais qui ont des contacts dans les milieux intéréssant un service secret. Ses "access agents" , en tant que citoyens d"un pays tiers, ont plus de latitude pour entretenir des contacts, présenter a un "case officer" (officier traitant) des personnes l'intéréssant,  qui pourront éventuellement être recrutées. Une autre possibilité, évoquée dans l'article, est de modifier la stratégie des NOC, en visant et créant les organisations caritatives pour les étudiants musulmans, par exemple.

     Article du Los Angeles Times

     

    CIA's ambitious post-9/11 spy plan crumbles

    'Fox News Sunday'
    ADAPTATION: Rep. Peter Hoekstra, R-Mich., says: “I don’t believe the intelligence community has made the fundamental shift in how it operates to adapt to the different targets that are out there."
    The agency spent millions setting up front companies overseas to snag terrorists. Officials now say the bogus firms were ill-conceived and not close enough to Muslim enclaves.
    By Greg Miller, Los Angeles Times Staff Writer
    February 17, 2008

    WASHINGTON -- The CIA set up a network of front companies in Europe and elsewhere after the Sept. 11 attacks as part of a constellation of "black stations" for a new generation of spies, according to current and former agency officials.

    But after spending hundreds of millions of dollars setting up as many as 12 of the companies, the agency shut down all but two after concluding they were ill-conceived and poorly positioned for gathering intelligence on the CIA's principal targets: terrorist groups and unconventional weapons proliferation networks.

     The closures were a blow to two of the CIA's most pressing priorities after the 2001 terrorist attacks: expanding its overseas presence and changing the way it deploys spies.

    The companies were the centerpiece of an ambitious plan to increase the number of case officers sent overseas under what is known as "nonofficial cover," meaning they would pose as employees of investment banks, consulting firms or other fictitious enterprises with no apparent ties to the U.S. government.

    But the plan became the source of significant dispute within the agency and was plagued with problems, officials said. The bogus companies were located far from Muslim enclaves in Europe and other targets. Their size raised concerns that one mistake would blow the cover of many agents. And because business travelers don't ordinarily come into contact with Al Qaeda or other high-priority adversaries, officials said, the cover didn't work.

    Summing up what many considered the fatal flaw of the program, one former high-ranking CIA official said, "They were built on the theory of the 'Field of Dreams': Build them and the targets will come."

    Officials said the experience reflected an ongoing struggle at the CIA to adapt to a new environment in espionage. The agency has sought to regroup by designing covers that would provide pretexts for spies to get close to radical Muslim groups, nuclear equipment manufacturers and other high-priority targets.

    But current and former officials say progress has been painfully slow, and that the agency's efforts to alter its use of personal and corporate disguises have yet to produce a significant penetration of a terrorist or weapons proliferation network.

    "I don't believe the intelligence community has made the fundamental shift in how it operates to adapt to the different targets that are out there," said Rep. Peter Hoekstra of Michigan, the top Republican on the House Intelligence Committee.

    The cover arrangements most commonly employed by the CIA "don't get you near radical Islam," Hoekstra said, adding that six years after the attacks on New York and the Pentagon, "We don't have nearly the kind of penetrations I would have expected against hard targets."

    Trying to get close

    Whatever their cover, the CIA's spies are unlikely to single-handedly penetrate terrorist or proliferation groups, officials said. Instead, the agency stalks informants around the edges of such quarry -- moderate Muslims troubled by the radical message at their mosques; mercenary shipping companies that might accept illicit nuclear components as cargo; chemists whose colleagues have suspicious contacts with extremist groups.

    Agency officials declined to respond to questions about the front companies and the decision to close them.

    "Cover is designed to protect the officers and operations that protect America," CIA spokesman Paul Gimigliano said. "The CIA does not, for that very compelling reason, publicly discuss cover in detail."

    But senior CIA officials have publicly acknowledged that the agency has devoted considerable energy to creating new ways for its case officers -- the CIA's term for its overseas spies -- to operate under false identities.

    "In terms of the collection of intelligence, there has been a great deal of emphasis for us to use nontraditional methods," CIA Director Michael V. Hayden said in November 2006 radio interview shortly after taking the helm at the agency. "For us that means nontraditional platforms -- what folks call 'out of embassy' platforms -- and we're progressing along those lines."

    The vast majority of the CIA's spies traditionally have operated under what is known as official cover, meaning they pose as U.S. diplomats or employees of another government agency.

    The approach has advantages, including diplomatic immunity, which means that an operative under official cover might get kicked out of a country if he or she is caught spying, but won't be imprisoned or executed.

    Official cover is also cheaper and easier. Front companies can take a year or more to set up. They require renting office space, having staff to answer phones and paying for cars and other props. They also involve creating fictitious client lists and resumes that can withstand sustained scrutiny.

    One of the CIA's commercial cover platforms was exposed in 2003 when undercover officer Valerie Plame was exposed in a newspaper by columnist Robert Novak. Public records quickly led to the unraveling of the company that served as her cover during overseas trips, a fictitious CIA firm called Brewster Jennings & Associates.

    Official cover worked well for the duration of the Cold War, when holding a job at a U.S. Embassy enabled American spies to make contact with Soviet officials and other communist targets.

    But many intelligence officials are convinced that embassy posts aren't useful against a new breed of adversaries. "Terrorists and weapons proliferators aren't going to be on the diplomatic cocktail circuit," said one government official familiar with the CIA's cover operations.

    Under intense pressure

    After the terrorist strikes, the Bush administration ordered the agency to expand its overseas operation by 50%. The agency came under intense pressure from Congress to alter its approach to designing cover and got a major boost in funding to expand the nonofficial cover program, which is commonly referred to by the acronym NOC, pronounced "knock."

    Although the agency has used nonofficial cover throughout its history, the newer front companies were designed to operate on a different scale. Rather than setting up one- or two-person consulting firms, the plan called for the creation of companies that would employ six to nine case officers apiece, plus support staff.

    The NOC program typically had functioned as an elite entity, made up of a small number of carefully selected case officers, some of whom would spend years in training and a decade or more overseas with only intermittent contact with headquarters. But the new plan called for the front companies to serve as way stations even for relatively inexperienced officers, who would be rotated in and out much the way they would in standard embassy assignments.

    "The idea was that these were going to be almost like black stations," said a former CIA official involved in the plan to form the companies. "We were trying to build something that had a life span, that had durability."

    In the process, the agency hoped to break a logjam in getting post-Sept. 11 recruits overseas. Thousands of applicants had rushed to join the CIA after the attacks, and many were sent to Afghanistan and Iraq. But outside of those war zones, open slots were scarce.

    "The embassies were full," said a former CIA official involved in deployment decisions. "We were losing officers by the dozens because we didn't have slots for them overseas."

    In separate interviews, two former CIA case officers who joined the agency after the attacks said that 15% to 20% of their classmates had quit within a few years. Among them, they said, was one who had earned his master's degree in business administration from Harvard University and was fluent in Chinese and another who had left a high-paying job at the investment firm Goldman Sachs.

    The front companies were created between 2002 and 2004, officials said, and most were set up to look like consulting firms or other businesses designed to be deliberately bland enough to escape attention.

    About half were set up in Europe, officials said -- in part to put the agency in better position to track radical Muslim groups there, but also because of the ease of travel and comfortable living conditions. That consideration vexed some CIA veterans.

    "How do you let someone have a white-collar lifestyle and be part of the blue-collar terrorist infrastructure?" said one high-ranking official who was critical of the program.

    But the plan was to use the companies solely as bases. Case officers were forbidden from conducting operations in the country where their company was located. Instead, they were expected to adopt second and sometimes third aliases before traveling to their targets. The companies, known as platforms, would then remain intact to serve as vessels for the next crop of case officers who would have different targets.

    'A very bitter fight'

    The concept triggered fierce debate within the agency, officials said.

    "This was a very bitter fight," said a CIA official who was a proponent of the plan because it insulated the fictitious firms from the actual work of espionage.

    "When you link the cover to the operation, the minute the operation starts getting dicey, you run across the screen of the local police, the local [intelligence service] or even the senior people in the mosque," the official said. "I saw this kill these platforms repeatedly. The CIA invests millions of dollars and then something goes wrong and it's gone."

    But critics called the arrangement convoluted, and argued that whatever energy the agency was devoting to the creation of covers should be focused on platforms that could get U.S. spies close to their most important targets.

    "How does a businessman contact a terrorist?" said a former CIA official involved in the decision to shut down the companies. "If you're out there selling widgets, why are you walking around a mosque in Hamburg?"

    Rather than random businesses, these officials said, the agency should be creating student aid organizations that work with Muslim students, or financial firms that associate with Arab investors.

    Besides broad concerns about the approach, officials said there were other problems with the companies. Some questioned where they were located. One, for example, was set up in Portugal even though its principal targets were in North Africa.

    The issue became so divisive that the agency's then-director, Porter J. Goss, tapped the official then in charge of the CIA's European division, Rolf Mowatt-Larssen, to lead an in-house review of the NOC strategy.

    Mowatt-Larssen sided with critics of the approach and began pulling the plug on the companies before he left the agency to take a senior intelligence post at the Department of Energy, officials said. Mowatt-Larssen declined to comment.

    The agency is in the midst of rolling out a series of new platforms that are more narrowly targeted, officials said. The External Operations and Cover Division has been placed under Eric Pound, a veteran foreign officer who was CIA station chief in Athens during the 2004 Olympics.

    But the agency is still struggling to overcome obstacles, including resistance from many of the agency's station chiefs overseas, most of whom rose through the ranks under traditional cover assignments and regard the NOC program with suspicion and distrust.

    In one recent case, officials said, the CIA's station chief in Saudi Arabia vetoed a plan to send a NOC officer who had spent years developing credentials in the nuclear field to an energy conference in Riyadh.

    The NOC "had been invited to the conference, had seen a list of invitees and saw a target he had been trying to get to," said a former CIA official familiar with the matter. "The boss said, 'No, that's why we have case officers here.' "

     

     

  • MI6 Urged UK to Drop Saudi Inquiry

     

    By DAVID STRINGER
    The Associated Press
    Tuesday, January 29, 2008; 6:34 PM

     

    LONDON -- Britain's head of overseas intelligence warned that Saudi Arabia likely would stop sharing vital information on terrorism if prosecutors pursued an investigation into alleged corruption in an arms deal, lawmakers disclosed Tuesday.

    Ministers were told the inquiry into the BAE Systems PLC arms deal with Saudi Arabia could lead to a withdrawal of Saudi assistance on counterterrorism, according to the annual report of the Intelligence and Security committee. The committee scrutinizes the work of Britain's intelligence and security agencies.

    Britain's Serious Fraud Office in December 2006 ended the inquiry into allegations that BAE Systems ran a $118.9 million "slush fund" offering sweeteners to Saudi Arabian officials in return for lucrative arms contracts.

    BAE has denied the accusations. Prince Bandar bin Sultan, a former ambassador to the United States and now head of Saudi Arabia's National Security Council, has also denied that he profited from the deal.

    MI6, Britain's overseas intelligence service, believed Saudi Arabia likely would end information-sharing with Britain if investigators continued the inquiry, former Attorney General Peter Goldsmith told the committee. MI6 raised objections to the prosecution before Britain's Serious Fraud Office decided to end the case, he said.

    "All relevant agencies were clear about the crucial importance of U.K.-Saudi co-operation in the fight against terrorism and the damage to U.K. interests _ and, potentially, U.K. lives _ if that co-operation were withdrawn," Goldsmith said.

    Then-Prime Minister Tony Blair explained the decision to drop the case by insisting Saudi Arabia had privately threatened to end intelligence ties if it continued. Saudi officials did not make the threat publicly _ arrousing some public skepticism over the scrapping of the inquiry.

    The head of MI6, John Scarlett, told the committee that antagonizing Saudi Arabia risked losing vital intelligence.

    "There were threats made to the existence of the co-operation (and) there was reason to take those threats seriously," he said. "Saudi Arabia is an absolutely key country ... they have turned themselves into a very important and powerful player in the world counterterrorism campaign."

    After the inquiry was dropped, Saudi Arabia signed a $8.7 billion agreement with Britain to buy 72 Eurofighter Typhoon jets from BAE.

  • Le conflit en Irlande du Nord

     

    Un voyage en Irlande ne vaut rien si on ne passe pas par Belfast! Il convient en effet de "prendre la température" dans cette ville qui a été marqué durant les trente dernières années par une guerre civile opposant l'IRA (Irish Républican Army, catholique) a l'armée britannique ainsi que a l'UDA (les loyalistes protestants).

    Malgré le cessez-le-feu, le désarmement de l'IRA et le retrait des troupes britanniques d'Irlande en 2007, cette "prise de température", très brève (une journée seulement a Belfast) mais bénéfique montre très clairement que le conflit , si il est terminé, a laissé des traces. Par exemple, quand nous vîmes un immeuble de briques rouge, très haut, gardé tel une forteresse en plein centre de Belfast, nous nous demandâmes ce qu'habritait ce batiment. Une base militaire? Erreur: Le siège de la BBC!

    Véhicule blindé de la police nord-irlandaise

    D'autres séquelles du conflit sont présentes, rappelant sans cesse cette guerre civile qui opposa une IRA militant pour le rattachement de l'Ulster a l'Irlande du Sud et l'UDA, la milice paramilitaire protestante, chargée de tailler en pièce l'IRA.

    Par exemple, les quartiers catholiques et protestants sont des "quartiers fermés", protégés par des murs d'enceinte très hauts et des caméras de surveillance.

    Porte blindée pour accéder au quartier protestant de Belfast

    Le plus impressionnant fut la visite du quartier protestant de Belfast, ou on accède en passant par des portes blindées (si si!) qui peuvent être refermées a tout moment en cas de débordements.

    Le mur séparant les quartiers catholiques et protestants 

       Le quartier protestant en soi m'a laissé une désagréable sensation de ghetto, vide , constitué uniquement de maisons d'habitations, et séparé du quartier catholique par un long mur... Une amie de passage a Belfast m'avait dit que la ville lui avait paru "froide". De mon côté, c'est bien l'ambiance que j'ai ressenti, comparé a Dublin.

    Sur le mur, des graffitis, par exemple signés "2ème bataillon de l'UDA" , ou, dans d'autres secteurs de la ville, des dessins (l'un représentant, un membre cagoulé de l'UDA, ailleurs un tag pour une Palestine libre, dans un autre endroit des dessins représentant l'ETA, Gerry Adams, dénoncant l'agression des Etats-Unis contre Cuba..). Certes, le conflit est terminé, et on ne peut exclure que, au fil des années (mais il faudra beaucoup de temps) les séquelles du conflit ne s'effacent.

     

     Mais comme le remarquait Staline a propos de l'Iran: "nous surveillons tout en Iran, même quand un homme fait craquer une allumette". A mes yeux, ce principe est aussi valable en Irlande. Car une allumette peut suffire a mettre le feu...N'oublions pas que l'IRA avait disparue en 1962 pour réapparaître , en 1969, lors de conflits entre différentes communautés , et n'a eu de cesse par la suite de commettre attentats sur attentats, sans que les autorités britanniques ne réussissent a mettre a mal l'organisation..Le démontrent très clairement, malgré l'arrivée de troupes britanniques en Irlande du Nord dans les années 70, la capacité de l'IRA de frapper , comme en témoignent les attentats commis aussi bien dans les années 80 que 90, en Ulster, a Londres, Manchester etc....

    Attentat commis par l'IRA le 24.04.1993 dans le quartier de la City. 1 mort, 47 blessés, de 300 a 400 millions de livres sterling de dégâts.

    Une telle possibilité, a mes yeux, n'est malheureusement pas a exclure.  A mes yeux, il faudra au minimum deux voire trois générations, sans incidents majeurs, du moins sans incident qui entraînent la reprise des armes par les différents acteurs, pour que les traces du conflit s'effacent. Pourquoi?

    Le conflit paraît avoir pris fin , définitivement, très récemment, a la mi-2007, avec le retrait des troupes britanniques en Irlande du Nord. Le conflit reste donc présent, dans les mémoires mais aussi sur le terrain, comme le montrent les séquelles décrites, ajoutées aux attentats, assassinats, rackets, commis par l'une ou l'autre des parties. Une fois les structures (IRA et UDA) dissoutes et désarmées, reste a faire évoluer les mentalités. Or , comme je l'ai souligné, le conflit reste très récent. Un incident d'importance (par exemple contre la communauté catholique) pourrait aussitôt, si il n'est pas réglé, entraîner la remobilisation de l'IRA pour "défendre les siens". Une fois le processus de paix engagé, il faut que progressivement cet "etat de guerre" s'oublie, tout comme les exactions commises, que les signes de tension disparaissent , et cela nécéssite beaucoup de temps, du temps qui se compte en années, le temps d'un changement des mentalités, donc plusieurs générations . A méditer. 

    Note modifiée les 28 et 29 janvier 2008

  • Interpellation d'un membre de IRA véritable en Lituanie

    L'information vient de tomber a l'instant: Un membre du groupe "IRA véritable", Michaël Campbell, a été interpellé en Lituanie, avec une citoyenne irlandaise. Selon le Parquet , Campbell a été interpellé avec une citoyenne irlandaise, alors qu'il négociait l'achat d'armes et d'explosifs avec une personne, en réalité un agent infiltré.

    Cette affaire retient l'attention car elle soulève nombre de questions: Quel était le but de cet achat d'armes? Pourquoi en Lituanie? Est-ce le prémice d'une nouvelle campagne d'attentats a la bombe du groupe terroriste IRA véritable, qui s'était opposé aux accords de paix?

    "IRA véritable" , rappelons-le, est responsable du carnage de Omagh, en Irlande du Nord, a la mi-1998: Une Vauxhall piégée avait tuée 28 personnes et en avait blessée 220. Quelques années après,début 2001 une voiture piégée avait explosée a Londres, sans faire de victimes, le quartier ayant été bouclé par la police. Depuis,le groupe terroriste ne s'est plus manifesté. 

    Jusque récemmment: En novembre dernier "IRA Veritable" revendique par communiqué l'attaque menée contre des policiers britanniques  

  • "Intellworld" publie un article sur la station de la CIA a Bagdad

    Un article paru aujourd'hui sur "Intellworld" explore et analyse un domaine assez délicat , a savoir le travail de la CIA depuis sa station de Bagdad depuis l'année 2003. Court et concis, cet article restitue l'ambiance et a l'avantage de la clarté.

  • Note du CF2R sur l'assassinat de Benazir Bhutto, un article passionnant.

    L'assassinat de l'ex Première Ministre Benazir Bhutto ne pouvait laisser indifférent, en cette période de lutte contre le terrorisme islamique extrémiste (Souvent d'obédiance sunnite). Si on regrette l'assassinat de cette personnalité de la vie politique, néanmoins, certains éléments retiennent l'attention sur la personnalité de la victime, vue déja comme une démocrate victime d'un complot. Personnellement, je me suis toujours méfié , dans les pays se développant du point de vue de la démocratie, de ses "démocrates" biens vus par l'Occident. Par exemple Boris Eltsine ou Mikhaïl Gorbatchev, vus comme de grand démocrates par les occidentaux, étaient complètement déconsidérés par leur propre population. Gorbatchev a cause de ses hésitations, du pourissement de l'économie et de la société, dus non seulement a la décomposition même de la société soviétique, mais aussi au côté typiquement "apparatchik" avec lequel les réformes ont été menées. "Je dirige , la population suit", tel semblait être le crédo de cet apparatchik qui , quand il a été membre du Politburo, ne s'est distingué en rien (Alors que, avant de devenir Secrétaire Général en 1985, il en était membre depuis 7 ans).

    Il paraît étonnant que, suite a son décès, le Parti de Benazir Bhutto ait pris la décision, immédiate, de nommer a la tête du Parti.....le propre fils de Mme Bhutto! Un gage de démocratie? Ensuite, l'unique but , du moins clairement martelé dans les médias, était de gagner les éléctions, sans qu'on en sache plus sur son programme....

    Enfin, il ne faut pas oublier que le père de Mme Bhutto, haut responsable du gouvernement, avait été passé par les armes pour des malversations.. Ce faisceau n'est pas une preuve, mais il m'obligeait a être prudent sur la personnalité de Mme Bhutto, qui d'après une rumeur ( a prendre en considération mais toujours avec énormément de prudence) n'était pas aussi populaire au Pakistan que ca...On retrouve ici le phénomène Gorbatchev. Donc prudence. Cet article du CF2R , auquel on n'est pas obligés d'adhérer, va a l'encontre des idées recues et a l'avantage de la qualité et d'être convaincant.

     ASSASSINAT DE BENAZIR BHUTTO : TOUT LE MONDE MENT!

     

    Alain Rodier

    06-01-2008

    Le 27 décembre 2007, Benazir Bhutto, leader du Parti du peuple pakistanais (PPP) est assassinée à Rawalpindi au sortir d’une réunion électorale. Depuis, les différents protagonistes n’ont cessé de mentir à l’opinion publique de manière à s’attirer les sympathies de la population et afin de jeter l’opprobre sur leurs adversaires. L’objectif est simple : remporter les élections de février si elles ont bien lieu comme prévu.

    La sécurité de Benazir Bhutto

    Selon ses proches, Benazir Bhutto se plaignait que le gouvernement du président Musharraf ne lui aurait pas assuré la protection adéquate, lui refusant notamment de lui offrir trois voitures blindées, dotées de moyens électroniques de brouillage contre les charges explosives commandées à distance.

    C’est oublier que le PPP et que la famille Bhutto avaient toutes les ressources financières pour acquérir de tels équipements. Des rumeurs laissent cependant entendre que le PPP avait souhaité faire appel aux services des sociétés privées Blackwater (Etats-Unis) et Armor Group (Grande-Bretagne), mais que les visas d’entrée de ces consultants auraient été refusés par le pouvoir pakistanais. Cependant, l’ambassade américaine au Pakistan qui était en contact journalier avec l’équipe de Benazir Bhutto, aurait conseillé à cette dernière de faire appel à une société de protection locale, plus à même d’assurer sa sécurité. Cette idée aurait été rejetée par le PPP par peur que ces firmes ne soient pénétrées par des islamiques radicaux.

    Islamabad avait proposé à Benazir Bhutto d’assurer sa protection dès son retour d’exil, le 18 octobre 2007. Mais l’ancienne Premier ministre avait refusé, sous prétexte que cela pouvait attenter à sa liberté d’action.

    Depuis son retour au Pakistan, les responsables de la sécurité de Benazir Bhutto n’ont cessé de s’arracher les cheveux, car celle-ci ne respectait aucune règle minimum de protection. En effet, elle avait un sentiment d’invulnérabilité sans doute dû à l’euphorie provoquée par le soutien populaire enthousiaste dont elle semblait bénéficier. Des indices laissent même entendre que l’attentat qui a eu lieu le jour même de son retour à Karachi, et qui a fait 139 morts, aurait pu être évité si Benazir Bhutto avait accepté de modifier son parcours comme lui proposaient les membres de sa sécurité rapprochée. Si un calcul malsain de sa part paraît devoir être exclu, son mépris des règles de protection et son inconséquence quant à la sécurité des foules ont été mis en évidence. Pourtant, elle clamait déjà que sa vie était en danger et que s’il lui arrivait malheur, il conviendrait de regarder du côté du président Musharraf… Pourquoi ne parlait-elle pas des fanatiques islamiques qui lui vouaient une haine farouche ?

    Lorsqu’elle a été assassinée, Benazir Bhutto se trouvait dans une voiture blindée, mais le haut du corps dépassait par le toit ouvrant. Elle souhaitait saluer la foule de ses partisans au milieu de laquelle s’étaient glissés ses assassins. Dans ces conditions, rien ne pouvait arrêter son destin tragique.

    Seule une enquête indépendante pourra faire la lumière sur les conditions de cet assassinat. Islamabad n’y semble pas opposé : le président Musharraf a annoncé le 2 janvier l’arrivée d’enquêteurs de Scotland Yard. Cela semble constituer un gage de transparence, ce qui n’est pas le cas pour le PPP qui a refusé l’exhumation de la dépouille de l’ex-Premier ministre pour une nouvelle autopsie.

    Le parti de Benazir Bhutto : le PPP

    Pour son parti, Benazir Bhutto est devenue le symbole du martyre. Si l’aura de l’ex-Premier ministre est importante en Occident, elle semble cependant être nettement moindre au Pakistan même, où son passé à la tête du gouvernement n’a pas laissé un souvenir impérissable. Benazir Bhutto est jugée par certaines personnes qui l’ont approché comme hautaine, dotée d’une ambition exacerbée et comme une femme des « copinages ». Elle n’attirait pas non plus la sympathie des islamistes radicaux qui lui reprochaient d’être un « agent de Washington » et surtout, de faire partie d’une secte chiite minoritaire. Cet élément est fondamental dans un pays qui est divisé depuis des années par de farouches guerres confessionnelles entre sunnites et chiites.

    L’objectif du PPP est maintenant de soutenir la « thèse d’un complot » orchestré par le président Musharraf. S’il est assez difficile d’attribuer aux partisans qui soutiennent le président les deux attentats dirigés contre Benazir Bhutto, le fait de cacher des éléments (d’où la polémique sur la façon dont elle est réellement morte), l’affirmation du futur truquage des élections à venir et la demande d’enquête internationale, constituent bien des manœuvres destinées à décrédibiliser le pouvoir du président Musharraf.

    Les autorités gouvernementales

    Par la voix de son Premier ministre, le pouvoir en place à Islamabad s’est empressé d’accuser Al-Qaida et son responsable local, le Pachtoune Baitullah Mehsud, d’être à l’origine de l’attaque. Or, il semble que Mehsud n’est pas le chef d’Al-Qaida au Pakistan mais uniquement un important chef de guerre taliban âgé de 32 ans, fermement installé au Waziristan Sud. Il est à la tête du Tehrik-e-Taliban Pakistan, une coalition de mouvements islamiques fraîchement créée, dont l’objectif principal, tout en s’opposant au pouvoir en place à Islamabad, consiste à lutter contre les forces de la coalition en Afghanistan. Il est à noter qu’un accord avait été conclu entre le pouvoir et Mehsud pour assurer la paix au Waziristan Sud en février 2005. Cette trêve a été rompue depuis et Mehsud aurait été à l’origine de nombreux attentats suicide au Pakistan, tout au long de l’année 2007.

    Il semble que le but du président Pervez Musharraf consiste à faire porter le chapeau à des « forces occultes » dirigées depuis l’extérieur1,alors que cet attentat est vraisemblablement l’œuvre d’opposants religieux intérieurs. Il est en effet plus aisé de désigner un « ennemi étranger », que même la super puissance américaine ne parvient pas à vaincre, que de reconnaître que les forces de l’ordre ne contrôlent pas le pays. Cet aveu de faiblesse n’est pas acceptable pour le pouvoir en place qui tient à prouver à la face du monde qu’il maîtrise la situation. En effet, le Pakistan détient l’arme nucléaire et ce fait suscite de nombreuses inquiétudes. Mais la probabilité que des islamistes radicaux s’emparent d’une arme nucléaire est actuellement inexistante. Les mesures de sécurité sont telles que très peu de personnes savent où sont stockées les charges nucléaires. De plus, l’éventualité d’une prise de pouvoir des islamiques radicaux est faible étant donné leurs divisions internes et le score relativement modeste (15 à 18%) dont ils sont crédités pour les prochaines élections du 18 février.

    Les taliban pakistanais

    Le Maulana Mohammed Omar, porte-parole de Baitullah Mehsud, ment en prétendant que les traditions tribales interdisent de s’en prendre à des femmes : il omet de dire que son leader est déjà impliqué dans le premier attentat du 18 octobre2. Surtout, on ne compte plus le nombre de femmes qui sont tombées lors d’attentats terroristes survenus au Pakistan.

    A la tête de ses 20 000 à 30 000 activistes, Meshud, qui voue une haine farouche aux Américains et aux Britanniques, privilégie le djihad contre les Occidentaux en Afghanistan. Mais il milite également pour l’établissement d’un Etat islamique au Pakistan avec toutes les conséquences qui en découlent pour la gente féminine. Il entretient des relations privilégiées avec les taliban afghans, plus particulièrement avec le légendaire Jalaluddin Haqqani, qui aurait aidé Oussama Ben Laden à s’échapper des montagnes de Tora Bora à la fin 2001 début 2002.

    Cependant, il est tout de même possible que Mehsud n’ait pas participé directement à l’assassinat de Benazir Bhutto. Par contre, il est peu probable qu’il regrette sincèrement la disparition de celle qu’il considérait comme étant le « paon de Washington ».

    L’autre parti d’opposition démocratique : le PML-N

    L’autre opposant « démocrate » important au président Musharraf, Nawaz Sharif, leader de la Ligue musulmane du Pakistan-Nawaz (PML-N), s’est répandu en invectives et a appelé au boycott des élections initialement prévue pour le 8 janvier, avant de revenir sur sa décision à la demande du PPP, dont il semble suivre désormais les prises de position.

    Nawaz Sharif oublie un peu vite qu’il a succédé deux fois à Benazir Bhutto. C’est en particulier sous son deuxième mandat qu’elle a été condamnée à cinq années d’emprisonnement, après qu’il ait personnellement créé une cellule chargée d’enquêter sur la corruption de son prédécesseur et de son époux, Asif Ali Zardari3.

    Qui a assassiné Benazir Bhutto ?

    Les différents témoignages montrent que le complot visant à assassiner l’ex-Premier ministre était particulièrement bien ficelé. Il semble qu’au moins deux hommes aient participé directement à l’action. Un premier a tenté d’atteindre sa cible à l’aide d’une arme de poing, faisant feu au moins à trois reprises à une distance d’environ trois mètres ; un second faisant sauter la charge explosive qu’il avait sur lui (les forces de police ne retrouveront que sa tête). Cette explosion a tué au moins 21 personnes qui se trouvaient autour du véhiculé blindé ; par contre, personne n’a été touché à l’intérieur même de la voiture. On ne saura sans doute jamais ce qui a réellement tué Benazir Bhutto : une balle, le souffle de l’explosion, sa chute dans la voiture ou les trois éléments combinés ? Il semble cependant acquis qu’elle est décédée avant son arrivée à l’hôpital général de Rawalpindi, des suites d’une grave blessure hémorragique au cou et à la tête. Le fait qu’il y ait eu deux assaillants à courte distance laisse à penser que d’autres activistes devaient se trouver à proximité, le but étant que ceux qui en avaient l’opportunité déclenchent l’action à leur initiative. Il est donc évident que ce ne peut être le fait que d’une organisation puissante, structurée et fanatique (emploi de kamikazes).

    Il semble bien, comme le prétend le ministère de l’Intérieur pakistanais, que le mouvement à l’origine des attentats contre Benazir Bhutto soit le Lashkar-e-Jhangvi (LeJ), groupuscule sunnite intégriste très violent qui s’est fait connaître dans le passé par de nombreuses opérations terroristes. Ses cibles ont été les minorités chrétiennes et chiites. La décapitation du journaliste Daniel Pearl leur est aussi attribuée. Ce groupe s’est aussi fait connaître lors d’attaques contre des Occidentaux au Pakistan, dont le meurtre de 14 personnes, parmi lesquelles 11 techniciens français, à Karachi, en mai 2002.

    Par contre, aucun lien formel ne vient accréditer des relations entre Meshud, le taleb pakistanais et le LeJ.

    Une des branches les plus virulentes du LeJ s’appelle le Sipah-e-Sahaba qui dépend de la secte des Deobandi. Proche des taliban, elle prône le djihad contre les « apostats », dont les chiites font partie. Son chef actuel serait un certain Qari Zafar originaire du Punjab. Il serait installé au Waziristan Sud.

    La thèse avancée par certaines personnes proches des partis d’opposition, d’un complot orchestré par les services spéciaux pakistanais, qu’ils soient civils4 ou militaires5 est très peu probable, le pouvoir en place n’ayant pas intérêt à l’élimination de Benazir Bhutto. En effet, le scénario qui était envisagé était la victoire aux élections du PPP et la désignation de cette dernière comme Premier ministre. Cela aurait permis à Musharraf de rester en place avec l’appui des Américains qui se préparaient à applaudir cette « solution démocratique », permettant de maintenir une certaine stabilité.

    Une possibilité qu’il convient d’envisager est l’action de certains membres des services secrets qui ne souhaitaient pas que la solution politique décrite ci-dessus n’aboutisse. Ils pourraient avoir fourni les renseignements qui ont permis aux activistes d’approcher le convoi officiel d’aussi près6.

    Que va-t-il se passer ?

    Les accusations concernant l’attentat de Benazir Bhutto vont constituer la base de la campagne électorale pour les élections du 18 février. Tous les partis mentent à l’opinion publique de manière à attirer leurs suffrages. Les théories d’un complot orchestré par le président Musharraf - même les plus folkloriques - vont se succéder. Dans un premier temps, le PPP a refusé le report des élections prétextant que cela permettrait aux partis soutenant le président de se réorganiser en vue de remporter le scrutin. En réalité, le PPP (vraisemblablement allié au PML-N, qui n’a pas d’autre choix possible) souhaite surfer sur la vague de sympathie qui a suivi l’assassinat de Benazir Bhutto afin d’engranger les votes des mécontents qui repoussent à la fois l’option Musharraf et l’islam radical. Les nombreuses zones d’ombre autour de l’assassinat de l’ex Premier ministre avantagent le PPP qui veut agir vite, car leur dissipation pourrait ne pas être à son avantage. Par ailleurs, Bilawal Bhutto Zardari, le fils de la défunte candidate, qui a été propulsé au poste de président du PPP, n’a pas l’envergure nécessaire pour jouer un rôle important en particulier en raison de son jeune âge (19 ans). En réalité, c’est son père qui tire les ficelles mais étant donné son passé trouble, il n’a pu accéder aux dernières volontés de son épouse : prendre sa succession.

    Si les partis soutenant le président Musharraf gagnent les élections, les perdants accuseront leurs adversaires de fraudes massives, et ne reconnaîtront pas leur défaite, ce qui se produit plus en plus après les scrutins électoraux ayant lieu dans les Etats « peu démocratiques ». Cela entraînera immanquablement une période d’instabilité. Les islamistes profiteront alors de l’ambiance délétère pour asseoir leur influence sur les zones tribales et déclencher une campagne d’attentats dans l’ensemble du pays.

    Si l’opposition remporte les élections, le président Musharraf pourrait s’accrocher au pouvoir ou être contraint à l’exil. Mais il y a alors peu de chance que le calme revienne : les rues sont remplies d’islamistes radicaux qui n’ont pas plus d’accointance avec l’opposition, qui a toujours prôné une lutte contre le radicalisme, qu’avec l’actuel pouvoir.

    Dans les deux cas, le rôle de l’armée dirigée par le général Ashfaq Kiyani est crucial. Quelle sera son attitude ? Soutenir le pouvoir en place, quel qu’il soit, ou considérer une fois de plus que la Patrie est en danger et déclencher un nouveau coup d’Etat ? Pour le moment, elle reste fidèle au président Musharraf.


    • 1 Islamabad a toujours prétendu que la direction d’Al-Qaida ne se trouvait pas en territoire pakistanais.
    • 2 Fait que celui-ci a démenti par deux fois.
    • 3 Celui-ci se retrouve officiellement vice-président du PPP. Or, il est appelé « Monsieur 10% » en raison des accusations de corruption qui pèsent sur lui. Il a effectué 3 puis 5 ans d’emprisonnement pour ces griefs ainsi que pour d’autres…
    • 4 Intelligence Bureau, IB.
    • 5 Inter Service Intelligence, ISI.
    • 6 Ces informations ont également pu être obtenues directement par le LeJ qui a noyauté la plupart des grands partis politiques.