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La communauté du renseignement - Page 11

  • Le travail de la DGSE contre Al-Qaïda

    Je me montre généralement très critique vis-a-vis du "Monde",mais la ses journalistes ne peuvent que être félicités.Dans ce passionant article est détaillé ce que savait la DGSE,le service de renseignement extérieur francais,sur Al-Qaïda,de 2000 jusqu'aux attentats du 11.09.2001....

     

    Enquête
     
    11 septembre 2001 :Les Francais en savaient long 
    LE MONDE | 16.04.07 | 11h08  •  Mis à jour le 16.04.07 | 11h47
     
    C' est une impressionnante masse de documents. De loin, on croirait une thèse universitaire. De près, rien à voir. Des coups de tampons rouges "confidentiel-défense" et "usage strictement national" sur chacune des pages. En haut à gauche, un logo bleu roi : celui de la DGSE, la Direction générale des services extérieurs, les services secrets français. Au total, 328 pages classifiées. Notes, rapports, synthèses, cartes, graphiques, organigrammes, photos satellite. Le tout exclusivement consacré à Al-Qaida, ses chefs, sous-chefs, planques et camps d'entraînement. A ses soutiens financiers aussi. Rien de moins que l'essentiel des rapports de la DGSE rédigés entre juillet 2000 et octobre 2001. Une véritable encyclopédie.

    Au terme de plusieurs mois d'enquête sur cette documentation très spéciale, nous prenons contact avec le quartier général de la DGSE. Et le 3 avril, l'actuel chef de cabinet, Emmanuel Renoult, nous reçoit sur place, dans l'enceinte de la caserne des Tourelles à Paris. Après avoir parcouru les 328 pages que nous posons sur son bureau, il ne peut s'empêcher de déplorer une telle fuite, tout en nous laissant entendre que ce paquet représente la quasi-intégralité des productions de la DGSE sur le sujet pour cette période cruciale. En revanche, sur le fond, impossible de lui soutirer le moindre commentaire. Trop sensible.

    Il est vrai que ces chroniques des services secrets sur Al-Qaida, avec leurs diverses révélations, soulèvent quantité de questions. Et d'abord une surprise : le nombre élevé de notes uniquement consacrées aux menaces d'Al-Qaida contre les Etats-Unis, des mois avant les attaques suicides de New York et de Washington. Neuf rapports entiers sur le sujet entre septembre 2000 et août 2001. Dont une note de synthèse de cinq pages, intitulée"Projet de détournement d'avion par des islamistes radicaux" , et marquée d'une date… 5 janvier 2001 ! Huit mois avant le 11-Septembre, la DGSE y rapporte les discussions tactiques menées depuis le début de l'année 2000 entre Oussama Ben Laden et ses alliés talibans, au sujet d'une opération de détournement d'avions de ligne américains.

    Pierre-Antoine Lorenzi, chef de cabinet du patron de la DGSE jusqu'en août 2001, aujourd'hui président d'une société spécialisée dans les stratégies de crise et d'influence (Serenus Conseil), parcourt devant nous ces 328 pages et tombe en arrêt, lui aussi, sur cette note. Il hésite, prend le temps de la lire et admet : "Je me souviens de celle-là." "Il faut se rappeler, précise M. Lorenzi,que jusqu'en 2001, le détournement d'avion n'a pas la même signification qu'après le 11-Septembre. A l'époque, cela implique de forcer un appareil à se poser sur un aéroport pour mener des négociations. On est habitué à gérer ça." Mise en perspective utile pour comprendre pourquoi cette alerte du 5 janvier n'a provoqué aucune réaction chez ses destinataires : les piliers du pouvoir exécutif.

     

    Dès janvier 2001, la direction d'Al-Qaida se montre néanmoins transparente aux yeux – et aux oreilles – des espions français. Les rédacteurs détaillent même les désaccords entre terroristes sur les modalités pratiques du détournement envisagé. Jamais ils ne doutent de leur intention. Provisoirement, les djihadistes privilégient la capture d'un avion entre Francfort et les Etats-Unis. Ils établissent une liste de sept compagnies possibles. Deux seront finalement choisies par les pirates du 11-Septembre : American Airlines et United Airlines (voir fac-similé). Dans son introduction, l'auteur de la note annonce : "Selon les services ouzbeks de renseignement, le projet d'un détournement d'avion semble avoir été discuté en début d'année 2000 lors d'une réunion à Kaboul entre des représentants de l'organisation d'Oussama Ben Laden…"

    Des espions ouzbeks renseignent donc les agents français. A l'époque, l'opposition des fondamentalistes musulmans au régime pro-américain de Tachkent s'est fédérée dans le Mouvement islamique d'Ouzbékistan, le MIO. Une faction militaire de ce parti, emmenée par un certain Taher Youdachev, a rejoint les camps d'Afghanistan et prêté allégeance à Oussama Ben Laden, lui promettant d'exporter son djihad en Asie centrale. Des livrets militaires et des correspondances du MIO, trouvés dans des camps afghans d'Al-Qaida, en attestent.

    Alain Chouet a gardé en mémoire cet épisode. Il a dirigé jusqu'en octobre 2002 le Service de renseignement de sécurité, la subdivision de la DGSE chargée de suivre les mouvements terroristes. Selon lui, la crédibilité du canal ouzbek trouve son origine dans les alliances passées par le général Rachid Dostom, l'un des principaux chefs de guerre afghans, d'ethnie ouzbek lui aussi, et qui combat alors les talibans. Pour plaire à ses protecteurs des services de sécurité de l'Ouzbékistan voisin, Dostom a infiltré certains de ses hommes au sein du MIO, jusque dans les structures de commandement des camps d'Al-Qaida. C'est ainsi qu'il renseigne ses amis de Tachkent, en sachant que ses informations cheminent ensuite vers Washington, Londres ou Paris.

    La formulation de la note française de janvier 2001 indique clairement que d'autres sources corroborent ces renseignements sur les plans d'Al-Qaida. Selon un dispositif bien huilé en Afghanistan, la DGSE ne se contente pas d'échanges avec des services secrets amis. Pour percer les secrets des camps, d'une part elle manipule et "retourne" des jeunes candidats au djihad originaires des banlieues des grandes villes d'Europe. D'autre part, elle envoie des hommes du service action auprès de l'Alliance du Nord du commandant Massoud. Sans compter les interceptions des téléphones satellitaires.

    Un proche de Pierre Brochand, l'actuel patron de la DGSE, nous a assuré que le service disposait d'une "cellule Oussama Ben Laden" depuis au moins 1995. L'alerte du 5 janvier s'appuie donc sur un système éprouvé. Alain Chouet, après nous avoir demandé de préciser qu'il ne s'exprimait pas au nom des institutions françaises, reste laconique mais clair : "Il est rare qu'on transmette un papier sans recouper." D'autant que ledit papier suit et précède de multiples rapports de la DGSE étayant la crédibilité des incantations guerrières d'Oussama Ben Laden.

     

    Dans sa note, la DGSE estime enfin que la volonté d'Al-Qaida de concrétiser son acte de piraterie contre un appareil américain ne laisse aucun doute : "Au mois d'octobre 2000, Oussama Ben Laden a assisté à une réunion en Afghanistan au cours de laquelle la décision de principe de mener cette opération a été maintenue." Nous sommes le 5 janvier 2001, les dés sont jetés, les Français le savent… Et ils ne sont pas les seuls.


    Comme toutes les informations évoquant des risques contre des intérêts américains, la note a été transmise à la CIA par le service des relations extérieures de la DGSE, responsable des coopérations entre alliés (renommé depuis service des liaisons). Son premier destinataire est le chef de poste de la CIA à Paris, Bill Murray, un francophone au physique de John Wayne, rentré depuis aux États-Unis. Nous avons pu établir le contact, mais M. Murray n'a pas souhaité donner suite à nos demandes. Pierre-Antoine Lorenzi, dont les responsabilités à la DGSE couvraient alors les questions relatives à la coopération avec les agences étrangères, ne conçoit pas que ces renseignements-là ne lui aient pas été remis : "Ça, typiquement, c'est le genre d'information qui est transmise à la CIA. Ce serait même une faute de ne pas l'avoir fait."

    De l'autre côté de l'Atlantique, deux anciens agents de la CIA spécialistes d'Al-Qaida, que nous avons sollicités, ne se souviennent pas d'alertes particulières envoyées par la DGSE. Ni Gary Berntsen, rattaché à la direction des opérations de l'agence de 1982 à 2005, ni Michael Scheuer, ancien responsable de l'unité Ben Laden au siège de la CIA, n'ont gardé en mémoire des informations spécifiques en provenance de la DGSE.

    A Washington, la commission d'enquête du Congrès sur le 11-Septembre, dans son rapport final publié en juillet 2004, a mis l'accent sur l'incapacité du FBI, de la CIA ou des services d'immigration d'agréger des données éparses visant certains membres des commandos du 11-Septembre. A aucun moment la commission n'a évoqué la possibilité que la CIA aurait répercuté au pouvoir politique, dès janvier 2001, des renseignements émanant des services français sur le choix tactique d'Oussama Ben Laden d'organiser des détournements d'avions américains.

    Au-delà, le plus confondant, à la lecture des 328 pages de la DGSE, tient peut-être dans la juxtaposition entre les notes qui alertent sur des menaces – comme celle de janvier 2001 – et celles qui décrivent très tôt, et avec minutie, le fonctionnement de l'organisation. Dès le 24 juillet 2000, avec la rédaction d'un rapport de treize pages intitulé"Les réseaux d'Oussama Ben Laden", l'essentiel se révèle consigné noir sur jaune pâle, la couleur des originaux de la DGSE. Le contexte, les détails anecdotiques et tous les aspects stratégiques relatifs à Al-Qaida y figurent déjà. Bien souvent, les documents ultérieurs se contentent de les préciser. Ainsi, l'hypothèse de la mort de Ben Laden – qui a connu un certain succès en septembre 2006 – prend, dans cette note du 24 juillet 2000, les intonations d'un refrain connu, mais néanmoins fondé : "L'ex-Saoudien, qui vit depuis plusieurs années dans des conditions précaires, se déplaçant sans cesse, de camp en camp, souffre également de problèmes rénaux et dorsaux. (…)Des rumeurs récurrentes font état de sa mort prochaine, mais il ne paraît pas avoir, jusqu'à présent, changé ses habitudes de vie."

    Sur un cliché aérien du 28 août 2000, les agents de la DGSE localisent un homme-clé, très proche d'Oussama Ben Laden. Son nom : Abou Khabab. Cet artificier d'origine égyptienne, connu pour avoir enseigné la science des explosifs artisanaux à des générations de djihadistes, constitue une cible en théorie prioritaire. Dans deux notices biographiques sur ce personnage, du 25 octobre 2000 et du 9 janvier 2001, la DGSE énumère les renseignements échangés avec le Mossad israélien, la CIA et les services de sécurité égyptiens à son sujet. On n'ignore rien de son parcours et de ses déplacements.

    C'est également le cas d'Omar Chabani, l'émir chargé d'encadrer tous les militants algériens venus en Afghanistan, selon la DGSE. Grâce à lui, au cours de l'année 2001, Al-Qaida a mis des infrastructures à la disposition du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), le mouvement terroriste algérien dont le chef historique Hassan Hattab, ex-allié de Ben Laden, a souscrit en 2006 à la politique de réconciliation nationale du président algérien Abdelaziz Bouteflika – ce qui avait provoqué l'ire des jeunes générations du GSPC. Celles-ci ont repris depuis le mois d'octobre la lutte armée délaissée par leurs aînés, en se réclamant d'un nouveau GSPC – renommé Al-Qaida pour le Maghreb islamique – qui semble être responsable des attentats du 11 avril à Alger.

    En marge des aspects opérationnels sur le fonctionnement d'Al-Qaida, ces documents de la DGSE proposent un autre regard sur les relais politiques de son chef. Un exemple : dans une note du 15 février 2001 consacrée en partie aux risques d'attentats contre la base militaire française de Djibouti, les auteurs relèvent la présence dans le pays du représentant d'Oussama Ben Laden pour la Corne de l'Afrique, Nidal Abdel Hay al Mahainy. L'homme, arrivé sur place le 26 mai 2000 est-il précisé, a, ni plus ni moins, "rencontré le président de la République djiboutienne".

    Mais c'est surtout l'Arabie saoudite qui apparaît comme une préoccupation constante à propos des sympathies extérieures à l'Afghanistan dont profite Oussama Ben Laden. Les rapports de la DGSE explorent ses relations avec des hommes d'affaires et diverses organisations de ce pays. Certaines personnalités saoudiennes ont proclamé leur hostilité à Al-Qaida, mais, manifestement, elles n'ont pas convaincu tout le monde. Pierre-Antoine Lorenzi se souvient bien de l'état d'esprit des responsables du renseignement français : "La DGSE a eu beaucoup de mal à considérer définitivement qu'il n'avait plus de relation avec la monarchie saoudienne, parce qu'il était en rupture de ban. C'était difficile à admettre."
     
     

    La note du 24 juillet 2000 mentionne un virement de 4,5 millions de dollars au profit du chef d'Al-Qaida par l'International Islamic Relief Organisation (IIRO), une structure directement placée sous la tutelle de la Muslim World League, elle-même considérée comme l'instrument politique des oulémas saoudiens. Il faudra attendre pourtant le 3 août 2006 pour que des bureaux de l'IIRO figurent sur la liste officielle des organisations de financement du terrorisme du département américain du Trésor. Au cours de ce mois de juillet 2000, deux ans après les attentats de Nairobi et Dar-es-Salam, les auteurs de ce mémo doutent de la sincérité des positions affichées par la famille Ben Laden elle-même : "Il semble de plus en plus probable qu'Oussama Ben Laden ait gardé des contacts avec certains membres de sa famille, bien que celle-ci, qui dirige l'un des plus importants groupes de travaux publics dans le monde, l'ait officiellement renié. L'un de ses frères jouerait un rôle d'intermédiaire dans ses contacts professionnels ou le suivi de ses affaires." Selon M. Lorenzi, c'est la récurrence de ces doutes, et plus spécifiquement l'ambivalence de l'IIRO, qui conduiront la DGSE à se mobiliser avec le Quai d'Orsay, en 1999, quand la diplomatie française proposera aux Nations unies une convention internationale contre le financement du terrorisme.


    Une autre note des services secrets français, datée du 13 septembre 2001, et intitulée "Eléments sur les ressources financières d'Oussama Ben Laden", réitère ces soupçons à l'encontre du Saudi Ben Laden Group, l'empire familial. Elle présente aussi un puissant banquier, autrefois proche de la famille royale, comme l'architecte historique d'un dispositif bancaire qui "semble avoir été utilisé pour transférer au terroriste des fonds provenant des pays du Golfe". Une annexe de cette note du 13 septembre 2001 répertorie les actifs a priori sous le contrôle direct d'Oussama Ben Laden. Surprise, au milieu de structures connues que le"Cheikh" a dirigées au Soudan, au Yémen, en Malaisie et en Bosnie figure encore, en 2001, un hôtel situé à La Mecque, en Arabie saoudite.

    Alain Chouet exprime un réel scepticisme sur la volonté des autorités de Riyad d'appréhender Oussama Ben Laden avant le 11-Septembre : "Sa déchéance de la nationalité saoudienne est une pantalonnade (…) A ma connaissance, personne n'a mis quoi que ce soit en œuvre pour le capturer entre 1998 et 2001." En témoigne cette note du 2 octobre 2001 – "Le départ du prince Turki al-Fayçal, chef des services de renseignement saoudiens : une éviction politique" – qui révèle les dessous de ce spectaculaire limogeage juste avant le 11-Septembre. Les auteurs soulignent "les limites de l'influence saoudienne en Afghanistan (…)Lors de récents voyages à Kandahar du prince Turki, il n'avait pas réussi à convaincre ses interlocuteurs d'extrader Oussama Ben Laden."

    Et six ans plus tard ? Dans un ample rapport de la DGSE que nous avons pu consulter, intitulé "Arabie saoudite, un royaume en péril ?" et daté du 6 juin 2005, les agents français dressent un bilan plus positif des initiatives du régime saoudien contre Al-Qaida. Certains paragraphes trahissent toutefois des craintes persistantes. Les services secrets français redoutent toujours les penchants pour la guerre sainte de quelques docteurs de la foi saoudiens.

     

     
     

     

  • La station de la CIA a Tel-Aviv

     

    "Faire confiance mais surveiller"  Ronald Reagan,a propos des alliés des Etats-Unis.

     

     

     

    LA STATION DE LA CIA A TEL-AVIV

    Dès sa création en 1951,le service de renseignement extérieur israëlien,le Mossad,conscient de la menace que représentent les pays arabes qui l'entourent (Et qui sont hostiles a l'Etat hébreu) ,demandera l'aide des services secrets occidentaux, américains aussi bien que britanniques ou francais,dans le domaine de l'équipement technique,ainsi que sur les intentions de leurs menacants voisins.L'Etat hébreu est alors un petit Etat a l'industrie peu développée,encore mal armé pour faire face a la menace de voisins arabes qui tentèrent de l'envahir dès sa création.La coopération CIA-Mossad ne commence que en juin 1951,quand le Directeur du Mossad,Reuven Shiloah,se rend a Washington pour rencontrer le chef de la CIA,Walter Bedell Smith,et le chef du contre-espionnage,James Angleton.

    La date exacte de l'ouverture de la station de Tel-Aviv,malheureusement,est inconnue. Le premier chef de station identifié est Peter C.Jessup ,qui sera en poste de 1959 a 1961. Mais la méfiance vis-a-vis de l'Etat hébreu est forte,car en ce contexte de Guerre Froide,les idées socialistes sont très répandues en Israël,ce qui est mal vu a Washington,au Département d'Etat et a la CIA. Malgré l'excellente coopération entre CIA et Mossad dans le domaine du renseignement,la méfiance reste entre les deux services.Ce n'est pas l'avis de James Angleton,chef du contre-espionnage de la CIA jusque 1974,persuadé que Israël est un fidèle allié des Etats-Unis.Angleton ne cessera de tout faire pour soutenir le Mossad,n'hésitant pas a bloquer ou minimiser les informations qui,selon lui,peuvent "nuire a Israël".

     

    Mais les américains découvrent la volonté des israëliens de se doter de la bombe nucléaire ( A l'été 1960,les avions-espions U2 détectent un réacteur a Dimona,et la CIA prévient le Président Eisenhower que les israëliens construisent dans le désert du Néguev un réacteur nucléaire pour la mise au point de la bombe atomique.),y compris par l'espionnage sur le sol américain.La station de Tel-Aviv est donc chargée de surveiller ,dans les années 60,les installations militaires israëliennes.Elle est alors dirigée par John Hadden (De 1961 a 1967) et se concentre donc en priorité sur la mise au point par Israël de la bombe atomique.Malgré les déclarations politiques et les assurances réitérées des dirigeants israëliens,Hadden,et d'autres officiers de la CIA,estiment que ce sont juste des paroles.Israël compte avoir l'arme nucléaire,ce n'est pas pour rien si les strétèges israëliens ont estimés que l'arme nucléaire est un moyen pour mettre fin aux guerres au Moyen-Orient.L'antenne de Tel-Aviv concluera ,dans le milieu des années 60,que le programme nucléaire israëlien est un fait établi,mais ne peut guère faire quoi que ce soit pour empêcher la contre-prolifération nucléaire.Par exemple,le FBI ne tarde pas a établir que une entreprise américaine,Numec, dirigée par un dénommé Salman Shapiro,a signée un contrat avec le gouvernement de Tel-Aviv,pour la pasteurisation d'aliments et la stérilisation d'échantillons médicaux par irradiation.Numec est une entreprise spécialisée dans le retraitement de l'uranium enrichi,ce dont Israël a besoin pour former une bombe nucléaire.La crainte du FBI est que le contrat passé soit une couverture pour fournir clandestinement a Israël de l'uranium,mais la station de Tel-Aviv,malgré les efforts de John Hadden,ne pourra confirmer que les conteneurs envoyés par Numec a Tel-Aviv étaient bien destinés a Dimona,ou est situé un réacteur nucléaire..

    Un des officiers affectés a la station de la CIA a Tel-Aviv en 1967, Steve Mc Carthy,(entré en 1952 a la CIA,et qui a aussi servi au contre-espionnage de la CIA) aura l'honneur de se rendre compte de l'efficacité de l'armée israëlienne en pleine Guerre des Six Jours,tout comme Hadden,qui est remplacé peu après par John D.Walker,lequel sera remplacé par Jessup.

     

    En ses années,la Direction des Plans de la CIA (qui sera rebaptisée Direction des Opérations en 1973) ne compte pas de "Israël Desk".L'antenne de Tel-Aviv voit son travail supervisé par la Division du Contre-espionnage de la CIA,alors dirigée par James Angleton.. Nommé depuis peu Directeur de la CIA,William Colby découvrira avec étonnement que l'antenne de Tel-Aviv n'a pas le droit d'échanger des câbles avec les autres antennes de la CIA au Moyen-Orient;tout doit absolument passer par la Division du contre-espionnage,que Angleton dirige toujours.Ce qui ralentit la circulation des informations,par exemple lors de la guerre du Kipour en 1973,ou la CIA fera une grave erreur d'analyse:En ce début d'année 1973,alors que Peter C.Jessup est de retour a Tel-Aviv pour prendre les rênes de l'antenne,le maréchal de l'armée égyptienne Ahmed Ismael Ali est nommé chef d'Etat-Major sur les trois fronts -Syrie,Jordanie,Egypte.Le Premier Ministre égyptien déclarera que "le gouvernement a décidé d'économiser les ressources pour la guerre contre Israël".En mars 1973,le Président égyptien Sadate forme un nouveau gouvernement,avec un seul but: Se préparer a une guerre totale contre Israël.Des avions militaires arrivent en Egypte.Le 23 septembre 1973,les troupes syriennes passent en état d'alerte.Mais la CIA considère qu'il s'agit d'une guerre psychologique de la part des egyptiens.Les mouvements des troupes syriennes et egyptiennes sont juste des manoeuvres,estiment la CIA et les services secrets israëliens.Grave erreur d'analyse de la CIA,encore aggravée par les comptes-rendus faits par la CIA a Henry Kissinger.Ce dernier est alerté quelques heures avant le début du conflit par un message urgent de l'ambassade américaine a Tel-Aviv :Deux heures avant,Le Premier Ministre israëlien Golda Meir a invitée chez elle l'ambassadeur américain,a qui elle déclara que "aujourd'hui commence la Guerre".Kissinger tente de joindre les responsables de la diplomatie soviétiques,égyptiens,syriens,avant d'apprendre que les troupes égyptiennes et syriennes ont attaquées Israël...Kissinger en demande plus aux services secrets américains,lequels affirment que se déroulent de "petits affrontements"...La CIA a eu tout faux,sur toute la ligne.Les combats sont en fait très violents,et Tsahal,au prix de combats acharnés,réussira a redresser la situation,et a défaire les armées egyptiennes et syriennes,mais le mal est fait. Aussi c'est désormais la Division Moyen-Orient qui recoit les câbles de l'antenne israëlienne.Progressivement,au fur et a mesure que le pouvoir de Angleton se vera rogné,la supervision du travail en Israël sera rendue a la Division Moyen-Orient de la DO CIA.Stephen Millett,un des adjoints de Angleton qui dirige la section Israël a la Division du contre-espionnage de la CIA,doit donc laisser les rênes,ce qui est fait le 17.12.1974.

     


    Les Etats-Unis s'impliquent fortement dans les conflits au Moyen-Orient  (lutte contre le régime des ayatollahs qui arrivent au pouvoir en Iran en 1979,guerre au Liban,menaces de la Syrie..) tandis que l'Etat hébreu doit faire face a des voisins menacants.Les deux pays coopèrent donc.La CIA peut compter sur les informations que recoit le Mossad,service très compétent,tandis que le Mossad peut s'appuyer sur les moyens financiers de l'Agence américaine et sur un parc de satellites performants (Par exemple,le bombardement en 1981 d'un réacteur irakien par l'armée israëlienne se fit entre autres sur la base des photos prises par les satellites de la CIA) ,qui a beaucoup plus de mal a implanter un réseau d'informateurs dans nombre de pays difficiles d'accès (Irak,Iran,Syrie) voire n'ose pas dans certains (Par exemple en Arabie Saoudite).La coopération Mossad-CIA se fait par les officiers de liaisons dans les ambassades.Par exemple,Naum Admoni,qui diriga le Mossad du 27.06.1982 a 1989 fut officier de liaison a Washington dans la première moitié des années 70,ce qui implique qu'il a participé a toutes les opérations conjointes menées avec la CIA.Cela n'empêche pas la CIA  d'établir aussi,au début des années 70,un contact avec Yasser Arafat,ainsi le leader de l'OLP dispose d'un "canal diplomatique" avec Washington,au grand dam des israëliens.

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     Andre Legallo a travaillé a la CIA de 1961 a 1994.Il a été en poste au Maroc de 1965 a 1966,au Mali de 1966 a 1970,de nouveau au Maroc jusque 1974, en Hongrie en 1976,chef de station a Bucarest de 1976 a 1978 ,en poste a Téhéran de 1978 a 1979  chef de station,en Israël,Belgique,Algérie,en poste au Laos a une période inconnue,et enfin National Intelligence Officer for terrorism en 1988.

    Dans les années 80 le chef de l'antenne de la CIA semble avoir été André Legallo (Apparement de 1984 a 1988) .C'est durant cette période que éclatent plusieurs scandales,que les médias ne reprendront guère:Suite a l'affaire Pollard qui éclate en 1985 (Un analyste du renseignement naval américain qui a passé des informations au Lakam, le service de renseignement scientifique,indépendant du Mossad),Itzak Rabin,alors Ministre de la défense,révèle que le Shin Beth a mis a jour ,sur la période fin des années 70-début des années 80, cinq cas d'espionnage menées par la CIA contre Israël.L'un est le cas d'un scientifique américain travaillant, dans le cadre d'un échange scientifique, au réacteur nucléaire de Nakhal Sorek (Il était traité par des officiers de la CIA venant de l'étranger).Un autre travaillait dans une firme étatique,"Raphaël",a Haïfa.

    Est aussi cité le cas du Major Yossi Amit,qui sera condamné en 1986 a 12 ans de prison au profit des Etats-Unis.Son traitant a l'antenne de Tel-Aviv est Thomas Volz,officiellement 2ème secrétaire de l'ambassade américaine,qui a travaillé en Namibie en 1991 puis a Hambourg en 1999,ou il travaillera contre les extrémistes islamistes.Le nom de Volz est lié a une autre affaire,car cet officier de la CIA a recruté Andrzej Kielczynski,un industriel membre du Comité Central du Likoud et proche de Ariel Sharon (Patron du Likoud). Le duo s'est rencontré lors d'une soirée a la villa de l'ambassadeur allemand en Israël.Volz recrutera l'industriel d'abord en l'aidant a faire un visa pour les Etats-Unis.Le recrutement définitif se fera a Francfort,ou Kielczynski retrouve Volz,et signe le document ou il s'engage a travailler pour la CIA en 1985.Volz s'efface ensuite,l'industriel sera successivement traité par deux officiers de la CIA lors de rencontres secrètes. Il passera des informations sur les opérations menées par le renseignement israëlien aux Etats-Unis et ailleurs.Parmi ses informations,certaines concernent Pollard,qui sera arêté un mois après par le FBI,ainsi que sur les  constructions des colonies juives,le programme nucléaire israëlien,les discussions au gouvernement et aux commissions des affaires étrangères et de la Défense de la Knesset.Kielczynski avait aussi des contacts au sein de l'industrie militaire israëlienne.En échange de ses informations,la CIA lui promet 3000 dollars par mois et la citoyenneté américaine.L'industriel renseignera plusieurs années durant la CIA avant de sentir en 1992 qu'il est suspecté.Il s'envole aussitôt en Pologne ou il sera arrêté pour vols et racket.

    Un autre officier de la station de Tel-Aviv est Franklin J.Sparhawk,qui était en poste en 1987 sous la couverture d'attaché commercial.Sparhawk a été en poste a Moscou dans la première partie des années 80,officiellement comme 2ème secrétaire,puis au tout début des années 90 il est en poste a Erevan (Chef de station ou Chef adjoint,pour l'instant non détérminé ),officiellement 1er secrétaire,puis a Talinn,comme chef d'antenne. 


    Jusque 1995,Jim Flynn dirige la station de la CIA a Tel-Aviv,avant d'être remplacé par Stanley Moscowitz. En ses années,le poste de Tel-Aviv était (et il reste aujourd'hui) un des plus importants,de par la délicatesse et la médiatisation du problème israélo-palestinien.Le chef de station doit alors se transformer en diplomate,chargé d'agir pour le processus de paix ,aussi bien en combattant le terrorisme (par des échanges d'informations avec les services secrets israéliens et palestiniens) que en s'efforcant de réunir les deux clans des services sécuritaires autour d'une même table.La CIA a même établie un officier chargé de coordonner la coopération entre les deux camps.Sous Moscowicz,les officiers de la station de Tel-Aviv ont contrôlés l'activité des services secrets de Arafat, supervisés les déploiements des troupes israëliennes et palestiniennes,le travail de la communauté israëlienne du renseignement pour éviter ou calmer les provocations dans la Berge Ouest et a Gaza,tout en prévenant les attaques terroristes,les crimes commis contre les palestiniens...Donc les officiers de l'antenne,avec l'amélioration (A partir de 1993 ,avec les accords de Camp David) des relations israëlo-palestiniennes,ont des contacts réguliers avec les deux camps. Ce canal fut par exemple utilisé en 1998 lors des négociations de Wye Plantation. Il faut aussi noter que la CIA assure la formation des cadres des services secrets palestiniens a Langley.C'est ce que s'efforce de faire Moscowicz,dont le nom se retrouve jeté au public en janvier 1998. Benyamin Netanyaou,alors 1er Ministre israëlien,demandera le rappel de Moscowicz,lequel ne quitte Tel-Aviv que en 1999. A partir de 1999 c'est Jeff O'Connell qui prend le relais.


    En 2003 c'est Deborah Morris qui dirige l'antenne de la CIA a Tel-Aviv.Deborah Morris a auparavant supervisé le travail en direction de l'Arabie Saoudite a la Division Moyen-Orient de la Direction des Opérations de la CIA.Elle est mariée a James L.Morris,un officier qui a quitté la CIA vers 1996-1997 après y avoir occupé nombre de postes importants (Chef de station adjoint a Islamabad en 1988;Chef de station a Moscou de 1993 a 1994)

     

    Mes remerciements a Fabrice,ainsi que aux auteurs des différents ouvrages qui m'ont aidés pour ce document :Tom Mengold ("Cold Warrior" paru en 1991),Léonid Mlétchin (Ouvrage "Le Mossad"), A.D.Prokhorov ("Les services secrets israëliens"),Joseph Deutchmann (Ouvrage "Le Mossad") ,ainsi que le Middle East Intelligence Bulletin

  • Colloque "Le choc des puissances"

    Aujourd'hui au Sénat se tenait le colloque "Le choc des puissances",organisé par l'école de Guerre Economique  (http://www.ege.fr  ) de 9h a 18h30.Le colloque était dirigé par Christian Harbulot,Directeur de l'Ecole de Guerre Economique,et Ali Laïdi,journaliste de France 24 medium_SSM11088.JPG

    Christian Harbulot (A gauche) et Ali Laïdi  (a droite)

     

     

    Je tiens a féliciter tous ceux qui ont participés et/ou ont organisés ce débat qui était passionant (Croyez- moi,le déplacement en valait la peine).Leurs noms seront énumérés au fur et a mesure de leurs interventions.

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     Pierre Cosena

    Pierre Cosena,Directeur Général de la Compagnie Européenne d'Intelligence Stratégique (Et ancien haut fonctionnaire du Ministère de la Défense) a ouvert le colloque par une introduction réellement passionante,en soulignant que l'Occident et les terroristes islamiques agissent contre l'adversaire selon un certain nombre de principes communs:Pour chacun des deux camps l'ennemi est séléctionné,désigné,il représente "Le Mal", la guerre est faite a un ennemi conceptuel (Pour le terrorisme islamique,les juifs,les croisés.Pour l'Occident,le terrorisme,la prolifération nucléaire),la méthode utilisée est simple: La Guerre.Et chacun des deux camps se considère comme agressé par l'autre.A partir de la,chaque camp estime son action légitime.M.Cosena n'a eu de cesse de rappeler cette différence,soulignant l'utilisation,d'un côté,du terrorisme,arme des faibles,et de l'autre,les armées conventionnelles (Au Kosovo,en Irak,en Afghanistan)

    M.Christian Harbulot,Directeur de l'école de Guerre Economique,s'est surtout attaché a définir ce qu'est une puissance ("La capacité d'une unité politique d'imposer sa volonté aux autres", dixit Raymond Aron ) ,en comparant la situation de la France (Ou la puissance est surtout considérée en terme d'indépendance et d'intégrité du territoire,de protection du patrimoine) et celle de la Grande-Bretagne (Qui considère le terme de puissance comme étant le contrôle des axes de circulation maritime,d'influence linguistique,de verrouillage des institutions européennes), puis en rappelant la problématique des puissances (Apparition de nouvelles puissances qui ont les coudées plus franches grâce a la fragilisation des puissances traditionnelles,volonté de survie des puissances traditionnelles,par exemple les Etats-Unis) et le fait que les Etats ne sont pas les seules puissances (Parmi les puissances non étatiques,citons les ONG,les groupes mafieux,le terrorisme, les firmes transnationales) 

    M.Wolfgang Reineke ,écrivain allemand ,a fait part d'un point de vue beaucoup plus pro-atlantiste (qui est ,a mes yeux,a respecter,même si je ne suis pas entièrement d'accord),en rappelant que la politique étrangère américaine a utilisée l'OTAN a ses fins,et les ratées des USA en Irak

     

    M Ali Rastbeen a fait part d'un point de vue  sur la stratégie américaine d'expansion,surtout en direction du Moyen-Orient,qui consiste a imposer la démocratie ,qui a,ensuite,été extrêmement critiqué (Et qui a mes yeux manquait de finesse) en comparant  maladroitement la stratégie de Bush d'imposer la démocratie a celle de Hitler,ce qui a suscité des protestations,y compris la mienne.Prennant la parole juste après son exposé,a la séance des questions,je rappelai que si l'administration Bush,tout comme le dictateur Hitler,a bien l'intention d'imposer un "Nouvel Ordre Mondial",néanmoins,l'administration américaine,contrairement aux Nazis,n'a jamais eue l'intention de tuer les populations civiles,et concernant l'Irak,Bush fils avait une volonté réelle d'instaurer la démocratie.Et je précisai que cette information sur la volonté de Bush fils ne provenait pas de ses partisans,mais de James Risen,extrait de son ouvrage qui est extrêmement critique vis-a-vis de l'administration américaine actuelle et qu'on ne peut taxer de complaisance,donc.  (Je ne me rappelai plus sur le moment du titre de l'ouvrage,mais je vis M.Christian Harbulot et Ali Laïdi,qui dirigaient le débat,acquieser de la tête a mes propos.En rentrant,je trouvais l'ouvrage: Il s'agit de "Etat de guerre",paru en France en mars 2006 aux éditions Albin Michel)

    Après cette escarmouche (Mais nous pensons que M.Rastbeen s'est simplement mal exprimé,même si je ne partage pas entièrement son point de vue) ,une pose déjeuner s'imposa de 12h30 a 14h,puis M.Thomas Menk,spécialiste de la sécurité dans une entreprise allemande,dans un discours assez général mais en même temps fort complet et très intéréssant,rappela le principe même de l'intelligence  économique dans les entreprises allemandes,et de regretter que les entrepreneurs n'aient pas entièrement pris conscience du risque de l'espionnage économique.

    medium_SSM11097.JPGM Jacques Baudoin

    Puis c'est M. Jacques Baudouin,dans une allocution rééllement passionante et d'excellente qualité sur la Chine communiste,qui prend le relais,s'efforcant (Avec brio,s'appuyant sur une documentation solide et une analyse que j'ai trouvé extrêmement vigoureuse,très nuancée ) de dépoussiérer l'Empire du Milieu,loin des clichés.M Baudouin rappela le soutien de la Chine a certains régimes contestables (Fournitures d'armes au Pakistan,soutien aux régimes soudanais et birmans) ,la montée en puissance de l'Armée Populaire de Libération chinoise par l'augmentation constante de son budget et l'attention particulière portée a la Marine Chinoise,attention compréhensible sachant que la Chine est entourée de mers et que Taïwan représente la priorité numéro 1 de la République Populaire ) mais aussi la volonté chinoise de se laver de l'humiliation subie quand nombre de pays (Comme la France et la Grande-Bretagne) empêchèrent la Chine d'occuper la place qu'elle estime mériter dans les affaires internationales.M Baudoin rappela aussi que si la Chine est un marché gigantesque (Une centrale éléctrique construite chaque semaine,forts investissements venant de l'étranger ,les investisseurs étrangers (Sachant que ,selon M.Baudouin, 40% des exportations chinoises viennent de firmes étrangères a 100% et implantées en Chine) investissant beaucoup mais que les profits qui en sont tirés ne sont pas si importants qu'on peut le croire..M Baudouin rappela alors que si la Chine a bien l'intention d'instaurer un "Nouvel Ordre Mondial" (Ce qui resssort de certaines déclarations de dirigeants chinois),la Chine cherche avant tout la stabilité ,et la respectabilité sur le plan international,tout en souhaitant être une puissance régionale.

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    A gauche,Pierre Naquin,un des organisateurs du colloques.A droite,Victor Pérévalov.

    Puis c'est le professeur de droit russe Victor Pérévalov qui a pris la parole,sur le droit,la place de la Russie dans le monde,suivi par l'ancien chef de station de la CIA a Paris Charles Cogan qui a évoqué la politique étrangère américaine d'une manière très intéréssante,suivi par Cameron Kerry (Frère de John Kerry,candidat aux éléctions présidentielles américaines en 2004), le Général italien Carlo Jean (Depuis 2003 Commissaire délégué pour la sécurité nucléaire) qui a donné le point de vue italien de puissance,rappelant les difficultés auxquelles l'Italie s'est heurtée pour s'unifier,puis récémment avec le poids du Parti communiste italien et le manque de renouvellement de la classe politique italienne,ainsi que son homologue portugais le politologue Antonio Marques Bessa,qui s'est penché sur le point de vue portugais,avant que Michel Guénaire ne se penche sur les vertus de la puissance,suivi par M. Steve Gentili qui prononca une allocution de clôture.

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     Cameron Kerry,frère de John Kerry et avocat de formation.

     

    Je tiens une nouvelle fois a remercier tous ceux que j'ai cité ici,ainsi que Pierre Naquin,qui m'a permis de m'inscrire,Jean-Benoît ,qui m'a informé de ce débat,et bien d'autres personnes.J'éspère les revoir lors du prochain colloque de l'Ecole de Guerre Economique.

     

     

  • Colloque sur le renseignement britannique

    Le 12.05.2007 a l'uiniversité de Warwick,Coventry,se tiendra un colloque baptisé "Spooked :cultures of intelligence in Britain (1945-2007).Je regrette de ne pouvoir y aller,mais si des personnes s'y rendent,qu'elles m'en informent,pour que je connaisse le résultat de ce colloque,qui sera publié sur ce blog.

    Le colloque sera consacré aussi bien au renseignement du point de vue théorique que la coopération américano-britannique ( Je me permet une petite disgression ici:les relations américano-britanniques ne sont pas forcément si idyllique qu'on pourrait croire.Peter Wright,dans son ouvrage "Spycatcher",décrit une forte méfiance entre britanniques et américains,en particulier la haine de Hoover,le patron du FBI,pour le MI6.Ce point de vue a été confirmé dans sa biographie par Kim Philby,l'officier du MI6 qui travaillait pour les soviétiques),la Guerre Froide,le rôle des médias...

     Parmi les participants,notons Chritopher Andrew,auteur de plusieurs ouvrages sur les services secrets britanniques et soviétiques,ainsi que Stephen Dorril,auteur d'une monumentale oeuvre sur le MI6,le service de renseignement extérieur de Sa Majesté.

    Il est a noter que la période abordée (1945-2007) est une période "nouvelle",alors,qui s'ouvre:La 2ème Guerre Mondiale vient de se  terminer,le renseignement extérieur britannique,le MI6,se relance aussitôt dans la bataille contre l'Union Soviétique (Le colonel Valentin Viviane,chef du contre-espionnage du SIS,considérait que il faut durant la guerre se battre contre les nazis,mais que le principal ennemi restait l'URSS) ,sans oublier de jouer son rôle au Moyen-Orient pour tenter de préserver l'influence britannique (sans grand succès,comme le montre la mise a mal des réseaux du SIS en Egypte sous Nasser) ainsi que l'évolution ,au lendemain de la fin de la Guerre Froide: Désormais,priorité est donnée au terrorisme,a l'Irak,l'Iran,la Corée du Nord,la contre-prolifération nucléaire.Les attentats du 11 septembre créent un choc par leur intensité,et ne font que renforcer la lutte antiterroriste,désormais qualifiée de priorité absolue.

     

    Pour revenir au colloque,pour s'inscrire:   Sue Dibben HRC@warwick.ac.uk

     Plus d'informations sur le colloque:   http://www2.warwick.ac.uk/fac/arts/hrc/confs/spooked/

    http://www.cf2r.org/fr/actualite/colloques-conferences-12.php#cc2

     

  • Décès en décembre d'un ancien patron du MI6

    Un "Cold Warrior",spécialiste des soviétiques durant la guerre froide au sein des services secrets britanniques,est décédé en il y a quatre mois. 

     

    Colin Frederick Figures,patron du MI6 ,le service de renseignement britannique de 1982 a 1985,est mort le 08.12.2006.  Je n'ai appris la nouvelle que hier soir,d'ou le retard dans la parution de cet article.

     Sir Colin est né le 01.07.1925 a Birmingham,il passe par la King's Edward's School de Birmingham,puis sert de 1945 a 1948 dans un régiment,tout en apprenant le russe a Cambridge.Parle russe et francais.

    Sa carrière commence en 1951,quand il entre au MI6, ensuite il sera en poste en Allemagne de 1953 a 1956,a Amman,Jordanie,de 1956 a 1958,Chef de station a Varsovie,Pologne, de 1959 a 1962.Parmis ses informateurs,notons un officier de l'UB (services secrets polonais) nom de code "Noddy",qui avait contacté l'ambassade britannique a Varsovie en 1958.C'est l'officier du SIS a Varsovie John Quine,qui travaillera aussi a la section soviétique du SIS,qui sera chargé de traiter cette précieuse source.A Varsovie,on en sait peu sur le travail de la station du SIS de 1959 a 1962,mais d'après une information,Colin Figures y aurait mené de belles opérations.Notons toutefois que c'est a la même période que un officier du MI6,Georges Blake,transmettra des informations au KGB,dont parmi elles,la "Watching list" du MI6 (les personnes susceptibles d'être recrutées) en Pologne pour l'année 1959,et donn dévoilera ainsi au KGB (Qui transmettra l'information au contre-espionnage polonais) les dégâts causéés par la station du SIS a Varsovie..

     Après Varsovie,Figures a dirigé la station du SIS de Vienne,tout près du "Rideau de Fer".Une des antennes les plus prestigieuses du monde,non seulement a cause du lieu même,mais aussi du travail a y accomplir.Vienne ,aussi bien durant la Guerre Froide que aujourd'hui encore,reste un des terrains de confrontation entre services secrets parmi les plus importants.Il ne faut pas oublier que Vienne est un pays "neutre",qui accueille aussi bien,aujourd'hui,le siège de l'OPEP que les ambassades nord-coréennes ou iraniennes...Et,durant la Guerre froide,étant située près de l'Empire communiste,dont l'Autriche était une excellente base pour recueillir des informations.

    Après ses postes,Figures revient au QG du SIS,et nommé en 1973 chef de la section Irlande du Nord,au plus fort de la lutte contre l'Armée Républicaine Irlandaise (IRA),puis n°2 du MI6 en 1979,et chef du service britannique en 1982,jusque 1985.Si la Guerre des Malouines en 1982, contre l'Argentine,que le SIS n'a pas su prévoir,reste comme un échec pour le service,en revanche,c'est sous Colin Figures le renseignement extérieur de Sa Majesté marque des points contre les soviétiques:d'abord en 1982, MI6  fait exfiltrer Vladimir Kouzitchkine,officier du KGB a Téhéran chargé de superviser le travail des illégaux soviétiques et du Toudeh (Le Parti communiste iranien),puis en 1985 la station du MI6 a Moscou mène une de ses plus belles opérations: Est exfiltré ,après avoir semé le KGB,Oleg Gordievsky,un officier du KGB recruté a Copenhague en 1966.Un officier du KGB exfiltré alors qu'il est de l'autre côté du Rideau de Fer! Une réussite.Après avoir quitté MI6,Colin Figures a été nommé Coordinateur des services secrets au Cabinet Office,jusqu'a sa retraite en 1989.

    Il s'est éteint des suites de la maladie d'Alzeimher.Avec mes hommages. 

     

     

    Pour précision,le dossier sur le MI6 en direction de l'Irak est toujours en cours de traitement. 

  • Un haut responsable de la Défense iranienne a fait déféction

     

    medium_Asghari_nvelle_foto.jpgAli Asghari

    L'information a commencée a circuler samedi dernier,mais les grands médias ne l'ont pas reprises jusqu'a présent: la communauté occidentale du renseignement vient de marquer un point,apparement d'importance,contre la République islamique d'Iran:Un très haut responsable du Ministère de la Défense iranienne,Ali Askari (ou Asquari) avait disparu d'Istanbul, en Turquie le 7 février dernier.Les iraniens avaient aussitôt accusés le Mossad ,ou la CIA, de l'avoir enlevé.Les journalistes qui avaient leurs contacts informels au sein du Mossad (donc non autorisés par la direction du Mossad) ont eu une réponse très claire :Le Mossad n'est absolument pas lié a cette affaire.Donc exit le Mossad! Et comme le constate l'ESISC,il paraissait risqué que la CIA mène une telle opération,étant donné tous les scandales qui s'accumulent autour du renseignement extérieur américain (L'affaire des vols de la CIA).

    Restait donc comme hypothèse la déféction de M.Askari,hypothèse qui semble se confirmer:Les informations obtenues indiquent que le général Askari a fait déféction au profit de la CIA et est ,actuellement,soit débriéfé dans un pays européen,soit aux Etats-Unis même (Etant donné que sa déféction date d'il y a un mois maintenant ,et connaissant le fonctionnement de la CIA ,qui a toujours préféré amener les transfuges sur le sol américain par sécurité [Je pense par exemple aux transfuges soviétiques comme Anatoly Golitsyn qui a été emmené aux USA quand il fuit en octobre 1961,ou beaucoup plus récémment au colonel de l'armée chinoise Xu Junping qui fit déféction en décembre 2000),donc la dernière hypothèse est la plus probable.

    Si l'information est confirmée,ce sera sans doute une des plus belles réussites ,de par les postes que Askari a occupé: Askari,proche de l'ayatollah Khomeiny (le guide spirituel de la Révolution islamique iranienne décédé en 1989) a aussi été général des Pasdarans (Les Gardiens de la Révolution iranienne),ou il a entre autres été chargé de la liaison entre l'Iran et le Hezbollah au Liban dans les années 80 et au début des années 90.Il a aussi été vice-Ministre de la Défense iranienne,jusque sa retraite, qu'il a prise en 2005.Se pose la question des connaissances du Général Askari ,aussi,sur le programme nucléaire iranien.Selon les informations obtenues,les debriefings actuels du Général Asghari ne porteraient pas sur le programme nucléaire iranien.

    La question se pose de savoir si cette déféction a été menée par le général seul,ou si il était en contact avec un service secret depuis un certain temps pour la planifier? Sur ce point,il n'y a pas (du moins pas encore) de réponse précise,mais selon les informations obtenues par le Washington Post,le Mossad aurait joué un rôle fondamental dans le recrutement de Asghari,et son exfiltration de Turquie.

     

    Des mises a jour seront effectuées sur cet article dès que de nouveaux renseignements seront disponibles.

     Cette note a été modifiée le 12.03.2007

  • Bilan du blog "La communauté du renseignement"

    "La communauté du renseignement"a été créée il y a un ans et demie,en vue d'informer les internautes sur les services de renseignements dans le monde.

    D'après les dernières informations obtenues,l'affluence ne désemplit pas (près de 600 visites en janvier 2007)

    Le blog s'est équipé,modernisé,avec la mise en place de liens vers des sites intéréssants,en anglais,francais,russe.

    Toutefois,deux priorités se dégagent,ou il reste des progrès a faire :d'une part coller a l'actualité plus "quotidienne" des services de renseignement et de sécurité étatique,et non pas se contenter de grands dossiers.Des efforts en ce sens ont été faits,reste a les poursuivre sur le long terme.C'est ,par exemple,les articles parus sur la sécurité informatique vue par la NSA ou la menace terroriste en Grande-Breatgne,avec la mise en place des alertes mail par le MI5.

     La deuxième priorité sera d'étendre les dossiers traités,de ne plus limiter les dossiers a la zone ex-URSS.Un effort est aussi en cours: Sont actuellement en cours de traitement et d'analyse des informations qui permettront,normalement,de publier dans le mois qui suit un dossier sur les activités du MI6 en Irak sous Saddam Hussein.

    Si vous avez des suggestions,n'hésitez pas

     

     

    Modification du mardi 06.03.2007: Le dossier relatif au travail du SIS (renseignement britannique) en direction de l'Irak risque de ne pas être publié avant avril,étant donné la quantité d'informations obtenues ,et qu'il convient d'analyser.

     

  • "Mossad,les nouveaux défis" de Gordon Thomas

    Spécialiste du Mossad (le service de renseignement extérieur israëlien) sur lequel il avait déja écrit un ouvrage, Gordon Thomas récidive avec "Mossad: les nouveaux défis".Un régal!

    Ce livre a l'avantage d'être d'actualité:il montre des événements qui ont eus lieu récémment et le rôle joué par le Mossad,dans la guerre au Liban,la lutte contre la prolifération nucléaire (Avec les programmes atomiques de l'Iran et de la Corée du Nord),les opérations antiterroristes,la collecte d'information avec l'aide du Guojia Anquanbu  (Ministère de la Sécurité d'Etat chinois) sur le territoire américain sans compter le dossier du docteur Khan,le père de la bombe atomique pakistanaise qui eut des contacts avec Al Qaïda.........

    Peu de noms des officiers des services secrets ,mais beaucoup de faits,et c'est ce qui le rend si passionant ,aussi.Enfin,cet ouvrage a l'avantage de nous montrer le point de vue israëlien sur les événements mondiaux,et de rappeler le danger auquel Israël est confronté,encerclé par le Hamas d'un côté,par le Hezbollah de l'autre.

  • Le MI5 s'ouvre un peu au public

    medium_mi5.gifle MI5 souvre un peu,devient un peu plus transparent vis-a-vis du grand public,tout en continuant a protéger les noms de ses cadres,ses sources et ses méthodes (Ce qui est compréhensible).

    Telle est la conclusion qui s'impose devant l'attitude ,qui ne peut qu'être saluée,du service de sécurité intérieure britannique.

    Ainsi,il avait fallu attendre le procès de plusieurs membres de l'IRA qui avaient été interpellés en juillet 1996 (Il s'agit de l'opération Airline,qui s'était conclu par la mort d'un membre de l'IRA abattu par deux policiers de l'unité SO19 de Scotland Yard et l'interpellation de six de ses camarades) avant de poser des bombes a Londres pour que MI5,pour la première fois,produise publiquement lors d'un procès (qui eut lieu en juillet 1997) des rapports et des preuves recueillis par ses officiers (Ecoutes,surveillances).

    Cette fois,c'est les attentats commis a Londres en juillet 2005 et la crainte de nouvelles attaques terroristes qui ont obligés le MI5 a passer a la vitesse supérieure,en ne jouant plus seulement le rôle de "service de sécurité travaillant pour le gouvernement de Sa Majesté",mais aussi en alertant le public.

    medium_emb.jpgEliza Manningham-Buller  Ainsi,la directrice du MI5,Eliza Manningham-Buller, a ,lors d'une conférence,rappelée que le risque d'attaque terroriste est toujours élevé au Royaume-Uni,et de déclarer que près de 1600 personnes sont surveillées par les services britanniques.

    Une des principales inquiétudes du MI5 concerne ,je pense,les ressortissants pakistanais,très nombreux en Grande-Bretagne,hors le Pakistan est un pays ou les islamistes extrémistes comptent une base importante.

    Autre décision du MI5 apparue il y a moins d'une semaine: toute personne peut s'inscrire sur le site du MI5 pour recevoir les changements du niveau d'alerte terroriste,ce qui a l'avantage d'inciter a être plus vigileant.Pour s'inscrire, allez sur le site du MI5

    http://www.mi5.gov.uk/ 

    medium_mi5logo195.jpg

    puis ,en bas,dans "What's new","receive MI5 updates by e-mail",et incrivez-vous en laissant votre nom,prénom,et adresse mail.On peut aussi recevoir les dernières informations du MI5 (discours de la directrice du MI5 et liens vers les sites Internet).Un mail du MI5 arrive alors,en moins d'une minute,a l'adresse indiquée.Il est alors prié,pour valider votre demande de recevoir les mails du MI5,de confirmer l'inscription en cliquant simplement sur l'adresse indiquée dans le mail.

  • Document sur la sécurité informatique

    medium_nsa.gif

     

    La NSA a publiée un document,accessible a tous,en anglais,ou sont données les bases de la sécurité informatique.Ce document est disponible sur le site de la NSA ,il est intitulé "The 60 Minute Network Security Guide".

     

    Le voici.Bonne lecture a tous!

     

    document_sur_la_securite_informatique.pdf

  • Bonne année 2007 a tous!

     

     

    Le blog "La communauté du renseignement" souhaite a vous tous,qui consultez ce blog ou ne faites qu'y passer,une Bonne année,avec mes meilleurs voeux!!!

    Une petite pensée en particulier pour les services de sécurité et de renseignement,qui vont avoir du pain sur la planche cette année:Lutte contre le terrorisme en Irak,en Tchétchénie,au Liban,en Thaïlande,en Palestine,en Somalie pour ne citer que les coins les plus exposés de la planète.

    Sans oublier nombre de sujets sensibles: contre-prolifération nucléaire,lutte contre le trafic de drogues,informations pour en savoir plus sur les ambitions nucléaires de l'Iran et de la Corée du nord......(Selon le Washington Post,la section Iran de la Direction des Opérations de la CIA compte 140 officiers,ce qui montre bien que ce pays est prioritaire).

     

    Bonne chance a tous,et Bonne année!! 

  • GTPROLOGUE,un faux frère pour la CIA.

    Alors que le KGB a réussi a recruter Aldrich Ames,un officier de la CIA qui a détruit le réseau d'informateurs de l'Agence en URSS,le KGB lanca une opération destinée a désinformer les américains,en leur envoyant dans les pattes un de leurs officiers.

    J'avais ouvert le dossier le 20.06.2003,quand,en examinant les archives du "Monde", il y était fait référence,a la page 24 du numéro du 26.02.1994, a un informateur fort précieux de la CIA, un officier de la 2ème Direction Générale du KGB ,nom de code "GTPROLOGUE",que Aldrich Ames aurait "balancé" en 1990 au KGB.Il fallut attendre quelques temps pour en savoir plus sur cette opération.

    Peu d'informations sont disponibles sur cette opérations,qui recut le nom de code de "FANTOME" au sein du KGB.Voici donc des précisions.

    L'opération commence en mai 1987,alors que Jack Downing,nouveau chef de station de la CIA a Moscou,prenait le train de nuit Moscou-Léningrad.Il y fut abordé par un inconnu qui lui remit une enveloppe,que Downing n'ouvrit que une fois arrivé dans les locaux du consulat américain a Léningrad.Le mystérieux inconnu se présenta comme un officier de la section américaine du contre-espionnage du KGB,chargé de pister les officiers de la CIA en poste a l'ambassade américaine a Moscou.

    le jeune inconnu indique aussi dans cette lettre qu'il contactera lui-même downing,toujours le vendredi,en laissant des messages dans sa voiture.les informations laissées par "prologue" indiquent bien que c'est un officier de la section américaine du contre-espionnage soviétique,bien placé au demeurant,mais il refuse de dévoiler des informations sensibles tant que il n'aura pas été exfiltré par les américains. 

    En octobre  1989,une rencontre est organisée  entre la station de Moscou et GTPROLOGUE,et c'est Gary Montrowl,un jeune cadre de la CIA qui fera ensuite une brillante carrière au sein de l'Agence (Montrowl a ,jusque 2003,dirigé une importante station de la CIA ,mais je ne peux,pour des raisons de sécurité,dire dans quel pays),alors officier de la station,qui rencontre l'officier du KGB le 06.08.1989,dans un petit parc.la rencontre durera deux heures.Comme toujours lors de rencontres entre les officiers de la CIA en poste a Moscou et leurs informateurs,la conversation est enregistrée sur magnétophone pour être ultérieurement envoyée et analysée a Langley.Lors de cette rencontre l'officier CIA demanda a PROLOGUE une photo de lui,pour lui préparer les faux papiers servant a son exfiltration. 

     En 1990,la CIA se prépare donc a faire exfiltrer GTPROLOGUE ,qui a été enfin identifié par la CIA:Il s'agit de Alexandre Zhomov (Ou Jomov),qui dirige la section supervisant la surveillance des américains a la section américaine du contre-espionnage du KGB.Son identification a été rendue possible grâce au transfuge Segrey Papouchine,un ancien de la Deuxième Direction Générale du KGB (le Contre-espionnage) qui connaît bien,donc,l'appareil de la Direction principale du contre-espionnage.La CIA éspère exfiltrer Jomov pour ainsi obtenir des informations sur le travail du KGB contre les services secrets américains.La décision finale de faire exfiltrer le soviétique est prise en avril 1990.Le plan d'exfiltration de la CIA prévoit de fournir a PROLOGUE des faux papiers pour qu'il prenne le bateau "Estonia" a Tallinn,en Lettonie,pour la Finlande,ou l'attendront des officiers de la CIA.La station de Moscou a fournie aussi les moyens a PROLOGUE pour contacter la CIA en Finlande.

    Le 08.06.1990 ,nouvelle rencontre dans le Train Moscou-Léningrad entre Michaël Cline (nommé en 1989 chef de la station de moscou) et PROLOGUE.Le chef de l'antenne moscovite transmet a l'officier KGB le plan pour l'exfiltration. 

    Le jour J,le 12.07.1990, deux officiers de la CIA attendent au port,en Finlande,l'arrivée de GTPROLOGUE.L'un est le chef de la station de Helsinki,l'autre est un membre de la section soviétique de la direction des Opérations de la CIA.Mais rien.Pas de GTPROLOGUE.La station de Moscou est alertée,et Michaël Cline décide de prendre le Train Moscou-Léningrad avec sa femme Jill le 14.07.1990 ,en éspérant que PROLOGUE l'y contactera.Ce que PROLOGUE fait ,en passant une lettre a Jill.La lettre de PROLOGUE accusait la CIA d'avoir bâclée l'exfiltration.

    Ce que la CIA ignore ,parallèlement a cet échec (et cela rajoute au sel de la situation),c'est que la vraie taupe au sein de la CIA avertit le KGB de l'existence de GTPROLOGUE! En effet,Aldrich Ames,après avoir dirigé la section Tchécoslovaquie de la Direction des Opérations de la CIA,est muté au Centre de contre-espionnage de la CIA,ou il travaille a la Branche soviétique de la section analytique a partir de septembre 1990.Le 17.12.1990,Ames recoit des informations sur GTPROLOGUE,et il prépare,a l'intention du KGB,une lettre,depuis l'ordinateur a son domicile.Ames avait auparavant informé le KGB de l'existence d'un traître au sein de la deuxième direction principale du KGB; il compléta,cette fois, len indiquant le pseudo a la CIA du mystérieux informateur- GTPROLOGUE- et fournit des informations sur lui....

     En février 1991,la station de Moscou envoie une lettre,avec instructions écrites a l'encre invisible,a destination de PROLOGUE.La CIA lui propose de garder le contact avec les américains ,et de rencontrer un officier de la CIA.L'Agence demanda aussi dans cette lettre que PROLOGUE se préoccupe plus de sa sécurité en transmettant plus d'informations sur le travail de son service contre l'ambassade américaine et les diplomates soupconnés d'appartenir a la CIA.

    En 1991 toujours,durant le coup d'Etat mené par le patron du KGB Vladimir Krioutchkov, David Rolph,alors chef de la station de Moscou,tente de recontacter GTPROLOGUE,sans résultat.La CIA abandonne finalement l'opération. 

     En 1994,lorsque Aldrich Ames sera démasqué,les médias lui imputeront la mort de GTPROLOGUE,persuadés que ,grâce aux informations de Ames,l'officier de la deuxième Direction Principale avait été démasqué et fusillé par ses pairs.

    En fait,il n'en était rien... Il s'avèrera ,plus tard,que GTPROLOGUE n'a eu de cesse d'être fidèle au KGB,en désinformant la CIA.L'opération avait démarrée en décembre 1986.

  • Une opération réussie du Mossad en Libye dans les années 80

    Cette opération a été racontée par Viktor Ostrovsky,ancien officier du Mossad dans les années 80.Elle montre les méthodes de fonctionnement du Mossad,mais est a prendre avec prudence :source unique Les confessions d'un agent secret israélien

    La camionnette alla se garer derrière un immeuble situé sur la Rue
    Jumhuriyyah , à Tripoli (Rue de la République ), à moins de trois
    blocs d'immeubles de la caserne de Bab al-Aziziyyah, connue pour
    abriter le quartier général et la résidence privée de Qaddhafi. A ce
    moment-là, les hommes de la camionnette s'étaient changés : ils
    s'étaient déguisés en civils.
    Deux d'entre eux restèrent dans la camionnette, pour faire le guet et
    les deux autres aidèrent les combattants du Mossad à monter le
    précieux cylindre (le Trojan) sur la terrasse de l'immeuble, qui
    comportait cinq étages. Le Trojan avait été roulé dans un tapis !
    Dans l'appartement, une des extrémités du cylindre fut ouverte, un
    petite antenne parabolique en fut extraite, puis placée devant une
    fenêtre orientée au nord. L'unité émettrice fut activée : le cheval
    de Troie était dans la place !
    L'agent du Mossad avait loué l'appartement pour une durée de six mois
    et il avait payé la location cash et d'avance. Personne ne pouvait
    donc avoir le moindre soupçon en voyant l'agent secret déguisé en
    locataire y pénétrer. Inversement, personne d'autre n'avait rien à
    faire dans cet appartement. Toutefois, dût un intrus avoir le malheur
    de pénétrer dans cet appartement, le Trojan se serait autodétruit,
    emportant dans sa formidable déflagration l'ensemble de la partie
    supérieure de l'immeuble. Les trois hommes retournèrent à la
    camionnette, puis ils roulèrent vers leur rendez-vous avec leurs
    amis, à la plage.
    Après avoir déposé les commandos sur la plage, le combattant retourna
    à vive allure à Tripoli, où il avait pour mission de surveiller le
    travail de transmissions et de désinformation du Trojan durant les
    semaines à venir. Les commandos, une fois sur la plage, ne traînèrent
    pas eux non plus, et ils prirent le large, grâce à leurs cochons et
    leurs oiseaux. Ils n'avaient pas du tout envie de se faire pincer
    dans les eaux libyennes à la levée du jour. Ils se dirigèrent donc,
    en poussant à plein régime leurs cochons trop poussifs à leur goût,
    vers un point de rassemblement convenu à l'avance, où ils
    retrouvèrent les deux vedettes lance-missiles, qui les hissèrent à
    bord.
    Vers la fin du mois de mars, les Américains commençaient déjà à
    intercepter des messages diffusés par le Trojan, qui était activé
    seulement durant les heures de pointe de transmission de
    télécommunications. Grâce au Trojan, le Mossad s'efforçait de donner
    à penser qu'une longue série d'instructions en vue d'attentats
    terroristes était en train d'être transmise aux différentes
    ambassades libyennes à travers le monde entier (ou, plus exactement,
    pour reprendre la terminologie des Libyens eux-mêmes, les
    différents «Bureaux Populaires»… ) Conformément aux attentes du
    Mossad, les messages transmis (par le Trojan) furent déchiffrés par
    les Américains, qui les présentèrent comme la preuve irréfutable que
    les Libyens soutenaient activement le terrorisme. Pour enfoncer le
    clou, des rapports du Mossad venaient systématiquement confirmer les
    accusations comminatoires américaines! ! !
    Toutefois, ni les Espagnols ni les Français n'étaient dupes. Ils ne
    gobaient pas ce flot subit d'informations. Il leur semblait
    extrêmement suspect que soudain, de but en blanc, les Libyens, qui
    avaient fait montre d'une prudence de sioux, jusqu'alors, se mettent
    du jour au lendemain à faire de la publicité pour leurs supposés
    actes terroristes futurs. Ils trouvaient suspect, aussi, qu'à
    plusieurs reprises les rapports du Mossad aient été rédigés en des
    termes très proches des messages codés libyens. Ils avançaient – plus
    important – l'argument que s'il y avait eu, effectivement, des
    messages codés libyens rendant compte d'attentats avérés, l'attentat
    contre la discothèque La Belle, à Berlin Ouest, commis le 5 avril,
    aurait pu être évité, car il y aurait sûrement eu des messages
    concernant cette attaque avant qu'elle ne soit perpétrée, ce qui
    aurait permis aux services d'écoute de la prévenir. Etant donné que
    cet attentat n'avait pas pu être évité, ils pensaient que ce n'était
    pas les Libyens qui en étaient à l'origine, et que les «nouvelles
    communications» soi-disant libyennes étaient un leurre. Les Français
    et les Espagnols voyaient juste. L'information était bidon et le
    Mossad ne disposait pas du moindre indice sur qui avait bien pu
    déposer la bombe qui tua un soldat américain et en blessa plusieurs
    autres, dans cette discothèque berlinoise. Mais le Mossad était lié à
    la plupart des organisations terroristes européennes, et il était
    convaincu que, dans l'atmosphère trouble qui s'était emparée de
    l'Europe à cette époque-là, un attentat causant une victime
    américaine était dans l'ordre des choses : ce n'était qu'une question
    de temps. Les dirigeants du Mossad comptaient sur la promesse que les
    Américains leur avait faite (qu'en cas d'attentat contre eux), ils se
    vengeraient au centuple sur tout pays dont il aurait pu être prouvé
    qu'il soutenait le terrorisme. Le Trojan fournit aux Américains
    la `preuve' dont ils avaient besoin. Le Mossad se chargea
    d'introduire dans l'équation l'image de lunatique dont était affublé
    Qaddhafi, ce qui n'était pas difficile en raison de ses multiples
    déclarations tonitruantes, qui n'étaient destinées, en réalité, qu'au
    seul usage interne…
    Il faut se rappeler qu'à l'époque, Qaddhafi avait en quelque sorte
    tracé une ligne passant au large, fermant le Golfe de Sidra qu'elle
    transformait de facto en eaux territoriales libyennes, et qu'il
    qualifiait la nouvelle frontière passant au milieu de la mer
    de «ligne de la mort» (ces agissements n'avaient pas peu contribué à
    endommager son image de dirigeant modéré).
    Finalement, les Américains tombèrent tête baissée dans le piège tendu
    par le Mossad, entraînant les Anglais et les Allemands derrière eux,
    bien que ces derniers traînassent quelque peu les pieds. L'opération
    Trojan fut l'un des plus grands succès remportés par le Mossad. Elle
    entraîna le bombardement aérien de Tripoli, promis par le président
    américain Reagan — et ce bombardement eut trois conséquences
    extrêmement importantes. Tout d'abord, il fit tourner court un
    compromis qui aurait permis de libérer les otages américains au
    Liban, chose qui permettait de conserver au Hizbullah (Parti de Dieu)
    son statut - très précieux pour Israël — d'ennemi numéro Un aux yeux
    de l'Occident. Ensuite, le bombardement américain sur Tripoli envoya
    un message à l'ensemble du monde arabe, lui signifiant très
    précisément où les Etats-Unis en étaient, quant au conflit arabo-
    israélien. Enfin, il redorait l'image du Mossad, puisque c'était lui
    qui, par un habile tour de prestidigitation, avait incité les Etats-
    Unis à faire ce qui convenait ! Seuls les Français ne mordirent pas à
    l'hameçon du Mossad, et ils restèrent déterminés à ne pas prêter une
    quelconque assistance à l'agression américaine. Les Français
    refusèrent le survol de leur territoire aux bombardiers américains,
    en vol pour leur sinistre besogne en Libye.
    Le 14 avril 1986, cent soixante bombardiers américains lâchèrent
    soixante tonnes de bombes sur la Libye. Les attaquants bombardèrent
    l'aéroport international de Tripoli, les casernes de Bab Al-
    Aziziyyah, la base navale de Sidi Bilal, la ville de Benghazi et le
    terrain d'aviation de Benine, dans la banlieue de cette dernière
    grande ville. L'escadrille de bombardiers consistait en deux
    ensembles principaux, l'un venait d'Angleterre et l'autre avait
    décollé de porte-avions voguant en Méditerranée. D'Angleterre vinrent
    vingt quatre F-111, depuis la base de Lakenheath, cinq EF-111 d'Upper
    Heyford et vingt-huit tankers de ravitaillement qui avaient décollé
    de Mildenhall et de Fairford. Durant l'attaque, les F-111 et les EF-
    111 de la Royal Airforce furent rejoints par dix huit avions
    d'attaque et de soutien A-6 et A-7, six avions de combat F/A-18,
    quatorze avions de brouillage électronique EA-6B, ainsi que d'autres
    avions de soutien logistique. Les avions de la US Navy furent
    catapultés par les porte-avions Coral Sea et America. Du côté libyen,
    on enregistra environ quarante morts. Tous, des civils, dont la fille
    adoptive de Qaddhafi. Du côté américain, un pilote ainsi que son
    officier servant furent tués dans l'explosion de leur F-111…
    Immédiatement après les bombardements américano-anglo- allemands en
    Libye, le Hizbullah mit fin aux négociations autour des otages qu'il
    retenait au Liban, et il en exécuta trois, dont Peter Kilburn, un
    Américain. Quant aux Français, ils furent remerciés de leur attitude
    de non-participation dans l'attaque anti-libyenne par la libération,
    à la fin juin, de deux journalistes français retenus en otages à
    Beyrouth. (Comme de juste, une bombe «perdue» avait endommagé
    l'ambassade de France lors du bombardement de Tripoli…)
    Ephraïm venait donc de tout raconter, confirmant ce que je savais
    déjà. Puis il poursuivit.
    «Après le bombardement en Libye, notre ami Qaddhafi va certainement
    être en dehors de la photo pour encore quelque temps. L'Irak et
    Saddam Hussein sont la prochaine cible. Nous commençons dès
    maintenant à en faire le grand méchant loup. Cela prendra un peu de
    temps, mais à la fin, une chose est sûr : ça marchera !»
    «Mais Saddam n'est-il pas considéré comme plutôt modéré à notre
    égard, puisqu'il est allié à la Jordanie et qu'il est l'ennemi juré
    de l'Iran et de la Syrie ? », objectai-je.
    «Ouaip… C'est bien pour ça que personnellement, je suis contre cette
    mission. Mais ce sont les ordres, et je dois les suivre.
    Heureusement, vous et moi, nous aurons terminé nos petites manigances
    avant que quoi que ce soit de géant n'arrive. Après tout, nous avons
    déjà détruit les installations nucléaires de Saddam, et nous sommes
    en train de nous faire des cils en or en lui vendant de la haute
    technologie et des équipements, par l'intermédiaire de l'Afrique du
    Sud…»
    Au cours des semaines suivantes, on eut droit à un flot croissant de
    révélations toutes plus alarmantes les unes que les autres au sujet
    des éléments de la machine de guerre de Saddam, dont le fameux «canon
    géant» ! Le Mossad a fait tout ce qu'il a pu, jusqu'à la quasi
    saturation du monde parallèle de l'espionnage, afin de diffuser des
    informations sur les intentions malveillantes de Saddam la Menace ,
    en misant sur le fait que celui-ci aurait à sa disposition une
    longueur de corde suffisante pour se pendre, avant longtemps.
    Le but global du Mossad était extrêmement clair. Il voulait que
    l'Ouest mène sa guerre à sa place, comme les Américains l'avaient
    fait en Libye, en bombardant Qaddhafi. Après tout, Israël ne
    possédait pas d'avions gros porteurs ni d'une énorme puissance
    aérienne, et bien qu'il eût démontré sa capacité à bombarder un camp
    de réfugiés (palestiniens) , à Tunis, ce n'était pas la même chose.
    Les dirigeants du Mossad savaient que s'ils pouvaient faire
    apparaître Saddam comme quelqu'un de suffisamment mauvais,
    représentant une menace pour les approvisionnements pétroliers en
    provenance du Golfe, dont il avait été jusqu'alors le protecteur,
    dans une certaine mesure, alors les Etats-Unis et leurs alliés ne le
    laisseraient pas obtenir quoi que ce soit, mais prendraient des
    mesures qui ne pourraient qu'entraîner la destruction totale de son
    armée et de son potentiel en armement, tout particulièrement si l'on
    parvenait à leur faire croire qu'il s'agissait là de leur dernière
    opportunité, avant que Saddam ne devienne «nucléaire»…
    Suite et fin

  • La station de la CIA a Moscou de 1953 a 1961

     

    LA STATION DE LA CIA A MOSCOU 1953-2007.



    Ce document est le résultat de plusieurs années de travail,de recoupements, d'analyse et d'attentes, basé exclusivement sur des sources publiques, des journaux, des ouvrages,des sites Internet anglais,américains,russes,francais.Il commence a la date de 1953,quand arrive le 1er officier de la station de Moscou sous la couverture diplomatique de l'ambassade américaine.Il est divisé en plusieurs parties,par dates.

     

    medium_CIA_Sigle.jpgSigle de la CIA ,au quartier général, a Langley,Virginie





    1953 L'APPARITION D UN EMBRYON DE STATION.

    Bien que la priorité de la CIA, dès sa création en 1947, soit le Bloc communiste, durant plusieurs années,l' Agence ne put y envoyer ses officiers sous couverture diplomatique, se heurtant aux objections du Département d'Etat américain.Pourtant,des officiers sont déja en poste derrière le Rideau de fer dès que l'Agence fut créée (Citons Gordon Mason qui arrive sous la couverture d'attaché économique a Bucarest en 1947,ou Charles M.English a Belgrade en 1948,tandis que Edward A.Seitz est envoyé dans le Nord de la Yougoslavie.Il semble que ce soit aussi sur cette période qu'arrive le premier officier de la CIA a Budapest,peut-être Matild Holomani,mais je ne suis absolument pas sûr).

    Il faudra donc attendre 1953 pour que le premier officier de la CIA arrive en poste a Moscou. Ce sera Edward Ellis Smith,qui devait normalement traiter Piotr Popov, un officier du GRU recruté en Autriche. Mauvais départ: Smith sera compromis par le KGB ,en lui jettant dans les bras une séduisante femme de chambre, et il sera rappelé d'urgence a Langley en 1956.
    D'autres officiers prennent le relai,individuellement,par exemple, l'attaché Paul Uffelman,qui sera déclaré persona non grata et expulsé en 1957. Selon un article ("Amnesty of Foes Brings Disarray To Yeltsin Team",New York Times du 01.03.1994) la CIA n'avait,dans cette période ,que 2 officiers a Moscou. Difficile a dire si c'est exact mais la CIA n'avait pas plus d'une dizaine de traitants sous couverture diplomatique a Moscou.La CIA,il convient de le rappeler,n'en est que a ses balbutiements derrière le Rideau de Fer,la mise en place du dipositif de collecte de renseignements est long,minutieux,pour une CIA très jeune (Car créée récémment) et inexpérimentée (En comparaison d'un MI6 qui peut se prévaloir de plusieurs siècles d'existence et a déja a son actif une vingtaine d'années d'expérience dans la lutte anticommuniste).

    Le but de la CIA étant de recruter des informateurs, la station perfectionne ses techniques de communication. Depuis le centre de Francfort-sur-le-Maine,en Allemagne ,la CIA émet des messages codés a destination de ses informateurs qui sont en URSS. Ses informateurs les décryptent grâce au bloc chiffré que leur a transmis leur officier traitant,et ils recoivent ainsi des instructions (Informations a communiquer, emplacements de caches et de Boîtes aux lettres mortes etc..) .La CIA emploie aussi le classique arsenal de boîtes aux lettres mortes,de rencontres personnelles ,de signaux convenus a l'avance (Par exemple,un trait blanc sur une porte convenue a l'avance signifie :Colis déposé a l'endroit convenu.)

    medium_popov.jpg

    medium_Langelle_et_Popov.jpgPhoto de gauche:Piotr Popov.Photo de droite :Popov (en uniforme) et Russell Langelle (a droite).



    Plusieurs années durant , des officiers de la CIA sont envoyés a Moscou, mais il n'y a pas de chef de station pour coordonner les activités, d'ou le bazar en 1959 qui entraîne l'interpellation d'un des informateurs les plus précieux de la CIA,le sous-colonel du renseignement militaire soviétique Popov.Tout commence en janvier 1958 quand arrive a Moscou sous couverture d'attaché administratif de l'ambassade américaine Russell Langelle,qui sera chargé d'entretenir les contacts avec Popov.Surveillé par le contre-espionnage du KGB,Langelle attire l'attention des soviétiques car il est vu en compagnie de Georges Winters,attaché économique de l'ambassade, et du 1er secrétaire Remsted.Tous deux sont connus comme étant des officiers de la CIA. Puis c'est l'attitude de Langelle qui intrigue le contre-espionnage: Durant ses heures de travail,il regarde les plans de la capitale soviétique,parle russe couramment (Ce qui n'est guère utile a son poste), met fort la radio avant de discuter avec sa femme...


    medium_langelle.JPG

    Russell August Langelle.

    Le 23.05.1958, la 2ème Direction Principale du KGB ,le contre-espionnage,obtient la preuve définitive de l'appartenance de Langelle a la CIA : Ce jour -la, alors que Langelle est avec sa famille en train de pique-niquer sur les collines du Mont Lénine,le contre-espionnage découvre une Boîte aux lettres morte que l'américain a déposée discrètement près d'un escalier ,et destinée a un informateur de la CIA. Une surveillance est mise en place,et la personne a qui était destinée la BLM,un habitant de Moscou,interpellée.Cet événement ne fait que confirmer aux yeux du KGB que Langelle est bien un officier de la CIA particulièrement actif,d'ou un renforcement de la surveillance a son égard.

    Son voyage a Kalinin avec Remsted en décembre 1958 intrigue aussi le KGB,qui ne va pas tarder a découvrir ses contacts avec Piotr Popov

    Un soir,comme convenu a l'avance, Langelle réussit a transmettre un paquet a Popov,puis donne le signal convenu a Winters que l'opération s'est déroulée sans problème.Mais ,au lieu de ca,Winters dépose dans une boîte aux lettres une lettre a l'intention de Popov.Et sachant que Winters était sous haute surveillance,la lettre est interceptée,et Popov démasqué.Le KGB décide  d'intoxiquer les américains,le temps que le GRU ait le temps de faire rapatrier tous les illégaux grillés par Popov.L'opération prend fin le 16 octobre 1959 avec l’interpellation en flagrant délit de Langelle avec Popov,dans un bus.Le diplomate américain sera ensuite délcaré "persona non grata" ;il quitte l'URSS le 19.10.1959 .Quant a Popov ,il sera condamné a mort et éxécuté en 1960.

  • La station de la CIA a Moscou de 1961 a 1963.


    1961 , OUVERTURE REELLE DE LA STATION

    medium_garbler.JPG

    Paul Garbler.Né le 04.01.1918,d'un père russe et une mère polonaise.Entre a l'université de Floride en 1938.Durant la Seconde Guere Mondiale,pilote de bombadier dans la Navy. Pilote du premier Président de la Corée du Sud de 1948 a 1950.Entre a la CIA,En poste a Berlin de 1952 a 1956 et ensuite a  Chef de station a Stockholm (C'est lui qui supervise le transfert vers les Etats-Unis d'un transfuge soviétique,Nikolaï Shadrine. Chef de station de la CIA a Moscou du 30.11.1961 a avril 1964.Ensuite instructeur a la Ferme,le Centre de formation de la CIA,chef de station a Trinidad,puis a Stockholm de nouveau.Quitte la CIA au milieu des années 70.Décédé le 19.03.2006 au Centre médical de Tucson,Arisona,d'une leucémie.

    La station n'est réellement ouverte que en 1961, quand arrive,le 30 novembre de cette année,comme premier chef de station, Paul Garbler,sous la couverture d'attaché naval de l'ambassade américaine.La raison pour laquelle la station est créée est la nécéssité de mieux coordonner les contacts avec Oleg Penkovsky,colonel du GRU qui a contacté le MI-6 et la CIA.Penkovsky est en effet un informateur important,disposant d'excellents contacts dans l'establishment militaire soviétique, ce qui lui permettra,en plein période de Guerre Froide et ce alors que le renseignement occidental ne sait que peu de choses sur les capacités militaires soviétiques, de fournir des informations fort précieuses sur les missiles.Parmi les contacts de Penkovsky,citons le Maréchal Varentsov,qui dirige les forces armées stratégiques (équipées de missiles) ou le sous-colonel Dolghikh,qui dirige la 1ère section (Chargée des documents secrets) d'un des deux Instituts travaillant dans le domaine des missiles.

    Milieu des années 50. Des diplomates américains photographient et observent des avions militaires soviétiques depuis le toit de leur ambassade a Moscou, lors d'une parade aérienne.

    Le travail de la station,relativement petite,est de rassembler des informations, a caractère politique,économique,militaire ,en coopération avec le bureau de l'attaché militaire et la NSA.La station dépend de la section SR-9 (Alors dirigée par Joseph Bulik)  de la Division Russie de la Direction des Opérations de la CIA,il en restera ainsi ensuite.Parmi les officiers de la station de Moscou,notons William Nelson Jr Morell,qui sera en poste de 1960 a 1961.

    L'Ambassade américaine a Moscou.La flèche indique les locaux de la CIA.


    Les locaux de la CIA sont situés au 7ème étage de l'ambassade (photo) américaine,(laquelle est Rue Tchaïkovsky, dans le Nord-Ouest de Moscou ), avec les dossiers,photos,câbles envoyés et recus etc.. La station dispose aussi d'une petite pièce,appelée "la bulle",relativement insonorisée,pour éviter les écoutes du KGB.

    La CIA utilise pour les contacts avec les informateurs des officiers sous couverture diplomatique;si ils se font prendre,ils ne seront que déclarés « Persona non grata » (PNG) et expulsés,il en sera autrement pour des personnes ne disposant pas de la couverture diplomatique.
    L'atmosphère est alors au secret pour la station de la CIA à Moscou,on craint une infiltration du KGB. James Angleton,le paranoïaque patron du contre-espionnage de la CIA, soupconnera même Garbler d'avoir été recruté par le KGB.

    bee21cef1dddb0e619252e36bf9ea769.gifDmitri Polyakov

    Le côté secret est démontré par un message recu par Garbler de la part de Angleton,qui lui demande de prendre une boîte aux lettres morte venant d'un de ses informateurs dans le Parc Gorki,sans précision du contenu de cette cache,ni de l'identitié de l'informateur .Je pense que cet informateur était Dimitri Polyakov,qui était alors a Moscou (Dimitri Fiodorvitch Polyakov,né le 06.07.1921 a Starobelsy,Ukraine. Vétéran de la Grande Guerre Patriotique,il entre ensuite au GRU, et sera en poste a New York,ou le FBI le recrute fin 1961. Traité conjointement avec la CIA, BOURBON - son nom de code a la CIA- sera un des informateurs les plus importants du renseignement extérieur américain ,surpassant de loin Oleg Penkovsky.Ainsi,en pleine crise sino-soviétique, Polyakov est nommé chef de la section Chine du GRU a la fin des années 60,ce qui lui permettra de transmettre aux américains une grande quantité d'informations sur l'ampleur de la crise vue depuis les coulisses du Krémlin.).


    Boîte aux lettre morte "Moloko" de Polyakov, Rue Malaya Bronnaya-indiquée par la flèche noire en bas a droite.


    En effet,Polyakov est revenu a Moscou ,et c'est l'antenne de la CIA dans la capitale soviétique qui prend le relai du FBI pour le traiter. En septembre 1962, Polyakov dépose une boîte aux lettres morte dans le Parc Gorki a destination de la CIA. L'interpellation le 22.10.1962 de Oleg Penkovsky pour espionnage le rend nerveux.BOURBON ne recontactera la CIA que en août 1963 ,quand il dépose un petit container magnétique derrière la cabine téléphonique du 12 Rue Listiev. Avant de partir pour Rangoon le 03.11.1965 ,Polyakov déposera deux autres Boîtes aux lettres mortes ,des containers magnétiques, a Moscou, "Moloko" et "Banya".

    Oleg Penkovsky

    Concernant Penkovsky, il sera traité, conjointement avec le MI6, aussi bien a Moscou que a Londres ou Paris. Les informations de Penkovsky étaient si précieuses, selon l' officier du MI5 Peter Wright, que on le "saignait a blanc". Penkovsky passa une quantité incroyable d'informations a la CIA et au SIS sur la Défense soviétique. Il apparit ainsi au renseignement occidental que les fanfaronnades de l' URSS sur leur supériorité dans le domaine des missiles n'était que du bluff: En réalité le programme spatial soviétique n'était pas aussi avancé que le pensait l' Occident, et l' URSS n' avait pas autant de missiles qu'ils le prétendaient, beaucoup moins en réalité que les occidentaux.

     

    Matériel trouvé sur Oleg Penkovsky par le KGB

    C'est a la station de l'agence américaine a Moscou qu'il revient de traiter Penkovsky.Elle prend le relais de la station du MI6 a Moscou ,car la traitante de Penkovsky, Janet Chisholm (La femme du chef de station du SIS a Moscou Roderick Chisholm) ,a constatée a la mi-1962 un renforcement de la surveillance autour d'elle de la part de la Deuxième Direction du KGB. Et Greville Wynne, autre contact du SIS avec Penkovsky, est également sous surveillance.


    medium_rodney_w_carlson.JPGRodney W.Carlson,officier de la station de Moscou du 26.06.1962 a fin 1962,participera au traitement de Penkovsky dans la capitale soviétique-il sera déclaré "persona non grata" et expulsé. Carlson a été successivement en poste en Grande-Bretagne de 1968 a 1970,puis a Tokyo de 1970 a 1974- ou il traitera,sous la couverture de 2ème secrétaire de la section politique de l'ambassade américaine,un soviétique travaillant dans la marine,en fait contrôlé par le KGB- ,en Italie de 1975 a 1978 avant de travailler a New York a la section de contre-espionnage chargée de traiter les informateurs étrangers.Carlson a pris sa retraite en 1985,il était alors chef de la section Contre-espionnage a la Division soviétique de la Direction des Opérations de la CIA. Décédé le 03.04.2004.

    Ainsi ,le 02.07.1962,un des traitants de Penkovsky,l'homme d'affaires britannique Greville Wynne,montre la photo de l'officier de la station Rodney W.Carlson entre autres a Penkovsky,pour qu'il le reconnaisse.Carlson et Penkovsky se rencontrèrent le jour de l'indépendance américaine, le 04.07.1962. Cette technique fonctionne, car si le contre-espionnage du KGB connaît les contacts entre Penkovsky et le MI6, elle ignore tout en revanche du traitement conjoint avec la CIA. Ce qui permettra, lors de réceptions, a Carlson et a Penkovsky d'échanger des notes ou instructions sans que le Deuxième directoire principal du KGB le sache: Puisque les britanniques ne sont pas a ses soirées, a quoi bon surveiller Penkovsky de manière assidue? Puis,fin août 1962 , dans l'appartement d'un diplomate de l'ambassade américaine, Penkovsky remit 7 pellicules a Carlson,contenant des informations sur ,entre autres, des informations sur un missile soviétique, sur un militaire qui intérésse le renseignement occidental et deux photos de celui-ci. Carlson remit un paquet avec un faux passeport pour quitter l'URSS en cas d'urgence,et des instructions consistant a rassembler des informations sur le district militaire de Moscou, quels sont les cours, quand ils ont lieu,ainsi que obtenir un plan des cours. Le 05.09.1962, Carlson et Penkovsky  se revirent a une récéption,a l'ambassade américain.Penkovsky avait alors sur lui 4 pellicules contenant des informations secrètes,mais il ne put les remettre a la CIA. Il tenta de les lui remettre le lendemain,lors d'une récéption chez le conseiller commercial britannqiue,sans succès.


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    Hugh Montgomery,Chef de station adjoint de la CIA a Moscou,participa au traitement de Oleg Penkovsky.De 1981 a 1985,ce proche des milieux conservateurs dirigea le service de Renseignements du Département d'Etat américain.

    Ce fut la dernière rencontre entre Penkovsky et ses officiers traitants.En janvier 1962,les Brigades de surveillance du KGB virent Janet Chisholm entrer puis sortir d'un immeuble a Moscou.Quelques secondes plus tard, sortit un inconnu,que les officiers d'une équipe de surveillance du KGB suivirent et identifièrent comme étant Oleg Penkovsky.Suite a plusieurs mois d'enquête mobilisant plusieurs services du KGB ( Les sections américaines,britanniques,et la Brigade de surveillance de la 2ème Direction Principale <A l'époque,les diplomates étrangers étaient surveillés par les brigades de surveillance de la 2ème Direction,les particuliers par la 7ème Direction du KGB.Plus tard,la surveillance fut intégralement confiée a la 7ème Direction du KGB> ; le 1er département de la 3ème Direction du KGB,le contre-espionnage militaire,ainsi que la 7ème Direction, le département d'instruction et les services techniques),  Oleg Penkovsky fut interpellé le 22.10.1962.Lors de la perquisition a son domicile, le contre-espionnage du KGB trouvera les pellicules qu'il comptait remettre a Carlson,et qui serviront de preuves contre lui.

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    medium_CIA_Richard_Jacob.JPGA gauche,la Boîte aux lettres morte déposée par le KGB pour la souricière de la Rue Pouchkine;a droite,Richard Jacob alors qu'il ramasse le 02.11.1962 la Boîte aux lettres morte de Oleg Penkovsky.Dans quelques instants,une équipe du KGB va lui bondir dessus.

    Le KGB décide de tendre un piège,et met le signal convenu,une croix sur un panneau,qui indique que une Boîte aux lettres morte destinée a la CIA a été deposée 5/6 Rue Pouchkine .Le signal est relevé par Alexis Davidson,officiellement aide de l'attaché de l'air de l'ambassade américaine,le 2 novembre 1962 a 9h20 (Heure de Moscou).Le 2 novembre toujours,vers 13h, sort de l' ambassade Richard Jacob,officiellement archiviste de l'ambassade. A 15h15, il arrive au 5/6 Rue Pouchkine Richard Jacob.Il ramasse la Boîte aux lettres morte,est aussitôt interpellé par les équipes du KGB,déclaré "persona non grata" et expulsé.

    Cette affaire provoque des dégâts au sein de la station: A l'expulsion de Richard Jacob,l'officier de la CIA qui avait relevé la boite aux lettres et avait été interpellé le 2 novembre 1962,s'ajoutent celle de Rodney Carlson et, suite au procès de Penkovsky, les expulsions de trois autres officiers de l‘antenne en mai 1963 (Note du Ministère des affaires étrangères d'URSS a l'ambassade américaine a Moscou datée du 13.05.1963) :Hugh Montgomery, chef de station adjoint de la CIA a Moscou, ainsi que les officiers Alexis Davidson et William C.Jones.